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étaient soupçonnés de ces abominations abominations avec quelque fondement, même léger. » Athénagore prouve done d'abord que nul soupçon, même léger, d'athéisme ne peut tomber sur des personnes qui protestent hautement reconnaître et adorer un Dieu souverain, incréé, invisible, incompréhensible, immuable, éternel, revêtu d'une lumière et d'une beauté ineffables, et qui, moyennant son Verbe, a créé et conservé toutes choses. « Ceux de vos philosophes, dit-il, qui ont recherché les principes des choses, s'accordent tous, même sans le vouloir, à reconnaître que Dieu est un; nous soutenons que c'est ce Dieu qui a créé l'univers. Pourquoi donc leur permettez-vous d'en écrire et d'en dire ce qu'ils veulent, et nous le défendez-vous, à nous qui donnons de notre croyance des preuves certaines? Vos poëtes et vos philosophes n'ont que des conjectures et se contredisent, parce qu'au lieu de demander la connaissance de Dieu à Dieu même, ils ont voulu la trouver chacun en soi. Nous, au contraire, outre les raisonnements qui ne produiront qu'une persuasion humaine, nous avons pour témoins et pour garants de nos conceptions et de nos croyances les prophètes, qui ont parlé de Dieu et des choses divines par l'esprit divin. »

III. 1 établit ensuite que les chrétiens sont d'autant moins athées, qu'ils conçoivent encore que Dieu a un fils, et il prouve la divinité du Verbe, et voici son raisonnement: « Le Fils de Dieu est le Verbe ou la raison du Père, son idée et sa vertu; car tout a été fait par lui, et le Père et le Fils sont une même chose. Le Fils est dans le Père, et le Père est dans le Fils, par l'union et la vertu de l'Esprit; et le Fils de Dieu est la pensée et le Verbe du Père. Que si, par la sublimité de votre génie, vous voulez péné trer ce que veut dire ce nom de Fils, je le dirai en peu de mots; c'est la première production du Père; non qu'il ait été fait; car dès le commencement Dieu, étant un esprit éternel, avait en lui le Verbe, la raison. Mais il a procédé pour être l'idée et la cause efficiente de toutes les choses matérielles. C'est ce que dit l'Esprit prophétique: Le Seigneur m'a créé au commencement de ses voies pour ses ouvrages. Et ce même Esprit qui agit dans les prophètes, nous disons aussi que c'est un écoulement de Dieu, qui en procède et s'y ramène comme le rayon du soleil. Qui ne s'étonnera donc que l'on nomme athées ceux qui disent qu'il est un Dieu Père, un Fils Dieu et un Saint-Esprit, qui sont unis en puissance et distingués en ordre? Notre théologie n'en demeure pas là. Nous disons encore qu'il y a une multitude d'anges et de ministres que le Créateur a distribués par son Verbe pour conserver l'ordre des éléments, des cieux et de l'uni

vers. »

Athénagore détruit aussi l'accusation d'athéisme par l'excellence de la morale évangélique et la fidélité des Chrétiens à l'observer. Aimer ses ennemis, dit-il, bénir ceux

qui vous mandissent, présenter la joue gauche à qui vous frappe sur la droite, prier pour ses persécuteurs, mener une vie humble et modeste, ètre toujours disposé à la perdre comme un bien de nul prix en comparaison de celle qu'ils attendent en l'autre monde pour récompense de la vertu telles sont les maximes et les règles qui s'enseignent chez les Chrétiens; ils les apprennent, non pour les mettre en syllogismes et en phrases, ainsi qu'on fait de la philosophie morale dans les académies; mais des ignorants, des ouvriers, de vieilles femmes, qui ne sauraient prouver l'utilité de notre doctrine par des raisonnements, la démontrent bien mieux par les œuvres. Et des hommes qui observent une pareille loi, mènent une pareille vie, sont de mœurs aussi pures et innocentes; des hommes qui mettent toute leur étude à connaître Dieu et son Verbe, quelle est l'union du Fils avec le Père, la communication du Père avec le Fils, ce que c'est que l'Esprit, quelle est l'union des trois et la distinction dans cette unité de l'Esprit, du Fils et du Père; des hommes qui attendent une vie incomparablement meilleure que la présente, une vie à laquelle ne parviennent que les âmes exemptes de toute faute; des hommes enfin qui portent la bonté au point de regarder comme des frères leurs ennemis mêmes, on ose les soupconner, les accuser même d'impiété, d'athéisme, d'irréligion !

