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de ceux surtout qui, à la tête d'un imposant service de prévision, portent depuis des années la lourde responsabilité des avertissements aux navigateurs.

Que de simples articles de vulgarisation, voire des chapitres de manuels élémentaires s'appuient sur une documen-' tation restreinte, nul ne leur en fera un grief impardonnable. Si, par contre, les compilations, présentées avec l'estampille officielle, par quelqu'une des grandes organisations nationales, laissent échapper habituellement des collections de témoignages de première valeur, ces lacunes seront plus difficiles à excuser. Cependant le P. Sarasola constate avec regret des déficits de ce genre pour ce qui concerne les ouragans des Antilles.

Il existe à Cuba, en dehors du Weather Bureau Américain, deux observatoires spécialisés dans ces recherches. Celui du collège de Belen, à la Havane, fondé en 1857, publie des observations de cyclones depuis plus d'un demi-siècle; celui du collège de Montserrat, à Cienfuegos, date seulement de 1908. L'un et l'autre, dirigés par des hommes de valeur, les Benito Vinès, les Gangoiti, les Sarasola, les Gutiérrez-Lanza, bien connus et appréciés des marins pour leur service télégraphique de précision, appuyé sur un réseau étendu de stations; ils ont amassé des archives vraiment précieuses. Pourtant des compilations officielles semblent les ignorer : le P. S. montre qu'en plus d'une occasion ce fut aux dépens de la vérité scientifique. Cuba possède d'ailleurs des compagnons d'infortune; nous avons constaté personnellement que ces mêmes publications, traitant de l'Océan Indien, ignoraient également l'Observatoire de Madagascar (fondé en 1889) et que leurs trajectoires sur l'île africaine, parfois fantaisistes, étaient en nombre beaucoup trop faible, et risquaient ainsi d'induire les marins en erreur.

Une exclusion systématique provoquée par des querelles de clocher, est une explication valable partiellement peutêtre pour Cuba, mais certainement fausse pour Madagascar. Lorsque, dans les Offices centraux, on décide la mise à jour des renseignements maritimes, un subalterne reçoit la tâche ingrate de colliger et de coordonner l'effarant monceau de documents venus de tous les points du globe. Submergé par le nombre, gêné par la diversité des notations et des

langues, discernant péniblement le bon grain de l'ivraie, le malheureux compilateur n'aura pas même l'idée de chercher si des dossiers aussi volumineux sont complets, s'il n'y manque pas par exemple de bonnes observations espagnoles ou françaises.

Le livre du P. Sarasola est un excellent traité pratique. Tout n'y pouvait être inédit : il procède au contraire d'une école de prévision de cyclones mal connue en Europe (sauf au Ministère de la Marine française), mais où l'on fait du travail utile depuis cinquante ans et plus. La vieille Europe s'hypnotisa longtemps sur le patient tracé des isobares d'une carte synoptique, dans l'espoir, aujourd'hui déçu, d'y trouver tous les éléments d'une prévision à court terme. Le météorologiste tropical se trouvait, lui, face à face avec des météores violents, nets, dangereux pour les navires et les plantations, et dont la prévision correcte devenait une nécessité. Les cartes d'isobares, utiles sans doute, ne suffisaient pas. Les coloniaux eurent d'autant moins la tentation de s'en contenter que leurs réseaux moins denses y laissaient de graves lacunes, augmentées encore du fait que l'ouragan s'attaque volontiers aux lignes télégraphiques aériennes. Force leur fut donc de sortir de leur bureau, et d'examiner eux-mêmes en détail les phénomènes pour leur arracher les indications indispensables.

Le P. Vinès, à la Havane, réussit le premier à codifier les signes que l'on pouvait tirer des vents et de la succession nuageuse qui les jalonne aux différents niveaux du ciel. Il publia sa méthode dès 1877, et fit école. Auprès de lui se forma le P. Algué, de Manille, qui devait en 1894 nous donner le traité le plus complet encore existant sur la matière (traduction française dans les ANNALES HYDROGRAPHIQUES de 1899 et 1900). De Vinès par Algué procèdent le P. Froc, de Zikawei, surnommé par nos marins « le Père des Typhons », et le P. Colin de Madagascar. Encore une fois, les points essentiels sont fixés en 1877.

On verra plus tard en France un chercheur indépendant, Gabriel Guilbert, réinventer de son côté la succession nuageuse, et baser ses règles sur les vents; l'Office National trouvera à son tour l'utilité des observations de nuages à

la suite des expériences de guerre. On eût évité bien des tâtonnements en lisant les Apuntes du P. Vinès.

Le P. Sarasola s'est formé à la Havane, et a dirigé pendant plusieurs années l'Observatoire de Cienfuegos avant d'être appelé à fonder en Colombie l'Observatoire National de Bogota. Vingt ans d'expérience sur place et de lourde responsabilité, de riches archives à sa disposition, des qualités naturelles qui percent à travers la sobriété de sa rédaction, lui confèrent une incontestable autorité pour traiter le problème dont il parle. Si son ouvrage ne parvenait pas à avoir raison d'un ostracisme où le manque d'érudition a sans doute plus de part que la volonté réfléchie, il sera du moins avant peu entre les mains de tous les marins appelés à naviguer dans la mer des Antilles. Le livre paraît surtout rédigé pour

eux.

