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ont fait courir à leurs amis ou à leurs familles. Ils peuvent pardonner sincèrement, pourvu qu'on ne les menace pas de nouveau; mais s'ils ont quelques raisons de croire qu'ils vont être exposés aux mêmes périls, ils sont très-disposés à se montrer terribles. Ils y sont portés et par les sentiments de vengeance qui se rallument, et par la terreur que leur inspirent les dangers qu'ils ont courus et auxquels ils ne veulent plus s'exposer. Nous ne devons donc pas être surpris și nous trouvons quelques hommes soupçonneux et prompts à frapper les individus qu'ils considèrent comme leurs ennemis, et si les chefs de la milice sont obligés de mettre un frein à des vengeances populaires (1).

On aurait quelque peine à s'expliquer les événements qui vont suivre la prise de la Bastille, si on ne se faisait pas des idées exactes de l'état dans lequel se trouva la population de Paris, à

(1) Le lendemain de la prise de la Bastille, M. de La Fayette rencontre une foule immense qui se précipite avec impétuosité vers le carrefour Bétizy; il demande ce que c'est : « Ce n'est rien, lui dit-on, c'est un abbé qu'on va pendre. » Il sauva l'abbé, qui s'appelait Cordier et qu'on prenait pour un abbé Roy, accusé d'intelligence avec la cour pour faire massacrer les citoyens. Beaucoup de personnes étaient arrêtées par suite d'erreurs de cette espèce.

compter du moment où elle s'insurgea pour veiller elle-même à sa propre conservation, jusqu'au moment où elle fut organisée : qu'on se figure, dit un écrivain contemporain, la population immense de la ville et des villages environnants, dans la première chaleur qu'augmentaient les intrigues des divers partis, armée de tout ce qui s'était rencontré sous sa main, accrue de six mille soldats patriotes qui avaient quitté les drapeaux de l'armée royaliste pour se réunir aux citoyens de la capitale, de quatre à cinq cents gardes-suisses, et six bataillons de gardes-françaises, sans officiers; la ville et les alentours destitués à dessein de provisions et de moyens de s'en de s'en procurer; toute l'autorité, toutes les ressources de l'ancien gouvernement détruites; les tribunaux, les magistrats, les agents de l'ancien régime, haïs, soupçonnés et presque tous malveillants; la grande majorité des ecclésiastiques contraire à la révo> lution; les instruments de l'ancienne police excités et intéressés à tout confondre pour rétablir leur despotisme et leurs places; les aristocrates poussant au désordre pour se venger et pour se rendre nécessaires; les orléanistes y poussant de leur côté avec plus de fureur encore pour détruire tout ce

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qui s'opposait à leurs projets; tous ayant à leur disposition et remuant à leur gré plus de trente mille étrangers ou gens sans aveu qui attendaient le signal du pillage, et l'on aura une faible idée du spectacle que Paris présentait ; et pour diriger tous les éléments confus et agités, pour les animer à la liberté, et en même temps les contenir dans ces bornes de l'ordre public, il n'y avait encore ni organisation civile, ni organisation militaire, ni instruction préparatoire qui pût guider ce peuple que le despotisme s'était plu à corrompre; il n'y avait ni lois nationales, formes juridiques indiquées pour les procédures. Le maintien de la chose publique n'était appuyé que sur une foule armée et délibérante dans chacun des soixante districts et à l'Hôtel-de-Ville; que sur des électeurs qui, sans autre droit que le patriotisme, avaient heureusement saisi les rênes de l'administration; que sur des chefs chargés comme eux par acclamation de veiller à tout, dont la personne était aimée, respectée, quoique leur visage fût inconnu à l'immense majorité de cette multitude dont la totalité n'obeissait que par confiance (1).

(1) J'ai pris cette description dans des mémoires inédits

Les milices parisiennes encore inorganisées, après s'être rendues maîtresses de la Bastille, en avaient pris possession au nom de la ville de Paris. Mais convenait-il de garder cette place qui avait si long-temps servi de prison d'État, ou fallait-il la détruire? Cette question fut agitée le 16 juillet par le comité permanent des électeurs, en présence de plusieurs députés de l'assemblée nationale et de M. de La Fayette, commandant général de la milice parisienne. Il fut résolu à l'unanimité que cette forteresse serait démolie jusque dans ses fondements. Mais au moment de la signature de l'arrêté, on se demande s'il convenait de le faire signer par M. de La Fayette. Il fut décidé que l'autorité du commandant général des milices se bornait à faire exécuter les ordres de l'autorité civile, et qu'en conséquence il ne devait que faire exécuter l'ordre de démolition. Cet ordre fut proclamé par les trompettes dans tous les carrefours de Paris, au nom du commandant général et en présence des députés de plusieurs districts.

Dans la même séance M. de La Fayette exposa

qu'un des membres les plus distingués de l'assemblée constituante a laissés en mourant, et qu'on a bien voulu me communiquer.

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qu'il était urgent d'organiser la milice parisienne et de la soumettre à un réglement stable et régulier; que cette réunion de citoyens armés déjà célèbres par leur courage, si elle restait sans ordre et sans discipline, guidée par la seule impression du moment, serait exposée à perdre le fruit de ses efforts par la confusion de ses mouvements, et qu'elle pourrait même sans le vouloir renfermer dans son sein des semences de trouble et de division.

Il ajouta que toutes les communes de France se proposeraient probablement, à l'exemple de Paris, de confier leur défense intérieure à un corps de citoyens armés, et qu'il désirait que la ville de Paris donnât la première le titre qui convenait à ces troupes citoyennes, armées pour la défense de la constitution nationale; que le titre le plus convenable lui paraissait être GARDE NATIONALE, en y joignant le nom de chaque ville à laquelle la garde serait attachée, et par exemple pour Paris, GARDE NATIONALE DE PARIS; enfin, que l'organisation de ce corps militaire, qui serait nommé Garde nationale de Paris, ne lui semblait légale et possible que sur un plan qui serait étudié et concerté avec lui, par les députés de tous

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