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De Versailles, le 4.

» La cérémonie de la procession des députes a eu lieu avec une très-grande solemnité. Les députés des trois ordres, ou plutôt les représentans de la nation, ont attendu le roi à l'église de Notre-Dame de Versailles (1), où ce Prince a été reçu avec des acclamations qui, sans doute, sont la première récompense de ce qu'il fait pour son peuple ».

De Notre-Dame, les communes réunies, la noblesse et le clergé venant ensuite, le roi et la famille royale fermant la marche, on s'est rendu à l'église Saint-Louis.

>>Toute la pompe du trône et de son cortège a été déployée. »

» La messe a commencé. Après l'évangile, l'évêque de Nancy est monté en chaire. La religion est la force des Etats; la religion est la source unique et intarissable de leur prospérité; telle a été la division de son discours. »

« Il a paru long et tissu de pièces de rapport, sans idées sans style, sans

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(1) Il est inutile de dire que la prétendue députa tion des possédans-fiefs n'a pas été plus admise dans Cette procession que chez le roi.

effets. C'est un autre mouvement,une autre inspiration, un autre ordre de choses, en un mot, qu'on attendoit dans cette auguste assemblée. Tous les lieux communs,depuis le baptême de Clovis jusqu'à la maladie de Louis le BienAimé à Metz, et depuis les déclamations sur le luxe jusqu'aux injures à la philosophie, y ont trouvé leur place. Il est trop évident que l'orateur n'étoit pas d'accord avec lui-même, qu'il n'avoit ni plan, ni parti arrêté, et qu'il a mal jugé son époque.

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<< Un trait a été vivement applaudi : il étoit question du régime fiscal, de la misère des campagnes, de l'état du cultivateur. L'orateur a terminé une amplification de rhétorique par ces mots : Et c'est sous le nom d'un bon roi, d'un monarque juste et sensible, que ces misérables exacteurs exercent leurs barbaries. l'Eglise a retenti des applaudissemens des communes. »

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« Un autre mouvement mérite d'être remarqué. FRANCE TA VOLONTÉ SUFFIT. Tout le discours devoit être le développement de ce mot heureux. »

» Les fréquens éloges du roi ont été fort approuvés; mais ils auroient dû être mieux amenés et plus heureusement exprimés. »

«L'apostrophe à la Reine, fille des Césars;

mule et confidente des bienfaits de son auguste époux, pouvoit être plus oratoire et mieux à sa place. »

<< En tout, ce discours est fait comme les tragédies modernes avec des hémistiches; et jamais plus belle occasion ne fut plus complètement manquée. »

De Versailles, le 5.

ENFIN, l'ouverture des états-généraux s'est faite aujourd'hui. »

» Les députés étoient avertis de se rendre à huit heures à la salle. Ils ont attendu trèslong-tems, avant que l'appel commençât, dans un corridor étroit et obscur de cette salle éphémère; et véritablement ils offroient plutôt le spectacle d'une bourse de marchands, que celui du vestibule de l'assemblée nationale. »

L'appel a commencé suivant l'ordre des bailliages de 1614. Il est difficile de mettre à contribution la patience des députés avec une indiscretion plus fatigante; et l'on croiroit volontiers qu'il a fallu du talent pour trouver une forme si bizarre, si compliquée, si fastidieuse. »

« Le coup-d'oeil de la salle étoit superbe;

les députés n'ont été en place qu'à midi moins un quart, et le roi a presqu'immédiatement paru. Il a été fort applaudi. La reine s'est placée à côté de lui; hors du dais, sur un fauteuil inférieur au trône; la famille royale et le cortège du monarque les entouroient. »

« Le roi a lu un discours, où il exprime des sentimens purs, et mani ste des intentions paternelles. Il a été interrompu plusieurs fois par des acclamations; et cette espèce d'inconvenance paroissoit excusée et même embellie par leur vérité. »

«M. le garde-des-sceaux a parlé long-tems; mais les trois quarts de la salle n'ont pas entendu un mot de son discours. »

<< M. le directeur-général des finances a lu ensuite un volume, et même considérable. Le roi, en finissant son discours, avoit déclaré que ce ministre rendroit compte de l'état des finances; et c'est ainsi qu'on a ôté le prétexte, et même le moyen de disputer la parole au directeur-général, qui ne sauroit en avoir l'exercice aux états-généraux sans une permistion spéciale, puisque le chancelier ou son suppléant y est le seul commissaire du roi. M. Necker a parlé plus de trois heures. »

«Il seroit imprudent d'essayer de rendre compte d'un discours de cette étendue sans l'avoir sous les yeux. »

Il paroît qu'on a voulu en faire une espèce de programme des états-généraux; mais l'assemblée nationale à qui l'on n'a pas même parlé du droit inaliénable et sacré de consentir l'impôt de ce droit; que depuis plus d'un an, le roi a reconnu solomnellement à son peuple, est constamment réduite dans ce discours aux fonctions d'un bureau d'administration, d'une chambre des finances. On a pu souvent remar quer que le ministre, dont le rapport fait au conseil n'avoit pas préparé à de telles omissions, s'en étoit apperçu lui-même, et vouloit en termes généraux prévenir cette objection; mais les observateurs n'en ont été que plus étonnés qu'il y eût donné lieu. »

» Le résultat principal en finances, est que le déficit, dont la France et l'Europe ont exagéré à l'envi l'énormité, n'est que de 56 millions, et que 25 millions d'augmentation de revenus, depuis l'avénement de M. Necker, sont déja le fruit du talent de cet adminis

teur. »

« A la vérité, dans le développement de ces 25 millions, il en est bien peu qui ne soient

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