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Séance du 23.

Depuis le 20, la salle nationale étoit fermée aux communes, sous le prétexte des préparatifs nécessaires à la tenue d'une séance royale.

1

Réfugiés dans le jeu de paume, les représentans de la nation y avoient solemnellement juré de ne jamais se séparer, et de se rassembler par-tout où les circonstances l'exigeroient, jusqu'à ce que la constitution du royaume et la régénération publique, fussent établies et affermies.

ils

Le 21, rassemblés dans l'église Saint-Louis, y avoient reçu la majorité du clergé.

Les portes de la salle nationale furent ouvertes le 23. Les députes de tous les ordres s'y rendirent; le roi y parut dans un appareil qui pouvoit bien avoir quelque chose de fastueux, mais qui, à coup sûr, n'avoit rien d'imposant.

Le roi parla, ses ministres parlèrent ; puisse le pinceau de l'histoire, jetter un voile officieux sur ce que dirent, et le roi, et ses ministres. Tous avoient mal jugé leur époque; alors moins que jamais, le gouvernement avoit le droit de se croire règnant à Constantinople.

Le roi termina son discours en disant: je Vous ORDONNE (1), MM.., de vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin, chacun dans les chambres affectées à votre ordre, pour y reprendre vos séances. J'ORDONNE (2) en conséquence, au grand-maître des cérémonies, de faire préparer les salles.

La majorité de la noblesse, et la minorité du clergé obéirent aux ordres du roi, et sor tirent avec lui.

Les membres de l'assemblée nationale restèrent immobiles, et gardèrent pendant quelques minutes, un silence plus menaçant et plus terrible, que ne l'avoient été tous les je veux, tous les j'ordonne de la cour.

M. de Brezé, grand-maître des cérémonies parut, et s'adressant au président, il lui rappella, de la part du roi, l'ordre de désemparer. M. DE, MIRABEAU, ( s'adressant à M. de Brezé.)

» Les communes de France ont résolus de délibérer: Nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi, et vous qui ne sauriez

(1) Un simple délégué de la nation, ordonner à la nation assemblée ! ....

(2) Passe pour cette fois!

Tome I.

être son organe auprès de l'assemblée nationale, vous qui n'avez ici, ni place, ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeller son discours : allez dire à votre maître que nous sommes ici par la puissance du peuple, et qu'on ne nous en arrachera que par la puissance des bayonnettes >>.

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Il est difficile de peindre l'enthousiasme qu'excita la réponse héroïque de M. Mirabeau. Chacun calculant et les vœux et l'ardeur, et les besoins du peuple, et l'agitation dans laquelle il vivoit depuis long-tems, grace aux perversités de la cour, et à l'opiniâtreté de quelques nobles et de quelques prêtres, se disoit, Mirabeau vient de parler, et ce qu'il a dit, a consommé la révolution dont la France a besoin. Les tems ont prouvés qu'ils avoient raison, ceux qui voyoient ainsi.....

Dans la même séance, MIRABEAU fut encore une fois le bienfaiteur de sa patrie, il proposa l'arrêté suivant, qui fut adopté à une majorité de 493 voix contre 34.

la

L'assemblée nationale déclare que, personne de chacun des députés est inviolable; que tous individus, toutes corporations, tribunal, cour, ou commission qui oseroient pendant ou après la présente session, pour

suivre, rechercher, arrêter ou faire arrêter, détenir ou faire détenir un député, pour raison d'aucunes propositions, avis, opinions ou discours par lui faits aux etats-généraux, de même que toutes personnes qui prêteroient leur ministère à aucun desdits attentats, de quelque part qu'ils soient ordonnés sont infâmes et traitres envers la nation, et coupables de crime capital. »

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» L'assemblée nationale arrête que, dans les cas susdits, elle prendra toutes les mesures nécessaires, pour faire rechercher, poursuivre et punir ceux qui en seront les auteurs, instigateurs ou exécuteurs. »

Séance du 26.

Des satellites armés environnoient constamment la salle nationale.

L'entrée en étoit interdite au peuple, contre le vœu de ses représentans.

Un camp de dix mille hommes de troupes réglées, se formoit aux portes même de Paris.

Dans la séance de la veille une minorité de la noblesse étoit venue présenter ses pouvoirs à la vérification commune.

J

La séance du jour fut occupée par différens rapports des commissaires chargés de la vérification des pouvoirs.

On annonça une députation de la majorité non réunie de la noblesse.

Quelques personnes proposoient de ne pas -la recevoir.

M. Fréteau, l'un des députés nobles réunis, voulut au contraire qu'elle fût admise.

M. DE MIRABEAU.

» Les principes seuls conservent tous les droits, eux seuls peuvent servir de base à la justice et même à la prudence. Les députés de la noblesse qui sont ici présens ont reconnu eux-mêmes que les pouvoirs ne pouvoient être jugés que dans l'assemblée nationale puisqu'ils sont venus lui soumettre les leurs; ils ne peuvent donc pas répondre de la légalité des pouvoirs de la députation qu'on vous annonce; ils ne peuvent pas attester comme témoins, ce qu'ils ont jugé, sans en avoir le droit. Si donc l'assemblée reçoit la députation, -elle ne peut admettre les individus qui la composent que sous le titre de députés présumés de la partie non réunie de la noblesse.»

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