Sayfadaki görseller
PDF
ePub

par faire main-basse sur les Romains et sur les Grecs. Non contents de les tuer, ils mangeaient leur chair, se ceignaient de Jeurs intestins, se frottaient de leur sang, et se revêtaient de leurs peaux (84). Ils en scièrent plusieurs par le milieu, depuis la tête; ils en donnèrent d'autres aux bêtes et en forcèrent quelques-uns à se battre l'un contre l'autre. Ils firent ainsi périr plus de deux cent vingt mille personnes. Dans l'île de Chypre, ils en tuèrent environ deux cent quarante mille, sous la conduite d'Artémion. Ce qui attira une loi par laquelle il fut défendu à aucun Juif d'aborder en Chypre, sous peine de la vie. En sorte que ceux mêmes qui y allaient innocemment, sans connaître cette loi, ou qui s'y trouvaient jetés par la tempête, étaient impitoyablement punis de mort.

ANDRONIC (Saint), martyr en 304. Voy. l'article ACTES DES MARTYRS SAINT ANDRONIC, PROBUS et THARAQUE.

ANDRONIC, préfet de la Pentapole d'Egypte, au v siècle; il était de Bérénice et avait obtenu, par argent, le gouvernement de son pays. Il est cité dans l'histoire pour ses cruautés et ses impiétés. Il commit, en effet, plusieurs crimes contre Dieu et contre les hommes.

I. Il se faisait aider par un nommé Thoas, que, de geôlier, il avait fait receveur d'un certain impôt. La place publique retentissait de gémissements. Une galerie du palais où l'on avait coutume de rendre la justice, était comme un lieu de supplices. Andronic inventa de nouveaux instruments pour tourmenter les hommes, pour serrer les pieds ou les doigts, le nez et les oreilles, les lèvres. Le peuple affligé d'une telle oppression, eut recours à Synésius, évêque de Ptolémaïde. Cet évêque avertit le tyran, mais inutilement: il lui fit des reproches qui ne firent que l'aigrir. En sorte qu'Andronic, pour lui témoigner du mépris, fit attacher à la porte de l'église ses ordonnances, avec des menaces terribles contre les prêtres. Enfin, l'évêque étant accouru, pour tirer de ses mains un homme qu'il faisait tourmenter sans sujet, il dit : « C'est en vain que tu espères en l'Eglise personne ne se délivrera des mains d'Andronic, quand il prendrait les pieds de Jésus-Christ même :» il répéta trois fois cette impiété, quoiqu'il fit profession du christianisme.

Après cela, Synésius le regarda comme un homme incorrigible et comme un membre corrompu qu'il fallait retrancher de la société des fidèles. Il assembla donc son clergé de Ptolémaïde et dressa une sentence d'excommunication en ces termes (85)

Qu'aucun temple de Dieu ne soit ouvert à Andronic, aux siens et à Thoas; que tout lieu saint avec son enceinte, leur soit fermé, le diable n'a point de part au paradis. Si même ils y entrent en cachette,qu'ils en soient

chassé. J'exhorte donc tous les particuliers et les magistrats de ne se trouver ni sous même toit ni à même table, et particulièrement les prêtres, de ne leur point parler de leur vivant et de ne point assister à leurs funérailles après leur mort. Que si quelqu'un méprise cette église à cause de sa petitesse, et reçoit ses excommuniés, ne croyant pas devoir lui obéir à cause de sa pauvreté, il doit savoir qu'il déchire 'Eglise, que JésusChrist veut qui soit une. Et celui-là, soit diacre, soit prêtre, soit évêque, nous le mettrons au rang d'Andronic, nous ne lu toucherons point dans la main, et nous ne mangerons point avec lui: tant s'en faut que nous communiquions aux saints mystères avec ceux qui voudront communiquer avec Andronic et Thoas. »>

II. Cet acte fut accompagné d'une lettre adressée à tous les évêques, au nom de l'église de Ptolémaïde. Cette lettre contenait les causes de l'excommunication et les crimes d'Andronic; elle déclarait d'abord qu'il ne devait point être réputé ni nommé chrétien, mais que, comme maudit de Dieu, i devait être chassé de toutes les églises avec toute sa famille. L'excommunication fut aussi lue dans l'assemblée du peuple de Ptolémaïde, mais auparavant, Synésius fit un discours, où, après avoir marqué la répugnance avec laquelle il est entré dans l'épiscopat, les peines qu'il y souffre, et particulièrement les crimes d'Andronic, il évêque. Dans ce discours, il prononça aussi exhorte son peuple à se choisir un autre des paroles assez remarquables sur la distinction des deux gouvernements spirituel et temporel, incompatibles entre les mains des évêques. Voy. l'article SYNESIUS, évêque de Ptoléшaïde.

