Sayfadaki görseller
PDF
ePub

giquement inexact. La centrothérapie pourra donc se montrer efficace dans certaines limites, et c'est déjà beaucoup; mais de là à la panacée rêvée, il y a loin encore.

[ocr errors]

J. M.

XVII. L'ÉTUDE COMPARÉE DES RELIGIONS. Essai critique, par H. PINARD DE LA BOULAYE, S. J. Tome I. -Un volume, grand in-8°, de XVI-515 pages. Paris, Beauchesne, 1922. — 36 fr.

L'Histoire des religions ne rentre dans l'objet de cette REVUE que par quelques disciplines annexes. Nous ne pourrons donc consacrer à l'œuvre remarquable et opportune du R. P. Pinard le compte rendu détaillé qu'elle recevrait dans un recueil plus spécial. Nos lecteurs, toutefois, nous sauront gré de la leur signaler; car il n'est guère aujourd'hui d'homme cultivé, s'intéressant aux questions religieuses, ou simplement au développement «< culturel » de l'humanité, qui n'ait désiré rencontrer, sur ce terrain coupé de fondrières, un guide sûr, capable de l'orienter dans le dédale des systèmes et de l'aider à mettre au point quelques principes fondamentaux de méthode. Ce guide sera particulièrement bien accueilli par les savants catholiques, que les études les plus diverses théologie, apologétique, ethnographie, linguistique, psychologie même, etc. amènent si souvent au voisinage d'une Science des Religions mal exorcisée encore: celle-ci en effet, bien qu'elle ait cessé d'être un épouvantail pour des croyants trop timides, et d'ailleurs n'offre rien de troublant dans ses parties sincèrement descriptives, ne laisse pas, néanmoins, de poser des problèmes parfois délicats, au double point de vue des méthodes mises en œuvre et des théories plus ou moins aventurées qui en découlent. A tous les « outsiders » attirés par l'Histoire des Religions, non moins qu'aux fervents qui s'y vouent en spécialistes, le livre du R. P. Pinard apparaîtra secourable : ils y trouveront, appuyée d'une bibliographie imposante et bien triée, une introduction claire, consciencieuse et extrêmement érudite aux systèmes et aux procédés que présenta cette science polymorphe, depuis l'antiquité jusques hier. Si la période moderne et contemporaine reçoit, comme il convient, la part du lion,

les périodes patristique et médiévale, trop négligées par d'autres auteurs, sont traitées avec ampleur et particulière compétence.

Le premier volume, que nous avons sous les yeux, fait plus spécialement l'historique des études comparatives du fait religieux. Le tome second sera consacré à la critique des méthodes.

L'auteur n'a vraiment pas à s'excuser, comme il croit devoir le faire dans sa Préface, d'avoir sacrifié l'agrément à l'utilité ces grandes pages compactes, avec leur soubassement continu de notes, ne sont point illisibles, pour n'être pas de la littérature légère. Remplissant excellemment leur fonction austère d'information et de critique, elles auront, aux yeux des plus exigeants, la haute valeur d'un instrument de travail solide et précis, sans équivalent actuel en langue française.

XVIII.

J. MARÉCHAL, S. J.

Où VA LE MONDE ? par WALTHER RATHENAU. Considérations philosophiques sur l'organisation de demain. Traduction française et Avant-Propos de S. JANKÉLÉVITSCH. Payot, Paris, 1922.

Walther Rathenau, Président de l'Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft, créateur du Département des matières premières et des Sociétés d'achats de guerre, organisateur du pillage méthodique des régions envahies, est aussi un homme d'État, un philosophe et un sociologue. Il n'a pas attendu la guerre pour faire la critique du régime économique existant et soumettre à ses concitoyens des projets de réorganisation sociale. Mais ce sont les grands événements de la guerre mondiale qui l'ont déterminé à multiplier ses avertissements à la nation allemande et ont fait de lui comme le prophète des temps nouveaux. L'ouvrage que nous analysons constitue le noyau central de l'œuvre de Rathenau. On ne le comprend bien que si l'on a pris connaissance de ses travaux antérieurs. Il est regrettable toutefois que l'œuvre passablement abstruse de l'écrivain allemand ait été traduite en français par un Slave: elle n'a pas gagné en clarté. Les fragments qu'en a traduits Gaston Raphaël dans son étude sur Walther IVe SÉRIE. T. IV.

19

Rathenau, ses idées et ses projets d'organisation économique (Payot, Paris, 1919) sont d'une lecture autrement attrayante.

C'est à la mécanisation universelle que Rathenau attribue tout le mal social. « La mécanisation est une organisation matérielle; créée par la volonté matérielle et à l'aide de moyens matériels, elle oriente l'activité terrestre des hommes dans une direction d'où toute spiritualité est absente. Personne ne peut se soustraire entièrement à l'action de cette force de direction et, au point de vue mécaniste, l'homme même le plus idéaliste reste un sujet économique qui, pour vivre, doit posséder et acquérir. Le monde est devenu une maison de commerce, une intendance, et chacun porte l'empreinte et la nuance de son époque. On imagine l'influence qu'ont dû exercer des siècles de contrainte intellectuelle sur l'esprit humain comprimé ! »

Source de forces constructives dans l'ordre matériel, la mécanisation contient tout autant d'agents de décomposition sociale : elle étouffe toute spiritualité, est attentatoire à la liberté et à la dignité humaine, engendre partout la lutte et la haine.

