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qui a appelé, de même nous savons la région qui a été blessée.

Poussons plus loin la comparaison. Si je veux que l'appel téléphonique reste sans réponse, il est facile de comprendre que je puis, ou bien couper le fil sur un point quelconque de son trajet, ou bien éloigner, distraire le personnel, ou encore détraquer les appareils du poste central.

Exactement de même, vous allez voir qu'il suffira ou que je ne presse pas sur le bouton d'appel, que je coupe le nerf conducteur de la sensibilité sur un point de son trajet, ou que j'agisse sur le cerveau par un moyen donné, ou que je distraie l'âme.

En somme, lutter contre la douleur, c'est 1o supprimer la cause de la douleur; ou 2o empêcher la sensation de blessure ou de souffrance d'arriver au cerveau, ou 30 empêcher l'âme consciente de la percevoir quand elle arrive au cerveau. C'est à réaliser ce desideratum que s'emploie depuis des siècles la médecine.

Mais comment arriver au cerveau si bien enveloppé dans sa quadruple enveloppe, l'une osseuse, les autres molles ?

Vous savez bien, sans que j'y insiste, que le sang arrive au cerveau par de nombreux vaisseaux. Si je confie au sang la substance qui doit agir sur le cerveau, son action calmante pourra s'exercer. Pour arriver au sang, la voie employée, pendant des siècles, c'est le tube digestif.

Voie digestive.

On avale un médicament contre la douleur. Il est digéré, absorbé, passe dans le sang. Le sang le conduit au cerveau comme dans tout le reste du corps le problème est résolu, et voilà pourquoi tant de drogues sont avalées.

La morphine, l'opium, la belladone, l'antipyrine, le pyramidon, j'en passe et des meilleurs, exercent leur action calmante sur le poste central, sur le cerveau de telle manière que la douleur est diminuée ou au moins

calmée. Quant à vous dire comment agit intimement le médicament, j'avouerai, entre nous, que nous n'en savons rien; mais, au fait, cette ignorance a-t-elle jamais troublé la joie de celui qui se sent soulagé par le médicament et ce problème vient-il troubler la paix de son sommeil retrouvé ?

Molière, à la question : Pourquoi l'opium fait-il dormir? fait répondre : Quia habet virtutem dormitivam. Parce qu'il a la vertu dormitive! Nous n'avons fait que peu de progrès sur ce point.

On voit les avantages de cette méthode. Pas d'appareil, pas d'instruments, une cuillerée de liquide, la drogue dissoute on avale, et tout est dit.

Voie sous-cutanée.

Mais le tube digestif ne digère pas toujours bien les substances qu'il absorbe : comme beaucoup d'Administrations, il est assez lent dans ses opérations et le résultat calmant se fait attendre. Aussi fut-ce un grand progrès quand, au lieu de lui confier le médicament calmant, on l'injecta sous la peau. C'est l'injection sous-cutanée que vous connaissez tous de nom, au moins. Découverte merveilleuse ! Le liquide passe rapidement dans le sang et de là aux centres nerveux, d'où calme rapide, nécessité d'une moindre dose de médicament, parce que rien ne se perd en route comme par la voie digestive.

Par contre, la méthode nécessite une seringue que je mets sous vos yeux en même temps que je fais la démonstration autant pour votre édification que pour vous montrer que l'opération est facile, rapide et non douloureuse. Un point de teinture d'iode sur la peau, une piqûre, c'est fait. Inutile de vous dire que, dans le cas présent, je n'injecte que de l'eau pure. Puis-je ne pas signaler, en passant, que cette petite seringue, si bienfaisante, qui a calmé tant de douleurs, source de tant de biens, est devenue, hélas ! la source de tant de maux ?

C'est grâce à la seringue que la morphinomanie, la cocaïnomanie peuvent faire dans le monde tant de dégâts qu'on se demande si la somme de ses méfaits ne dépasse pas la somme de ses bienfaits!

Voie intra-veineuse.

Mais il est des cas où cette injection sous-cutanée ou n'est pas assez puissante contre la maladie ou n'agit pas encore assez vite au gré des malades qui luttent contre la souffrance. Ne pourrait-on pas faire pénétrer le produit plus rapidement dans le sang? Eh ! pourquoi pas ?

Donnez-moi votre bras. Je place un lien sur le bras, je serre la veine se gonfle, je la pique, j'injecte le contenu de ma seringue. En deux ou trois secondes, le produit arrive au cerveau où il exerce son action.

C'est la voie intra-veineuse, plus délicate, nécessitant des connaissances spéciales mais qui a l'avantage de permettre une action rapide, puissante et profonde. On l'emploie de plus en plus pour cette raison.

