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enregistrer de force dans ce qu'on appelait un lit de justice,

Les hommes des classes inférieures de la société n'étaient guère considérés que comme des instruments de travail, dont l'emploi était de nourrir tous les autres, ou de les défendre en qualité de soldats, s'ils étaient attaqués.

Le gouvernement, c'est-à-dire la cour et les ministres, soutenus par une armée composée, en grande partie, de Suisses et d'Allemands, planaient au-dessus de toutes les autres classes: faire percevoir les impôts, se les partager et les consommer, étaient leurs principaux emplois. Les agents subalternes ne rendaient compte de l'exercice de leurs fonctions qu'aux ministres; les ministres ne rendaient compte qu'au roi ou à ses favoris, lesquels, prétendant n'avoir de compte à rendre qu'à Dieu, ne rendaient réellement compte à personne. Les hommes des classes laborieuses, ceux qui formaient la masse de la population, travaillaient et payaient; mais les courtisans et les ministres étaient plus habiles à consommer que le peuple à produire. Il arriva donc que le gouvernement éprouva un déficit, c'est-à-dire qu'après avoir consommé tout ce que la population avait le moyen

de payer, la cour éprouva le besoin de consommer davantage. La classe laborieuse étant épuisée, la cour exposa ses besoins aux notables, c'està-dire à des princes, à des grands seigneurs, à des dignitaires ecclésiastiques et à quelques autres personnages, plus habiles, pour la plupart, à vider le trésor qu'à le remplir; cette assemblée donna des conseils et garda ses richesses; on eut recours alors aux parlements pour leur faire enregistrer de nouveaux édits; ils refusèrent. On les exila, puis on les rappela pour les exiler et les rappeler encore. Enfin, fatigué de résistance et d'exils, le parlement de Paris se déclara incompétent; il proclama qu'aux états-généraux seuls appartenait l'autorité d'établir des impôts. Les étatsgénéraux furent donc convoqués. Ils ne l'avaient pas été depuis 1614.

La ville de Paris n'était pas plus favorisée que les autres villes de France. Son premier magistrat était le prévôt des marchands, nommé par la cour; les échevins qui partageaient avec lui l'autorité municipale, étaient aussi nommés par la cour ou se recrutaient eux-mêmes. La police et la force armée chargées de veiller à l'ordre public recevaient leurs pouvoirs de la même source. Enfin, la population n'avait aucun moyen de se protéger

ni contre des malfaiteurs en cas de trouble, ni contre le despotisme militaire en cas d'oppression. Non-seulement elle était dépouillée de toute au

torité

pour veiller à sa propre sûreté, mais elle était entièrement dépourvue d'armes.

La retraite d'un ministre qui avait dilapidé les finances et qui avait été comblé de faveurs en se retirant, venait de prouver l'impuissance dans laquelle se trouvaient les habitants de Paris, soit de veiller au maintien de la tranquillité publique, soit de s'opposer aux cruautés du pouvoir militaire. Des jeunes gens du barreau avaient brûlé l'effigie de ce ministre auprès de la statue de Henri IV. Le lendemain, la même cérémonie ayant été continuée, un officier à la tête de vingt cavaliers et de cinquante fantassins avait chargé le public plusieurs personnes avaient été blessées et quelques-unes tuées. La foule, dans un mouvement d'indignation, s'était précipitée sur la troupe, l'avait mise en fuite et s'était emparée des armes de quelques corps-de-garde. Le soir, un rassemblement s'étant formé sur la place de Grève, la troupe avait tiré sur lui dans l'obscurité, et les hommes blessés mortellement avaient été jetés dans la Seine.

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Ces violences avaient irrité la population plus

qu'elles ne l'avaient effrayée. Des jeunes gens s'étant portés en foule dans la rue Saint-Dominique, où demeurait le ministre de Brienne, et dans la rue Meslée, où demeurait le commandant du guet, ils avaient été investis par des troupes qui arrivaient par les deux bouts des rues en même temps. Les soldats avaient chargé à coups de baïonnettes, et sans distinction, une multitude désarmée qui ne pouvait fuir, et qui, loin d'attaquer ou de se défendre, levait les mains au ciel et demandait grace avec des cris déchirants. La population parisienne avait été aussi impuissante pour prévenir que pour arrêter cette boucherie; et le succès de ces violences avait inspiré aux ministres et à la cour une entière sécurité. Ayant fait l'expérience que les soldats tiraient sur un peuple désarmé ou le chargeaient à la baïonnette, on ne mettait pas en doute qu'on ne fût toujours maître de lui.

Il n'existait en France aucune loi qui déterminât ni le nombre des députés dont les états généraux devaient se composer, ni les qualités requises pour être électeur, ni la manière dont on devait procéder aux élections: tout fut donc réglé par des ordonnances. On admit la division de la po

pulation en trois ordres : celui du clergé, celui de la noblesse et celui du tiers-état. On n'établit pour la noblesse qu'un seul degré d'élection; mais pour le tiers-état on en admit deux. Pour être électeur au premier degré, on n'exigea que d'être Français ou naturalisé, d'être âgé de vingt-cinq ans au moins, d'être domicilié et porté sur le rôle des impositions. Les corporations d'arts et métiers, celles d'arts libéraux, de négociants, armateurs et autres, furent autorisées à nommer un nombre d'électeurs proportionné à leur importance. Le nombre des électeurs de chaque bailliage, chargés de choisir les députés aux états généraux, devait être composé en raison de la population et des richesses. Il ne pouvait cependant excéder deux cents, sauf à Paris, où il pouvait être porté à trois

cents.

La ville de Paris fut divisée en soixante arrondissements ou districts, dans chacun desquels les habitants devaient choisir leurs électeurs. Ils furent convoqués pour le 21 avril 1789, et présidés par un des officiers du corps municipal délégué à cet effet par le prévôt des marchands. Le président fut obligé de s'adjoindre quatre bourgeois notables, domiciliés depuis plusieurs

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