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d'expliquer les rapports intimes découverts par Verson entre les mégacaryocytes et les vaisseaux veineux de la rate.

Di Guglielmo (1) a constaté que le sang des myéloses chroniques peut contenir des mégacaryocytes montrant à l'évidence les différentes étapes de la formation des plaquettes. Dans ces cellules, on trouve autour du noyau une zone où les granules azurophiles sont uniformément répartis ; à cette zone fait suite vers la périphérie une région où les granules sont groupés en petits amas entourés de protoplasme basophile; sur le pourtour, enfin, se détachent les plaquettes.

Perroncito (2), pour qui la théorie de Wright n'est pas encore démontrée, objecte que les figures invoquées en sa faveur pourraient s'expliquer par des phénomènes d'adhérence de plaquettes à des mégacaryocytes, ou par des phénomènes de phagocytose. On peut lui répondre que si certaines figures publiées par les partisans de la théorie de Wright s'expliquent peut-être par l'adhérence de plaquettes à un mégacaryocyte, cette interprétation ne rend pas compte du passage graduel de la zone uniformément granuleuse à la zone où les granules sont groupés en amas Di Guglielmo insiste particulièrement sur ce point. Quant à l'hypothèse de la phagocytose, elle n'explique guère les figures où l'on voit tout le protoplasme divisé en masses plaquettiformes. Les plaquettes phagocytées dans les macrophages de la rate plongent d'ailleurs toujours dans une vacuole et manifestent des signes évidents de dégénérescence: deux caractères qu'on ne retrouve pas dans les masses plaquettiformes des mégacaryocytes (Di Guglielmo). On peut encore faire remarquer que la fonction cytophage des mégacaryocytes est loin d'être

(1) G. Di Guglielmo, Megacariociti e piastrine, HAEM., I, 1920. (2) A. Perroncito, Sulla derivazione delle piastrine dei megacariociti, HAEM., I, 1920.

établie; elle a été niée, tout récemment encore, par Firket (1).

Certains auteurs ont admis une participation d'éléments monocytoïdes à la production des plaquettes.

Cesaris-Demel a décrit la formation dans le protoplasme basophile de certains splénocytes (cellules monocytoïdes de la rate) de petits amas de granules azurophiles. Ferrata et Negreiros-Rinaldi admettent qu'au moins chez l'embryon, certaines cellules macrophages monocytoïdes, provenant sans doute de l'hémohistioblaste, peuvent se charger de granules azurophiles qui se réuniraient ensuite en chromomère. Di Guglielmo, qui a soutenu quelque temps cette opinion, se demande (1920) si elle est vraiment justifiée. Peut-être y a-t-il ici confusion avec des cellules conjonctivales auxquelles ont adhéré des plaquettes, ou avec des macrophages qui en ont phagocyté. Ce point n'est pas encore éclairci.

(A suivre.)

PAUL LAMBIN.

(1) J. Firket, Recherches sur la différenciation des mégacoryocytes et leurs fonctions. C. R. Soc. BIOL., 1922..

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IV. SÉRIE. T. III.

LA MENTALITÉ DES PRIMITIFS

M. Lévy-Bruhl, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, a publié en 1910 un ouvrage très documenté sur Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures. Il essayait de montrer que dans ces sociétés l'esprit n'obéit pas aux lois logiques, pas plus qu'il ne pèche contre elles. Il leur est indifférent. Et pour mieux définir sa pensée, M. Lévy-Bruhl risquait l'expression bien aventureuse de mentalité prélogique.

Aujourd'hui, continuant son étude, il nous donne un second ouvrage : La mentalité primitive (1). Au fond, c'est toujours la même thèse : celle de l'école sociologique de Durkheim, présentée d'ailleurs avec tout le talent d'un vrai maître et appuyée sur une documentation très abondante. Les expressions se sont un peu adoucies. On parle encore beaucoup de prélogique dans ce second volume, mais, par-ci par-là, on ajoute des adverbes restrictifs ou des formules de doute. L'ensemble ne marque cependant aucun désaveu des conclusions antérieurement admises. Et c'est de cet ensemble que nous voudrions nous occuper aujourd'hui.

