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roître en faveur des thèses qu'ils ont combattues de toutes leurs forces (1). Que vous les citez comme irrefragables, et que vous les abandonnez dès qu'ils vous sont contraires (2); que vous attaquez comme des opinions générales quelques sentimens particuliers, rejetés aujourd'hui de tous les théologiens éclairés; que vous exposez ces sentimens avec injustice et avec une exagération odieuse (3); que

(1) De mille citations semblables, j'en choisis une de Mr. de Marca: Febronius dans la préface du second tome, rapporte un dilemme, qui persuade que les annates étaient suspectes de simonie à ce prélat : cependant Mr. de Marca défend avec chaleur le sentiment contraire : necesse est ut universi pedibus eant in eam sententiam, ob rationem quam redditurus sum, quæ est maximi momenti. Immanis quippè et horrenda confusio turbaret Ecclesiam, si omnes islæ promotiones forent simoniacæ, etc. etc. De Concord. Sacerd. et Imp. L. 6. C. 12. a. 6.

(2) Il cite volontiers S. Bernard, et fait profession de suivre ses sentimens. Ego sanctum Bernardum sequi cupio. T. 1. p. 777. Et S. Bernard renverse tout le systême de Febronius. Il exprime même la puissance du Pape dans des termes qu'on reprocherait aux ultramontains. Il est inutile de citer cent exemples de cette nature.

(3) Modica luce opus est ut redeant ad Catholicos. Nempè ut Catholicus aliquis calamus eis ostendat, rationem capitis in Ecclesia Catholicá firmiter credendi non consistere in imperio Monarchico, non in Summi Pontificis infallibilitate, non in superioritate ad Concilium generale, non in LUBITU DEFINIENDI ET CONSTITUENDI QUOD PAPA VULT non in jure deponendi Reges, aut in horum temporalia se immiscendi etc.. Jamais de théologien, même ultramontain, n'a fait consister l'autorité du Pape dans ces articles. Toute cette thèse est extravagante et ne se trouve que dans Febronius. Les catholiques soutiennent aujourd'hui presque généralement, que l'état de l'Église est monarchi-aristocratique. Febronius se bat contre un fantôme (*). On peut remarquer que, selon Febronius, il n'y a pas eu une plume catholique dans l'assemblée du clergé de France en 1682. Car cette assemblée a déclaré tout ce que Febronius exige pour la conversion des protestans, et les protestans ne se sont pas convertis : Catholicus aliquis calamus eis ostendat etc...

et de

Voici, selon Febronius la doctrine des canonistes amis de Rome : Papa contrà jus et extrà jus omnia potest. Est major omnibus Sanctis, excepto Petro... non committit simoniam vendendo beneficia.... potest de injustitia facere justitiam potest mutare substantiam rerum, eo, quod nihil est, facere aliquid.... potest mutare quadrata rotundis.... de potentiá Papæ disputare, sacrilegium est. Tout cela est dit au Pape lui-même, dans la préface qu'on lui adresse en tout respect. S'il étoit vrai, que l'aveuglement des hommes eût jamais produit de si monstrueuses assertions, ne seroit-ce pas un plus grand aveuglement de les détailler avec emphase dans un siècle éclairé, dans un livre qui prétend traiter de l'état actuel de l'Église?

(*) V. Bellarm et alios apud Nat. Alex. Sæc. 1. disq. 4. v. 3. n. 34.

vous ne répondez que par des injures, des exclamations, des invectives et par des louanges plattes de votre propre ouvrage (1); qu'enfin vous ne paroissez pas sincère, et qu'il y a dans votre manière d'écrire quelque chose, qui décèle des vues, que vous n'osez avouer (2) (*).

FEBRONIUS.

Quelque jugement qu'on porte de ma sincérité et des auteurs que j'ai cités, les abus de la Cour romaine sont une chose évidente et reconnue indépendamment de tout ce que j'ai écrit pour les rendre odieux.

(1) Voyez la preface du second tome, la page 143, App. 4. p. 89. T. 1. App. 2. p. 12. etc. etc. etc. Peut-on voir sans pitié avec quelle suffisance Febronius, sous le nom de Theodorus à Palude,. parle de son propre ouvrage, T. 2. p. 338? Ses critiques sont des calomniateurs, des ignorans, de mauvais citoyens.... Les hommes pieux, puissans, illustres, se sont rangés de son côté. Son ouvrage fait l'honneur, le salut, la paix de l'empire et du sacerdoce.... Les fleurs lui manquent pour se couronner selon ses mérites: flores sparsi. Il finit par cet épiphonème majestueux NOSTRUM EST HIS DE KEBUS AGERE ET SCRIBERE JURE ET MORE DOCTORUM. Si le pauvre lecteur n'est pas convaincu, il est du moins effrayé par ce ton redoutable; le plus sûr pour lui, est de se retirer en silence, et de laisser rire les plus 'hardis:

Vesanum tetigisse timent, fugiuntque

Qui sapiunt agitant pueri, incautique sequuntur.

