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J.-H. FABRE

Depuis 1896, chaque année et presque toujours en tête de sa livraison de juillet, la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES a eu l'honneur et la bonne fortune de publier quelqu'une de ces admirables études que leur auteur, M. J.-H. Fabre, a groupées dans ses Souvenirs entomologiques.

Nos lecteurs ont lu et relu ces articles faits de recherches personnelles, écrits par un poète, où la science de la vie et des mœurs de l'insecte, étudiée à ses sources et soutenue par la réalité des faits, se montre à la fois si solide et si attrayante. Nulle part n'est mis en plus vive lumière ce caractère essentiel de l'instinct : << la stupidité individuelle invincible qui l'accompagne toujours preuve manifeste que l'instinct ne vient pas de l'animal, mais lui a été imposé, à lui aveugle et imbécile, par une intelligence supérieure, comme un guide habituellement sûr, et auquel il lui est interdit de désobéir (1) ».

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Quel maître fut doué à un degré plus éminent du sens de l'observation, du juste sentiment de la nature et de la faculté si précieuse d'en renouveler et d'en varier le spectacle en des expériences simples, infiniment ingénieuses et absolument convaincantes ? « M. Fabre, nous disait un de ses admirateurs, observe

(1) M. Lefebvre, J.-H. Fabre (REVUE DES QUEST. SCIENT., deuxième série, t. XVIII, octobre 1900, pp. 543-565).

et expérimente par vocation, comme chante le poète. Rien ne lui échappe de ce qui mérite d'être vu, et chacune de ses découvertes est une victoire remportée sur la nature par son habileté à l'interroger et son admirable sagacité à interpréter ses réponses.

Aussi quel plaisir on éprouve et quel profit l'on retire à l'accompagner à travers champs ou dans les allées de ce petit coin de terre illustré par ses travaux, avec lui, avec les siens, fouillant le sol, interrogeant la verdure et les fleurs! Un détail, en apparence, de minime intėrêt, jusque-là même que nul encore n'avait songé à y prendre garde, a retenu l'attention du maître il n'aura point de cesse qu'il n'en ait reconnu et expliqué la signification. Suivez-le dans son « laboratoire aux bêtes », où l'insecte capturé est devenu l'hôte de ses bocaux d'une observation presque insignifiante à l'origine vont jaillir les vérités les plus inattendues.

Les expériences ont été préparées avec un soin minutieux; leur exécution a exigé une attention soutenue qui souffrait à peine de fugitives interruptions; sous l'oeil de l'observateur armé de la loupe, immobile et silencieux pendant de longues heures, les incidents se sont multipliés. Au fait attendu, d'autres se sont mêlés, capricieux et souvent déconcertants. Il a fallu en débrouiller l'enchevêtrement, les interpréter un à un, recourir à mille « ruses savantes » pour en reconstituer la trame et s'assurer qu'on ne s'est point mépris sur leur portée. Enfin, la bête se livre! Hallali! La chasse est heureusement terminée, la chasse au « gibier de savant », avec ses surprises, ses émotions, ses mécomptes et ses succès !

Avec quelle légitime satisfaction, le patient et perspicace chercheur enregistre une nouvelle conquête, et de quel coeur on partage son émotion en applaudissant à son triomphe!

Hélas! cette joie ne nous sera plus donnée !

Le 15 mars dernier, M. Fabre faisait écrire la lettre suivante à notre collègue, M. Van Ortroy, secrétaire de la section des sciences naturelles de la Société scientifique :

<< Monsieur le Secrétaire,

» Devenu à peu près aveugle, au point de ne pouvoir ni lire, ni écrire, accablé d'ailleurs par les misères du grand âge, je ne puis plus aujourd'hui vous adresser l'opuscule entomologique dont nos vieilles relations. m'avaient fait une douce habitude. A mon vif regret, je suis obligé de prendre ma retraite. »

Cette lettre nous a douloureusement émus: si la retraite de notre savant collaborateur est pour nous une perte extrêmement sensible, combien nous touchent davantage les motifs qui l'entraînent !

Nous prions M. Fabre d'agréer nos plus cordiales sympathies, en même temps que notre profonde gratitude pour l'honneur qu'il a bien voulu nous faire en collaborant à notre œuvre jusqu'à l'heure de la retraite que nous eussions souhaitée aussi heureuse que vaillamment méritée.

Nos lecteurs s'associeront à ces sentiments. Nous avons voulu qu'ils en trouvent l'expression à la place même où ils ont appris à estimer et à aimer ce savant vénéré; le portrait qui y est joint perpétuera auprès d'eux son souvenir.

Nous n'avons pas à suivre M. Fabre dans la carrière qu'il a parcourue : nos lecteurs savent comment le goût inné des sciences s'est développé dans l'esprit de cet enfant des champs; ils connaissent la vie laborieuse et simple du professeur et du naturaliste; ils ont admiré comment les rigueurs de la fortune, trop longtemps

sévère, n'ont pu qu'affermir son courage et exalter son ardeur au travail, et ils n'ignorent rien de l'oeuvre de ce savant vraiment original, l'homme d'un seul livre, celui de la nature, qui ne procède de personne, dont toute la science jaillit de ses propres observations et qui doit à son seul effort toute son illustration (1).

Mais il nous reste, pour clore ces pages, à associer la REVUE à l'hommage que vient de rendre à son vénéré collègue la Société scientifique de Bruxelles.

Elle était réunie pour sa session de Pâques, les 5, 6 et 7 avril dernier, lorsque les journaux lui apportèrent l'écho de la manifestation d'estime et de sympathie dont M. Fabre venait d'être l'objet, à Sérignan, de la part des savants et de ses amis de France (2). Ses amis et ses admirateurs de Belgique tinrent à honneur de s'y associer.

Le conseil de la Société scientifique, réuni le 6 avril, décida d'offrir au vénéré jubilaire la médaille de la Société. Le jour même, M. Mansion, secrétaire général, porta cette décision à la connaissance de l'assemblée plénière, qui la salua d'unanimes acclamations.

Sur l'une des faces de la médaille, on a gravé le nom de M. Fabre, suivi de l'expression de la reconnaissance que lui a vouée la Société scientifique. Sur l'autre face, on lit la devise de la Société : Nulla unquam inter fidem et rationem vera dissensio esse potest.

A cette vérité, M. Fabre a rendu un éclatant témoignage non seulement il n'a rien vu dans l'étude de la nature, qui pût ébranler sa foi, mais la sagesse infinie du Créateur s'est manifestée à ses yeux, sous la touffe d'herbes ou aux parois des vieux murs, comme elle

(1) Voir l'article cité plus haut de M. M. Lefebvre.

(2) Voir la REVUE SCIENTIFIQUE (Revue Rose), 7 mai 1910: Jubilé de l'entomologiste J.-H. Fabre, reproduction du discours prononcé à Sérignan, le 3 avril 1910, par M. Edmond Perrier, pp. 577-579.

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