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de perpétuer une prétendue constitution, où un seul mot prononcé par cent cinquante-un individus pourroit arrêter le roi et vingtquatre millions d'hommes; une constitution où deux ordres qui ne sont ni le peuple, ni le prince, se serviront du second pour pressurer le premier, du premier pour effrayer le second, et des circonstances pour réduire tout ce qui n'est pas eux à la nullité; qu'enfin tandis que vous n'attestez que les principes et l'intérêt de tous, plutôt que de ne pas river sur nous les fers de l'aristocratie, ils invoquent hautement le despotisme ministériel, sûrs qu'ils se croyent de le faire toujours dégénérer par leurs cabales en une anarchie ministérielle; c'est le comble sans doute de la déraison orgueilleuse, et je n'ai pas besoin de colorer cette foible esquisse pour démontrer que la division des ordres, que le véto des ordres, que l'opinion et la délibération par ordre seroient une invention vraiment sublime pour fixer constitutionnellement l'égoïsme dans le sacerdoce, l'orgueil dans le patriciat, la bassesse dans le peuple, la division entre tous les intérêts, la corruption dans toutes les classes dont se compose la grande famille, la cupidité dans toutes les ames, l'insignifiance de

la nation, la tutelle du,prince, le despotisme des ministres >>.

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Cependant, Messieurs, que concluronsnous de ces tristes vérités ? Si-non la nécessité de redoubler de sagesse et de persévérance pour parvenir à une constitusion qui nous tire d'un état de choses si déplorable, et dè proportionner notre émulation et nos efforts aux difficultés de cette entreprise sublime sans doute, mais simple, et qui ne demande que le concours des lumières et de la suite dans les volontés ; car c'est aux développemens de la raison que la nature a remis la destinée éternelle des sociétés; et la raison seule peut faire des loix obligatoires et durables; et la raison et la loi seules doivent gouverner l'homme en société ».

Espérons donc, Messieurs, loin de nous décourager, et marchons d'un pas ferme vers un but qui ne sauroit nous échapper ».

<< Mais toutes les voies de douceur sont épuisées, toutes les conférences sont finies, il ne nous reste que des partis décisifs et peutêtre extrêmes... Extrêmes! oh! non, Messieurs, la justice et la vérité sont toujours dans un sage milieu les partis extrêmes ne sont jamais les dernières ressources du désespoir;

que

:

et qui donc pourroit réduire le peuple françois dans une telle situation »?

Il faut nous constituer, nous en sommes tous d'accord; mais comment? Sous quelle forme, sous quelle dénomination » ?

«En états-généraux? --- Le mot seroit impropre; vous l'avez tous senti: il suppose trois ordres, trois états, et certes ces trois. ordres ne sont pas ici >>.

« Nous proposeroit-on de nous constituer sous quelqu'autre dénomination synonime après tout de celle d'états-généraux ? Je demanderai toujours aurez-vous la sanction du roi? Et pouvez-vous vous.en passer ? L'autotorité du monarque peut-elle sommeiller un instant? Ne faut-il pas qu'il concoure à votre décret, ne fût-ce que pour en être lié? et quand on nieroit, contre tous les principes, que sa sanction fût nécessaire pour rendre obligatoire tout acte extérieur de cette assemblée, accordera-t-il aux décrets subséquens une sanction dont on avoue qu'il est impossible de se passer, lorsqu'ils émaneront d'un mode de constitution qu'il ne voudra pas reconnoître ? »

<< Etes-vous sûrs d'être approuvés de vos commettans? N'allez pas croire que le peuple s'intéresse aux discussions métaphysiques qui

nous ont agitées jusqu'ici. Elles ont plus d'im portance qu'on ne leur en donnera sans doute : elles sont le développement et la conséquence du principe de la représentation nationale base de toute constitution. Mais le peuple est trop loin encore de connoître le systême de ses droits, et la saine théorie de la liberté. Le peuple veut des soulagemens, parce qu'il n'a plus de forces pour souffrir, le peuple secoue l'oppression, parce qu'il ne peut plus respirer sous l'horrible faix dont on l'écrase; mais il demande seulement de ne payer que ce qu'il peut, et de porter paisiblement sa misère. Sans doute nous devons avoir des vues plus élevées, et former des voeux plus dignes d'hommes qui aspirent à la liberté; mais il faut s'accomoder aux circonstances, et se servir des instrumens que le sort nous a confiés. Ce n'est qu'alors que vos opérations toucheront directement aux premiers intérêts des contribuables, des classes les plus utiles et les plus infortunées, que vous pourrez compter sur leur appui, que vous serez investis de l'irrésistible puissance de l'opinion publique, de la confiance, du dévouement illimité du peuple. Jusques-là, il est trop aisé de le diyiser par des secours passagers, des dons éphé

mères,

mères, des accusations forcénées, des machinations ourdies de la main des courtisans. Il est trop facile de l'engager à vendre la constitution pour du pain ».

«Enfin, le principe est-il indubitablement pour vous ? Nous sommes tous ici sous le mode de convocation que nous a donné le roi. Sans doute vous pourrez, et vous devrez le changer pour l'avenir, lorsque vous serez en activité; mais le pouvez-vous aujourd'hui ? Le pouvez-vous avant d'être constitués ? Le pouvez-vous en vous constituant? De quel droit sortiriez-vous aujourd'hui des limites de votre titre ? N'êtes-vous point appellés en états? Le législateur provisoire n'a-t-il pas supposé trois ordres, quoiqu'il les ait convoqués en une seule assemblée ? Vos mandats vos cahiers, vous autorisent-ils à vous déclarer l'assemblée des seuls représentans connus et vérifiés ? et ne dites point que le cas où vous vous trouvez, n'a pas été prévu; il l'a trop été, puisque quelques-uns de vos mandats, heureusement en très-petit nombre, vous enjoignent de vous retirer, s'il vous est impossible de parvenir à la délibération en com◄ mun, sans qu'il y en ait un qui vous autorise à vous dire les seuls représentans connus et Tome I.

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