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Ces conférences partielles avaient l'avantage d'établir des rapports plus intimes entre le ministre et les notables des fractions territoriales de la République Cisalpine.

Une consulta aussi nombreuse n'aurait pu se réunir sur le territoire Français, sans l'autorisation du gouvernement, et c'était à lui qu'appartenait la désignation du mode, suivant lequel elle pouvait s'assembler. Le ministre s'occupa de l'organisation de la consulta de concert avec un bureau de délibération, composé de cinq membres appartenans aux cinq divisions territoriales de la Cisalpine; à la connaissance des intérêts, des localités, les membres joignaient l'avantage de pouvoir servir de centre de réunion.

La consulta législative dont les membres faisaient partie de la consulta extraordinaire, et qui avait rendu la loi sur la convocation de celle-ci, concourait encore à l'exécution de cette loi, en discutant et en convertissant en arrêtés les propositions du bureau de délibération. Elle devint un nouveau lien de communication entre ce bureau et l'assemblée générale, et d'après la proposition du bureau, elle arrêta que la consulta extraordinaire serait partagée en 5 sections, dont chacune correspondait également à l'une des 5 principales nations cisalpines, dans une assemblée dont les élémens étaient si homogénes. Cette division promettait des opérations plus calmes, elle offrait plus de facilité pour constater l'assentiment de chaque peuple à sa réunion en un seul état; et cet assentiment bien prononcé, devenait nécessaire pour donner plus de consistence à la République.

Les cinq sections s'assemblerent séparement, et leur bureau fut formé des citoyens Melzi et Strigelli pour la section Milanaise, Aldini et Belmonte pour les légations: Bargnaui et Carissimi pour les provinces Venitiennes; Paradisi et Candrini pour le Modenois; de Bernardi et Guicciardi Guido pour le Novarrois et la Valteline. Dans chaque section l'on suivit une marche uniforme, afin d'avoir au moment de l'arrivée du premier consul, une opinion bien formée sur les différens objets sur lesquels il désirait des renseignemens. Les bases de la constitution déjà adoptée par la consulta législative de Milan furent présentées aux différentes sections, pour obtenir d'elles les observations les plus propres à en déduire des lois organiques. Chaque section jugea convenable de charger de leur examen une commission particuliere prise dans son sein, et elle discuta ensuite les observations. Toutes celles que les cinq sections adopterent furent réunies et présentées au ministre des relations extérieures.

Chaque assemblée était aussi chargée de préparer une liste nombreuse de citoyens que la confiance et l'estime publique appelaient de préférence au corps-législatif. On passa au scrutin secret; chaque membre donna 60 noms, et ces bulletins furent remis au ministre, pour être présentés au premier consul, dont l'arrivée à Lyon eût lieu le 21 Nivóse. Le premier consul prit connaissance des opérations antérieures; et regardant la formation des trois colleges électoraux comme la base de la nouvelle organisation de

la Cisalpine, il désira que chaque section lui remit une liste qui contint le double du nombre des citoyens qui auraient les qualités requises pour être membres des colléges. En même temps il réunit chez lui les présidens des cinq sections, fit lire et discuter les observations qu'elles avaient présentées sur la constitution; y fit quelques changemens qui lui furent indiqués par l'expérience, et par la connaissance des intérêts de la Cisalpine.

Il ne restait qu'à s'occuper de faire connaître les personnes qui pouvaient remplir les premieres places du gouvernement.

Un comité de trente membres fût chargé par la consulta réunie pour la premiere fois en assemblée générale, de former des listes de candidats doubles du nombre des places à remplir, pour indiquer au premier consul les hommes que l'opinion publique y appelait. Le comité, après s'être occupé de l'opération qui lui était confiée, fit à l'assemblée générale de la consulta extraordinaire, le rapport suivant.

"Citoyens députés,

"Votre commission des trente, après s'être attachée avec le plus grand soin à proposer une liste d'hommes en état d'entrer dans la composition du gouvernement, vous fait part du résultat de ses réflexions sur le choix du premier magistrat.

"Elle s'est occupée, pendant trois de ses séances, de cet objet le plus important de tous; et après avoir discuté toutes les idées qui s'associaient à cette nomination, elle est toujours arrivée par des voies différentes, à une même conséquence.