IV. I explique pourquoi les chrétiens n'offrent point de victimes et de sacrifices tels qu'on en offre dans les tempies aux idoles. C'est qu'ils savent que le Père ne demande que le sacrifice d'un cœur pur; que le sacrifice le plus agréable à ses yeux est de connaître et admirer, dans ses œuvres, sa puissance, sa bonté, son infinie sagesse. « Lorsque, dans ces sentiments pieux, s'écrie Athénagore, on élève vers le Créateur des mains pures, à quoi bon des hécatombes? à quoi bon des holocaustes, lorsque Dieu demande de moi un culte spirituel, une victime non sanglante? Si nous n'adorons pas les mêmes dieux qu'on adore dans les villes, les villes elles-mêmes ne s'accordent point à adorer les mêmes divinités; et cependant elles ne s'accusent pas pour cela d'athéisme et d'irréligion. Lors même qu'elles se réuniraient toutes à regarder pour dieux les mêmes idoles, à cause que plusieurs ne savent point discerner entre la matière et Dieu, nous qui savons faire ce discernement et distinguer entre le Créateur et la créature, entre le souverain Etre et ce qui à peine en a l'ombre, entre les choses qui tombent sous les sens et celles qui se conçoivent à peine par l'intelligence, nous irions adorer comme nos dieux des statues d'or et d'argent? Nous passerions pour athées, parce que nous refusons de rendre à l'ouvrage l'honneur que nous savons n'ètre du qu'à l'ouvrier? »

Quoique le monde soit beau, et par son étendue, et par son ordre, et par sa symé

trie, ce n'est cependant pas lui qu'on doit adorer, mais son architecte, son Seigneur, son souverain Moteur. Et c'est ce que font les Chrétiens. Les païens objectaient que les idoles faisaient quelquefois des miracles. Athénagore, sans examiner si ces prodiges sont vrais ou apparents, soutient que l'on ne peut attribuer ces effets miraculeux qu'aux démons, et non à Jupiter, ni aux autres dieux prétendus dont les idoles portent le nom; ce qu'il prouve particulièrement par un nommé Nerullia qui vivait encore aiors, et à qui on avait dressé plusieurs statues, dont une, selon ce qu'on prétendait, rendait des oracles et guérissait les maladies, tandis que Nerullin lui-même était malade.

V. Ce qu'Athénagore vient d'exposer sert déjà à justifier les Chrétiens des deux autres accusations d'inceste et d'infanticide dont on les charge. Car, dit-il, il n'est aucunement vraisemblable que des hommes qui prennent Dieu pour modèle de leur conduite et aspirent uniquement à être irrépréhensibles en sa présence; qui sont persuadés que, nuit et jour, Dieu assiste à tout ce qu'ils pensent et à tout ce qu'ils disent, et que, étant toute lumière, il voit ce qui se passe au plus secret de leurs cœurs; qui enfin, après cette vie mortelle et terrestre, en attendent une bien plus excellente, savoir une vie immortelle et céleste, ou bien, s'ils tombent avec les autres, une vie bien pire dans le feu; il n'est pas, dis-je, vraisemblable que de tels hommes s'abandonnent sans retenue aux plaisirs des sens et aux plus honteuses passions. >>

Cette considération générale n'empêche pas le défenseur des Chrétiens, ce courageux laique qui se fait l'interprète de ses frères, d'aborder plus spécialement les deux accusations. I montre combien il est absurde que les ennemis des Chrétiens osent leur imputer des infamies que les païens ne rougissent pas d'attribuer à leurs dieux, et il énumère les actions de quelques-uns de ces dieux. Il réfute ensuite la calomnie des repas de chair humaine. « Que l'on demande, dit-il, à nos accusateurs s'ils ont vu ce qu'ils disent, nul ne sera assez imprudent pour le dire. Cependant nous avons des esclaves, les uus plus, les autres moins; nous ne pouvons nous cacher d'eux; toutefois pas un n'a dit encore ce mensonge contre nous (1372). Comment, en effet, peut-on accuser de tuer et de manger des hommes, ceux qui ne peuvent, comme on sait, souffrir la vue d'un homme qu'on fait mourir, même justement? Qui ne se montre p ssionné pour les spectacles des gladiateurs et des bêtes, principalement quand c'est vous qui les donnez? Toutefois nous avons renoncé, à ces spectacles, croyant qu'il n'y a guère de différence entre regarder un meurtre et le commettre. Nous tenons pour homicides les femmes qui se font avorter et