Dans les parties qui sont personnelles au P. S., signalons rapidement les remarques sur les formes irrégulières d'ouragans, asymétrie du tourbillon, déficience de certains signes précurseurs, trajectoires anormales; une bonne application est faite des règles de Guilbert sur les zones de moindre résistance et sur la compression du cyclone. L'auteur rejette d'un mot l'insuffisante théorie thermique de la formation des cyclones, d'accord en cela avec la grande majorité des météorologistes tropicaux. Le P. S. a fait une étude spéciale des périodicités en vue de prévisions de pression à 20 ou 30 jours de distance, et obtenu des résultats encourageants. Il affirme une fois de plus sa conviction de la non-existence d'un contre-alizé régulier dans la mer des Antilles et l'Amérique du Sud. Servi par une érudition étendue, il consacre les derniers chapitres de son livre à celles des méthodes modernes qui peuvent, par des voies nouvelles, fournir des appoints avantageux sous les tropiques. Qu'il n'ait pu, avec cet objectif en vue, tirer parti du « front polaire » de Bjerknes est peu surprenant; mais il ne paraît pas avoir poussé ses recherches vers d'autres surfaces de discontinuité, qui nous semblent fécondes en promesses. Le P. S. est au courant des recherches de Clayton à Buenos-Ayres, de celles de Vercelli à Trieste, de celles encore plus curieuses et moins connues du public du P. Picard à Santa-Clara de Californie. Enfin nos météorologistes français, Teisserenc de Bort, Baldit, Angot,

Guilbert, Mascart, Nodon, Mémery ne sont pas oubliés. Une place plus grande aurait pu être faite aux recherches récentes de l'Office National Météorologique de Paris.

Le P. Sarasola relève une erreur matérielle que nous avons commise dans cette REVUE (tome VIII, page 539). Nous écrivions « Les méthodes et les succès du P. Vinès attiraient l'attention du français Poey, et c'est de la Havane qu'il rapportait son opuscule, etc... ». Nous savions que Poey était né à la Havane; trompé par l'existence de plusieurs familles de ce nom qui nous sont connues, nous lui avions attribué une ascendance française. C'est à tort, puisque Andrés Poey était le fils du naturaliste cubain Felipe Poey. Nous donnons acte bien volontiers au P. Sarasola de sa rectification patriotique, et souhaitons à son beau livre prompte diffusion dans l'intérêt des marins.

CH. POISSON.

LES TYPES DE TEMPS AU MAROC, par A. JURY et G. DEDEBAUT. Mémorial de l'Office National Météorologique de France, no 13. — Un vol. de 44 pages (31×24). — Paris, Chiron, 1925.

Par sa position géographique le Maroc constitue un champ d'expériences remarquable pour la vérification des théories météorologiques de l'école norvégienne. Au Nord, le front polaire est encore assez rapproché pour faire sentir son influence; au sud, doit se rencontrer cette autre surface de discontinuité thermique et dynamique que V. Bjerknes appelle « « the sliding surface of the trades » ou front des alizés; l'anticyclone des Açores enfin, l'un des principaux centres d'action de Teisserenc de Bort, agit à la manière d'un obstacle pour dévier les courants issus du front polaire. Or les nécessités militaires ont doté le Maroc d'un outillage météorologique tout à fait moderne, avec sondages aérologiques quotidiens, plaçant ainsi d'incomparables instruments d'exploration dans une région particulièrement intéressante.

Dès lors le mémoire de MM. Jury et Dedebaut, qui résume plusieurs années d'observations sérieuses, classées et discutées suivant les procédés de Bergen complétés par ceux de Paris, présente l'importance d'un document de prix. Les contrastes entre l'air marin de l'Atlantique et les

souffles venus du Sahara fournissent par surcroît les éléments de suggestives comparaisons, de température, sans doute, mais plus encore d'humidité relative. Les enregistrements de tension de vapeur d'eau à Rabat et Marrakech sont vraiment significatifs; rien ne matérialise mieux les alternatives et les heurts des courants humides ou desséchés.

On nous permettra d'attribuer un spécial intérêt aux exemples de cyclones du front des alizés (p. 34 et suivantes). Les sondages prouvent à Rabat l'existence d'une surface de discontinuité vers 1500 et 2000 mètres d'altitude entre l'alizé du N. E. et le contre-alizé du S. W. Le vocable contrealizé, quoique consacré par un long usage, disparaîtra sans doute des glossaires futurs ; il a l'inconvénient d'une généralité trop grande. Si, dans l'Atlantique Nord, on trouve un vent régulier se superposant à l'alizé en altitude avec la direction contraire, pareille coïncidence ne semble pas avoir lieu ailleurs avec la même fixité.

Les exemples de vents chauds venus de l'intérieur des terres, les vérifications des « effets foehn » au passage de l'Atlas seront des contributions appréciées aux enquêtes de météorologie générale.

Dans la préface, le général Delcambre exprime la légitime satisfaction que lui procurent ces confirmations par les faits des idées norvégiennes et françaises.

CH. POISSON.

XII. LE TREMBLEMENT DE TERRE, par EDMOND ROTHÉ, directeur de l'Institut de Physique du Globe de Strasbourg et du Bureau Central Séismologique. Un vol. de 248 pages (1912), 51 fig., de la Nouvelle Collection scientifique. Paris, Alcan, 1925. — 10 fr.

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Les ouvrages en langue française sur la séismologie sont rares. Il faut évidemment citer, comme exposé général, la bien connue et toujours intéressante « Sismologie moderne » de Montessus de Ballore. Mais il manquait un exposé tout à fait actuel des découvertes acquises et des tendances de la séismologie, assez simple pour s'adresser à un public étendu, assez précis pour pouvoir fouiller assez profondément un domaine qui s'enrichit tous les jours. C'est cet exposé que vient d'écrire M. Rothé pour la Collection E. Borel. Le nom

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