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un ministre despote, trop sûr que l'intrépide magistrat ne cesseroit jamais de se servir des droits de sa place pour défendre l'indépendance de sa patrie que l'on attaquoit. Mais au milieu des haines et des factions, la calomnie elle-même respecta les vertus de M. du Roveray; jamais son soufle impur n'essaya de ternir une seule action de sa vie. Enveloppé dans la proscription que les aristocrates firent prononcer par les généraux des armes, destructeurs de la liberté genevoise, M. du Roveray se retira en Angleterre, et sans doute il n'abdiquera jamais l'honneur de son exil, aussi long-tems que la liberté n'aura pas recouvré ses droits dans sa patrie. Un grand nombre de citoyens respectables de la Grande-Bretagne s'empressèrent d'accueillir le républicain proscrit, lui ménagèrent la réception la plus honorable, et provoquèrent le gouvernement à lui donner une pension. Ce fut en quelque sorte une couronne civique décernée par le peuple moderne, que le génie tutélaire de l'espèce humaine, paroît avoir proposé plus spécialement au culte de la liberté...... Voilà l'étranger, le proscrit, le réfugié que l'on vous dénonce...... Autrefois un infortuné embrassoit les autels, il y échappoit à la rage des mé

chans, il y trouvoit un asyle inviolable. Cette salle va devenir le temple, qu'au nom des Français, vous élevez à la liberté : souffrirezvous qu'un martyr de cette liberté y reçoive un outrage >>? »?

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L'orateur ne cessa de parler, que parce que les applaudissemens ne lui permettoient plus de se faire entendre encore. -- Le député dénonciateur avoua qu'il n'eut pas pris la parole, contre M. du Roveray, dont il connoissoit les talens et les services publics, s'il l'eût connu personnellement : il avoit dénoncé un individu, sans croire dénoncer un HOMME.

Séance du 15 juin.

Déja la noblesse et le clergé avoient été invités, pour la dernière fois, à se rendre dans la salle nationale; l'appel des députés de tous les bailliages avoit été fait; les nobles et les prêtres n'avoient point paru, si l'on en excepte sept ou huit membres de ce dernier ordre. Les pouvoirs des députés des communes avoient donc été vérifiés, et il ne manquoit plus à ceux-ci que de se constituer d'une manière digne d'eux.

M. l'abbé Sieyes voulut qu'on se constituât sous le titre d'assemblée des représentans connus et vérifiés de la nation Françoise.

M. DE MIRABEA U.

MESSIEURS,

« Je n'ai jamais été moins capable qu'aujourd'hui de discuter une question importante et de parler devant vous. Agité depuis plu sieurs jours d'une fièvre opiniâtre, elle me tourmente dans ce moment même; je sollicite donc une grande indulgence pour ce que je vais dire: si mon ame parle à votre ame, vos forces suppléeront à mes forces; mais j'ose vous demander en même tems une grande attention pour la série des résolutions que j'aurai l'honneur de vous offrir. Long-tems méditées, rédigées dans un moment plus favorable, je les soumets à votre sagesse avec plus 'de confiance que le peu de mots que je vais 'balbutier ».

« Nous sommes prêts à sortir du cercle ou votre sagesse s'est long-tems circonscrite. Si vous avez persévéré avec une fermeté rare dans un systême d'inaction politique, infiniment décrié par ceux qui avoient un grand intérêt à vous faire adopter de fausses mesu

res,

c'étoit pour donner le tems aux esprits de se calmer, aux amis du bien public celui de seconder le vœu de la justice et de la raison; c'étoit pour vous assurer mieux que, même dans la poursuite du bien, vous n'excéderiez aucunes bornes; c'étoit, en un mot, pour manifester une modération qui convient sur-tout au courage, ou plutôt sans laquelle il n'est pas de courage vraiment durable et invincible ».

« Cependant le tems s'est écoulé, les prétentions, les usurpations des deux ordres se sont accrues; votre sage lenteur a été prise pour foiblesse; on a conçu l'espoir que l'ennui, l'inquiétude, les malheurs publics, incessamment aggravés par des circonstances presque inouies, vous arracheroient quelque démarche pusillanime ou inconsidérée. Voici le moment de rassurer vos ames, et d'inspirer la retenue, la crainte, j'ai presque dit la terreur du respect à vos adversaires, en montrant, dès vos premières opérations la prévoyance de l'habileté jointe à la fermeté douce de la raison ».

«< Chacun de vous sent, Messieurs, combien il seroit facile aujourd'hui d'essayer, par un discours véhément, de vous porter à des

résolutions extrêmes, vos droits sont si évidens, vos réclamations si simples, et les procédés des deux ordres si manifestement irréguliers, leurs principes tellement insoutenables, que le parallèle en seroit au-dessus de l'attente publique ». Que dans les circonstances où le roi luimême a senti qu'il falloit donner à la France une manière fixe d'être gouvernée, c'est-à-dire, une constitution, on oppose à ses volontés, et aux vœux de son peuple, les vieux préjugés, les gothiques oppressions des siècles barbares; qu'à la fin du dix-huitième siècle une foule de citoyens dévoile et suive le projet de nous y replonger, réclame le droit d'arrê ter tout quand tout doit marcher; c'est-àdire, de gouverner tout à sa guise, et qualifie cette prétention vraiment délirante de propriétés, que quelques personnes, quelques gens des trois états, parce que dans l'idiôme moderne on les a appellés des ordres, opposent sans pudeur la magie de ce mot vuide de sens à l'intérêt général, sans daigner dissimuler que leurs inté rêts privés sont en contradiction ouverte avec cet intérêt général; qu'ils veuillent ramener le peuple de France à ces formes qui classoient la nation en deux espèces d'hommes, des oppresseurs et des opprimés; qu'ils s'efforcent

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