nous croyons que c'est tuer un enfant que de l'exposer; comment pourrions-nous les tuer quand on les a déjà nourris? Enfin, ceJui qui croit la résurrection des morts osera-t-il se faire le tombeau de ceux qui doivent ressusciter un jour? Si de pareils crimes sont croyables de quelqu'un, c'est de ceux qui ni ne craignent le jugement à venir, ni ne croient la résurrection des corps, mais s'imaginent qu'avec les corps périssent encore les âmes. Ceux, au contraire, qui sout persuadés que rien n'échappera au rigoureux examen que Dieu fera de toutes les actions de notre vie, que le corps qui a servi aux passions de l'âme en partagera aussi la peine, doivent éviter par là même jusqu'aux moindres fautes. »><

Sur la fin de son Apologie Athénagore. cite son Traité de la résurrection des morts, dont nous allons parler. On le voit, en effet, en germe dans les idées suivantes : « S'il en est, dit-il, à qui cela paraisse un songe frivole, qu'un corps décomposé, pourri, évaporé, soit rétabli de nouveau, il pourra nous regar der en pitié, se moquer de notre simplicité, mais non pas nous accuser d'aucun dessein pervers, une opinion aussi innocente ne pouvant faire préjudice à personne. Du reste, nous ne sommes pas les seuls à croire la résurrection des corps. Je pourrais vous montrer bien des philosophes partageant la même croyance; mais je ne veux pas me jeter dans cette discussion quant à présent. »

Telle est en substance, l'Apologie présentée par Athénagore aux empereurs MarcAurèle et Commode, son fils. Il est sans doute très-surprenant qu'Eusèbe, saint Jérôme et Photius ne disent rien de cet ou

vrage. Mais on ne peut le croire supposé, puisque saint Epiphane en parle dans ce qu'il dit sur l'hérésie d'Origène.

VI. Le traité De la résurrection des morts, dont l'authenticité n'est pas moins prouvée, est un ouvrage remarquable, d'un genre tout philosophique, et adressé aux païens. Voici l'analyse de ce traité (1373):

Athénagore commence par observer, attendu le mélange du vrai et du faux qui, par la faute des hommes, se trouve dans toutes les doctrines, qu'il pouvait employer deux méthodes : ou d'écrire de la vérité pour ceux qui ne demandent qu'à la recevoir, ou pour la vérité contre les incrédules et les sceptiques. La première méthode est la plus naturelle; mais la seconde étant la plus utile, il s'en servira d'abord.

Il soutient donc que ceux qui croient Dieu est le Créateur de toutes choses, et regardent néanmoins la résurrection des morts comme impossible ou incertaine, doivent démontrer de ces deux choses l'une : ou que Dieu ne peut pas ressusciter les morts, ou qu'il ne veut pas le faire.

S'ils adoptent le premier parti, il faudra dire que Dieu n'a pas la puissance néces

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saire pour rendre les corps morts à la vie; mais ni l'un ni l'autre ne peut lui manquer : il l'a prouvé sans réplique, en créant ces mêmes corps lorsqu'ils n'étaient encore point. Mais il y a tant de personnes, disent les ennemis de cette doctrine, qui ont été dévorées par les poissons et par les bêtes sauvages, et même par des hommes; la résurrection de leur corps devient impossible, rvu qu'ils sont unis à des corps étrangers d'une manière si inséparable.

Athénagore répond que Dieu a destiné à chaque animal les aliments convenables, lesquels seuls le nourrissent et le soutien nent; le reste de ce qu'il mange est séparé de son corps de différentes manières. Un aliment qui répugne à la nature de l'homme ne profite point à ces parties du corps qui sont nécessaires à sa résurrection. Et pour que cette difficulté eût quelque force, il faudrait prouver que la chair humaine est l'aliment naturel de l'homme. Quant à l'objection niaise que Dieu ne peut pas plus ranimer le corps humain qu'un potier ne peut rétablir un de ses ouvrages détruits, il ne la juge pas digne de réponse, mais il réfute la seconde supposition, que peut-être Dieu ne voulait point ressusciter les morts. Ce serait alors, dit-il, parce que c'est une action ou injuste ou indigne de Dieu; et il prouve qu'on ne peut démontrer ni l'un ni l'autre : au contraire, puisque ce n'a pas été une chose indigne de Dieu, ni injurieuse à l'homme, de lui créer un corps mortel et corruptible, il y en aura bien moins encore à le lui rendre incorruptible et immortel.

