Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[ocr errors]

monstrations, à l'exposition scientifique et aux élans de l'enthousiasme, à l'objection et à la réponse. Les personnages sont choisis de manière à entretenir l'intérêt, et offrent une heureuse diversité de langages. Un jeune homme instruit, passionné pour la science y joue le principal rôle.

Adolphe, dit M. Daniélo, représentera cette jeunesse ardente, avide, studieuse, intelligente, fière, pure, indépendante, sans emploi salarié, sans engagement politique, amie chaude et vraie de la liberté, mais noble, mais décente, mais grave, mais sensée, mais raisonnable aussi, mais aussi comprenant toutes les nécessités sociales, mais amie aussi de l'ordre, mais ne voulant le progrès que par des voies naturelles, le bien que par la justice, mais vénérant et soutenant les doctrines angustes qui forment la conscience des peuples, dirigent leur conduite et leurs mœurs, président aux destinées des états de l'humanité tout entière, ainsi que de l'homme en particulier.

On voit que c'est là le personnage favori, et dans lequel on reconnaîtra facilement plus d'un trait de l'esprit et du caractère de l'auteur. Sur le second plan, viennent un homme du monde, déjà sur l'âge qui apportera les connaissances prises dans l'habitude des affaires et le commerce de la haute société; un prêtre à qui échoit naturellement l'office de défendre la pure doctrine chrétienne, et de mettre dans tout son jour l'admirable accord des données de la science avec les enseignemens de la foi. Une jeune personne et une femme d'esprit seront chargées de répandre l'animation et la grâce sur des discours qui pourraient devenir trop sérieux, l'une par sa naïve curiosité et ses questions incessantes, l'autre par de piquantes réflexions et cet agréable bourdonnement des conversations féminines.

Deux dialogues qui terminent le volume sont destinés à nous faire faire connaissance avec les acteurs et à disposer la mise en scène. Nous attendons M. Daniélo à l'ouverture du second volume, bien disposés à le suivre dans son brillant itinéraire avec tout l'intérêt qui s'attache naturellement au sujet et à l'écrivain. En l'attendant nous l'encourageons de tous nos vœux et lui ferons une seule recommandation, celle de se défier de sa grande facilité, et de se restreindre quelquefois dans les détails d'une œuvre si belle et si originale.

[ocr errors]

»

DE LA COSMOGONIE DE MOISE, COMP. AUX FAITS GÉOLOGIQ. 153

Géologie.

DE LA COSMOGONIE DE MOISE,

COMPARÉE AUX FAITS GÉOLOGIQUES '.

Par MARCEL DE SERRES, Conseiller et Professeur de minéralogie et de géologie à la Faculté des sciences de Montpellier.

[ocr errors]

Objections géologiques contre la Bible. La science s'est chargée d'y, répondre. Du mot jour. Différens sentimens des Pères et des Docteurs. La Génèse est désintéressée dans cette question. gement sur le livre de M. Marcel de Serres.

Ju

Le but de la révélation est essentiellement moral et pratique. Elle se propose la régénération de l'humanité; elle nous fait donc connaître notre origine, notre nature, nos devoirs sur la terre, notre destinée après cette vie; et le degré de lumière qu'elle répand sur ces sujets, suffisant sans doute pour nous diriger, ne saurait satisfaire notre curiosité. Dieu n'a point voulu nous expliquer les mystères du monde physique. Ce sont des énigmes abandonnées à l'activité de nos recherches; c'est un domaine livré à l'esprit humain ; il a le droit de s'en emparer; il peut librement y créer des hypothèses, y bâtir des systèmes; mais il s'expose à voir ses hypothèses et ses systèmes, que les livres saints qualifient de disputes, renversés successivement les uns par les autres. L'objet des sciences naturelles et celui de la religion sont donc tout-à-fait différens; aux unes appartient le monde physique, à l'autre le monde moral; elles sont indépendantes dans leurs sphères respectives. Ainsi on méconnaît la nature des vérités révélées; on demande à la révélation ce qu'elle n'est pas destinée à nous donner, quand on veut se

3

1 Paris, 1838; Lagny frères, libraires, rue Bourbon-le-Château, n° 1 i̟in-8°; prix, 7 fr.

prévaloir de ses enseignemens dans le dessein de combattre ou de faire adopter un système physique. La Bible garde le silence sur les phénomènes naturels; si elle en parle, ce n'est que pour établir un dogme ou pour imposer un devoir, et elle n'en dit que ce qui est indispensable à ce double but. D'ailleurs, les livres saints, pour être compris à toutes les époques et par tous les hommes, ne doivent-ils pas être écrits dans le langage ordinaire ? le récit de l'écrivain sacré aurait été infailliblement traité d'absurde, s'il avait rapporté le miracle opéré par Josué avec des termes d'une précision scientifique. L'école philosophique du dix-huitième siècle ne voulut pas tenir compte de ces considérations qui lui furent opposées; elles suffisaient cependant pour réfuter ses objections. Au reste, la science elle-même se chargea de lui donner des démentis formels, et de la convaincre d'ignorance et de mauvaise foi. Elle a fait justice, notamment des sarcasmes lancés contre Moïse, parce qu'il avait montré la lumière existant avant le soleil. Ici une pensée se présente naturellement à l'esprit; certes, il fallait que Moïse fut éminemment supérieur à son siècle, puisqu'il connaissait une théorie qui n'a été proclamée que tant d'années après lui. Il fallait› bien aussi qu'il fût assuré d'avoir convaincu les Hébreux de la divinité de sa mission, pour oser leur révéler un fait qui devait leur paraître une absurdité.