La mentalité primitive, nous dit-on, est essentiellement prélogique, irrationnelle, mystique tous termes considérés comme synonymes (2). Elle est imperméable à l'expérience (3); dominée par la loi de participation, qui

(1) Paris, Alcan, 537 pages, 1922. Les citations, sans indication de titre, se rapportent à cet ouvrage.

(2) P. 47, 48, 503, 516, 520 et passim.

(3) P. 95.

fait voir partout des communications de propriétés entre les êtres (1), ou plutôt qui les fond tous en une sorte de continuum, mêlant le visible et l'invisible, les noms et les choses, les objets et leur ombre, l'original et l'image, le rêve et la réalité (2). Quand on dit que la mentalité primitive mêle tout cela, on ne s'exprime même pas très correctement; il faudrait plutôt laisser entendre que la mentalité primitive ne mêle rien du tout, parce qu'elle n'a pas encore commencé à distinguer les choses (3). L'expérience et la réflexion nous apprennent à découper, dans l'ensemble confus des perceptions et des émotions, certaines zones spéciales plus ou moins strictement limitées et que nous appelons des objets. La connaissance d'un objet, comme tel, ne s'acquiert que lentement. Le primitif n'y réussit pas, il ne s'y essaie même pas (4). Chez lui, l'élément cognitif est presque submergé sous la vague émotionnelle (5). Il ne réfléchit pas (6), il n'infère pas (7). Il n'est pas sensible à la contradiction (8), et, partant, ne s'étonne de rien (9). La causalité lui est étrangère (10) ou du moins elle est «d'un type autre que celui qui nous est familier» (11). Si bien qu'entre le primitif et nous il y a non seulement une différence de degré mais, au point de vue mental, une différence de genre. L'unité de commune mesure fait défaut (12). Nous ne sommes pas des primitifs dont l'esprit se serait développé et enrichi (13).

(1) P. 522.

(2) P. 94 et suiv.

(3) P. 89-90.

(4) P. 88.

(5) Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures. Ch. I.

(6) P. 1, 9, 11, 12.

(7) P. 48, 127.

(8) P. 72, 85.

(9) P. 45.

(10) P. 45, 88.

(11) P. 85, 516.

(12) P. 15, 519. (13) P. 15.

Le mode de pensée est radicalement différent dans un civilisé moderne et dans un primitif, et toutes les théories qui reposent sur le « postulat de l'esprit humain partout et toujours semblable à lui-même » (1), toutes ces théories sont impuissantes à nous expliquer le primitif.

Il semble qu'il faudrait conclure que le primitif est simplement inexplicable et qu'il est chimérique d'essayer de se rendre compte de sa mentalité. M. Lévy-Bruhl n'ose pas pousser si loin les conséquences. La mentalité primitive n'est pas une forme rudimentaire de la nôtre, et ce n'est pas en se développant qu'elle finit par nous rejoindre. Elle est d'un autre type, mais, « dans les conditions où elle s'exerce, elle est normale » (2), et donc intelligible. Il suffit de ne pas la transposer sur un autre plan (3) et on arrive, avec beaucoup d'effort, à la comprendre et à l'expliquer par elle-même (4).

Examinons tout ceci d'un peu plus près. J'ai peur qu'il n'y ait dans ces thèses, à côté d'une idée féconde, un certain nombre de confusions fâcheuses et quelques conclusions vraiment trop hâtives.

Et d'abord, on nous parle du primitif et de la mentalité primitive. M. Lévy-Bruhl n'avait pas voulu employer ces mots en 1910 dans le titre de son premier volume. Aujourd'hui ces termes sont entrés dans le langage courant, mais l'usage ne les a pas rendus plus précis. Il aurait fallu les définir strictement (5). Qu'est-ce qu'un primitif? On est un peu ahuri de trouver, pêle-mêle, dans la documentation du volume les noms des peuplades les plus diverses, et les moins homogènes au point de vue de la culture. Le vocable primitif sert d'écrite au complai

(1) Les fonct. mentales. Ch. IX.

(2) P. 16.

(3) P. 503.

(4) P. 47, 48, 89, 517.

(5) P. III. On reconnaît que le terme est impropre. Ce ne serait que demi-mal. Il est ambigu.

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