HORAT in Art. poët.

(2) Le prince Clément de Saxe, évêque de Ratisbonne, a déclaré dans un mandement solennel, que Febronius n'avoit eu d'autre but que de renverser le Siége apostolique. Beatissimi Petri Apostolicam Sedem penitùs evertere, et Petram, supra quam Christus Dominus ædificavit Ecclesiam suam, omni adhibito conatu tentat suffodere. Febronius ne s'en défend pas. Il dit seulement, que S. Pierre et le Siége de Rome ne sont pas la Pierre, dont Jésus-Christ parle; mais que c'est Jésus-Christ lui-même : An denique ad suffodienda fundamenta Ecclesiæ, quam Petro tanquàm Petræ superædificatam volunt, evulgatus sit Febronianus liber, existiment qui noverunt, quàm incertum sit, an aliam præter seipsum Petram Christus significare voluerit. Præf. T. 1 Cette réponse plaît beaucoup aux protestans; mais elle doit ouvrir les à yeux ceux des catholiques romains, qui n'aiment pas l'aveuglement. Quelque interprétation qu'on donne au texte Tu es Petrus etc. On a toujours regardé dans la communion de Rome comme hérétiques ceux qui prétendoient renverser le Siége de Pierre.

(*) Ego nihil audeo dicere, ne me protinùs vocent indifferentissimi fautorem. T. 2. 148.

Mr. BAHRDT.

C'est sur quoi les protestans n'ont garde de vous contredire; ils disent seulement que votre distinction de la Cour de Rome et du Saint-Siége est poussée si loin, que les nominaux et les réaux n'ont jamais subtilisé de la sorte en disputant sur les entutatules et les modes. Mais les catholiques-romains prétendent, que vous traitez d'abus horribles ce que les plus grands Saints et les plus célèbres théologiens, ceux-mêmes que vous ne croyez pouvoir être contredits, ont reconnu comme juste et exempt de tout abus (1)..

(1) Les annates, que Febronius regarde comme simoniaques (sapiunt simoniam. T. 1. p. 574.), sont regardées comme très-légitimes par Thomas d'Aquin, et par tout ce qu'il y a de respectable entre les théologiens de Rome. Tous les princes et états catholiques professent le même sentiment.

Les immunités des religieux et leur dépendance immédiate du Siége de Pierre, que Febronius traite d'abus détestable, sont autorisées par le concile d'Arles dès l'an 455, par celui de Carthage en 525, un autre de Carthage en 534 etc. On n'a répondu à ces observations que par beaucoup de mauvaise humeur.

La coutume de recourir à Rome pour les dispenses extraordinaires est approuvée de tous les canonistes, même des Français. Cabassut remarque, que par ce moyen ces dispenses sont plus rares, et que 'les evêques n'ont pas le déplaisir de les refuser à des personnes qu'ils ont intérêt de ménager, etc. etc. etc. Il en est ainsi de presque toutes les choses que Febronius traite d'abus contre le sentiment reçu parmi ceux de sa communion.

La puissance temporelle du Pape et sa qualité de prince souverain et indépendant peuvent paraître une espèce de nécessité, depuis que la catholicité est partagée en différentes monarchies. C'est la remarque de Mr Fleuri, que Febronius fait profession de suivre en tout, dont l'autorité lui sert de réponse aux plus fortes objections de ses adversaires. « Dans l'Église romaine on peut trouver une raison particulière d'unir » les deux puissances. Tant que l'empire romain a subsisté, il renfer» moit dans sa vaste étendue presque toute la chrétienté mais depuis » que l'Europe est divisée entre plusieurs princes, indépendans les uns » des autres; si le Pape eût été sujet de l'un d'eux, il eût été à craindre, que les autres n'eussent eu de la peine à le reconnoître pour » père commun, et que les schismes n'eussent été fréquens. On peut » donc croire que c'est par un effet de la Providence, que le Pape » s'est trouvé indépendant, et maître d'un État assez puissant pour » n'être pas aisément opprimé par les autres souverains afin qu'il fût plus libre dans l'exercice de sa puissance spirituelle; ET QU'IL PUT >> CONTENIR PLUS AISÉMENT LES AUTRES ÉVÈQUES DANS LE DEVOIR. C'était » la pensée d'un grand évêque de notre temps. » Fleuri, Hist. Eccles. t. 16. Discours 4. n. 10 vers la fin.

