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LE

CHAPITRE

DEUXIEME.

JUIN 1789.

Séance du 3.

E 28, il avoit été arrêté qu'on feroit une députation au roi.

Mais quels moyens emploieroit-on pour faire arriver les députés auprès de sa majesté? Tel fut l'objet d'une discussion.

M. MIRABEAU ne contribua pas peu à faire rendre l'arrêté suivant:

« Les députés des communes ne pouvant reconnoître d'intermédiaire entre le roi et les représentans de son peuple, chargent leur doyen de supplier directement sa majesté de vouloir bien indiquer le moment où elle pourra recevoir leur dé putation (1) ».

Séance du 6.

Députation du clergé aux communes pour leur parler de la cherté du grain, de la mi

(1) Les expressions employées par M. MIRABEAU, dans cette grande occasion, n'ont malheureusement été recueillies par personne, et nous-même qui les avons entendues, ne nous pardonnons sûrement pas de les avoir oubliées.

sère du peuple, et les inviter à nommer des commissaires pour chercher avec lui, les remèdes que nécessitoient ces grands maux.

Mais les communes, de glorieuse mémoire, n'étoient pas dépourvues de sens, même dans les premiers jours de leur naissance.

Elles répondirent par l'organe de leur doyen.

Pénétrés des mêmes devoirs que vous vous, touchés jusqu'aux larmes des malheurs publics, nous vous prions, uous vous conjurons de vous réunir à nous à l'instant même dans la salle commune › pour aviser aux moyens de remédier à ces malheurs.

Nous plaçons ici un projet de réponse que M. Mirabeau n'eut pas le tems de présenter, mais qu'il rédigea sur-le-champ; il nous a paru plus digne que celui qui fut adopté.

» Les députés du peuple ne sauroient prendre un intérêt moins vif au sort du peuple que Messieurs du clergé; nous n'attendions pour nous occuper de la calamité qui afflige les provinces, que le moment si desiré où nous serions constitués. Votre invitation, Messieurs, en excitant notre reconnoissance, nous fait sentir avec bien plus d'amertume encore, le regret d'avoir consumé en vaine attente un

tems que nous aurions déjà employé utilement à pourvoir aux besoins les plus pressans de nos constituans; mais votre démarche vraiment populaire, ouvre notre ame à une nouvelle espérance. Non, vous ne voudrez pas, puisque vous sentez si vivement la misère du peuple, vous refuser au scu! moyen de venir à son secours. Les députés des communes se seroient déjà occupés d'un objet qui tient de si près à leurs sentimens, si les funestes difficultés élevées par la noblesse, au sujet de la vérification des pouvoirs des députés en l'assemblée, n'avoient forcé les représentans du peuple à une malheureuse inaction. Nous vous proposons donc de nouveau, Messieurs, de vous réunir à l'instant même avec les députés des communes dans la salle générale des états, et nous chercherons, de concert, les moyens de remplir vos intentions et vos desirs, relativement à la misère des peuples.»

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Au moment de procéder aux discussions du jour, un membre des communes, en demandant qu'on fit retirer les individus non députés qui se trouvoient assis parmi eux, ajouta : il en est

un sur-tout étranger, proscrit de son pays, fugié en Angleterre, pensionnaire du roi d'Angleterre, que nous voyons depuis plusieurs jours écrire et faire circuler des billets dans la salle, et c'est particulièrement lui que je dénonce.

M. DE MIRABEAU, lorsque cette dénonciation fut prononcée, (et ce fait est utile à rapporter), causoit avec plusieurs dames de sa famille, à une des extrémités de la salle; il entendit outrager son ami, il n'eut pas besoin de se recueillir pour le défendre; les personnes avec lesquelles il se trouvoit, ne s'étoient point encore apperçues qu'il s'étoit éloigné, que déjà revenu à sa place, il y prononçoit ce plaidoyer remarquable.

MESSIEURS,

«Je conviens avec le préopinant que nul in dividu non député, soit indigène, soit étran➡ ger, ne doit être assis parmi nous. Mais les droits sacrés de l'amitié, les droits plus saints de l'humanité, le respect que je porte à cette assemblée d'enfans de la patrie, d'amis de la paix, m'ordonnent à la fois de séparer de Pavertissement de police, la dénonciation, la délation vraiment odieuse que le préopinant

n'a pas craint d'y ajouter. Il a osé dire que dans le grand nombre d'étrangers qui se trou voient parmi nous, il étoit un proscrit, un réfugié en Angleterre, un pensionnaire du roi d'Angleterre ».

« Cet étranger, ce proscrit, ce réfugié, c'est M. du Roveray, l'un des plus respectables citoyens du monde. Jamais la liberté n'eut de défenseur plus éclairé, plus laborieux, plus désintéressé, Dès sa jeunesse, il obtint la confiance de ses concitoyens pour concourir à la formation d'un corps de loix qui devoit assurer à jamais la constitution de sa patrię. Rien de plus beau, rien de plus philosophiquement politique que la loi en faveur des natifs dont il fut un des auteurs, loi si peu connue et şi digne de l'être, loi qui consacre cette grande vérité que toutes les républiques ont péri, disons mieux, qu'elles ont mérité de périr, pour avoir opprimé des sujets, et ignoré que F'on ne conserve sa liberté qu'en respectant celle de ses frères. Déjà procureur-général de Genève par l'élection de ses concitoyens, M. du Roveray avoit mérité la haine des aristocrates; dès-lors ils avoient juré sa perte, et réussi à faire demander sa destitution par

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