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s'agissait que de régulariser la distribution des sabres d'honneur; et il jettait cette exclamation, après beaucoup de plaintes, sur l'espece de répudiatiou à laquelle il trouvait condamnés les fonctionnaires civils! Cette maniere de critiquer n'est pas dangereuse.

(Moniteur, No. 243.)

CORPS LEGISLATIF.

Discussion sur le Traité d'Amiens.

Bruix, orateur du gouvernement. Législateurs, tout nous confirme dans cette opinion, qu'aucun des articles du traité discuté devant vous, n'a besoin d'être défendu.

Le sentiment du tribunat, celui que manifesterent solennellement le sénat et le corps législatif à la premiere annonce des conditions auxquelles nous avons déposé les armes; l'allégresse publique et notre retour à ces mœurs aimables qui font accourir dans nos murs l'élite des nations; tant de circonstances heureuses permettent de préjuger l'unanimité des suffrages dans la loi que vous allez porter.

En effet le traité d'Amiens sanctionne tous les traités que dictait pour ainsi dire, à chaque victoire, le citoyen illustre que la confiance du peuple a chargé de tenir les rênes de l'état.

Au nord et au midi de la France, des vastes états se trouvent indissolublement liés à nos destinées. Nos frontieres sont reculées jusques aux bornes que la nature avait posées et que nous ne saurions éloigner sans danger.

L'Angleterre nous restitue toutes celles de nos colonies, que le sort des armes ou les rêves d'une imprudente philantropie avaient fait tomber en son pouvoir; bientôt ces possessions d'outre-mer recouvreront leur ancien éclat, pour les prospérités mêmes de la métropole; et s'il fallait ici parcourir diverses époques plus ou moins favorables à une pacification durable, j'ose le dire, législateurs, nous avouerions que l'époque à laquelle le gouvernement vous invite à décréter le repos de l'Europe et la liberté des mers, promet seule à la France de glorieux et solides avantages.

Mais est-il besoin de vous arrêter à la date d'un traité que tous les vœux appelaient, et dont les conditions ont surpassé les espérances les plus hardies? Faut-il même en examiner les articles? Ils nous rameneraient sans cesse de nos victimes multipliées à nos succès en politiques, et de l'éloge des armées à celui des négociateurs. En vous parlant ici de nos ministres, inspirés par un homme de génie, guidés par son exemple ou dirigés par sa sagesse, je paraîtrais vouloir acquitter un tribut de louanges, la dette de la postérité, seule juge impassible de l'admiration des peuples. Une seule considération frappera donc ici vos esprits: pour la premiere fois depuis le traité d'Utrecht, la France a conclue la paix maritime sans aucune sorte de concession de sa part. Les maux qui nous restent à réparer après la guerre, sont ceux que nous ne pouvons imputer qu'à nous seuls; bientôt la fin de ces maux mêmes

sera le résultat du traité que vous allez convertir en loi, et la république trouvera dans la paix qu'il consacre, tous les moyens de prospérité, comme elle épuisa pendant les hostilités, tous les genres de gloire militaire. L'impression est ordonnée.

Chauvelin, orateur du tribunat. Législateurs destinés aujourd'hui, par l'honorable mission dont nous sommes revêtus, à vous ramener sur des pensées que déjà une jouissance de plusieurs mois, une habitude de satisfaction et de bonheur, vous ont rendues familieres, nous nous permettrons surtout de revenir et d'insister devant vous sur la plus douce de toutes ces pensées, sur la longue durée de la paix, dont le traité que nous vous apportons présente, et renferme tous les gages. Cette réflexion consolante naît toute entiere des circonstances générales qui ont préparé, environné ce grand ouvrage, des dispositions mutuelles des peuples qu'il réconcilie, de toutes les conditions qu'il renferme, des termes dans lesquels il est conçu.

La conclusion du traité de Lunéville avait donné la paix au continent, fixé le sort de la France combiné avec une haute sagesse les divers intérêts des grandes puissances de l'Europe continentale. En consacrant d'une maniere irrévocable l'une de ces époques périodiques de l'histoire des nations, où les combinaisons du passé, devenues insuffisantes à régler les destinées de l'avenir, le sort des états et leurs rapports réciproques doivent se rasseoir sur des fondemens plus modernes et plus solides, cette paix mémorable avait jeté d'avance toutes les bases d'un rapprochement avec nos derniers ennemis. La sagesse et l'habileté du gouvernement de la république avait triomphé de tous les obstacles qui s'opposaient à la paix de Lunéville, sa sagesse et son habileté savent profiter de toutes les circonstances que cette paix devait produire; et depuis, chaque vicissitude, chaque événement de l'Europe, quelques contraires qu'ils dussent être à ses vues, semblerent disposés et dirigés par lui vers l'accomplissement de ses grands desseins.