Andronic, effrayé de l'excommunication portée contre lui, témoigna de sa soumission et promit de se convertir. Tout le monde pria Synésius de le recevoir : lui seul n'en était point d'avis, persuadé que ce n'était qu'hypocrisie. Il s'attendait bien, et il prédisait qu'à la première occasion il reviendrait à son naturel. Toutefois, il céda à l'avis du plus grand nombre et des évêques plus expérimentés, car il était encore dans la première année de son ordination. Il différa donc d'envoyer aux évêques la lettre qu'il avait écrite contre lui; et le reçut, à condition qu'il traiterait plus humainement ses semblables et qu'il gouvernerait par la raison.

Mais les prévisions de Synésius ne tardèrent pas à se réaliser. Andronic revint bientôt à ses fautes; il commit de plus grands excès qu'avant et ajouta de nouvelles causes à son excommunication qui n'était que suspendue; Synésius en avertit les évêques, pour lui interdire l'entrée de l'église. Toutefois, Andronic, étant ensuite tombé en disgrâce et maltraité à son tour, Synésius

(84) Epit. Dion. Traj., p.254, apud Fleury, liv. 1, no 16. (85) Ep. 58, apud Fleury, liv. xxI

suivit, comme il dit (86), l'esprit de l'Eglise, qui consiste à relever ceux qui sont abattus et à abattre ceux qui s'élèvent. Il intercéda donc pour lui jusqu'à fatiguer ceux qui avaient l'autorité. Il le délivra du tribunal funeste où il avait été condamné, adoucit sa disgrace en tout le reste, et le recommanda même à l'évêque Théophile. Nous ne savons rien autre chose sur cet Andronic.

ANDRONIC. Nom commun à quatre de ces empereurs d'Orient qui voulaient se mêler de querelles théologiques, et qui élevaient sur le siége patriarcal de Constantinople, des hommes ignorants et serviles propres à leur servir d'instruments et à entretenir dans le clergé grec ces ferments de désordres et de décomposition dont l'histoire du Bas-Empire nous offre tant et de si tristes exemples (87). Nous parlerons rapidement de ces Andronic en ce qu'ils peuvent avoir de rapports avec l'histoire de l'Eglise.

1. ANDRONIC Ir Comnène, petit-tils d'Alexis I", naquit en 1110, mourut le 12 septembre 1185. La populace de Constantinople excitée par ses créatures, le proclama empereur et collègue d'Alexis au mois d'octobre 1183. Celui-ci, quelques jours après, mourut assassiné. Andronic, vieillard dissolu, épousa Agès de France, âgée de onze ans et tiancée à Alexis. Ce tyran couvrait ses forfaits du voile de la religion, qu'il savait être trèspuissante sur l'esprit des peuples. Quelques évêques se déshonorèrent en poussant la condescendance jusqu'à l'absoudre du meurtre d'Alexis. Mais l'autorité d'Andronie n'était pas reconnue dans tout l'empire. Pruze et Nicée refusèrent l'obéissance; ces villes, assiégées et prises d'assaut, furent livrées au pillage et à toutes les horreurs de la guerre. A son retour à Constantinople des flots de sang coulèrent, et les bourreaux eux-mêmes devinrent victimes. Cependant, on se conjura contre lui, et on finit par l'assassiner à son tour (an 1185).

II. ANDRONIC II Paléologue, fils de Michel Paléologue et de Théodora, naquit vers l'an 1258, et mourut le 13 février 1332. Associé à l'empire le 8 novembre 1273, il fut reconnu seul empereur le 11 décembre 1282, et annula tellement les mesures prises par Michel pour le rapprochement des Eglises grecque et latine, que le Pape Clément V Texcommunia.C'est surtout cet Andronic qui fut, à cette époque, l'un de ces princes faibles et ineptes qui usaient leur temps à des disputes théologiques au lieu de songer aux besons de l'empire, et qui bouleversaient l'Eglise en s'immiscant dans ses allaires, principalement dans la nomination de ses pasteurs. (Voy. l'article ATHANASE, patriarche de Constantinople.) Andronic, après mille péripéties et des luttes politiques dans les quelles nous n'avons pas à entrer, finit par s'associer son petit-fils Andronic qu'il n'aimait pas (an 1308), et qui, peu de temps

(86) Synesius, Epist. 52, 57 et 58, apud Baronius, A.-C., 411.

