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BARRAGE DE BUSEO

Vue d'ensemble du barrage et du réservoir situés sur le Rio Chera dans la province de Valence.
Hauteur totale: 51.50 m. dont 11.50 m. pour les fondations. Longueur au sommet: 150 m.; à la base 15 m.
Capacité: 7.500.000 m3. Zone irrigable: 10 500 hectares.

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Inutile d'employer les eaux plus abondantes du printemps pour amorcer de vastes cultures de céréales ou de légumineuses si elles doivent périr de soif avant la maturité. Ces eaux pourront servir cependant à intensifier des plantations de vigne ou d'olivier, qui peuvent résister des mois à la sécheresse.

Dans la partie sud et sud-est de la côte, les rivières sont presque à sec pendant l'été. Toute culture reste précaire à moins que l'on ne parvienne pendant l'hiver à faire d'importantes réserves d'eau pour l'été. Cette solution qui se généralise aujourd'hui par la construction de grands barrages-réservoirs, n'était pas en faveur aux siècles précédents; on se contentait de tirer parti des eaux que le fleuve porte naturellement à la mer sans penser à régulariser le débit du cours d'eau. Ce n'était pas faute de connaissances techniques, comme le prouvent quelques barrages anciens; mais on ne se décidait à la construction d'un grand barrage que sous la pression d'un besoin urgent ou d'une nécessité absolue.

Il est intéressant de noter que les cinq grands barrages antérieurs au XIXe siècle sont tous près de Murcie dans un rayon de moins de 100 kilomètres. Ce sont les barrages d'Almanza, terminé probablement vers 1580, de Tibi, en 1590, de Elche, en 1570, de Puentes et de Valdeinfierno, tous deux terminés en 1791. Dans cette steppe du sud-est, les cultures sont plus aléatoires. Le laboureur jette la semence sur son champ comme on jette les dés sur une table de jeu; il espère récolter le centuple, mais il risque de perdre sa mise. S'il fait trop sec, la moisson ne monte pas parfois la graine ne peut même pas germer. Aussi, pour mettre leurs cultures à l'abri du danger, les habitants se résignent à construire un barrage au prix des plus grands sacrifices.

Souvent, un autre motif impose cette construction d'une façon impérieuse. Dans cette région sud-est, et surtout dans le bassin du Segura, les rares pluies devien

nent facilement torrentielles à la sécheresse succède l'inondation. Le barrage aura un but régulateur; il déversera peu à peu des millions de mètres cubes qui se sont engouffrés dans le bassin en quelques heures d'averses. C'est ainsi que les barrages de Puentes et de Valdeinfierno protègent Lorca et Murcie contre les inondations.

En dehors de cette région sud-est où leur construction apparaissait comme inéluctable, on ne trouve pas d'anciens barrages. En 1880 il n'en existait encore aucun au nord du cap Nao. Les travaux techniques n'y manquaient cependant pas complètement. A Castellon de la Plana, par exemple, il existe un ouvrage très ancien; c'est un siphon et un aqueduc souterrains de 400 mètres qui permettent aux eaux d'irrigation de franchir la Rambla de la Viuda (le torrent de la Veuve).

En dehors de la région côtière de la Méditerranée les centres d'irrigation sont rares. Il faut citer cependant Grenade; les cultures de sa belle vega sont arrosées par la fonte des neiges de la Sierra Nevada qui leur assure l'eau en abondance pendant toute l'année. C'est le pays des fontaines fraîches sous un soleil brùlant.

Dans la vallée de l'Ebre l'irrigation se développa peu aux siècles passés. Les eaux du fleuve sont abondantes, mais elles coulent dans un lit encaissé qui rend leur utilisation difficile. Les cultures se trouvent donc limitées par l'impossibilité d'amener l'eau dans des conditions économiques sur des terres trop distantes ou trop élevées. La plupart des grands travaux qui couvrent actuellement cette région sont récents; beaucoup ne sont pas encore terminés.

L'ORIENTATION NOUVELLE

Depuis quelque cinquante ans un revirement d'idées s'est dessiné en matière d'irrigation. Jadis on se conten

tait d'exploitations locales installées un peu au hasard des circonstances; actuellement on veut faire donner au capital hydraulique national son rendement maximum grâce à une exploitation systématique.

Dans les anciens centres d'irrigation l'homme s'accommodait au régime hydrographique qu'il rencontrait et s'ingéniait à en tirer tout le profit possible pour ses cultures. On ne songeait ni à coordonner rationnellement toutes les cultures d'un même bassin ni à transformer le régime des cours d'eau en régularisant leur débit au moyen de barrages-réservoirs. Les constructions de ce genre que nous avons rencontrées dans la région de Murcie vont se multiplier, d'abord timidement et occasionnellement dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis résolument et systématiquement au début du xxe. Les travaux comprendront presque toujours une combinaison de barrages et de canaux, majs dans des proportions très inégales. Dans les vallées de l'Èbre et du Douro les canaux occuperont une place prépondérante; ailleurs le barrage constituera la construction principale.

Cette transformation dans le domaine technique se fait lentement et progressivement comme le revirement d'idées qui en fut la cause,

Vers le milieu du XIXe siècle, alors que rien n'était encore changé dans les idées, on construisit quelques nouveaux barrages, selon que le besoin s'en faisait sentir. Pour alimenter Madrid on créa successivement les barrages de Puentes Viejas terminés en 1852, de Ponton de la Oliva en 1858 et de Villar terminé en 1880. D'autres furent établis pour les besoins de l'agriculture; le plus important est celui de Nijar dans la province d'Almérie, terminé en 1843.

Vers les années 1880 on construisit une dizaine de nouveaux barrages; de petits dans la province de Malaga et d'autres plus importants dans le bassin de l'Ebre.

Deux d'entre eux près de Huelva ont un but industriel, les autres doivent servir à l'irrigation.

Une évolution se produisit dans l'esprit public entre les années 1880 et 1900. Joaquin Costa et quelques autres propagandistes aragonais réclamaient la construction par l'État de grands canaux d'irrigation dans la région aragonaise pour remédier à la misère des populations agricoles. Pour réussir en Aragon ils s'efforcèrent d'éveiller dans tout le pays l'intérêt pour de semblables travaux ; ils prévoyaient en effet que l'État n'entreprendrait la construction des canaux que sous la pression de la nation entière.

L'idée, une fois lancée, ne tarda pas à se développer et à s'enrichir. Costa parlait de « politique hydraulique >> et le mot fit fortune. Aujourd'hui encore il est la devise qui incarne et résume toute l'orientation nouvelle.

Notons que le mouvement a été déclanché par des considérations d'ordre social et non dans un esprit de lucre. Préoccupé de la situation précaire du laboureur dans les terres sèches d'Aragon, Costa défendit et popularisa la thèse que la construction de canaux et de barragesréservoirs apporterait une solution aux problèmes sociaux dans cette région. L'émigration, fréquente dans les terres sèches et pauvres, est inconnue dans les zones irriguées. Les travaux d'irrigation attacheront le laboureur au sol en améliorant son sort et en lui permettant d'acquérir la propriété d'une bonne terre.

Les avantages économiques gagnèrent au projet bien des adhérents que les seules considérations d'ordre social n'auraient peut-être pas convaincus. L'irrigation serait une source de richesse pour l'Espagne; en augmentant la production agricole on diminuerait les importations et la balance commerciale pourrait devenir favorable.

Une autre considération économique gagna les industriels et les financiers. La forte dénivellation des cours

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