Alors et progressivement, les dispositions réciproques des deux nations furent modifiées, les ressentimens s'arrêterent, la haine se tut, puis se calma, la sagesse, la raison dominerent dans les conseils, et comme dans l'un de ces repos d'un duel violent et acharné la sensation des douleurs et de toutes les blessures de la guerre se présenta plus pressante et plus vive. Il faut le remarquer, cet heureux changement devait surtout préparer la paix, entre nous et ce peuple, appelé par ses institutions et ses lumieres à participer efficacement et saus cesse à tous les actes de son gouvernement, chez lequel, pour avoir la guerre ou la paix, il faut nationaliser l'une et l'autre.

Mais si de telles conditions pouvaient seules préparer la paix, la fierté, le courage, l'énergie des deux nations en exigeaient d'autres pour qu'elle fût durable.

Pour que leur rapprochement, pur de tout reste de ressentiment, de toute prétention mal satisfaite, fût vraiment une réconciliation, il fallait que chacune des deux, eut atteint le but qu'elle avait dû

se proposer dans la guerre; il fallait qu'une ample portion de gloire, de succès, d'avantages, eût justement satisfait la dignité, la noble ambition de toutes deux ; il fallait enfin qu'il leur fat assuré de se reposer dans l'estime d'elles-mêmes, et dans celle de leurs propres ennemis.

Toutes les stipulations du traité, étudiées avec attention, soig neusement pesées dans la balance des vrais intérêts des deux pays, offrent également des garanties de la durée de cet ouvrage. L'espece de partage qu'il établit entre les avantages qu'il assigne, éminemment conforme au besoin des états, à leur destination naturelle, les appelle parallellement et sans danger, au développement le plus étendu, le plus productif de leur industrie et de leurs res-

sources.

Enfin, les termes de tous ses articles respirent si bien la bonnefoi, la franchise, la candeur, experiment des intentions si libérales, si généreuses, si rassurantes pour l'Europe entiere, qu'elles promettent encore sa durée, comme elles justifient le vœu unanime de remercîment émané du tribunat, pour l'habile et modeste négociateur, qui a déposé toutes les traces de ses talens et de son caractere dans les traités de Lunéville et d'Amiens.

Législateurs, l'heure va sonner d'où datera l'ére de la paix du monde. Enfin, réunis dans cette enceinte après 12 ans de sacrifices et de combats, appelés à prononcer vous-mêmes cette proclamation de bonheur et de gloire, achetée par les efforts de la France entiere, par les triomphes de 3 millions de Français, par le dévouement et la mort de tant de nos braves, dont les souvenirs, chers et douloureux, viennent encore annoblir et consacrer une solennité si touchante, je vous vois impatiens de saisir et de fixer cette grande époque.

Je renouvelle, au nom de mes collégues, l'émission du vote d'adoption du tribunat.

L'impression est ordonnée.

Berlier, orateur du gouvernement. Citoyens législateus, en venant aussi payer mon tribut à la paix, je ne me livrerai ni à de nouveaux développemens, ni même à la simple analyse des avantages nombreux que le traité d'Amiens renferme, et dont vous êtes pénétrés sans doute.

Dans cette grande circonstance, dans cette majestueuse délibé ration, c'est le cœur qui doit voter, et les fortes émotions laissent peu d'accès aux paroles.

Qu'est-il besoin de recourir aux formes et au style de la discussion, quand les accens de l'approbation et même de la reconnaissauce sont les seuls qui retentissent dans cette auguste enceinte, et ne sont eux-mêmes que l'écho de l'approbation et de la reconnaissance nationales ?

Législateurs, le gouvernement appelle votre sanction sur un acte solennel qui, en faisant assez pour la gloire du peuple Français, a ménagé aussi le plus qu'il était possible, les intérêts de ses alliés;

sur un traité honorable, sans doute, mais qui n'en est pas moins marqué au coin de la modération.

Hatez-vous de lui donner le caractere de loi, et que ce dernier acte de votre session devienne pour la république le gage durable de son bonheur.

Le corps-législatif ordonne l'impression du discours.

Il procede de suite au scrutin sur le projet de loi.