(87) Voy. notre article AMANASE, patriarche de Constantinople, no IX.

après, le priva de la couronne et l'enferma dans son palais. Il passait le reste de ses jours dans le mépris et l'abandon, quand ses surveillants, qui craignaient qu'il ne remontât sur le trône après la mort de son petit-fils, alors dangereusement malade, vinrent exiger de lui une abdication formelle, et le contraignirent d'embrasser l'état monastique. I vécut moine sous le nom d'Antoine, au monastère de Drama en Thessalie.

III. ANDRONIC III, Paléologue, petit-fils du précédent, et fils de Michel Paléologue, naquit en 1295, et mourut le 15 juin 1341. Associé à l'empire et couronné le 2 février 1325, il succéda, l'an 1332, à son aïeul qu'il avait dépossédé quelques années auparavant, et il parvint à être seul maître de l'empire. Il se conduisit, dit-on, avec modération, et, après être parvenu au trône, il usa de clémence envers ses antagonistes. En 1333, car nous passons plusieurs faits politiques qui ne sont pas de notre sujet, les Tures enlevèrent à Andronic III Nicée, dont ils firent leur capitale. Les Vénitiens, voyant que les conquêtes de ces infidèles s'étendaient sur leurs terres, formèrent, pour les repousser, une ligue dans laquelle ils firent entrer le Pape Jean XXII, l'empereur Andronic, les rois de France, de Naples, de Chypre, et le grand-maître de Rhodes. Mais tout le fruit du grand armement que firent les confédérés, se borna à une victoire stérile qu'ils remportèrent sur les côtes de la Grèce. En 1339, Andronic envoya des ambassadeurs au Pape Benoît XII, pour traiter de la réunion avec l'Eglise romaine. Barlaam, chef de cette ambassade, proposa la convocation d'un concile général pour aplanir toutes les difficultés. Mais cette proposition n'eut pas de suite (88). On dit qu'Andronic témoigna beaucoup de zèle et d'empressement pour cette réunion; mais un auteur (89) fait entendre que, dans le fond, la politique d'Andronic Il avait autant de part dans ce projet que la religion, attenda que le voisinage des Turcs lui inspirait la pensée de se faire de puissants protecteurs. Cet empereur et sa femme étaient fort attachés à la doctrine des quiétistes ou à Grégoire Palamas, leur chef. Il paraît qu'Andronic, ayant assemblé dans son palais, l'an 1341, un concile de ces quiétistes, y harangua, quoique malade, avec tant de véhémence en leur faveur, que son mal empira et l'emporta quatre jours après. Voy. T'article GRÉGOIRE PALAMAS.

IV. ANDRONIC IV, Paléologue, fils de l'empereur Jean Paléologue I", entreprit de détrôner son père qui le fit prendre et lui fit crever les yeux avec du vinaigre bouillant. Andronic n'en persista pas moins dans ses desseins, et finit par régner en 1371. Mais ce césar ne nous offre rien qui doive être recueilli dans cet ouvrage, et il nous suffit de dire qu'il abdiqua vers l'an 1373.

(88) Fleury rapporte longuement cette ambassade. Voy. Hist. ecclés., liv. xcv, n° 1.

(89) Moreri, Dict. hist., édit. la-fol. de 1723, tom. I, pag. 438, col. 1.

