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courage d'observer que les mandats illimités à certains égards, défendoient expressément de consentir aucun emprunt, ou aucun impôt, avant l'achèvement de la constitution.

M. de Lally parla en faveur de l'emprunt; et conclut à ce que le projet en fût examiné par le comité des finances.

M. de Blacon proposa de consentir et d'as signer pour gage les biens du Clergé.

M. MIRABEau.

« J'avoue que je suis pressé entre la nécessité d'un emprunt, et la lettre impérieuse des mandats. La première idée qui se présente à moi, c'est de donner l'exemple des contributions patriotiques et volontaires. Offrons notre crédit individuel; voilà ce que nous devons à nous même et à la chose publique : s'il faut quelque chose de plus, adressons nous à nos commettans, demandons leur autorisation, pour subvenir au courant de mois en mois; sur-tout, faisons convoquer les assemblées provinciales, afin qu'elles pourvoyent aux moyens de rétablir les perceptions et de rendre aux provinces la tranquillité. Au reste, ce que je dis ici, n'est peut-être pas ce que je proposerois, si j'avois le tems de réfléchir, du moins je ne l'assure pas: mais je conclus

de la situation dans laquelle je me trouve, que la délibération doit-être ajournée à demain, pour que chacun de nous puisse méditer, examiner.

L'ajournement fut prononcé.

Séance du 8.

La discussion sur l'emprunt, fut ouverte par le comité des finances, qui le consentoit. M. Buzet voulut la constitution avant l'emprunt.

M. MIRABEAU.

MESSIEURS,

«En chargeant le comité des finances de nous porter un préavis sur la demande que nous font les ministres, d'autoriser le roi à un emprunt de trente millions, vous avez voulu laisser à chacun des membres de cette assemblée, le tems de la réflexion; car nul travail actuel sur l'état des finances ne pourroit servir à diriger notre détermination. Il n'entre dans l'esprit de personne que le trésor puisse se passer de secours, et ce n'est pas un emprunt de trente millions qui empirera le rapport de nos finances avec les ressources nationales.

« Nous devons nous diriger par de plus hautes considérations. Il faut sans doute pourvoir au courant. Telle est même la nature des malheurs qui multiplient nos embaras, que nous

courions le risque de les aggraver, si une rigidité de principes que rien ne tempéroit, nous laissoit indifférens pour des besoins ou des égards dont il est impossible de se dissimuler l'importance.

«Mais n'est-il aucun moyen de conserver cette rigidité, et de répondre cependant à l'attente du ministère ? si ce moyen existe, le patriotisme, la saine politique, et, s'il faut parler clairement, les ménagemens infinis avec les¬ quels nous devons user de la confiance de nos commettans, ne nous font-ils pas la loi de nous servir de ce moyen?

» Avant de vous le proposer, qu'il me soit permis, messieurs, d'exprimer une réflexion que m'arrache le sentiment de la grandeur de nos devoirs,

» Elle ne peut plus exister dans l'ordre nouveau qui va régir l'empire, cette prompte obéissance que notre sensibilité savoit transformer en témoignage d'amour pour la personne du monarque que nous représentoient ses ministres. Aucun d'eux ne doit désormais rien attendre que des volontés libres de la nation; et un examen réfléchi peut seul leur imprimer ce caractère. En nous tenant en garde contre les résolutions précipitées, nous éloignerons de l'esprit des ministres toute tentative qui

«Mais puisque nous préssentons ce résultat de notre position, ne vaudroit-il pas mieux respecter scrupuleusement la sage politique de nos commettans, et faire servir dans cette circonstance notre propre responsabilité, comme médiatrice entre l'inflexibilité avec laquelle la nation doit se maintenir dans la position qu'elle a prise relativement à l'impôt, et la nécessité de pourvoir à des besoins qu'il seroit trop dangereux de négliger?

Songez, messieur, à l'état actuel des esprits. Une défiance excessive et sourde à tous les raisonnemens, est toujours prête à dicter les résolutions les plus étranges: faut-il nous exposer à lui donner contre nous l'ombre d'un prétexte? ceux qui nous ont menacés de Paris nous demandant compte d'avoir refusé l'emprunt, croient-ils que les provinces aient renoncé au droit de nous dire: pourquoi l'avezvous accordé ? Pour moi, je frémis de ce danger, et ne pensant pas qu'il puisse jamais nous convenir de résister à une défiance même injuste; je crois que nous devons nous résoudre à tous les sacrifices personnels qui seront en notre pouvoir, plutôt que de nous écarter de la lettre de nos mandats sur l'objet des subsides.

« Je n'hésite donc pas à vous proposer que l'emprunt de trente millions actuellement né

ver dans ses propres ressources les moyens d'attendre cette autorisation; »

<< Ou nous devons la regarder comme trèsdouteuse, et alors nous prononçons nousmêmes l'impossibilité d'accorder l'autorisation qui nous est demandée. »

<< Dira-t-on qu'en supposant possible le refus de l'autorisation si nous la demandions, nous n'avons pas à craindre le désavou du consentement que nous donnerons pour la nation à l'emprunt, sans la consulter, parce qu'au défaut des égards auxquels nous avons droit de prétendre, les circonstances impérieuses que nos commettans n'ont pas pu prévoir, justifieroient assez notre conduite, et d'autant mieux qu'un emprunt de trente millions est trop peu considérable pour diminuer la force des choses qui rend à la nation sa liberté, ou pour aggra ver le poids de la dette? »

« J'admettrai cette réponse, messieurs. Eh bien qu'en résulte-t-il? que nous n'osons pas nous fier à la certitude de l'autorisation que la rigueur de notre devoir nous oblige à demander à nos commettans en tout état de cause, et que nous nous prévalons pour autoriser l'emprunt, d'un consentement, que par décence, la nation ne poura pas refuser, une fois que nous l'aurons donné. »

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