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polaire, au point que son identification constitue pratiquement tout le problème de l'origine de ce phénomène lumineux. L. Végard écarte l'hypothèse d'un gaz inconnu, déjà dénommé géocoronium, et à l'illumination duquel, dans les couches supérieures de l'atmosphère, serait dû le phénomène. Il s'agit, pour lui, du rayonnement, sous le bombardement cathodique émané du Soleil, de l'azote qui, en un état physique dont l'étude spectroscopique n'aurait pas encore été faite, serait au moins prépondérant dans les couches supérieures de l'atmosphère.

Le bord inférieur de l'aurore boréale se trouve à l'altitude d'environ 90 km, et c'est vers 120 km de hauteur que le phénomène se manifeste avec le plus d'intensité. Les teneurs en azote, hydrogène et hélium y varieraient comme l'ont calculé Jeans et la plupart des auteurs si les molécules gazeuses n'étaient soumises qu'à la force de pesanteur. Mais il y a lieu de tenir compte aussi d'une force électrique dont l'origine est la suivante.

Les rayons cathodiques, rayons X et rayons y, émanés du Soleil, atteignent les couches supérieures de l'atmosphère, arrachent des électrons aux molécules qu'ils rencontrent, ionisent ces molécules. Les électrons libérés sont animés de vitesses si grandes qu'ils s'échappent de l'atmosphère, pour ne plus y retomber; celle-ci se charge positivement, et le potentiel des couches supérieures atteint une valeur d'équilibre, eu égard à la charge négative de la Terre. Dans cet équilibre électrique, les couches inférieures de l'atmosphère sont, comme la Terre, chargées négativement, et leur potentiel diminue jusqu'à une couche à l'état neutre, au delà de laquelle s'étagent les couches chargées positivement, et dont le potentiel croît avec l'altitude. En dessous de cette couche, les molécules gazeuses sont soumises à une force électrique qui s'associe à la pesanteur pour les porter vers la Terre, comme si leur poids était augmenté; au-dessus de cette couche, elles sont soumises à une force électrique qui s'oppose à la pesanteur et tend à les porter vers les confins de l'atmosphère, comme si leur poids était diminué.

Tout grossier qu'il puisse être, le calcul montre que la variation de potentiel fait naître une force électrique suffisante à vaincre la pesanteur et à dissiper toute l'atmosphère

au delà d'une centaine de kilomètres de hauteur. Mais l'aurore boréale se forme au delà de cette hauteur, les météores s'y illuminent, l'atmosphère y existe encore, et il faut, à cette conclusion, trouver un adoucissement.

Ces phénomènes appartiennent à l'atmosphère isothermique, où la température est très basse Jeans admettait -54°. Cette basse température n'affecte pas l'hydrogène et l'hélium, dont les températures critiques lui sont trop inférieures,et rien n'a pu empêcher les molécules de ces deux gaz de céder à la force électrique prépondérante pour se dissiper définitivement en dehors de l'atmosphère. Au contraire, cette température est assez basse pour que, dans toute l'épaisseur de l'atmosphère isothermique, l'azote ait subi comme un commencement de condensation, et que ses molécules se soient groupées en gouttelettes ou en poussières cristallines. Il suffit qu'une pareille poussière renferme cent millions de molécules pour que la pesanteur, l'emportant nettement sur la force électrique, retienne l'azote dans l'atmosphère. D'où l'hypothèse d'une atmosphère uniquement constituée, à partir d'environ 90 km, d'azote dans l'état physique qui vient d'être décrit.

Depuis l'énoncé de cette hypothèse, L. Végard a constaté, en effet, au laboratoire (encore que ses résultats soient violemment contestés par plusieurs physiciens), que le bombardement cathodique de l'azote solide émet une raie dont la longueur d'onde est celle de la raie verte de l'aurore boréale (1). De plus, cette hypothèse lui permet d'expliquer les changements de coloration fréquents dans l'aurore boréale, et d'indiquer pourquoi, dans sa partie inférieure, ce phénomène présente généralement une coloration qui passe du jaune-vert au rouge.

La couche atmosphérique de poussières cristallines d'azote a, par les rayons cathodiques, une cause qui se trouve dans le Soleil, et son épaisseur doit être maximum dans le voisinage de l'équateur. L'observation des aurores polaires confirme cette prévision leur bord supérieur est d'autant plus élevé que la distance au pôle est plus grande. Mais la

(1) Sur ces expériences et les discussions qu'elles ont provoquées, voir la Revue annuelle d'Astronomie pour 1924, citée plus haut.

couronne atmosphérique d'azote a dû aussi trouver son équilibre eu égard au champ magnétique terrestre, et il semble bien que son plan de symétrie doit être perpendiculaire à la ligne des pôles magnétiques (1). Il se peut, d'après Végard, que l'anneau de Saturne n'ait pas d'autre constitution, et il est facile de trouver, dans cette voie, de bonnes raisons pour lesquelles les autres planètes sont dépourvues d'un pareil anneau.

