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voir absolu, alors armés d'un prétexte; tant d'infortunées victimes de la fureur du moment, des précautions sanguinaires, ou des punitions légitimes; tous ces maux si graves ne sont pas ceux qui, dans ce moment, m'effrayent le plus. »

» Je considère tous les bons effets d'une marche ferme, sage et tranquille; c'est par elle seule qu'on peut se rendre les évènenemens favorables, qu'on profite des fautes de ses adversaires, pour le triomphe du bon droit; au lieu que, jetés peut-être hors des mesures sages, les représentans de la nation ne seroient plus les maîtres de leurs mouvemens; ils verroient d'un jour à l'autre les progrès d'un mal qu'ils ne pourroient plus arrêter, et ils seroient réduits au plus grand des malheurs, celui de n'avoir plus que le choix des fautes. >>

» Les délégués de la nation ont pour eux la souveraine des évènemens, la nécessité; elle les pousse au but salutaire qu'ils se sont proposé, elle soumettra tout par sa propre force; mais sa force est dans la raison : rien ne lui est plus étranger que les tumultes, les cris du désordre, les agitations sans objet et sans règle. La raison veut vaincre par ses

propres armes; tous ces auxiliaires séditieux sont ses plus grands ennemis. »

» A qui, dans ce moment, convient-il mieux qu'aux députés de la France, d'éclairer, de calmer, de sauver le peuple des excès que pourroit produire l'ivresse d'un zèle furieux! C'est un devoir sacré pour les députés, que d'inviter leurs commettans à se reposer entièrement sur eux du soin de soutenir leurs intérêts, et du soin de faire triompher leurs droits, en leur apprenant que, loin d'avoir aucune raison de désespérer, jamais leur confiance n'a été mieux fondée. Trop souvent on n'oppose aux convulsions que la misère ou l'oppression arrachent aux peuples, que les baïonnettes; mais les baïonnettes ne rétablissent jamais que la paix de la terreur, et le silence qui plaît au despotisme. Les représentans de la nation doivent au contraire verser dans les cœurs inquiets le baume adoucissant de l'espérance, et les appaiser avec la puissance de la persuasion et de la raison. La tranquillité de l'assemblée deviendra peu-àpeu le fondement de la tranquillité de la France; et nos représentans prouveront à ceux qui ne connoissent pas les effets infaillibles du régime de la liberté, qu'elle est plus

forte pour enchaîner les peuples à l'ordre public, que toutes les cruelles, mais petites. ressources d'un gouvernement qui ne met sa confiance que dans ses moyens de contrainte et de terreur. »

» Il seroit donc de la prudence des représentans de la nation de faire une adresse à leurs commettans, pour leur inspirer une confiance calme, en leur exposant la position de l'assemblée nationale, pour leur recommander, au nom de leurs intérêts les plus chers, de contribuer de toute leur sagesse et de tous leurs conseils au maintien de l'ordre, à la tranquillité publique, à l'autorité des lois et de leurs ministres, pour se justifier enfin à leurs yeux, quels que soient les évènemens, en leur montrant qu'ils ont connu tout le prix de la modération et de la paix. >>

» Voici le projet d'adresse que je prés

sente. »

Projet d'adresse de l'Assemblée Nationale à ses

commettans.

MESSIEURS,

» Vos députés aux états-généraux, longtems retenus, dans une inaction bien pénible

à leurs coeurs, mais dont vous avez approuvé les motifs, entroient en activité, par le seul moyen qui leur parut compatible avec vos intérêts et vos droits. »

» La majorité du clergé s'étoit déclarée pour la réunion; une minorité respectable dans la noblesse manifestoit le même vou, et tout annonçoit à la France le beau jour qui sera l'époque de sa constitution et de son bonheur. >>

» Des évènemens que vous connoissez ont retardé cette réunion, et rendu à l'aristocratie le courage de persister encore dans une séparation dont elle sentira bientôt les dangers. »

» L'alarme s'est trop aisément répandue; la capitale a été consternée; le lieu même où nous sommes a éprouvé une agitation contre laquelle nous avons vu employer des précautions que l'on croit nécessaires, mais qui n'en sont pas moins alarmantes ».

» Tout nous fait un devoir d'aller au devant des malheurs et des désordres qui, dans une situation aussi extraordinaire, peuvent sortir à chaque instant de l'inquiétude générale. Le renouvellement des états-généraux après un si long terme, l'agitation qui l'a précédé, le

but de cette convocation, si différent de celui qui rassemblcit vos ancêtres (1), les prétentions de la noblesse, son attachement à des loix gothiques et barbares, mais sur tout les formes vraiment extraordinaires dont on s'est servi pour faire intervenir le roi, beaucoup d'autres causes enfin ont échauffé les esprits; et l'état de fermentation où se trouve le royaume est tel, nous osons le dire, que ceux qui veulent user de violence, lorsque les plus grands ménagemens sont tous les jours plus nécessaires, ne se rendent pas seulement indignes d'être regardés comme François (2), mais d'être envisagés comme des incendiaires ».

D'après ces considérations, Messieurs, nous croyons devoir vous présenter le tableau de notre vraie position, pour vous prémunir contre toutes les exagérations et les craintes qu'un zèle trompé, ou que des intentions coupables pourroient affecter de faire prévaloir ».

«Dans cette même journée, où un appareil plutôt menaçant qu'imposant, vous montroit

(1) Discours du roi.

(2) Discours du roi.

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