ANDRONIC, évêque de Sardes au x siècle, fut barni, vers 1260, par Nicéphore, patriarche grec ne Constantinople parce qu'il désapprouvait sa translation d'Ephèse à Constantinople. Andronic se fit alors moine sous le nom d'Athanase, et il portait aussi le surnom de Chaloza. Mais plus tard, il fut réintégré par le concile qui se tint à Notre-Dame-des-Blaquernes, vers l'an 1283. Il paraît que l'empereur Andronic Paléologue avait contribué à ce rappel, en faveur de celui qu'il appelait son père spirituel. Cependant quelque temps après Andronic retomba en disgrace. Un moine nommé Galaction, son disciple, l'accusa d'avoir mal parlé de l'empereur, auquel il était d'ailleurs devenu suspect de plus grands crimes. Alors Andronic fut traité comme coupable de lèsemajesté (99). On le chargea d'injures et de reproches de ce que, étant moine, il avait osé quitter son habit et reprendre le rang d'évêque. Puis, après plusieurs autres insultes, on le frappa à coups de poings et on le chassa. Ce qui lui fut le plus sensible, c'est ce que lui fit Nicandre, évêque de Larisse, qu'il avait déposé comme ayant été ordonné par Jean Veccus. Celui-ci, voyant Andronic chassé honteusement, prit un capuce de moine qu'il lui mit sur la tête. Andronic le jeta, Nicandre le remit; ce qui, ayant recommencé plusieurs fois, excita la risée des spectateurs. On ne nous apprend pas autre chose sur cet évêque.

ANDRUCIO D'ASSISE, Franciscain, évêque en Chine. Voy. l'article ANDRÉ DE PÉROUSE. ANEMIUS, évêque de Sirmium, capitale de l'Illyrie, fut élu vers 373, au moment où saint Ambroise était venu pour secourir cette Eglise qui venait de perdre son évêque, et pour empêcher qu'on élevât sur ce siége un évêque arien. Voy. l'article AMBROISE (Saint), n° VIII. Nous n'avons aucun détail sur cet Anemius. Nous voyons seulement qu'il assista au concile d'Aquilée tenu dès le commencement de l'année 379, et au concile de Rome de l'an 382.

ANESANCE, évêque d'Aire, issu de la célèbre maison de Joyeuse, siégea depuis 1327 jusqu'en 1329. Nous ne connaissons cet évêque, qui fut assassiné, que par l'acte suivant du concile provincial de Marciac, tenu le 6 décembre 1329, par Guillaume de Flavacourt, archevêque d'Auch : « Nous avons mûrement considéré, dit cet acte, le crime détestable commis par Tercel Brulat et ses complices (ils sont nommés et font en tout douze coupables), qui, de guet-apens et en plein jour, ont tué Anésance, évêque d'Aire de bonne mémoire, près de Nougarot, au diocèse d'Auch; et loin de venir faire satisfaction à l'Eglise qui les a attendus deux ans et plus, se sont vantés publiquement de ce meurtre. C'est pourquoi nous protestons premièrement que nous ne prétendons point les poursuivre pour être punis de mutilation de membres ou d'autre peine de sang,

[blocks in formation]

mais seulement de peines canoniques, et particulièrement de celles que porte la constitution de notre province d'Auch, qui commence: Quia quod contra prælatos (91). C'est le sixième canon du concile de Nougarot, tenu en 1290.

ANFRID, prêtre missionnaire en Suède au Ix siècle, était Danois de naissance et avait été élevé dans le service de Dieu par Ebbon autrefois archevêque de Reims. Il fut envoyé en Suède par l'évêque Ganzbert, vers l'an 855 ou 856, en remplacement de l'abbé Erimbert. Il demeura en Suède plus de trois ans, aimé de tout le monde et travaillant à la propagation de l'Evangile. Ayant appris la mort de l'évêque Ganzbert il revint, et mourut lui-même quelque temps après. Voy. les articles ANSCAIRE (Saint) n° XI et GANZbert.

ANGA DREME (Sainte), native de Blois, fut établie abbesse d'Arluc par saint Aigulfe de Lérins, vers l'an 653. Il ne faut pas confondre cette sainte avec sainte Andragisine ou Angadrème, qui fut abbesse de Loroer, près de Beauvais. Voy. cet article.

ANGE, évêque de Récanati, cardinal, vivait au xv siècle. Sous le Pape Urbain VI, il fut collecteur du droit de Spoglio cans la Marche d'Ancône; Grégoire XII le fit cardinalprêtre du titre de saint Etienne au mont Cilius, le 19 septembre 1408, et lui laissa en commande son évêché de Récanati.

ANGE-BARBARIGO, noble Vénitien et neveu du Pape Grégoire XII. Innocent VII le fit évêque de Vérone en 1406, à la prière du doge de Venise, à qui l'évêque précédent était suspect, et Grégoire XII l'ayant fait cardinal du titre de saint Pierre et de saint Marcellin, dans la promotion du 19 septembre 1408, Ange Barbarigo se démit de l'évêché de Vérone.

