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DE

LA GARDE NATIONALE

DE PARIS.

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PREMIÈRE ÉPOQUE.

Ancien état de la France. - Causes de la révolution

litaires.

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- Violences mi

Leur résistance.

Menaces de les dissoudre. -- Appel à la force armée. — Craintes des habitants de Paris. -Demandes de l'établissement des gardes bourgeoises. Insurrection. Organisation civile et militaire. Prise de la Bastille. - Nomination populaire d'un commandantgénéral de la garde bourgeoise.

Les grandes révolutions qui se manifestent parmi les peuples ne sont pas les produits de quelques volontés particulières; elles sont des résultats d'une multitude de causes qui ont agi pendant des siècles. Les hommes qui apparaissent à ces époques, et qui semblent exercer une influence immense par leurs vertus ou par leurs vices, ne sont eux-mêmes que les produits des circonstan

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ces au milieu desquelles ils se sont formés. S'en prendre exclusivement à eux des événements qui arrivent, et s'irriter contre la puissance qu'ils exercent, est aussi vain que puérile. Quand une révolution est devenue inévitable, il faut l'accepter et s'y soumettre, si l'on ne veut pas être brisé par elle; les obstacles qu'on lui oppose ne servent guère qu'à én accroître la violence.

En traçant l'histoire d'une de nos plus grandes institutions, je ne veux donc ni en exposer les causes premières, ni en faire l'apologie ou la critique; je me propose simplement de faire connaître les circonstances au milieu desquelles elle est née, la manière dont elle s'est développée, les divers effets qu'elle a produits, les dégradations qu'elle a subies et les causes immédiates qui ont amené ces dégradations. On a dit du pouvoir despotique, qu'il se prend et ne se donne pas; c'est une observation qu'on peut faire sur tous les pouvoirs, même surceux qui servent de fondement à la liberté.

En 1788, il n'existait d'autorité populaire dans presqu'aucune des parties de la France. La population était divisée en plusieurs castes, qui étaient elles-mêmes subdivisées en fractions. La noblesse

se divisait en nobles de cour et en nobles de province; mais les uns ni les autres n'avaient d'autre influence dans les affaires publiques, que celle qui pouvait résulter des talents personnels, et surtout de l'intrigue. S'ils avaient le monopole de la plupart des emplois publics, c'était moins par un effet de la puissance de leur caste, que par suite d'un vieil usage et des goûts du maître auquel ils étaient soumis.

par

Le clergé, puissant par les craintes et par les espérances qu'il faisait naître, par les richesses immenses que ces deux mobiles lui avaient acquises, l'effet de vieilles habitudes, et par la protection qu'il recevait du pouvoir en retour de l'appui qu'il lui prêtait par ses doctrines, n'avait lui-même aucune organisation. Il était divisé en deux grandes classes: l'une, composée d'hommes appartenant à la noblesse, jouissait des premières dignités de l'Église, de la plus grande partie des richesses et des faveurs de la cour; l'autre, composée d'hom mes sortis des classes moyennes, vivait dans la médiocrité et remplissait presque exclusivement les fonctions du sacerdoce. Les mœurs d'un grand nombre de membres du haut clergé, et la diffusion des écrits philosophiques, avaient beaucoup

affaibli l'influence des croyances religieuses dans la partie éclairée de la population, et particulièrement dans les hautes classes de la société. Il était alors de bon ton, parmi la grande noblesse, de paraître incrédule, comme aujourd'hui de se montrer dévot.

La classe moyenne, assez éclairée pour voir les vices de l'état social qui existait, et pour sentir le besoin de quelques garanties, était disposée à recevoir les institutions qui lui seraient présentées par des amis de la liberté; mais elle n'avait pas assez de lumières pour savoir l'organisation qui convenait le mieux à ses intérêts ou à ses besoins. En renonçant à certains dogmes théologiques, elle avait adopté quelques dogmes philosophiques ou politiques, qui n'étaient pas beaucoup plus intelligibles pour elle; elle avait surtout une admiration aveugle pour les peuples de l'ancienne Grèce et de l'ancienne Rome. Les hommes de cette classe étaient exclus de presque tous les emplois publics, et s'il arrivait à quelqu'un d'y parvenir, il était flétri du nom de parvenu ou d'officier de fortune. C'était à eux qu'étaient dévolues les professions privées que la noblesse dédaignait, et que les classes inférieures ne pouvaient que difficile

ment atteindre. Les individus par lesquels ces professions étaient exercées étaient divisés en corporations ou confréries, et soumis à des chefs au moyen desquels le gouvernement les dominait

tous.

Les cours judiciaires, qu'on désignait sous le nom de parlements, se composaient d'hommes qui avaient acheté leurs fonctions à prix d'argent, et qui les considéraient en conséquence comme leur propriété. Cette circonstance et la transmission qui se fesait souvent de père en fils des fonctions judiciaires, donnaient aux magistrats une certaine indépendance. Ils se considéraient comme formant une noblesse particulière; l'habitude de se réunir et de délibérer en commun, jointe à l'influence que donne partout le pouvoir de disposer de la fortune et de la vie des citoyens, les rendaient quelquefois redoutables au gouvernement. Chargés de faire l'application des lois et des ordonnances, ils s'étaient attribué l'autorité de décider quels étaient les actes du gouvernement qui devaient avoir force de loi. Ils ne reconnaissaient la puissance légale aux actes émanés de l'autorité royale que lorsqu'ils les avaient enregistrés : il est vrai que quelquefois le roi allait lui-même les faire

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