Sayfadaki görseller
PDF
ePub

sont voisines de celles du granite. C'est ce que voyait Eduard Suess sal tout en haut; sima dans la zone intermédiaire; nifé dans la région centrale; ces trois mots barbares rappelant les symboles des éléments prépondérants, Si et Al, Si et Mg, Ni et Fe. Sur tout cela, on est d'accord.

Mais quel est l'état physique qui règne dans les zones profondes et quelle est l'épaisseur des diverses zones ? On ne le sait pas, et ici commencent les discussions et s'échafaudent les hypothèses, hypothèses malheureusement invérifiables, discussions qui ne finiront jamais. Pour les uns, tout serait solide, à cause de la pression qui, devenue rapidement très supérieure à tout ce que nous pouvons réaliser dans nos laboratoires, s'opposerait à la fusion malgré l'élévation de la température; les réservoirs liquides où s'alimentent les volcans seraient des poches, isolées les unes des autres et de dimensions restreintes, correspondant chacune à une chute accidentelle et locale de la pression. Pour les autres, la lithosphère, autrement dit l'écorce, serait seule solide; sous elle, il y aurait une pyrosphère liquide, réservoir général des laves; et, sous la pyrosphère, une barysphère à un état inconnu, à une température inconnue, peut-être solide, peut-être gazeuse, mais faite d'un gaz effroyablement comprimé qui aurait, gràce à la pression, plus d'élasticité et de rigidité que l'acier. Pour les épaisseurs, on a tout récemment proposé ceci, qui est vraisemblable: 60 kilomètres de sal ou de lithosphère pierreuse dont la densité croîtrait de 2,7 à 3; 1540 kilomètres de roches silicatées magnésiennes (sima) dont la densité croîtrait de 3 à 4,5; 1400 kilomètres de sima très chargé de fer, de densité moyenne 6; enfin le reste, c'est-à-dire 3.300 kilomètres, formé de nifé, de densité moyenne 10.

Quant à la mobilité, on s'accorde en général à penser qu'elle est cantonnée dans la zone superficielle. Il n'y aurait, à bouger, que la région salique et le haut de la

région simique; les zones plus voisines du centre seraient immobiles. Ici intervient la notion de l'isostasie. A une profondeur encore mal connue qui, suivant toute vraisemblance, ne dépasserait pas de beaucoup 100 kilomètres, il y aurait une surface de discontinuité, à peu près sphérique, séparant deux domaines distincts. Dans le domaine profond, équilibre parfait, hydrostatique, comme dans une sphère liquide où la densité croîtrait régulièrement en sens inverse du rayon ; et, dès lors, aucun mouvement. Dans le domaine plus élevé, voisin de la surface même de la Terre, répartition irrégulière des densités, ainsi que le prouve la constatation des anomalies de la pesanteur; équilibre obtenu par une compensation, des masses trop légères venant se superposer à des masses trop denses; en un mot, équilibre isostatique. Vienne une cause quelconque qui détruise l'exacte compensation antérieurement réalisée par exemple, l'abaissement du relief continental par l'érosion ou le comblement d'une fosse marine par la sédimentation, ou encore une fusion locale résultat d'un afflux momentané de chaleur, ou au contraire la cristallisation d'une région antérieurement fondue, l'équilibre tend aussitôt à se rétablir par des mouvements intérieurs, par des transports de matières plastiques dans l'épaisseur même de la lithosphère, en un mot, par le jeu de l'isostasie. Celle-ci, d'ailleurs, n'a pas besoin, pour jouer, que les masses internes soient liquides; il lui suffit qu'elles soient plastiques; et l'on sait que tous les solides deviennent plastiques sous des pressions suffisamment fortes. Mais la plasticité diminue rapidement quand on se rapproche de la surface; il est probable que, parfaite à 100 kilomètres de profondeur, elle n'est plus que très imparfaite à 20 kilomètres. Ainsi s'expliqueraient naturellement les tremblements de terre : ce sont des chocs dans l'intérieur de la lithosphère, chocs qui, tous, se produisent à une faible profondeur, en général inférieure à 20 kilomètres ; ils auraient pour

cause l'insuffisance de plasticité des zones superficielles et la résistance qu'elles opposent aux flux profonds qui les sollicitent.

Il y a un grand milliard d'années que ces choses durent : changements de la géographie; naissance et ruine des montagnes; secousses violentes ébranlant un point de la lithosphère et se transmettant aussitôt à toute la planète ; mouvements intérieurs isostatiques, toujours très peu profonds, tantôt lents comme ceux d'une houle paisible, tantôt rapides et tumultueux comme les vagues d'une mer furieuse; volcans s'allumant tout à coup comme des torches, vomissant des nuées ardentes et des laves, puis s'apaisant et s'éteignant pour des siècles.