Il importe de jeter bas une contrainte qui a trop longtemps pesé sur l'humanité. Pour accomplir cette œuvre de rédemption il faut, « en confiant à l'âme la direction de la vie et en spiritualisant l'organisation mécanique, transformer le jeu aveugle des forces en un cosmos libre, conscient et digne de l'homme auquel il sert d'abri ». L'irrémédiable stérilité du socialisme s'explique par le fait qu'il n'a pas envisagé cette transfiguration de la mécanisation et qu'il s'est borné à vouloir la mettre telle quelle au service des classes inférieures. Il pourra peut-être retourner de fond en comble l'ordre social actuel; il ne réussira pas à bannir les causes profondes du mal qui ronge les sociétés. Le but que Rathenau assigne à l'œuvre de la régénération sociale est autrement radical: aider le monde à s'évader de l'utilitarisme, affranchir l'intelligence des préoccupations matérialistes qui l'absorbent, travailler à la croissance de l'âme et à sa pleine liberté.

Trois chemins conduiront les sociétés au terme entrevu : celui de l'économie, celui de la morale et celui de la volonté. En termes plus clairs: la réforme exige une rénovation à la fois économique, morale et politique.

Faire la critique du régime économique moderne, c'est souligner le contraste violent qui existe entre la solidarité étroite et inéluctable qui enchaîne tous les membres de la société et le principe de la libre concurrence qui domine toute leur activité. Après avoir dénoncé dans tous les domaines économiques de la consommation, de la possession et de la revendication, les étranges antinomies que l'individualisme y a semées, Rathenau conclut à la nécessité d'une socialisation dont il résume ainsi les principaux postulats :

« I. Le rendement total du travail humain est limité à chaque instant. La consommation, comme l'économie en général, est une affaire, non privée, mais collective. Le luxe et l'isolement doivent être subordonnés à la volonté générale et tolérés seulement dans la mesure où il s'agit de la satisfaction d'un besoin immédiat et véritable. — 2. L'égalisation de la possession et du revenu est une exigence de la morale et de l'économie. Dans l'État il ne doit y avoir qu'un propriétaire démesurément riche : l'État lui-même. Il doit posséder les moyens nécessaires pour pouvoir supprimer toute misère. On peut admettre une certaine diversité des revenus et des fortunes, mais cette diversité ne doit pas impliquer une répartition de la puissance et des droits de jouissance telle que les uns possèdent tout et les autres rien. 3. Les sources actuelles de la richesse sont les monopoles au sens large du mot, la spéculation et l'héritage. Dans l'organisation économique de l'avenir, il n'y aura place ni pour les détenteurs de monopoles, ni pour les spéculateurs, ni pour les gros héritiers. 4. La limitation du droit de succession, l'égalisation et l'élévation du niveau de l'éducation populaire supprimeront les différences entre les classes économiques et mettront fin à l'asservissement héréditaire des classes inférieures. A cet effet contribuera encore la limitation de la consommation somptuaire, limitation qui orientera le travail mondial vers la production de biens nécessaires et réduira la valeur de ces biens à une proportion plus juste avec la somme de travail qu'ils représentent. »

La rénovation morale visera à établir la prédominance de l'âme sur l'intellect. Passant sur la psychologie obscure du directeur de l'A. E. G., disons en termes plus simples que le cœur doit prendre le pas sur la froide raison utilitariste.

Le monde économique a vu se déformer et se dégrader l'échelle des valeurs morales: le succès justifie tout désormais, l'utilitarisme envahit tous les domaines économiques, politiques, artistiques et religieux. Il est grand temps de supprimer les indignes compromissions entre le vice et la vertu, auxquelles nous entraînent la soif de jouissance et de puissance, l'ignorance des hommes et la méconnaissance des vraies valeurs. C'est dans le renoncement et le travail créateur que les hommes doivent chercher la joie ; c'est aux seules individualités qui en peuvent assumer toute la responsabilité qu'ira le pouvoir; les hommes seront appréciés pour leur mérite réel et non plus pour leur richesse ou l'éclat de leur nom.

La régénération sociale ne s'accomplira que sous les auspices d'un État vraiment populaire ou national; elle réclame donc une rénovation politique rompant avec toutes les traditions de l'Allemagne contemporaine. C'est ici pour l'auteur l'occasion de faire le procès de l'esprit politique de ses concitoyens. Dès 1917. Rathenau, sans désespérer encore de la victoire, écrivait : « Je ne crois pas à notre droit, ni au droit de qui que ce soit de régenter définitivement le monde, car ni nous, ni aucun autre peuple n'avons mérité ce droit. Aucun titre ne nous autorise à régler les destinées du monde, car nous n'avons pas encore appris à régler les nôtres. Nous n'avons pas le droit d'imposer aux nations civilisées de la terre nos pensées et nos sentiments, car, quelles que soient les faiblesses des autres nations, il est au moins une chose qui nous manque encore, à nous : l'acceptation voulue de notre propre responsabilité. » Culte inintelligent de la tradition qui se mue en routine ignorante et bornée, servilité innée de la grande masse des sujets allemands, impérialisme et nationalisme des classes supérieures et dirigeantes tels sont les traits dominants du caractère national qu'il importe de combattre par l'éducation bien plus que par les réformes constitutionnelles qui restent lettre morte tant que l'esprit du peuple n'aura pas été refait. « La revendication qui s'élève est celle d'un État populaire. L'État populaire suppose la participation de tous les groupes du peuple ; il englobe les organisations dans lesquelles se reflète l'originalité du peuple; il sait utiliser

« ÖncekiDevam »