Mais, si les produits calmants que nous connaissons et que nous employons peuvent bien calmer une douleur, ils ne la suppriment pas ordinairement. En particulier, les souffrances qu'occasionne une opération ne sauraient guère être supportées, même avec le concours de fortes doses de morphine ou autres produits. Il en faudrait une telle quantité que la vie du malade serait en danger et que, pour n'avoir pas voulu souffrir, il mourrait.

Les anesthésiques.

La médecine peut alors vous offrir la méthode qui a reçu le nom d'anesthésie générale, celle que tout le monde connaît de nom et parfois par expérience personnelle, sous le nom de chloroformisation ou éthérisation parce que le chloroforme et l'éther sont les médicaments les plus employés, mais non pas les seuls.

Je tiens à signaler tout de suite que l'emploi de ces substances et le recours aux voies respiratoires ne consti

tuent pas une exception et que c'est toujours le sang qui charrie le produit et va le porter au cerveau : c'est simplement une voie nouvelle d'accès au sang.

Voie respiratoire.

Vous savez bien que, par les poumons, nous avons une voie d'absorption extraordinaire. Vous savez que nous absorbons l'oxygène de l'air à chaque respiration, et que si nous absorbons des gaz toxiques, nous risquons d'en mourir. N'est-ce pas, hélas! à deux pas d'ici, à Ypres, qu'un ennemi sans pitié en fit le redoutable essai qui l'a stigmatisé dans le monde ?

Or, il existe des substances: protoxyde d'azote, éther, chloroforme, etc., qui ont la propriété d'agir sur le système nerveux, sur le cerveau et d'abolir la sensation de souffrance. Saluons une fois de plus, MM., les hommes qui, en 1847, employèrent pour la première fois ces inhalations salutaires. En Amérique, Jackson, et Morton, un modeste dentiste, ont l'honneur de cette application nouvelle. Calculez, MM., si la chose est possible, le bienfait qu'ils ont donné aux malheureux. Imaginez ce qu'était une salle d'opération avant eux. Voyez ces victimes que l'on était obligé de lier sur la table opératoire ! Les entendez-vous prier, supplier, pleurer, gémir, crier, hurler, quand le fer ou le feu vient torturer leurs nerfs ? Voyez-vous le chirurgien tailler cette chair palpitante, obligé d'aller vite, plus vite, pour abréger le martyre de sa pauvre victime qui lui devra pourtant la vie ? C'est bien de lui, plus que du matelot, qu'Horace aurait pu dire :

Illi robur et aes triplex

Circa pectus erat qui primus...

Le public garde encore, par tradition, la crainte des opérations ainsi imaginées par lui. L'opération, disent les gens du peuple, c'est le dernier de tout... « J'aime mieux mourir que d'être opéré », dit celui-ci. « Je ne veux pas être charcutée », dit celle-là, qui a dans l'esprit sans

doute une vision d'abattoir et qui ne pense pas au nom de l'animal des charcuteries. Aussi les noms de bourreau,. assassin, écorcheur, saigneur, sont-ils restés dans le langage de ceux qui veulent juger péjorativement un chirurgien ! Il en est !

Nous passons, en souriant, et continuons « à verser des torrents de bienfaits sur nos bruyants blasphémateurs »>! Au contraire, entrez de nos jours dans une salle d'opération et voyez le malade sur le lit. Voyez la compresse, le masque, ou l'appareil plus compliqué, dont on couvre son visage. Le liquide bienfaisant tombe goutte à goutte. Le malade respire doucement, largement. Les vapeurs saturent le sang, l'anesthésique arrive rapidement aux cellules cérébrales, imbibe littéralement leurs petites masses. Quelques paroles incohérentes, quelques mouvements légers et involontaires. Le sujet se sent enlevé, soulevé, il entend des cloches, et bientôt un ronflement sonore, régulier, annonce au chirurgien que le malade est endormi. Le tout a duré de deux à dix minutes, selon le produit employé.

Cela ne vous donne-t-il pas l'envie d'être opéré ?

Ne croyez pas que l'emploi des appareils n'ait pas d'autre raison que d'en imposer aux malades. Le principe des appareils à anesthésier est le suivant. La meilleure anesthésie, la moins dangereuse s'obtient par un mélange à quantités données d'air et de vapeurs du produit employé. La compresse ne peut le donner évidemment, ce mélange précis, les appareils approchent davantage de la proportion désirée. mais ce n'est qu'une approximation.

Et pratiquement, on peut affirmer qu'en somme, si les appareils sont meilleurs, ils ne sont pas indispensables. Leurs qualités sont compensées aussi par la facilité avec laquelle ils se dérangent et par la nécessité qu'il y a de connaître à fond leur emploi sous peine de causer des désastres.

Comme vous n'aurez sans doute jamais à donner votre

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