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FEBRONIUS.

Peut-on regarder comme juste la déposition des Rois et le domaine des Papes sur le temporel ?

Mr. BAHRDT.

Ces prétentions de la Cour de Rome ont cessé depuis long-temps et on dit que vous avez mauvaise grâce d'en parler, puisque nous autres protestans, nous la regardons aujourd'hui comme trop raisonnable pour lui imputer cette doctrine. Les siècles d'ignorance ont porté de grands désordres dans tout ce qu'il y a de cours, de tribunaux, d'académies, de sociétés d'hommes sur la terre (1); et quand ces siècles sont passés, il faut jeter un voile sur les plaies qu'ils ont faites à l'humanité et à la religion. C'est l'avis renfermé dans de fort beaux vers d'un poète médiocre (2):

Excidat illa dies avo: nec postera credant.

Sæcula nos certè taceamus, et obruta multa.
Nocte tegi nostræ patiamur crimina gentis.

FEBRONIUS.

Vous supposez que cette doctrine ultramontaine a cessé : mais quelles preuves en donnez-vous?

Mr. BAHRDT.

Depuis quand avez-vous entendu parler de la déposition de quelque souverain, de l'autorité du Pape exercée dans l'état d'un prince souverain et indépendant? Rien n'est aujourd'hui plus modéré que votre Cour de Rome, de l'avis même des protestans. Vous transcrivez, sans d'autre raison que de grossir vos deux volumes, les brefs de

(1) Toutefois qu'on ne perde pas de vue ici ce qui a été dit par un homme célèbre : « Si je voulais raconter tous les maux qu'ont produits » dans le monde les lois civiles, la monarchie, le gouvernement répu»blicain; je dirais des choses effroyables. » Montesquieu, Esp. des Lois.

(2) Statii Sylvar. lib. 5, c. 2. ́

Clément XIII, et vous ne voyez pas que la piété, la sagesse, la modération, qui en font le caractère nuisent infiniment à votre cause. Le Pape vient de démentir encore les vues que vous lui attribuez, en dissimulant la Bulla Cana. Vous avez senti cette vérité, et vous n'avez su comment la combattre. T. II. p. 350. Vous avez vu que le corps de votre ouvrage était en opposition avec le titre (1). Vous parlez de je ne sais quelles anecdotes obscures du règue de Joseph I, qui ne font rien du tout à l'affaire. Vous citez M. de Thou, qui est mort depuis 154 ans. Vous renvoyez à des endroits, qui ne disent rien. Enfin, sous Charles VII, François I, Joseph II, de votre aveu, rien de plus sage que Rome. Cet endroit est remarquable. Partout vous êtes diffus jusqu'à l'ennui; ici vous êtes laconique, on ne peut pas plus. On voit votre embarras. Vous glissez sur la difficulté, et vous ne laissez pas d'enfoncer (2).

FEBRONIUS.

A vous entendre, tous les panégyristes de mon ouvrage ont tort. Ils n'en ont pas pénétré l'esprit, ils en ont ignoré l'inutilité, ils n'en ont pas vu les contradictions, la mauvaise foi, etc. Il était réservé à un catéchiste allemand de faire ces découvertes. Vous avez bonne grâce de raisonner de la sorte. Savez-vous que mon livre a été solennellement approuvé à Vienne et à Venise; et que le savant abbé du V** en a fait une traduction française, avec une préface qui me comble d'éloges?

(1) Jugeons de l'exactitude de Febronius par le titre de son ouvrage : il porte de Statu Ecclesiæ, sans doute de l'état actuel, et on n'y voit que de vieilles histoires. Ad reuniendos, et c'est une fausseté et un barbarisme. Liber singularis, et il y a deux grands volumes, qui portent tous deux Liber singularis. Si Singularis a une autre signification, c'est encore un barbarisme.

(2) Quelques-uns de mes amis m'ont reproché de plaider trop vivement la cause de l'Église romaine; mais le systême de Febronius, qui établit que l'autorité du Pape et les abus de la Cour de Rome, sont la cause unique du schisme des protestans, pourrait faire tort aux dogmes capitaux de la réforme. C'est ce qui m'a engagé à ces observations qui, dans toute autre circonstance, déplairoient avec raison à tous les protestans zélés. D'ailleurs, ayant avancé que Febronius était aussi inutile et injurieux aux protestans qu'aux catholiques-romains, je suis obligé de plaider pour les uns et les autres contre un ennemi commun.

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