Il est naturel que l'auteur cherche, en d'autres phénomènes, aussi nombreux que possible, des confirmations de sa thèse. La lumière zodiacale et le gegenschein ne seraient pas autre chose que l'illumination de l'atmosphère de poussières d'azote par les rayons du Soleil. Le bleu du ciel serait dû à la dispersion de la lumière solaire sur ces particules cristallines. C'est sur ces particules que se réfléchiraient les ondes sonores et hertziennes, d'où les zones de silence décelées par l'observation. Enfin la scintillation des étoiles y trouverait aussi son explication: la densité de la zone de poussières cristallines est très faible, les distances mutuelles de celles-ci sont, moyennement, grandes, et le très mince pinceau des rayons lumineux qui, émanés d'une étoile, pénètrent dans l'œil par la pupille, est sensiblement affecté, d'une manière irrégulière, par les poussières qui le traversent; au contraire, les rayons émanés d'une planète, et que l'oeil reçoit, se trouvent à l'intérieur d'un cône dont la section, à hauteur des couches atmosphériques supérieures, est beaucoup plus considérable en chaque très petite durée, les poussières qui le traversent sont assez nombreuses pour ne les affaiblir que d'une manière uniforme. On reconnaîtra l'analogie de cette explication de la scintillation des étoiles et de l'interprétation du mouvement brownien.

M. ALLIAUME.

(1) Dans la discussion relative à la forme de l'atmosphère extérieure, il semble qu'il y aurait lieu de tenir compte de la rotation

de la Terre.

II

CAMILLE JORDAN (1838-1922) (1)

Marie-Emmanuel-Camille Jordan naquit à Lyon, dans le quartier de la Croix Rousse, le 5 janvier 1838, d'Alexandre Jordan et de Joséphine Puvis de Chavanne, sœur du célèbre peintre de ce nom. Il s'éteignit subitement et sans souffrances à Paris, le 21 janvier 1922.

Jordan était membre de notre Société scientifique de Bruxelles depuis 1880, c'est-à-dire, presque depuis sa fondation. Aussi la Rédaction de la REVUE, n'ayant pu lui consacrer jusqu'ici d'article nécrologique, se fait un pieux devoir d'au moins signaler à ses lecteurs la belle Notice sur la Vie et les Travaux de Camille Jordan, que M. Henri Lebesgue (1) a lue à la séance de l'Institut de France, tenue le 4 juin 1923. Cet éloge académique n'est pas, comme on pourrait le croire, l'érudite mais sèche analyse de l'œuvre d'un Géomètre éminent, faite par un émule plus jeune, qui promet dès maintenant de ne guère céder un jour à son modèle. L'orateur traite, au contraire, à certains moments le côté technique de son sujet presque par prétérition; en s'y arrêtant trop longuement, insinue-t-il, il eût craint de lasser l'attention d'un très savant auditoire, mais qui n'était pas exclusivement composé de mathématiciens. Avec raison, il croit bien faire en montrant dans l'illustre défunt, le professeur respecté, l'homme de caractère, et aussi - pourquoi ne pas employer ici le mot propre, un peu, très peu d'ailleurs, voilé dans la Notice? - le grand chrétien que fut Camille Jordan.

Petit-neveu de son glorieux homonyme qui fut Conseiller d'État sous Louis XVIII, je veux dire de ce fameux Camille Jordan si connu comme orateur parlementaire sous la Restauration, notre ancien confrère appartenait à une famille aisée, et même riche, dont plusieurs membres s'étaient

(1) Institut de France. Académie des Sciences. Notice sur la Vie et les Travaux de Camille Jordan (1838--1922), par M. Henri Lebesgue, Membre de l'Institut. Une brochure in-4° de 28 pages, avec un portrait de Camille Jordan, hors texte. Paris, Gauthier-Villars, 1923.

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mêlés activement à la politique. De la tradition de ses ancêtres, il avait hérité des convictions catholiques et des attaches conservatrices qui ne faiblirent jamais.

Nul n'ignore que Jordan fut Professeur à l'École Polytechnique et au Collège de France; que, de plus, en 1884, il succéda à Résal comme directeur du Journal de Liouville. Peut-être se rappelle-t-on moins qu'il accepta la chaire d'Analyse à l'Institut catholique de Paris, lors de la création de cet établissement, mais il ne la conserva qu'un an. Il y eut pour collègues dans l'enseignement, deux anciens membres de notre Société, Lemoine et de Lapparent, qui devaient un jour, comme Jordan, faire partie de l'Académie des Sciences.

La vie de Jordan s'écoula sans événements, presque tout entière calme et heureuse. La fin de sa carrière fut cependant assombrie par la mort de trois de ses fils et de l'aîné de ses petits-fils, qui tombèrent sur les champs de bataille de la grande guerre. Le coup fut terrible, mais ne l'abattit pas.

Père d'une très nombreuse famille, il suivait assidûment l'éducation de ses enfants, n'hésitant pas à jouer auprès d'eux le rôle de répétiteur, avec autant de doigté pour les lettres que pour les mathématiques. Même dans l'intimité du foyer domestique, il se montrait souvent absorbé et distrait. Epris néanmoins de la belle nature, il fut toujours grand voyageur, alpiniste intrépide, et jusque dans la plus extrême vieillesse marcheur infatigable.

Jordan aimait à s'effacer. Le Gouvernement de son Pays l'Étranger le remarque avec surprise semble lui en avoir su bon gré: sans se demander par exemple si un savant d'un pareil mérite n'eût pas encore plus rehaussé l'Ordre de la Légion d'Honneur, que cet Ordre n'eût apporté de considération au savant, le Ministère de l'Instruction publique l'oublia trente-deux ans dans le grade d'officiers, grade que Jordan avait d'ailleurs obtenu, comme celui de simple chevalier, en récompense de services étrangers à l'enseignement. Tout autre était cependant le jugement de ceux dont seule en cette matière l'appréciation compte au Congrès international des Mathématiciens, qui réunit, en 1920, à Strasbourg, l'élite des Géomètres de tous les Pays alliés, c'est à l'unanimité que l'assemblée acclama Jordan comme Président d'honneur.

H. B.

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