Le nombre des votans est de 285. Tous les suffrages sont unanimes en faveur du projet de loi.

L'ordre du jour appelle la discussion sur le projet relatif aux colonies.

Jaubert (de la Géronde), orateur du tribunat, Citoyens législateurs, l'excès de la philantropie est souvent à côté de l'erreur politique.

Quels exemples nous en avons vu dans ces dernieres années.

Ne soyons pas néanmoins trop séveres envers ceux qui euxmêmes avaient été séduits par des sentimens généreux.

Ils n'avaient vu l'homme qu'isolément.

La raison veut que dans beaucoup de matieres nous ne considé rions que la societé.

Une nation n'est pas toujours la maîtresse de se conduire autrement que les autres nations.

Il est des points sur lesquels un peuple ne pourrait pas adopter une doctrine particuliere sans devenir l'ennemi ou la victime des autres peuples,

Delà le droit des gens et tous ses effets.

Il était donc nécessaire que les premiers momens de la paix générale fussent aussi ceux où le gouvernement Français rétablit tous les anneaux de cette association qui doit lier tous les peuples, en faisant disparaître une théorie dont les conséquences out déjà causé de si épouvantables catastrophes.

L'intérêt de la France et l'intérêt de l'Europe, ont dicté le projet de loi soumis aujourd'hui à votre sanction.

L'effet de cette loi sera de conserver à la France ses colonies, et d'en retirer à l'avenir tous les avantages que nous y trouvions autrefois.

Législateurs, nous n'avons pas besoin de retracer toute l'impor tance de ces posessions.

Personne n'ignore que la prospérité des colonies avait élevé la France à ce degré de splendeur qui faisait le désespoir de nos rivaux, Sans doute la France renferme les richesses premieres.

Mais ces richesses premieres ne suffisent plus aux besoins que le tems nous a donnés.

Combinées avec les productions du Nouveau-Monde, elles nous rendaient arbitres de ces échanges, qui, après nous avoir abondamment pourvus, nous enrichissaient par les résultats de la balance.

Le commerce des colonies portait des sommes immenses dans le trésor public,

Il était aussi un des principaux moyens d'accroissement pour la marine du commerce, et conséquemment pour la marine de l'état.

Toutes ses vérités sont reconnues.

Mais une vérité qu'on ne saurait assez répéter, c'est que le commerce des colonies avait une influence immédiate sur toutes les parties du territoire Français.

Des hommes irréfléchis n'ont vu quelquefois le commerce des colonies que dans les ports.

Oui, c'est dans les ports qu'il paraît dans tout son éclat.

Mais ses effets remontent dans l'intérieur, au moyen de cette circulation vivifiante qui, tour-à-tour, fournit, attire et con

somme.

L'agriculture, les arts et les manufactures, ces trois bases de la prospérité et du bonheur sont, dans l'état présent de l'Europe, liés au succès du commerce; et le commerce est lui-même subordonné à la possession des colonies.

Dans un tems ou la fureur d'innover a fait mettre en question les choses les plus positives, on a pu demander si la France ne devait pas être ramenée à la seule qualité d'agricole.

Mais enfin toutes les abstractions sont bannies.

On reconnaît surtout que la France doit agir d'après sa situation combinée avec celle de nos voisins et avec l'état général de l'Europe.

Nos voisins ont des colonies riches; nous devons donc conserver, ou du moins recouvrer les nôtres; autrement plus d'équilibre.

Disons mieux; sans les colonies, la France ne trouverait pas dans la paix le moyen de conserver sa gloire et le fruit de ses triomphes.

Non, non, la France ne sera pas réduite à l'état de tributaire, Nous en attestons la volonté du peuple Français, la sagesse de ses législateurs et l'énergie de son gouvernement.

Ce ne sera pas en vain que nous aurons fait tant et de si grands sacrifices pour reconquérir les colonies que nos ayeux avaient formées.

Qu'elles soient pour la métropole tout ce qu'elles doivent être.

Mais pour que ces destinées soient remplies, il faut que la culture des colonies soit assurée; il faut vainere la difficulté du climat.

En Europe, la terre est la matiere premiere. Partout des bras s'offrent pour elle; et nous voyons que les hommes qui sont voués aux travaux mécaniques de l'agriculture, savent se rendre dignes d'être comptés au rang de citoyens.

Dans nos colonies, les bras sont presque tout.

L'expérience nous apprends quels sont les bras qui seuls peuvent être employés à leur culture.

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