Un grand milliard d'années ! Et rien de tout cela n'a porté atteinte au développement harmonieux de la biosphère. Les individus ont pu en pâtir; la collectivité a poursuivi sa marche en avant. La Terre nous apparaît de plus en plus comme un astre privilégié, où tout semble préparé, conditionné, réglé pour que la Vie y soit, non seulement possible, mais facile et prospère, et qu'elle s'achemine régulièrement vers on ne sait quel progrès mystérieux.

Évidemment, cela ne durera pas toujours. Rien, dans l'Univers, ne dure toujours. Et le temps a raison de tous les mondes, comme, dans notre petit monde, il a raison de tous les empires. Nous nous demandons parfois, nous les géologues, comment cela finira. Oh! il ne faudrait pas de bien grands cataclysmes pour que, sur notre Terre, aujourd'hui si maternelle aux vivants, la Vie devînt impossible; il ne serait pas nécessaire de faire appel à des explosions bien violentes; un peu plus de mobilité suffirait, un peu plus de cette mobilité que j'ai essayé de vous décrire et que j'ai appelée miséricordieuse, tant elle est discrète. Oui, le tremblement de terre, actuellement si bénin et si rare, se faisant fréquent, quotidien et de plus en plus dévastateur; les rivages

balayés par de terribles raz de marée; les montagnes ébranlées, disloquées et croulantes; les fonds de mer eux-mêmes atteints par les secousses et désormais inhabitables aux êtres marins; et l'air, l'air où se réfugient les derniers vivants, empoisonné par les poussières volcaniques et les nuées ardentes. C'en serait fait de la biosphère; et voici la Terre désormais stérile, épuisée par cette dernière dépense de son énergie intérieure, devenue un astre vide et mort où plus rien ne bouge, terreur des planètes et des étoiles circonvoisines après avoir été, si longtemps, l'objet de leur envie.

Mais je ne veux pas, en un jour de fête, finir sur d'aussi sombres pronostics. Restons-en à cette vision d'un astreprivilégié, d'un navire privilégié à qui les cieux semblent sourire et que bercent les flots paisibles de l'espace et du temps. D'où vient-il ? Où va-t-il ? Je n'en sais rien; mais il est si beau que l'on croirait, vraiment, que le monde tout entier a été fait pour lui. C'est lui qui porte la Vie ; c'est lui qui porte les hommes. Écoutez! on chante à bord; un chant monte de l'intérieur et du pont du navire; c'est le chant que Dieu préfère; c'est le chant des créatures vivantes. Rien, non, rien dans la Création splendide n'est aussi beau que ce chant-là. Le bruit même des sphères roulant dans l'infini ne saurait plaire autant au Créateur; ou plutôt le bruit des sphères n'est, pour Lui, que l'accompagnement, comme d'un orchestre lointain et invisible, l'accompagnement nécessaire de ce chœur des vivants, seul capable de célébrer dignement sa Gloire.

PIERRE TERMIER,

de l'Académie des Sciences de Paris.

La théorie de la relativité

et l'expérience (1)

On ne saurait trop répéter que la théorie de la relativité est une théorie physique. Sa signification et sa valeur résident en son aptitude à représenter les faits en conformité avec les expériences les plus précises. On peut se laisser séduire par la généralité des principes qu'elle met en jeu, par la précision de l'analyse à laquelle elle soumet des notions fondamentales, telles que la simultanéité à distance. On peut voir avec satisfaction les principes divers de la Mécanique, tels que la conservation de la masse et de l'énergie ou l'attraction universelle, jadis postulés indépendamment les uns des autres, apparaître maintenant comme des aspects particuliers d'une même loi. Tout cela peut faire désirer que la théorie de la relativité soit aussi vraie qu'elle paraît belle, mais seul le contrôle sévère de l'expérience peut dire si elle mérite crédit, si l'image plus large qu'elle présente du monde physique est adéquate au modèle qu'elle prétend représenter et nous aide à le mieux connaître. Nous nous proposons d'indiquer les points où ce contrôle a pu être opéré et le résultat des recherches expérimentales qui ont été menées à bonne fin.

La théorie de la relativité naquit de l'impuissance où se trouvaient les théories de l'électricité et de l'optique

(1) Conférence faite à Bruxelles aux Sections de Mathématique et de Physique de la Société scientifique à la session du cinquantenaire de la Société, le lundi 12 avril 1926.

« ÖncekiDevam »