Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[blocks in formation]

QUARANTE-DEUXIÈME ANNÉE; TOME LXXXIV DE LA COLLECTION)

LOUVAIN

SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
(MM. F. Willaert et H. Dopp)

11, RUE DES RÉCOLLETS, II
Compte chèques postaux 38022

1923

Fernand-Jean-Baptiste-Marie

BERNARD comte de MONTESSUS de BALLORE

Remarquer l'occasion, la saisir, la suivre, la développer si besoin en est, la pousser jusqu'aux plus extrêmes

limites de son domaine, telle semble être une voie qui mène bien souvent au succès dans la carrière scientifique. Dans l'application, cette méthode réclame certes et de la perspicacité et de la constance, du courage toujours, de l'abnégation parfois. Le succès pourra être lent à venir. Il n'importera, car, pour toute âme vaillante, c'est une consolation profonde que de sentir son rêve de jeunesse se réaliser dans l'âge mûr.

[graphic]

Le sismologue FernandJean-Baptiste-Marie Bernard comte de Montessus de Ballore, dont la Société scientifique de Bruxelles déplore la toute récente perte, pourrait, à juste titre, être cité comme un exemple parfait de la mise en pratique du programme formulé en tête de ces lignes.

Né en 1851, à Dompierre-sous-Sanvignes (Saône-et

Loire), de Philippe comte de Montessus de Ballore, et de Françoise Lafouge, Montessus de Ballore appartenait à une vieille famille bourguignonne : il était par sa mère petit-fils du botaniste Philippe de Commerson, de l'Académie des Sciences, et, d'autre part, neveu de l'ornithologiste Ferdinand de Montessus de Ballore, fondateur du musée d'Autun, ce remarquable dépôt où l'ingéniosité des collectionneurs locaux a rassemblé de vrais trésors. Comme autres faits propres à caractériser le milieu familial et à en préciser l'influence, il faut encore mentionner qu'un des frères de Monte sus de Ballore, Henry, professeur à la Faculté des sciences de Grenoble, fit faire de sérieux progrès à l'industrie de la papeterie, et qu'un autre, Robert, ancien professeur aux Facultés catholiques de Lille et professeur libre en Sorbonne, actuellement professeur à l'Office national météorologique de France, obtint, en 1905, le grand prix de mathématiques de l'Académie des Sciences.

Montessus débuta dans la carrière des armes. A l'École polytechnique, il fut d'une promotion illustre ; au nombre de ses camarades, on compte le maréchal Foch. D'abord instructeur à Saumur, il fut, en 1879, choisi comme chef de la mission militaire au San-Salvador. C'est là, sur cette terre merveilleuse de l'Amérique centrale où flotte encore, comme un parfum, le souvenir du passage de grands voyageurs, parmi lesquels de Humboldt, que séjournant assez longuement, de 1881 à 1885, Montessus de Ballore devina et saisit l'occasion d'études qu'il devait poursuivre sa vie durant jusqu'à les pousser à un point de perfection insurpassé.

Ses deux premières communications à l'Académie des Sciences sont des lettres à M. Cornu au sujet de ces extraordinaires lueurs crépusculaires observées depuis novembre 1883 et que, d'un consentement assez unanime, les météorologistes attribuèrent à la présence, dans les hautes couches de l'atmosphère terrestre, de poussières

cendreuses provenant de la gigantesque explosion volcanique de l'île de Krakatoa (26-27 août 1883). Dès la première lettre, datée du 9 février 1884, on remarque cependant que les préoccupations de Montessus sont autres : « Dans quelques mois, je vous enverrai le résultat de mes observations séismiques. Je les crois relativement importantes pour la question, au centre de l'Amérique tout au moins ». C'était en effet l'étude des tremblements de terre qui était et devait être jusqu'à la fin de ses jours l'objet exclusif de son activité scientifique.

Plus d'un an s'écoula avant que, le 5 mars 1885, il ne réalisât sa promesse. Mais, dès ce moment, on pouvait augurer du plein succès de sa carrière de savant. Son coup d'essai fut un coup de maître. En même temps qu'une note riche d'enseignements, Montessus adresse en effet à l'Académie un exemplaire du travail original dans lequel il expose les résultats de ses consciencieuses recherches sur les tremblements de terre et les éruptions volcaniques dans l'Amérique centrale. Grâce à la munificence du gouvernement de San Salvador, cet ouvrage se trouvait déjà imprimé en espagnol. Il contenait en germe l'œuvre du grand disparu. Toutes les causes de ses désenchantements, mais aussi et surtout des joies les plus sereines que lui vaudront ses conquêtes scientifiques, s'y retrouvent indiquées par des touches très nettes.

Bien humain, bien banal presque est le motif qui poussa ce chef de mission militaire à se mettre, très pacifiquement d'ailleurs, en campagne. « Dès mon arrivée dans ce pays, il y a quatre ans, écrit-il à M. Cornu, j'étais frappé et de la fréquence des tremblements de terre dans cette région et de la facilité avec laquelle les gens du pays se permettaient de les annoncer à l'avance, en basant la plupart du temps leurs affirmations sur des données météorologiques. Je pensai dès lors qu'il serait facile de donner un lien scientifique à cet ensemble de suppositions, et cela d'autant plus que nombre de per

« ÖncekiDevam »