VII. Dans sa seconde partie, Athénagore prouve la réalité de la résurrection des morts. Sa première raison est la fin pour laquelle Dieu a créé l'homme. Il a été fait pour vivre dans la perpétuelle contemplation des perfections divines. Comme Dieu ne fait rien d'inutile, le corps qu'il lui a donné pour cette fin en ce monde doit participer à la perpétuité de la fin même. La nature de 'homme demande aussi qu'il ressuscite. Composé d'un corps et d'une âme el ayant pour ces deux parties une fin commune, elles doivent avoir aussi une commune durée. La mort n'est qu'une interruption de cette union, de même que le sommeil et les autres mutations qui arrivent pendant la vie, qui même conduisent à attendre la dernière de toutes, la résurrection. Le troisième motif, l'auteur le place dans l'équité du jugement de Dieu, qui doit atteindre l'âme et le corps.

Contre ceux qui n'accordent pas ce principe, notre philosophe chrétien rappelle qu'il leur faut ou nier la Providence divine, ou convenir que les hommes sont plus malheureux que les animaux, s'ils n'obtiennent pas dans l'autre vie la récompense de leurs actions, qu'ils ne peuvent se promettre en -celle-ci. Or, ils ne sauraient l'obtenir, si le corps doit être anéanti et l'âme seule vivre toujours. Car il est injuste de récompenser

(1374) Hist. gén. des aut. sac. et ecclés., tom. II,

ou de punir l'âme seule, puisque le corps a eu également sa part au bien et au mal, et que même les péchés occasionnés par des passions sensuelles viennent uniquement du corps, qui tantôt y entraîne l'âme avec violence, tantôt l'y conduit sans qu'elle s'en aperçoive, tantôt l'y engage sous prétexte de sa propre conservation. Comme, en outre, on ne peut concevoir ni le vice, ni la vertu dans l'âme seule, et que les lois ont été données à l'homme tout entier, on doit tirer de là les mêmes conséquences.

:

A ces preuves, Athénagore ajoute la fin particulière de l'homme elle ne peut consister ni dans l'insensibilité, ni dans les plaisirs matériels; car l'homme l'aurait de commun avec les êtres inanimés et les animaux: non plus dans la félicité de l'âme séparée du corps; car, sans le corps, elle ne fait pas l'homme total. Il faut donc la chercher dans une destination commune à ces deux parties qui, par conséquent ne peuvent pas demeurer toujours séparées l'une de l'autre. — Telle est la suite de l'argumentation d'Athénagore dans ce consolant ouvrage.

VIII. On lui attribue encore douze livres de sa Vie, mais c'est un écrit supposé. En 1599 et en 1612, on donné un ouvrage in12, sous le nom d'Athénagore, intitulé: Du vrai et parfait Amour, distribué en dix livres, et traduit, dit-on, du grec en français. Mais c'est ici un pur roman, comme le démontre Dom Ceillier (1374).

Ce savant critique nous donne d'intéressants détails sur les écrits d'Athénagore. Il dit qu'on trouve dans ses écrits beaucoup d'érudition et d'éloquence, une connaissance profonde des mystères les plus relevés da christianisme, et qu'ils sont faits avec méthode. Toutefois il reproche au style d'être diffus et d'être trop coupé par des parenthe ses. Il ajoute que les raisonnements d'Athénagore sont soutenus et bien suivis, surtout dans l'Apologie pour les Chrétiens. Il n'y a peut-être pas autant de force dans quelques endroits du traité sur la Résurrection des morts; mais cela peut tenir à la difficulté du sujet.

Il est peu d'auteurs, dans l'antiquité, qui se soient expliqués avec autant de précision qu'Athénagore sur Dieu, l'unité de subs tance et la distinction des trois persones; sur la génération éternelle du Verbe, et sur la procession du Saint-Esprit, qu'il nomme un écoulement de Dieu, et qui en procède, selon sa belle expression que nous avons déjà citée (n° III), comme le rayon du soleil.