ANGE (DE SAINT-), cardinal, président du concile de Bâle. Voy. JULIEN CESARINI. ANGE-ROCCA. Voy. Rocca.

ANGE D'ACRI (Le bienheureux) religieux de l'ordre de Saint-François, naquit le 19 octobre 1669 à Acre ou Acri dans la Calabre citérieure. Il entra dans l'ordre des Capucins et y fut employé dans les missions pendant près de quarante années. Son zèle était infatigable, et ses discours, auxquels on accourait en foule, ne manquaient jamais d'opérer quelque conversion éclatante. I avait reçu une grâce particulière pour ramener les incrédules à la fci, mais il prévit les maux que la philosophie du xvn siècle devait faire à la religion, et il en versait des larmes abondantes. Ange mourut en odeur de sainteté le 30 octobre 1739, et Léon XII l'a admis au rang des bienheureux par son décret du 18 décembre 1825. L'Eglise l'honore le 30 octobre.

ANGE DE CLAVASIO (Le bienheureux) naquit en Piémont dans le xv siècle, et fut toute sa vie un modèle de candeur et d'innocence (92).

(92) M. l'abbé Rohrbacher, Hist. univ. de l'Egl. cathol., tom. XXII, p. 278.

Les sentiments de piété que sa mère lui avait inspirés se développèrent en lui dès son enfance d'une manière extraordinaire: son bonheur était de prier, et plus d'une fois sa mère le surprit, au milieu de la nuit, à genoux devant le crucifix, et s'entretenant avec son Dieu. Le récit des souffrances de Jésus-Christ lui arrachait souvent des larmes; on voyait ses pleurs couler à la seule pensée de l'amour que l'Homme-Dieu nous à témoigné dans le mystère de la rédemption, de la noire ingratitude par laquelle les hommes ne payent que trop souvent sa miséricorde et ses bienfaits.

Le zèle de son salut lui fit abandonner toutes les espérances du monde, pour se consacrer à Dieu dans l'ordre de SaintFrançois, dont il fut l'un des religieux les plus fervents et les plus exemplaires. Honoré de la confiance de son ordre, de celle du Pape et des princes d'Italie, il se montra toujours ami de la pauvreté et de l'humilité, et ne pensa jamais à tirer vanité de l'estime dont il était environné.

Il mourut à Coni en Piémont, l'an 1495, et fut enterré avec une pompe extraordinaire dans l'église des Franciscains. Les habitants de Coni l'invoquèrent presque aussitôt après sa mort, et plusieurs fois ils ont ressenti les effets de son crédit auprès de Dieu. Depuis fort longtemps ils lui rendent un culte solennel, qui a été approuvé et autorisé par une Bulle de Benoît XIV.

ANGELE DE FOLIGNY (La bienheureuse) naquit dans cette ville, d'une famille riché et mondaine. Engagée dans l'état du mariage, elle oublia son rang, les devoirs de son état, et elle donna dans des égarements déplorables. Le Seigneur, pour la faire revenir à lui, la priva de son époux et de ses enfants. Cette perte sensible fut pour elle un coup de la grâce. Elle pleura ses fautes et chercha à les expier, en vendant ses biens, pour en distribuer le prix aux pauvres, et en embrassant le tiers-ordre de

Saint-François. Ses larmes et sa pénitence durèrent autant que sa vie; sa patience, dans les peines extérieures et les fréquentes maladies qu'elle éprouva, était admirable. Sa méditation babituelle était la Passion du Sauveur, à qui elle aspirait sans cesse à se conformer dans les souffrances. Dieu la favorisa d'un grand nombre de grâces extraordinaires et de révélations. Sa vie a été écrite, très en détail, par son confesseur. On y trouve bien des choses remarquables sur la théologie surnaturelle, les mystères de la foi et des sacrements. La bienheureuse Angèle de Foligny mourut en 1309. Le Pape Innocent XII autorisa son culte en 1693. Sa fête est le 31 mars, mais sa grande Vie se trouve dans les Bollandistes, au 4 janvier.

ANGÈLE DE MERICI ou de Brescia (Sainte) fondatrice des religieuses Ursulines, naquit au commencement du xvI° siècle à Decezano, près du lac de Garde, dans le territoire de Brescia.