"Si l'on compte très peu d'hommes capables d'être élevés à la premiere place du gouvernement, il faut convenir que notre situation intérieure doit les faire paraître parmi nous plus rares qu'ils ne le sont réellement. Il est facile de voir que le peu de temps qui s'est écoulé depuis que la Cisalpine a été formée de six nations différentes, ne peut pas suffire pour qu'elles se connaissent entr'elles, et pour que les hommes les plus remarquables leur inspirent une égale confiance. Ce n'est pas sans crainte que l'on peut choisir entr'eux, si l'on considere que divisés comme nous le sommes le lois, d'usages, et de mœurs, et habitués en tout genre à des opinions différentes, on ne peut guere espérer de trouver un hom me, qui renonçant à tout systeme particulier, puisse ainsi arracher la masse du peuple à ses anciennes habitudes, et lui donner (ce qui est le fondement le plus solide des Républiques) un esprit national.

"L'histoire des vicissitudes qu'a éprouvées la République Cisalpine, rendait plus difficiles les recherches de la commission. Si les hommes de cette époque, n'avaient été attachés à aucune magistrature, on ne pourrait pas présummer, qu'ils fussent assez versés, dans la science, toujours difficile, mais plus encore au milieu de nous, de gouverner la République. S'ils avaient à cette époque les rênes du gouvernement, agités, comme ils l'étaient par le trouble des opinions, distraits de uiille manieres, emportés par l'influence étrangere, ils ne pouvaient pas s'élever à cette considération,

qui, dans des temps moins malheureux, leur aurait gagné la confiance publique.

"Mais en supposant qu'après avoir surmonté ces nombreux obstacles, on eut pu désigner un homme, capable de soutenir une si grande charge, beaucoup d'autres difficultés plus graves enipêcheraient bientôt qu'on ne put entierement se reposer sur ce choix. Les troupes françaises ne peuvent pas encore completement évacuer la Cisalpine: un grand nombre de raisons politiques et notre propre intérêt, ne le permettaient pas dans le moment actuel, et au milieu de notre dénûement de troupes nationales.

"La Cisalpine d'ailleurs, quoiqu'elle ait été garantie par les traités de Tolentino et de Lunéville, ne peut dans le premier moment espérer d'ob.enir par elle-même, de la part des anciens gouvernemens de l'Europe, cette considération nécessaire pour se consolider au-dedans et au-dehors; il faut qu'on la fasse reconnaitre par plusieurs puissances qui ne sont pas encore entrées en relations avec elle: elle a besoin d'un homme qui, par l'ascendant de son nom et de sa puissance, la mette au rang qui convient à sa grandeur; mais ce nom, cette puissance, on les aura inutilement cherchés parmi nous.

"Ce fût donc pour mettre la dignité du gouvernement à l'abri de l'influence des troupes étrangeres, et pour ajouter un éclat et une grandeur nouvelle aux commencemens de la Cisalpine, que la commission crut qu'il était essentiel au bonheur de cette République que, dans les premiers momens, elle eut un appui qui l'emportat sur tout autre, en force et en élévation.

"D'après des motifs d'une telle importance, la commission a cru devoir conclure, que si d'un côté, la consulta extraordinaire doit former le vœu que la constitution soit proclamée, et que les colleges, la législature, et les autres autorités soient incessamment choisis parmi les hommes qu'elle a cru les plus dignes de son estime, afin de voir cesser enfin le gouvernement provisoire, d'un autre côté, elle doit désirer ardemment que le général Buonaparté veuille honorer la Cisalpine, en retenant la magistrature suprême, et en ne dédaignant pas, au milieu de la direction des affaires de la France, d'ètre la grande pensée de notre gouvernement pendant le temps qu'il croira nécessaire pour amener à une parfaite uniformité les différentes parties de notre pays, et faire reconnaître, par toutes les puissances de l'Europe, la République Cisalpine."

Le vœu du comité devint l'opinion unanime de la consulta extraordinaire réunie le 5 Pluviôse en assemblée générale; elle dé créta par acclamation, et au milieu des plus vifs applaudissemens, que le rapport du comité qu'elle venait d'entendre, serait présenté au premier consul, comme l'expression fidele des sentimens et des opinions de la consulta extraordinaire.

Le résultat de cette delibération, ayant été présenté au premier consul, il reconnut que, d'après toutes les lumieres qu'il avait recueillies, l'état des choses exigeait une prompte organisation; qu'il

pouvait en confier la partie intérieure, sans compromettre les intérêts et le bonheur de la République, aux citoyens que l'opinions générale avait désignés comme les plus propres aux différentes fonctions constitutionelles; mais qu'en même temps les motifs puissans exprimés dans le rapport, se réunissant à prouver que, dans la position actuelle de la Cisalpine, il lui serait presqu'impossible de s'élever par ses propres moyens à ce degré de consistence et de force auquel elle est appelée parmi les puissances de l'Europe, il ne pouvait se dissimuler la nécessité impérieuse de conserver la haute direction des affaires, jusqu'à ce que la Cisalpine puisse se trouver en état de soutenir par elle-même son indépendance. Il annonça que le lendemain 6 Pluviôse, il se rendrait au milieu de la consulta extraordinaire formée en assemblée générale, pour proclamer la constitution, et le choix des membres destinés à entrer dans la premiere formation des autorités.

