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députation du clergé, et entendirent avec.intérêt plusieurs motions, qui toutes avoient pour objet, de donner à ce qu'on appelloit le troisième ordre, un commencement de vie.

M. Rabaut de Saint-Etienne proposa de nommer des commissaires, au nombre de 16, de les charger, de conférer avec ceux de la noblesse et du clergé pour aviser aux moyens de concilier les trois ordres, sans qu'ils pussent néanmoins se départir de la délibération par tête et de l'indivisibilité des états-généraux.

M. le Chapelier voulut que, dans une déclaration très-formelle, dont il offrit un projet de rédaction, on fit sentir à la noblesse et au clergé, l'irrégularité de leur conduite, et qu'on les avertît qu'on ne les regarderoit comme députés légaux que lorsqu'ils auroient présenté leurs pouvoirs à une vérification commune.

Les débats, sur ces deux motions, se prc. longèrent jusqu'au 18.

Le 15.9

il en avoit été faite une autre par

M. Malouet.

Mais annoncée par son auteur, comme trèsconforme aux vues du ministère, elle ne parut pas conforme aux vues de la chambre; en conséquence elle fût déposée et mourut sur le bureau.

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Le 18, M. DE MIRABEAU, parlant sur les propositions de MM. Rabaut et le Chapelier, s'exprima ainsi :

MESSIEURS,

« Les sentimens très-estimables, les principes en général très-purs, qui caractérisent les deux motions dont nous sommes occupés, n'ont pas suffi pour me ranger entièrement aux propositions de MM. Rabaut de SaintEtienne et le Chapelier. Je desirerois qu'un avis mitoyen, tempérât, ou plutôt réunît ces deux opinions ».

<< M. Rabaut de Saint-Etienne demande que nous autorisions, MM. du Bureau à conférer avec les commissaires du clergé et de la noblesse, pour obtenir la réunion des membres qui doivent former les états-généraux ».

«M. le Chapelier desire que, dans une déclaration très-formelle, nous démontrions au clergé et à la noblesse, l'inégalité de leur conduite, et que nous les avisions des démarches qu'il deviendra nécessaire d'opposer à leurs prétentions ».

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<< Ce dernier avis, plus aux principes que le premier, il faut en convenir, plus animé de

cette mâle énergie qui entraîne les hommes à. leur insu même, renferme, selon moi, un grand inconvénient dont les préopinans ne m'ont pas paru tous assez frappés ».

» Indépendamment de ce que le parti que nous propose M. Chapelier, tend à porter un décret très-solemnel avant que nous ayions aucune existence légale, indépendamment de ce qu'il confond deux ordres qui ont tenu une conduite très-différente, indépendamment de ce qu'il avertit nos adversaires d'un systême qu'il est bon de ne leur faire connoître qu'en le développant tout entier lorsque nous-mêmes en auront saisi toutes les consequences, il appelle, il nécessite en quelque sorte une déclaration de la noblesse encore plus impérative que celle dont nous fumes accueillis. hier; une déclaration que, dans nos formes. actuelles, nous ne sommes ni préparés ni aptes à repousser, et qui cependant peut exiger les résolutions les plus promptes. Si nous sommes persuadés, Messieurs, autant que nous devons. l'être, qu'une démarche aussi mémorable, aussi nouvelle, aussi profondément décisive que celle de nous déclarer Assemblée nationale, et de prononcer défaut contre les autres ordres, ne sauroit jamais

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être trop mûrie, trop mesurée, trop imposante, et même qu'elle nécessite d'autres actes, sans lesquels nous pourrions obtenir pour tout accès, une dissolution qui livreroit la France aux plus terribles désordres, nous devons infiniment redouter de nous trouver contraints en quelque sorte par notre décla ration, même à faire avec précipitation ce qui ne peut jamais être soumis à trop de délibérations. >>

» D'un autre côté, la motion de M. Rabaud de Saint-Étienne dissimule entièrement la conduite arrogante de la noblesse; elle donne en quelque sorte l'attitude de la clientelle suppliante aux communes, qui, ne fussentelles pas bravées et presque défiées, doivent sentir qu'il est tems que le peuple soit protégé par lui seul, c'est-à-dire par la loi qui suppose l'expression de la volonté générale. Cette motion enfin traite avec la même déférence ceux qui, se rendant juges dans leur propre cause, n'ont pas même daigné condescendre à la discuter; et ceux qui, plus habiles ou plus délicats, couvrent du moins de quelques procédés leur marche irrégulière et chanlante. >>

» Ces deux avis, chacun dans leur sens, mé paroissent également exagérés. »

» Et qu'on ne nous répète pas de grands lieux communs sur la nécessité d'une conciliation. Rien n'est plus aisé que de saisir, par le mot salutaire, les esprits peu attentifs, ou même les bons citoyens qui ont plus de qualités morales que de connoissance des affaires, plus de zèle que de prévoyance; car le vœu de tous les coeurs honnêtes est la concorde et la paix; mais les hommes éclairés savent aussi qu'une paix durable n'a d'autre base que la justice, qui ne peut reposer que sur les principes.»

» Mais peut-on, sans aveuglement volontaire, se flatter d'une conciliation avec les membres de la noblesse, lorsqu'ils 'ne daignent laisser entrevoir qu'ils pourront s'y prêter qu'aprés avoir dicté des loix exclusives de toute conciliation? lorsqu'ils font précéder leur consentement à nommer des commissaires pour se concerter avec les autres ordres de la fière déclaration qu'ils sont légalement constitués. N'est-ce pas là joindre la dérision au despotisme? Et que leur reste-t-il à concerter du moment où ils s'adjugent eux-mêmes leurs prétentions? Laissez-les faire, Messieurs, ils

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