I. Ses parents étaient nobles, suivant les uns, de pauvres artisans, suivant d'autres. Tels qu'ils fussent, ils l'élevèrent dans la crainte de Dieu; mais elle les perdit de bonne heure. Elle fut mise, avec une sœur aînée, auprès d'un oncle qui, avec une grande piété, eut pour l'une et l'autre un cœur de père et de mère. Les deux enfants, quoique si jeunes, n'avaient pas de plus grand plaisir que de s'occuper à des pratiques de dévotion; non pas à des pratiques communes et ordinaires, mais des plus ferventes. La nuit, elles prenaient quelque peu de repos sur la terre nue ou sur quelques planches, puis se levaient pour faire leurs prières à cette mortification, elles ajoutaient des jeûnes fréquents et de grandes austérités.

Le désir de la solitude et de la retraite avait fait de si fortes impressions sur leurs cœurs, elle la trouvaient si favorable à leur dessein de ne communiquer qu'avec Dieu seul, qu'un jour elles s'enfuirent pour se retirer dans un ermitage, mais elles en furent détournées par leur oncle, qui les suivit et les ramena chez lui. Sainte Angèle n'avait point de plus grande consolation que d'être toujours avec sa sœur. Dieu la lui retira. Cette mort lui fut bien sensible, d'autant plus qu'elle regardait cette sœur comme son appui et son guide dans le chemin de la vertu. Néanmoins elle souffrit cette séparation donloureu?? avec une parfaite soumission à la volonté de Dieu.

II. Peu de temps après, elle perdit encore line, elle redoubla ses oraisons et ses austé son oncle. Ainsi deux et trois fois orpherités. Attirée de plus en plus par la grâce divine à quitter le monde, elle entra dans le tiers-ordre de Saint-François. Elle ne se contenta pas d'en observer exactement la règle, elle ajoutait de nouvelles austérités à celles qui y sont prescrites. La pauvreté d saint François fut le principal objet dy sainte Angèle: elle ne voulut rien dans sa chambre, ni dans ses habits, ni dans ses meubles, que de pauvre et de simple. Elle jour ni nuit. Son lit était composé de quelse revêtit d'un cilice qu'elle ne quittait ni ques branches d'arbres, sur lesquelles elle étendait une natte. Ses mets ordinaires n'étaient que du pain, de l'eau et quelques légumes. Elle ne buvait du vin qu'aux fêtes de Noël et de Pâques pendant le carême, elle ne mangeait que trois fois la semaine.

Elle fit le pèlerinage de Jérusalem, pour visiter les saints lieux que Notre-Seigneur Jésus-Christ a honorés de sa présence. A son retour, elle visita les tombeaux des saints apôtres et de tant de glorieux martyrs qui sont à Rome. Elle voulut encore donner des marques de sa piété sur le mont de Varalle dans le Milanais, où sont représentés plusieurs mystères, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, dans des oratoires séparés. Elle finit par venir se fixer à Brescia.

III.Bientôt plusieurs personnes pieuses attirées par la sainteté de sa vie, demandèrent à vivre en communauté avec elle; mais la sainte les engagea à rester dans le monde, pour l'édifier par leurs vertus, pour instruire les pauvres et les ignorants, visiter les hônitaux et les prisons, et secourir les malheureux de toute epèce. D'après ses conseils, ces saintes filles s'associèrent en effet pour ce but charitable, sans se lier par aucun væeu. Elles s'engagèrent seulement par une simple promesse, et pour un temps trèscourt, à observer la règle générale de la société.

Angèle s'était aidée des lumières de personnes expérimentées pour rédiger cette règle; mais prévoyant que les changements qui surviendraient dans les habitudes et les mœurs du monde pourraient y rendre nécessaires dans la suite plusieurs modifications, elle y inséra cette clause expresse : «Que l'on y ferait de temps à autre les corrections que la force des circonstances exigerait. >>

Les membres de l'association la choisirent d'une voix unanime pour leur supérieure, charge qu'elle n'accepta qu'à regret et dans les sentiments de la plus profonde humilité; mais de peur qu'on ne donnât son nom à l'ordre, elle le mit sous l'invocation de sainte Ursule et le nomma la société des

Ursulines. Cette société produisit en peu de temps un si grand bien, qu'à Brescia et dans les contrées voisines, on l'appelait la divine compagnie; mais elle ne fut admise au rang des ordres religieux que plus tard, quatre ans après la mort de la sainte fondatrice.