Nous avons remarqué aussi, dans son Apologie, la charité et la pureté qui régnaient parmi les Chrétiens de son temps. Beau spectacle à rappeler aux Chrétiens dégénérés de notre temps! Suivant la différence des âges, ces pieux Chrétiens regardaient les uus comine leurs enfants, les autres comme leurs frères et sœurs, et ils honoraient les personnes âgées comme leurs pères et leurs mères. page 117 et suiv.

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Ils n'assistaient point aux spectacles des gladiateurs et des bêtes, pas même au supplice de ceux qui étaient condamnés par les lois. Dans le mariage, ils ne se proposaient que d'avoir des enfants, et ne se permettaient rien de ce qui pouvait blesser leur pureté. Enfin, ils s'aimaient et mettaient en pratique les préceptes évangéliques.

On pourrait, en apparence, reprocher à Athénagore quelque erreur touchant les secondes noces qu'il appelle d'honnêtes adultères (1375); mais c'est plutôt, chez lui, une exagération d'expression qu'une erreur doctrinale; et cette expression sévère s'explique par l'ardeur qu'il mettait à justifier les Chrétiens des crimes d'impureté dont on les accusait. Or il ne pouvait mieux le faire qu'en montrant leur amour pour la virginité, qui était telle qu'un grand nombre d'entre eux demeuraient vierges toute leur vie, et que ceux qui s'étaient une fois engagés dans le mariage n'en contractaient point un second après la mort de leur femme. Au reste, saint Basile, qui croyait les secondes noces perDises, ne laisse pas de les appeler une fornication châtiée (1376). Il faut donc conclure qu'Athénagore, comme la plupart des auleurs grecs qui ont parlé sévèrement des secondes noces (1376 bis), ne les ont pas néanmains condamnées pour cela, et que leurs censures ne tombent que sur l'esprit d'incontinence qui pourrait dominer ceux qui se marient plusieurs fois.

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ATHENES (DIEU INCONNU D'). On lit dans les Actes des apôtres que saint Paul, étant venu à Athènes, se présenta dans l'Aréopage (Voy. cet article), et qu'il tint au peuple assemblé ce discours : « Hommes d'Athènes, je vous vois en tout comme plus religieux que d'autres. Car, passant et considérant les objets que vous adorez, j'ai trouvé même un autel où est écrit: Au Dieu inconnu. Celui-là donc que vous adorez sans le connaître, c'est lui que je vous annonce. Ce Dieu qui a fait le monde, et tout ce qu'il ya dans le monde ; lui, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples que des mains ont faits. Il n'est point honoré par les mains des hommes, comme s'il avait besoin de quelque chose, Jui qui donne tout à tous, et la vie et la respiration. Il a fait naître d'un même sang toute la race des hommes pour habiter sur toute la face de la terre, déterminant les temps de leur durée et les limites de leur demeure, afin qu'ils cherchent le Seigneur et qu'ils s'efforcent de le trouver, comme en tatonnant, quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous; car c'est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes; et comme quelques-uns de vos poètes on dit : Nous sommes de sa race. Puis donc que nous sommes la race de Dieu, nous

(1575) S. Epiph. hæres, 48, n° 7.

(1376) S. Basil. Epist. 2 ad Amphiloc. can. 4. Voy. là-dessus l'Apologie de la morale des Pères, par Don Ceillier, 1 vol. in 4, 1718, page 31 et suiv.

(1576 bis) Clément Alex., Strom., lib. 1; Orig., Bom. 17 in Joann.; opus imperfectum in Matt. attribué

ne devons pas croire que la divinité soit semblable à l'or, à l'argent ou aux pierres qui ont pris des figures par l'invention de l'homme. Or, Dieu, regardant par-dessus ces temps d'ignorance, annonce maintenant à tous les hommes de faire partout pénitence, parce qu'il a établi un jour pour juger le monde selon la justice, par celui qu'il a destiné à en être le juge, faisant foi de cela à tous, en le ressuscitant d'entre les morts.>> On écouta tranquillement jusque-là. Mais lorsqu'ils entendirent parler de la résurection des morts, les uns se moquèrent, les autres dirent « Nous vous entendrons sur cela une autrefois. » Ainsi Paul sortit du milieu d'eux. Quelques hommes cependant se joignirent à lui et embrassèrent la foi; entre lesquels fut Denys, sénateur de l'aréopage, et une femme nommée Damaris, et quelques autres (1377).

