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également plausibles, qu'il n'en est pas de plus simple, de plus conforme à tout ce que l'expérience avait fait admettre. C'est l'éternelle erreur des démocraties, qui ont nécessairement une mentalité de jeunes gens, que de négliger dédaigneusement le passé et de renverser tous les édifices de fond en comble sous prétexte de progrès, sans soupçonner qu'on avait déjà fait cent fois avant elles à peu près les mêmes expériences et choisi entre les mêmes hypothèses.

Je ne comparerai pas à la religione insteinienne la religion atomique, parce que celle-là du moins s'est édifiée patiemment par retouches successives en tenant compte successivement de tous les faits recueillis et groupés et parce qu'elle forme en définitive un très bel édifice d'apparence solide, répondant du moins à l'état actuel de nos connaissances. Mais ce n'est pourtant pas une raison de la présenter comme un Credo indiscutable, en dehors duquel il ne saurait y avoir de salut. Depuis trois mille ans au moins, on a commencé à expliquer l'univers, tantôt par des atomes, tantôt par un souffle dynamique, par des formes sensibles de l'énergie. Ces deux thèses, qui sont également soutenables et qui peuvent d'ailleurs se ramener l'une à l'autre, séduisent successivement les esprits et la roue, qui fait tourner les opinions humaines, les ramène tour à tour à la lumière. L'univers, qui s'est, depuis quelque temps, résumé en une géométrie d'atomes matériels de plus en plus ingénieusement agencés, est aujourd'hui en passe de se voir réduit en énergie. Nous vivons dans les apparences et nous sommes les jouets des mots...

On pourrait encore citer les expériences de transmutation, affirmées, généralisées avec un enthousiasme quelque peu prématuré. L'unité de la matière, sous des formes variables, n'est pas non plus une idée nouvelle, mais, au contraire, une des premières conceptions abstraites que l'esprit humain ait pu former lorsqu'il a commencé à raisonner et à généraliser en dégageant la substance de

l'apparence. J'ai été des premiers à revenir sur les possibilités de transmutation, à une époque où l'on semblait un peu insensé d'oser y penser. Je crois certaines expériences de transmutation exactes. Mais, là encore, la crédulité s'abuse par la facilité avec laquelle elle admet toutes les pseudo-expériences qu'on annonce avec fracas dans un sujet où l'expérimentation est particulièrement délicate et sujette à caution... C'est toujours le même besoin de coups de théâtre qui fait aujourd'hui revenir ici aux espérances des Flamel et des Paracelse...

Ma

Inutile de multiplier les exemples. J'ai, je crois, assez montré la part de la superstition dans les engouements qui portent les vagues de l'esprit public vers toutes les nouveautés on peut le dire, quelles qu'elles soient, et même avec d'autant plus de violence et de passion qu'elles sont plus destructrices du passé. conclusion n'est pas qu'il faut s'entêter dans les opinions reçues et dans les enseignements d'école. Je crois, au contraire, que c'est un grave défaut des monopoles universitaires de figer l'enseignement dans le canevas rigide d'une science officielle et, par conséquent, morte. La participation moderne de la presse et du grand public forme un contrepoids utile, mais à la condition de ne pas l'exagérer et de ne pas instituer d'autres religions révolutionnaires, à la fois absolues et changeantes. L'attitude qui me semble correcte est bien simplement celle que recommandait Descartes et grâce à laquelle s'est constituée la science moderne: ne rien affirmer, ne rien nier, observer, comparer, réfléchir, choisir entre les solutions la plus simple et la proposer avec une nuance de doute.

Toute idée nouvelle, à plus forte raison toute observation nouvelle, est à retenir, et à scruter. Le dédain ne convient jamais pour une suggestion rationnelle, quand bien même elle choquerait les idées reçues. Ce n'est qu'en remuant beaucoup d'erreurs que l'on trouve une parcelle de vérité. La découverte scientifique se dérobe toujours