IV. Sous Paul V, les Ursulines furent cloî

trées et autorisées à faire des vœux perpétuels, et dès-lors leur ordre n'a plus subi de changement dans sa règle. Ces saintes filles, youées particulièrement à l'éducation de la jeunesse, se sont attiré le respect universel des pays catholiques; partagées en diverses congrégations, comme l'ordre de Saint-François à qui elles tiennent, elles se sont établies partout, à la satisfaction des parents chrétiens, qui ont trouvé en elles des institutrices également sages et éclairées pour former leurs enfants à la vertu, en leur inculquant les premières connaissances (93).

Angèle gouverna sa Congrégation pendant plusieurs années avec une rare prudence, et mourut saintement le 27 janvier 1540. Saint Charles Borromée, qui estimait singulièrement les Ursulines, s'occupa de la béatification d'Angèle; mais il n'eut pas la consolation de l'obtenir avant sa mort. Elle ne fut déclarée bienheureuse que le 30 avril 1768, par le Pape Clément XIII, et Pie VII la canonisa solennellement le 24 mai 1807 (94). Cette sainte fondatrice est honorée le 27 janvier.

V. On a publié, dans ces derniers temps,

(95) M. l'abbé Rohrbacher, Hist. univ. de l'Egl. cath., tom. XXIII, p. 158.

(94) Le P. Hélyot, Hist. des ordres religieux,

une Histoire de sainte Angèle, fondatrice de l'ordre de Sainte-Ursule, suivie de notices historiques et biographiques sur les communautés d'Ursulines du nord de la France et de la Belgique, par l'abbé Purenty, chanoine d'Arras, 1 vol. in-18 de 444 pages, 1844.

Comme on le voit par ce titre, l'auteur ne s'est pas seulement borné à retracer la vie de sainte Angèle; il s'est occupé de l'histoire des Ursulines, de telle sorte que les notices qui suivent le récit des actions de la sainte nous transportent de l'Italie dans la France, où sainte Angèle reparaît dans le zèle, le dévouement, l'habileté et l'esprit de sacrifice de ses filles. C'est un arbre dont les rameaux s'étendent au loin, et conservent à leur extrémité la vigueur de la séve qu'ils ont reçue du tronc. Ces notices, dit un critique, font de ce livre un ouvrage précieux pour la science historique, parce qu'elles sont le résultat de recherches longues et consciencieuses et qu'elles renferment de nombreux documents inédits recueillis par l'auteur dans les communautés d'Ursulines de la Belgique, du Pas-de-Calais et du Nord. C'est un monument élevé à la gloire de l'institut de sainte Angèle en même temps qu'il fournit d'amples matériaux pour l'hisloire de ces contrées.

ANGELÈZE DE SAGAZAN (95), jeune bergère de Monléon-de-Magnoac, fit profession

dans le couvent de Lum-Dieu-de-Fabas le 17 février 1543. Un jour, en 1520, celle jeune fille raconta à ses parents que la sainte Vierge, descendant sur la terre, avait daigué apparaître à ses yeux. On ne fit pas d'abord attention aux récits simples et naïfs d'Angelèze de Sagazan. Mais là sainteVierge apparut tant de fois à cet enfant, qu'enfin l'autorité ecclésiastique et les magistrats furent processionnellement à Garaison, dans le lieu où la Mère du Sauveur s'était montrée: ils en retirèrent, dit-on, une image de la mère de Jésus, et on la plaça dans une chapelle devenue depuis fameuse par les prodiges qui s'y sont opérés, et que tous les peuples voisins des Pyrénées visitaient chaque année. Cette chapelle devenue trop petite à cause du grand concours des fidèles, fut rebâtie avec plus de somparchevêque d'Auch, le 16 octobre 1626. Un tuosité et consacrée par Léonard de Trapes, auteur toulousain, Etienne Molinier, a publié un ouvrage intitulé: Histoire du val de Garaison et des miracles qui s'y sont opérés.

Angelèze mourut dans son couvent en odeur de sainteté le 17 septembre 1589, et plus tard ses ossements, relevés de terre, furent placés dans la sacristie. Mais ces restes précieux disparurent dans la tourmente révolutionnaire, et la chapelle de Notre-Dame-de-Garaison (96), située à huit lieues de Tarbes, fut aussi ravagée à cette

tom. IV.

(95) Il en est qui la nomment Anglise de Sagazan. (96) L'étymologie de ce nom est peut-être une

« ÖncekiDevam »