A deux heures, le premier consul se rendit à la séance, accompagné des ministres des relations extérieures, et de l'intérieur, des citoyens Petiet, Cretet, Najac et Bourrienne, conseillers d'état, des généraux et des préfets réunis à Lyons, et des principales autorités de cette commune.

Le premier consul, au-devant duquel se porta une députation nombreuse de Cisalpins, fut reçu dans la salle, au milieu des applaudissemens; il se plaça sur une estrade, et prononça le discours suivant.

"La République Cisalpine, reconnue depuis Campo Formio, a déjà éprouvé bien des vicissitudes.

"Les premiers efforts que l'on a faits pour la constituer, ont mal réussi.

"Envahie depuis par des armées ennemies, son existence ne paraissait plus probable, lorsque le peuple Français, pour la seconde fois, chassa par la force de ses armes, vos ennemis de votre territoire.

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Depuis ce temps on a tout tenté pour vous démembrer-
"La protection de la France l'a emporté-

"Vous avez été reconnus à Lunéville.

"Accrus d'un cinquieme, vous existez plus puissans, plus consolidés, avec plus d'espérances!!!

"Composés de six nations différentes, vous allez être réunis sous le régime d'une constitution plus adaptée que toute autre à vos mœurs, et à vos circonstances.

"Je vous ai réunis à Lyons autour de moi comme les principaux citoyens de la Cisalpine. Vous m'avez donné les renseignemens nécessaires, pour remplir la tâche auguste que m'imposait mon devoir, comme premier magistrat du peuple Français, et comme l'homme qui a le plus contribué à votre création.

"Les choix que j'ai faits pour remplir vos premieres magistratures, l'ont été indépendamment de toute idée de parti, de tout esprit de localité.

"Celle de président, je n'ai trouvé personne parmi vous qui eut encore assez de droits sur l'opinion publique, qui fut assez in

dépendant de l'esprit de localité, et qui eut enfin rendu d'assez grands services à son pays, pour la lui confier.

"Le procès-verbal que vous m'avez fait remettre par votre comité des trente, où sont analysées avec autant de précision que de vérité, les circonstances extérieures et intérieures dans lesquelles se trouve votre patrie, m'ont vivement pénétré.—J'adhere à votre væn. Je conserverai encore pendant le temps que ces circonstances le voudront, la grande pensée de vos affaires.

"Au milieu des méditations continuelles qu'exige le poste où je me trouve tout ce qui vous sera relatif, et pourra consolider votre existence et votre prospérité, ne sera point étranger aux affections les plus cheres de mon âme.

"Vous n'avez que des lois particulieres, il vous faut désormais des lois générales.

"Votre peuple n'a que des habitudes locales, il faut qu'il prenne des habitudes nationales.

"Enfin vous n'avez point d'armées, les puissances qui pourront devenir vos ennemis en ont de fortes;-mais vous avez ce qui peut les produire, une population nombreuse, des campagnes fertiles, et l'exemple qu'a donné dans toutes les circonstances essentielles le premier peuple de l'Europe."-Le discours du premier consul, interrompu à chaque phrase par de nombreux applaudissemens, fut suivi de la lecture de la constitution.

Au moment où l'on lisait le titre, un mouvement général de l'assemblée indiqua le vœu de substituer au nom de la République Cisalpine, celui de République Italienne, et le premier consul parut se rendre à ce vœu général.

(Moniteur, No. 133.)

Paris, le 12 Pluviose.

C'est toujours avec un nouvel étonnement que nous voyons les longs articles des journaux anglais et les discours des membres du parlement sur la sortie de l'escadre de Brest. Il est difficile de concevoir comment, lorsque nous sommes en état de paix, une expédition qui se rend à Saint Domingue pour y rétablir la tranquilité, peut inquiéter la Jamaique. On ne reconnaît pas dans ces discours les sentimens d'Européens civilisés, mais les craintes des Tartares du Thibet. Pour l'honneur de la civilisation de notre siècle, ne nous faisons pas plus barbares et plus fous que nous ne sommes. Ces díscussions puériles, et qui montrent simplement la mauvaise foi des hommes qui les provoquent, sont bien contra res aux ordres qui furent donnés à Brest lors de la signature des préliminaires. Le préfet demandant des instructions pour le cas, où l'escadre du lord Cornwallis, poussée par le mauvais temps, serait forcée de se réfugier dans Brest. Il lui fut répondu, nonseulement de la laisser entrer dans le port, mais même de ne prendre aucune espece de précautions extraordinaires; car c'est la

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