Il y avait quatre cent cinquante ans que le plus illustre des philosophes, Soerate, n'avait point osé confesser la vérité tout entière, qu'il avait indisposé ses juges par sa raideur, et qu'il avait été condamné à boire la cigüe. Paul, au contraire, dit toute la vérité; mais il la dit de telle manière, qu'au lien d'offenser ses juges, il dut leur faire plaisir. La louange que les Athéniens ambitionnaient le plus était d'être le plus religieux des peuples. Paul s'insinue par là. Le Dieu qu'il leur annonce, il leur fait voir que déjà ils l'adorent. Quand il veut leur donner à conclure que les idoles n'ont rien de divin, il cite avec éloge la parole de leurs poëtes. Un discours si habile et si plein de sens ne pouvait manquer de plaire au plus spirituel de tous les peuples.

Mais quel était co Dieu inconnu d'Athènes ? Nous croyons, avec saint Augustin (1378), que c'était le Dieu véritable, et que le grand apôtre ne faisait point un sophisme quand il disait : Celui-là donc que vous adorez sans le connaitre, c'est lui que je vous annonce. Dans un dialogue attribué à Lucien, un personnage que son ami convertit au christianisme, veut d'abord jurer par les dieux de la mythologie: le Chrétien l'en empêche; mais quand il jure par l'Inconnu d'Athènes, le Chrétien ne l'empêche pas; au contraire, après l'avoir instruit de la nature du vrai Dieu, il conclut : « Ayant done trouvé l'Inconnu d'Athènes, levons les mains au ciel, et rendons-lui grâces (1379). » Comme les Athéniens avaient depuis longtemps dans leur ville une synagogue de Juifs, que fréquentaient plusieurs d'entre eux, il n'est pas inconcevable qu'ils adorassent le vrai Dieu sous la notion confuse de Dieu inconnu ; les Juifs eux-mêmes ne lui donnaient généralement d'autre nom que le nom seul de Dieu D'ailleurs, depuis quatre siècles et demi, les Athéniens avaient entendu plus d'une fois

à S. Chrysostome, tom. Jer, page 882. (1377) Act. apost. XVII, 22-34.

(1378) S. Aug. lib. 1 Cont. Crescon., cap. 29, apud Rohrbacher, tom. IV, pag. 339-340. (1379) Philopatris, apud Lucian.

Sophocle leur dire en plein theatre ces paroles, si souvent citées par les Pères de l'Eglise: «Dans la vérité, il n'y a qu'un Dieu qui a fait le ciel et la terre, et la mer azurée et les vents impétueux. Mais la plupart des mortels, dans l'égarement de notre coeur, nous dressons des statues des dieux, comme pour trouver dans ces images de bois, d'airain, d'or, d'ivoire, une consolation de nos maux. Nous leur offrons des sacrifices, nous leur consacrons des fètes, nous imaginant qu'en cela consiste la piété (1380). » Saint Paul dit aux Athéniens: Celui que vous adorez sans le connaître, dans le même sens que Jésus-Christ dit à la Samaritaine: « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, au contraire, nous adorons ce que nous connaissons, parce que le salut vient des Juifs (1381) » Dieu est inconnu aux païens comparativement aux Juifs, aux Juifs comparativement aux Chrétiens, aux Chrétiens comparativement aux saints du ciel.

Saint Denys l'Aréopagite fut le premier évêque d'Athènes, et saint Publius, aussi évêque de cette ville, y souffrit le martyre au ir siècle (Voy. leurs articles). Ce fut à Athènes que parurent les premières apologies des Chretiens, et au iv siècle, l'école d'Athènes était encore célèbre. Voy. l'article ECOLE D'ATHÈNES.

ATHÉNODORE (Saint), évêque dans la province de Pont, frère de saint Grégoire Thaumaturge. Il fut disciple d'Origène, assista au concile d'Antioche, tenu en 264, contre Paul de Samosate, et souffrit le martyre pendant la persécution de l'empereur Aurélien.

