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la vérité, nous nous en regardons comme les possesseurs inamovibles; où nous autorisons, par notre irréflexion, cette idée trop répandue, que, nés pour marcher à la tête des armées, nous ne pouvons rien valoir hors de là, ce qui nous empêcheroit, tôt ou tard, non-seulement de présider, mais d'assister aux conseils politiques; où enfin nòus compromettons, pour des intérêts pécuniaires, dont nous recevrions mille dédommagemens avantageux, cet honneur auquel notre ordre doit son origine, et sans lequel il ne peut qu'insensiblement déchoir, et enfin, périr tout entier.

(Cette opinion fut rejetée par la pluralité de 46 voix contre 28.)

Sur la réclamation des nobles non possédans

MESSIEURS,

fiefs.

Du 23 janvier 1789.

UN des vices du corps social, qui appelle le plus l'attention d'une nation, soit qu'elle aspire à se constituer, soit qu'elle se pré

fende constituée, c'est l'existence d'une classe d'hommes dont les droits sont impossibles à déterminer. Tels seroient des individus qui, ne pouvant défendre, ni par eux-mêmes, ni par quelques autres de leur choix, leur liberté, leurs propriétés, leurs intérêts quelconques dans les assemblées nationales, se trouveroient, en quelque sorte, en état de guerre avec la société; parce qu'ils seroient les seuls à ne point obtenir ce que la société, ce que la constitution accordent à tous les autres.

Les nobles non possédans-fiefs, sur les réclamations desquels nous avons à délibérer, forment une grande partie de la noblesse provençale; et ils ne jouissent, ni des droits du tiers-état, ni des prérogatives les plus importantes de la noblesse. Exclus des assemblées de leur ordre, par je ne sais quelle fiction de nos réglemens, ils ne tiennent au tiers-état par leur fortune que pour être appauvris. Exclus du tiers-état par leurs propres prétentions, ou par la défiance naturelle du peuple, leur influence y sera nulle. Ils ne pourront être dans aucun ordre, ni électeurs, ni éligibles, ni représentans, ni représentés..

Cependant ce sont des citoyens, des citoyens notables; et même il se trouve parmi eux des hommes, dont les noms célèbres dans l'histoire brillent encore de l'éclat lę plus pur. La plupart sont nos amis; tous sont nos parens. Si vous mettez à part les contributions, tous les liens du sang et de l'affection, tous les rapports d'ordre et d'état, nous unissent à eux. Quelle barrière s'élève done entre nous! Quel motif si puissant nous enchaîne à cette existence ambiguë que nous voulons conserver, et que nous ne saurions définir. Les simples gentilshommes se présentent-ils aux états? on leur répond qu'ils ne peuvent être dans le corps des possédansfiefs. Les possedans-fiefs non gentilshommes. demandent-ils séance parmi nous ? on leur propose qu'ils ne sauroient être admis dans l'ordre de la noblesse.

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Quel est donc ce corps unique dans l'Europe, ainsi que l'a dit un de vos écrivains, qui n'est, ni la noblesse, ni les possédansfjefs, qui veut être l'un et l'autre à la fois. et qui exclut en même tems certains gen tilshommes et certains possédans-fiefs?

J'ose vous demander, messieurs, quels intérêts nous avons à ce qu'une constitution si

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bisarre subsiste? Car enfin ce mot usage, pour lequel on exige ici tant de respect; ce mot réglement, qu'on oppose si souvent à la raison, comme son implacable ennemi, doivent reposer sur un intérêt constant et démontré. S'il en est autrement, renonçons à l'usage, réformons le réglement, ou convenons que nous prenons des mots pour des idées, et que la raison humaine fait, relativement à nous, de vains progrès.

".

Que gagnerons-nous donc à l'exclusion des nobles non possédans - fiefs? quelqu'argent, peut-être ? Et ne faudra-t-il pas le céder incessamment de gré ou de force?

Mais si nous considérons l'intérêt des prérogatives d'honneur et de pouvoir qui lient notre ordre à la constitution de l'Etat, en l'intéressant à la conservation du gouvernement, pourquoi nous privons-nous d'amis et de frères d'armes, dotés des mêmes prérogatives que nous ?

Si nous considérons l'intérêt même du fief, pourquoi exclure de nos assemblées des hommes à qui la loi donne un intérêt à la conservation des fiefs, puisqu'ils peuvent les acquérir sans payer la finance que l'on exige des mem

bres du troisième ordre ? Il importe aux nobles non possédans-fiefs de conserver cette prérogative; il n'est pas juste même dans nos systêmes de leur en ôter la surveillance, et puisqu'ils ont le droit de la partager avec nous, il seroit injuste de la leur ravir.

Si nous considérons l'intérêt de notre postérité, la constitution contre laquelle on réclame, nous est évidemment défavorable. Supposez en effet, et l'expérience du passé prouve que la supposition n'est pas très - exagérée, supposez que des négocians ou des financiers millionnaires accumulent sur leur tête une grande partie des fiefs de la province, cette partie des fiefs resteroit sans surveillans, puisque les possesseurs n'auroient point les cent ans de noblesse exigés.

Voulez-vous appercevoir à l'instant l'erreur du principe? Conduisons-le à ses derniers résultats: supposez que tous les fiefs passent dans les mains des roturiers, il ne faudroit plus admettre alors dans nos états, pour être conséquens, que le clergé et les communes; et cette province seroit ainsi la seule du royaume où la noblesse, d'après nos prétentions, n'auroit aucune part à l'administration de la chose publique. Pour apprécier avec justesse ce qui

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