dans le menu fait négligé par les observateurs précédents, dans la correction implicite qu'a faite leur paresse aux résultats expérimentaux, dans le coup de pouce qui a rectifié, sinon les chiffres, au moins les conséquences à en déduire, dans le caput mortuum de la chimie. Même en matière de théories, il faut être très large, sauf à voir constamment reparaître des conceptions anciennes habillées d'oripeaux brillants qui les transfigurent. C'est l'innocente distraction de notre exil humain de combiner des hypothèses, comme ces petits enfants auxquels nous restons toujours semblables dans le fond, et qui s'amusent à jouer avec des cubes sur lesquels des fragments d'images sont peints. Mais le raisonnement le plus élémentaire, mais toute l'expérience antérieure nous démontrent que, dans le domaine sensible, nous sommes incapables d'atteindre l'absolu et, par conséquent, impuissants à rien affirmer. Nous sommes perdus au milieu du mouvant sans un point fixe pour nous repérer, dans un monde qui, suivant le mot de Pascal, n'a ni circonférence ni centre. Nous sommes prisonniers de nos sens et, particulièrement, de notre appareil visuel, dont les illusions, patiemment corrigées, resteront toujours une cause inévitable d'illusions et d'erreurs. Nous sommes constamment occupés à généraliser l'individuel, à objectiver le subjectif, à admettre que « post hoc, ergo propter hoc ». Quelle erreur, dans un état semblable, d'affirmer à tout propos et de croire sans discussion tout ce qu'on nous affirme ! La foi. a son domaine comme mobile souverain d'actions et de vertus. Mais, en matière de science, le scepticisme cartésien restera toujours l'attitude la plus sage et la plus prudente.

L. DE LAUNAY,

de l'Académie des Sciences.

Deux catégories
de courants telluriques

1.

GÉNÉRALITÉS SUR LES COURANTS TELLERIQUES. Par courants telluriques, on entend certaines manifestations électriques qui de temps à autre se produisent avec force dans les lignes et les câbles télégraphiques, au point d'y interrompre le service des dépêches. On les a connus dès l'établissement des premières lignes. Ces courants désordonnés sont toujours accompagnés de troubles analogues du magnétisme de la Terre et fréquemment aussi d'aurores polaires, visibles, la nuit, jusqu'à nos latitudes. On les désigne comme tempêtes telluriques et tempêtes magnétiques. Leur cause commune est dans le Soleil; l'agitation à sa surface se manifeste, à certaines époques, par de grandes taches, foyer d'émanations électro-magnétiques qui viennent troubler les forces électriques et magnétiques de notre globe. Sans aller jusqu'à former des taches, l'agitation du Soleil est incessante et produit dans les lignes de petites ondes électriques irrégulières se superposant au courant faible qui y passe toujours, même en dehors des moments de crise.

Ce Courant tellurique faible et continu dans l'écorce terrestre et dans les lignes télégraphiques doit être assimilé au magnétisme faible et continu qui subsiste aussi dans cette écorce et dans l'aiguille aimantée. C'est ce courant-là que nous étudierons dans le présent article. Comme le magnétisme terrestre, il est soumis à des lois

fixes de variations. La détermination de celles du magnétisme est de la dernière importance pour la navigation tant maritime qu'aérienne; il est à présumer que celles du courant tellurique, plus complètement étudiées après ce que j'ai à faire connaître de l'extension et de la nature du phénomène, trouveront un jour une application pratique qui justifiera jusqu'au bout l'étroite parenté qu'il a avec le magnétisme terrestre.

2.

LES OBSERVATIONS DES COURANTS TELLURIQUES Depuis leur DÉCOUVERTE JUSQU'AUJOURD'HUI.

C'est vers 1840 qu'ont été établies les premières lignes télégraphiques et que sont connus les courants électriques naturels qui les traversent. Beaucoup d'observations de ces courants furent faites, en raison de leur nouveauté et de leurs rapports avec le magnétisme terrestre; mais peu furent assez continues pour qu'on pût entrevoir les lois de leurs variations; c'est qu'il y avait et qu'il y eut toujours une sérieuse entrave qui restreignait et finit même par tuer le zèle des observateurs : on ne connaissait pour l'observation que l'emploi des grandes lignes télégraphiques. Or, ces lignes sont créées à grands frais pour tout autre chose que des observations scientifiques. Après un demi-siècle de tentatives plus ou moins fructueuses, l'étude des Courants telluriques cessa absolument vers 1900.

En 1910, l'initiative des Pères Jésuites de l'Observatoire de l'Ebre, à Tortosa en Espagne, rappela à la vie l'observation des courants telluriques ils installèrent deux lignes orientées et de moyenne longueur, 1400

mètres.

En 1916, rompant avec une tradition tyrannique, je cherchai, à Jersey, le courant tellurique sur une ligne longue de dix kilomètres qui n'était pas aérienne, mais entièrement souterraine, entièrement en contact avec le sol humide, ce qui était assurément bien nouveau et

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