ATHÉNOGÈNE (Saint), martyr, dont le temps nous est inconnu. Saint Basile est le seul des anciens qui en ait fait mention. Il nous apprend qu'Athénogène avait des disciples, et qu'étant près d'être consumé par le feu, il composa une hymne qu'il leur laissa comme un gage de son amitié (1382). Nous n'avons plus cette pièce, mais on voit par le même saint Basils qu'Athénogène y pensait sainement de la divinité du Saint-Esprit. Un auteur (1383) lui attribue une autre hymne, dont saint Basile parle également à l'endroit cité, et que le peuple avait la coutume de chanter le soir parmi les prières d'actions de grâces. Mais ce saint avoua lui-même qu'il n'en connaissait point l'auteur. Surius a donné (1384) des Actes du martyre de saint Athénogène, qu'on croit être de Métaphraste, et qui n'ont aucune autorité. Quelques critiques conjecturent (1385), sur la ressemblance des noms, qu'Athénogène est le même qu'Athénagore, un des premiers apologistes de la religion.

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ATON, évêque de Saintes, vers la fin du vin siècle. Ce pontife était, selon toute appa

(1380) Sophocl., apud S. Justin, De monarch, et alibi.

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rence, fort distingué par sa naissance et par ses vertus. Il avait été abbé de Saint-Hilaire de Poitiers. Louis dit le Pieux, roi d'Aquitaine, l'appelle son parent dans un de ses diplômes (1386). H érigea en abbaye, vers l'an 799, Saint-Junien de Nouaillé, après que Charlemagne l'eut fait reconstruire. La charte d'Aton, dressée à l'occasion de ce monastère, est empreinte de piété, et comme elle intéresse particulièrement l'histoire ecclésiastique de Saintes, M. l'abbé Briand en a conservé le texte dans son intéressante Histoire de l'Eglise santone (1387). I ne nous apprend pas autre chose de ce saint évêque, sinon que Louis, roi d'Aquitaine, continua sa fondation, et que le Pape Gélase II, au x siècle, donna une bulle en faveur des possessions de cette abbaye (1119).

ATTALE (Saint), martyr. Voy. l'article LETTRE DES MARTYRS DE VIENNE ET DE LYON AU II SIÈCLE.

ATTALE, prêtre arien, fut cité au concile d'Aquilée de l'an 381, et ayant refusé de répondre, il fut condamné.

ATTALE (Saint), disciple de saint Colomban, était né en Bourgogne; son père le plaça près de saint Arige, évêque de Gap, afin qu'il s'instruisît dans la science divine. Le désir d'une vie plus parfaite le fit passer au monastère de Lérins; mais, voyant que l'observance se relâchait, il vint à Luxeuil se placer sous la conduite de saint Colomban. Ce saint l'affectionna, et il se reposa souvent sur lui pour le gouvernement du monastère de Bobio. - Voy. l'article COLOM BAN (SAINT). Attale eut la gloire de lui succéder, et il dirigea ce monastère pendant douze années. Ce saint abbé eut une autre gloire, celle de résister aux suggestions du moine Agrestin (Voy. son article), qui aurait voulu l'entraîner dans ses égarements. Mais Attale sut déjouer ses piéges, et mourut saintement en 627.

ATTALE, petit-fils de saint Grégoire évêque de Langres; car cet évêque avait été marié avant son entrée dans le sacerdoce, et portait une grande affection au jeune Attale. Celui-ci s'était trouvé parmi les jeunes gens qui furent pris pour ôtages el emmenés comme esclaves, lors des guerres de Théoderic et de Childebert. (An 519-536.)

Saint Grégoire fut fort afligé du malheur arrivé à son petit-fils. Après bien des recherches, il apprit enfin qu'Attale était réduit à garder les chevaux d'un seigneur franc dans le territoire de Trèves. Le Franc, ayant su que son esclave appartenait à une bonne famille, demandait, pour le rendre, une rançon exorbitante.

A cette nouvelle, le cuisinier du saint évêque lui dit : « Si vous me laissiez faire, peut-être pourrais-je le tirer de captivité.

(1384) Surius. ad diem, 17 Juli., page 209

(1385) Baron, ad diem 18 Jun.; Tillemont, Mém. sur l'hist, ecclés., tom. II, pag. 323, et dom Ceillier Ilist. gén. des aul. sac. et ecclés., tom. III, pag. 550. (1586) Chart. Lud. reg. Aquit, apud Gall, Christ. Inst. Eccles. Pict., tom. II, pag. 546.

(1387) 5 vol. in-8°, 1843, tom. 1°, pag. 252 256

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