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les délibérations provisoires leur appartiennent; ils voteront aujourd'hui d'après la for mation existante, par cela seul qu'ils ont eu jusqu'à ce jour le pouvoir de délibérer d'après la même formation. On voudra distinguer ainsi entre une constitution qui n'existe point, quoique plus parfaite, et la constitution, qui seule est en vigueur, quoique vicieuse. On soutiendra même qu'une assemblée, convoquée par l'autorité, ne peut qu'être légale, si elle est telle qu'elle a été convoquée. On dira que si les états n'étoient pas légalement assemblés, ils n'auroient pas même le droit de se réformer; qu'il est évident néanmoins, que s'ils n'avoient point été suspendus depuis 1639, ils auroient profité du progrès général des lumières pour se donner une meilleure constitution, et que ce provisoire ne leur auroit pas été contesté. Enfin, on ajoutera que des protestations que des réserves peuvent sauver l'intérêt de tous les ordres; que c'est au roi seul à prononcer sur ces protestations et sur ces réserves; mais que l'assemblée n'a pas le droit de se dissoudre, sans manquer à l'obéissance qu'elle doit à l'autorité légitime qui l'a convoquée..

Je ne chercherai point à répondre à toutes ces objections, qui entraîneroient des débats interminables.

Mais je voudrois que l'on me dît, si un pouvoir provisoire n'est pas réellement un pouvoir absurde, l'orsqu'il s'agit d'accorder des impôts au nom d'une nation ? Où en serions-nous, si les parlemens, qui votoient les impôts depuis des siècles, avoient cru pouvoir continuer provisoirement cette fonction illégale ? Où en serions-nous, s'ils n'avoient pas eu le courage de dénoncer leur incompétence à la nation elle-même, seule dépositaire de tous les droits et de tous les pouvoirs. Eh! Quoi! ce que la nation, ce que l'Europe entière a loué dans la conduite. des parlemens, ne seroit-il illégal que pour nous seuls?

Je voudrois que l'on me dît, si un état provisoire est véritablement légal dans l'instant où il s'agit de l'état définitif de la nation, de sa crise de vie ou de mort ?

Je voudrois que l'on me dît, puisque les succès de la raison dans les états-généraux ne peuvent dépendre que de la représentation parfaite de la nation; si nous pouvions sans danger, je dirois presque sans crime, sacri

fier

fier les droits d'une province entière, et compromettre la légalité même des états-généraux, pour conserver, nous personnellement, une représentation provisoire que l'on nous dispute?

Je voudrois que l'on me dît, s'il est bien vrai que ce soit au roi seul à former la constitution de la nation provençale; si ce n'est point à une nation, et surtout à celle qui s'est donnée en corps d'état, à corriger ses loix, puisqu'elle se les est primitivement den nées elle-même ? Le principe est-il faux pour nous? il le seroit pour la France entière: et dès-lors, ou la tenue des états-généraux seroit inutile, ou leur convocation ne seroit que le simulacre d'un vain pouvoir.

Et pourquoi la nation provençale, qui d'ailleurs a sur tant de points une constitution trèslibre, ne pourroit-elle pas corriger les abus qui la déparent. Seroit ce défaut de pouvoir dans une nation qui a placé sur le trône ses anciens rois? seroit-ce défaut de pouvoir dans une nation, qui, plus récemment prise pour arbitre suprême entre ceux qui se disputoient le droit de la gouverner, a placé librement la couronne sur la tête du compétiteur qu'elle a voulu choisir ? Qu'on ne cite plus Tome I.

C

ce testament, qui léguoit des hommes comme un héritage. Je ne vois le titre de notre union à la couronne de France, que dans l'élection libre, faite par un peuple qui a usé de ses droits. La liberté de peu de nations repose sur un aussi beau monument.

Je voudrois encore que l'on me dît s'il est vrai que des protestations et des réserves puissent réellement conserver l'intérêt de toutes les parties? Ce principe, exact peutêtre pour des intérêts privés et entre de simples particuliers, seroit certainement faux, lorqu'il s'agit de la chose publique. Une nation ne se réserve point ses droits contre ses membres; elle les exerce, ou elle est esclave. Nous connoissons tous, d'ailleurs, le mortel abus de ces protestations éternelles qui se répètent d'âge en âge, de siècle en siècle, et perpétuent également et les réserves et les abus. Est-on plus libre en ef, parce qu'on a protesté du droit de l'être.

fet

Enfin, je voudrois que, l'on me dît s'il n'est pas tems que nous sortions de ce gouffre de difficultés où notre formation nous entraîne, qui favorisent peut-être l'intérêt personnel, mais qui s'opposent à tout bien public? Si

notre état n'est que provisoire, pourquoi lais ser à d'autres tems, à d'autres hommes, la gloire d'établir l'état permanent ?

Est-il bien vrai d'ailleurs que nos états actuels, tels qu'ils sont formés, ressemblent parfaitement à ceux qui, dans d'autres tems, ont paru constitutionnels? C'est sous ce rapport sur-tout, messieurs, que mes objections sont invincibles.

Dans les autres termes d'états, nulle réclamation ne se faisoit entendre. Les députés des communes n'avoient que les pouvoirs ordinaires; et la foi publique couvroit, du moins de son voile, les prétendus représentans de la nation.

Mais ces tems ne sont plus. Dans les deux premiers ordres, une grande partie du clergé, et la noblesse qui n'a point de fiefs, demandent d'entrer aux états. On diroit vainement que ce n'est là qu'une prétention; je dis, moi, que c'est un droit; et que ce droit tenant à une question de représentation nationale, est d'une si haute importance, que seul, il compromettroit la légalité de l'assemblée.

Si nous considérons la députation des com

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