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Ott, se voyant, par la retraite d'Olivier, exposé seul à toute l'impétuosité de la division victorieuse, se réfugia lui-même à grands pas dans ses premières positions au-delà du fleuve.

On voit, par le récit qui précède, que les deux ailes de l'armée française, d'abord triomphantes, finirent par être vaincues et furent obligées de revenir, quoiqu'en bon ordre, derrière la Trebbia. Le centre y revint aussi; mais désorganisé, rompu et poursuivi. Après le passage du fleuve, l'avantgarde de ce corps avait attaqué l'ennemi sans succès. Une seconde colonne républicaine étant arrivée, la bataille devint horrible. Impatiens de se joindre, les deux partis se chargèrent à la baïonnette. Ce choc épouvantable fut soutenu de part et d'autre avec une bravoure incroyable. La chute des morts et des blessés laissait-elle quelques vides au milieu des rangs, d'autres soldats les remplissaient aussitôt le sabre à la main, et, à défaut du sabre, se déchiraient avec les dents et les ongles. Ce ne fut point une bataille générale, mais une multitude de duels corps à corps, entre des ennemis acharnés. Le résultat de la lutte était encore indécis, lorsque le colonel Lowneher arrive au pas de course avec un régiment autrichien, charge et culbute la cavalerie qui flanquait la division Montrichard, double ainsi le courage des Russes, et ralentit l'ardeur des Français. Ef

frayé de cet accident, un régiment d'infanterie légère prit la fuite et entraîna toute la division de Montrichard, qui, malgré ses efforts, ne put jamais parvenir à la rallier. La déroute de Montrichard obligea Victor à la retraite; en effet, Suwarow, saisissant l'occasion que lui offrait la fortune et la bravoure de ses soldats, faisait avancer son corps de réserve sur le champ de bataille abandonné, et prenait le général français en écharpe. Victor opéra son mouvement rétrograde sur la rive droite, avec autant d'ordre que le comportait l'événement. C'est ainsi que tout le centre des républicains, plus ou moins désorganisé, et toujours chargé par la cavalerie ennemie, chercha un abri derrière ce même fleuve que, peu d'heures auparavant, il avait franchi avec une si grande confiance. de la victoire. Tant de batailles successives avaient fait, de la Trebbia, une rivière de sang. Son lit était obstrué par des monceaux de cadavres, surtout à l'endroit où elle se jette dans le Pô, attendu le carnage effroyable opéré par l'artillerie de Melas au milieu des républicains, pendant qu'ils traversaient le fleuve. Environ six mille hommes, tués ou blessés, et trois mille prisonniers, telle fut la perte des Français dans ces trois journées. Le nombre des morts fut égal du côté des Impériaux, celui des prisonniers presque nul. Les vainqueurs emportèrent quelques drapeaux, mais

peu

de canons, parce que Macdonald, pour marcher plus vite, avait laissé dans l'état de Rome son artillerie de gros calibre.

La nuit tomba. Les soldats étaient exténués de lassitude, et si le calme ne rentra pas dans les esprits, les membres du moins se reposèrent. Suwarow n'attendait que le point du jour pour recommencer le combat. Macdonald faisait ses dispositions pour l'éviter. C'était malgré lui cependant qu'il s'y déterminait, et seulement par l'avis des autres généraux. Son désir particulier, étrange obstination de sa part, était d'en venir à une quatrième épreuve. Ayant donc laissé sur la rive quelques compagnies de troupes légères, pour donner le change à l'ennemi, le général français leva le camp pendant la nuit, et s'achemina rapidement vers Parme. De son côté, Suwarow passa le fleuve au point du jour, avec le dessein de forcer les républicains dans leurs positions. S'apercevant alors de la retraite des Français, il se mit sans délai sur leurs traces par la route voisine des montagnes, en chargeant Melas de les poursuivre par les rives du Pô. Les Russes atteignirent à Zena l'arrière - garde républicaine au commandement de Victor. Attaqués avec vigueur, les Français se défendirent avec une vigueur égale chose merveilleuse après les revers qu'ils venaient d'essuyer. La dix-septième, qui s'était emparée d'une forte position, protégea leur

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retraite; mais, cernée bientôt par des forces centuples, elle se vit obligée de poser les armes et de se rendre. Sur l'autre route, les Autrichiens joignirent les Français dans les environs de Plaisance, et leur firent beaucoup de prisonniers, surtout en blessés, parmi lesquels on remarquait Rusca, Olivier, Salm et Cambray. Ce dernier mourut peu de temps après de ses blessures. Rusca et Olivier, tous deux braves soldats, beaux hommes de guerre, demeurèrent estropiés : le premier par une blessure à la jambe, le second par une jambe emportée. Suwarow aurait bien voulu donner plus long-temps la chasse aux républicains, mais il apprit tout à coup que Moreau, sorti de Gênes, avait débouché de la Bocchetta, descendait des montagnes, et menaçait sérieusement les corps de Seckendorf sous Tortone, et de Bellegarde sous Alexandrie. Il réfléchit surtout que son arrière-garde pouvait se trouver gravement compromise, et résolut de se replier, laissant Ott, Hohenzolern et Klenau à la poursuite de Macdonald, avec ordre de lui faire le plus de mal qu'il se pourrait.. Avant tout néanmoins il envoya, contre le corps de Liguriens entré dans Bobbio avec Lapoype, un gros de cosaques qui l'en délogea facilement. Plusieurs écrivains se demandent pourquoi Lapoype, au lieu de se porter rapidement au secours de Macdonald, resta dans l'inaction au moment où il eût fallu déployer la

plus grande activité. Les uns l'accusent d'avoir manqué de résolution, les autres de s'être laissé amolir par les plaisirs de Gênes. Mais Lapoype était aux ordres de Moreau, non de Macdonald, et il ne pouvait prendre sur lui de quitter son poste, si le général en chef ne lui en avait pas donné le commandement. Que Moreau lui eût transmis cet ordre, c'est ce qui paraît au moins invraisemblable, puisque Moreau n'avait pas dû supposer chez Macdonald cette audace, si l'on ne veut pas dire cette témérité, qu'il se chargeât seul d'une entreprise qui, deux jours plus tard, pouvait être exécutée par les deux armées réunies. Il semble donc évident que, si Suwarow et Macdonald eussent différé de deux jours seulement, l'un à se présenter, l'autre à livrer bataille, toutes les chances de la victoire étaient pour la France. Certains historiens accusent encore Macdonald d'être arrivé trop tard. Entré à Florence le 26 mai, il n'en partit que le 8 juin. On s'est étonné d'une pareille lenteur après tant de célérité. On a dit encore, qu'en ne laissant reposer ses troupes à Florence que le temps nécessaire, il aurait devancé Suwarow à Voghera, et que la jonction des deux armées se fût opérée sans obstacle. Très peu au fait de la marche des armées et de l'immense attirail dont on les embarrasse aujourd'hui, nous déclarons ici notre incompétence à juger; mais si le reproche était fondé, les annales militaires

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