Les traditions de l'école voltairienne sont affaiblies, mais elles n'ont pas entièrement disparu; de nos jours encore, au nom de la science, les ennemis de nos livres saints s'efforcent de porter atteinte à la croyance qui leur est due, et c'est principalement dans les découvertes géologiques qu'ils vont puiser leurs argumens.

La tâche des défenseurs de la Bible est facile, et leur réponse est péremptoire. Il est clair que le récit de Moïse reste inébranlable, tant que les géologues n'ont pas démontré, ou que Moïse était obligé de parler des faits géologiques, ou qu'il a nié leur existence, ou bien enfin que la science s'inscrit en faux contre l'ordre dans lequel Moïse présente la formation des êtres. Or, les géologues sont dans l'impossibilité de donner cette démonstration.

Moïse n'était pas obligé de parler des débris des créations qui

ont été détruites, et que les géologues trouvent dans les entrailles de la terre. Moïse, comme l'observe St. Augustin', ne se proposait pas de faire des Hébreux un peuple de physiciens; il voulait les prémunir contre l'idolâtrie et le polythéisme; dèslors, il suffisait de leur apprendre ou de leur rappeler que le monde n'est pas éternel, qu'en Dieu seul résident la puissance et la fécondité absolue, et que tout ce qui existe, depuis le soleil jusqu'au brin d'herbe, est l'ouvrage de ses mains.

Moïse ne conteste nulle part l'existence des faits géologiques. On défie les géologues d'établir le contraire, et la science, loin de combattre, confirme l'ordre de la formation des êtres constaté dans le récit de la Genèse.

Des amis de la religion et de la science n'ont pas voulu se borner à cette réponse; ils se sout efforcés d'assigner la place qui, dans le récit de l'écrivain sacré, pouvait être réservée aux faits géologiques. Parmi ces savans, les uns les placent dans la période indéterminée qui s'est écoulée, selon eux, depuis le commencement des tems ou création de la matière, jusqu'au premier jour de la création de Moïse. Les autres supposent que les cinq jours qui précèdent la formation de l'homme, rappellent l'existence des créations qui ont été détruites. Dans la première hypothèse, le mot jour employé par Moïse est pris dans le sens littéral et marque un jour de vingt-quatre heures; dans la seconde, ce mot désigné une époque d'une longueur indéterminée. MM. Desdouits, Buckland', etc., soutiennent le premier système; parmi les partisans du second figurent Deluc, Cuvier, M. Marcel de Serres, dont l'ouvrage est l'occasion de cet article.

Les savans ont droit de choisir entre ces deux opinions L'Eglise n'a rien décidé sur cette matière, et ses docteurs sont divisés. S. Ambroise 3, Théodoret 4, S. Grégoire-le-Grand 5, ont

1 Enchirid., c. ix.

2 La géologie et la minéralogie considérées dans leurs rapports avec la théologie naturelle. M. Joly, professeur d'histoire naturelle au collége royal de Montpellier, a fait paraître un excellent abrégé de cet ouvrage. 3 Hexam. 1, 1, C. VII, sq.

4 Quest. in Genes. Interr. c. v. sqq.

Moral. in Job, 1. xxxn, c. ix.

1

cru que les jours de la Genèse étaient des jours naturels; mais Origène 1, S.Athanase, S. Augustin, sont d'un avis contraire; S.Basile penche vers l'opinion de ces derniers 4; l'évêque d'Hippone déclare qu'il est très-difficile, impossible même de concevoir par la pensée, et encore plus d'exprimer par la parole, la nature des des jours de la création. «Si quelqu'un, dit-il, croit pouvoir >> donner quelque explication pour la faire comprendre, qu'il » n'ait pas la témérité de présenter son sentiment comme si l'on ne pouvait rien trouver de plus probable 6. » S. Augustin se plaît à interpréter dans un sens allégorique les six jours dont parle Moïse. Une fois il enseigne que Dieu créa le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, dans l'espace de six jours, quoiqu'il put tout faire en un seul moment 7. Mais plus tard, dans la Cité de Dieu, il revient à l'interprétation allégorique ". Si le saint docteur pense que l'on ne peut connaître ce que. sont les six jours de la création, il croit que l'on ne peut assu→ rer ce qu'ils ne sont pas; il déclare positivement dans le n° 44 du Ive livre de l'ouvrage intitulé: De Genesi ad litteram, qu'il est hors de doute que les jours de la création n'étaient pas semblables aux jours ordinaires, qu'ils en étaient bien différens (ut non eos. illis similes, sed multum impares minimè dubitemus). L'illustre auteur de la Défense du Christianisme n'a pas rendu exactement la pensée de S. Augustin, lorsqu'il a dit que dans ce passage le saint docteur enseignait « qu'il ne faut pas se hâter d'affirmer » que les jours de la création fussent semblables à ceux dont »se compose la semaine ordinaire 9. »

D

Les docteurs juifs ont été aussi divisés que les docteurs chrétiens Josèphe adopte le sens littéral; Philon se déclare pour

1 De principiis, l. iv, n. 16; contra Celsum, 1. vi, n. 50, 51.

2 Orat. II, contre Arian., n. 60.

3 De Genesi ad litteram, 1. II, c. xi, n. 24.

4 In hexamer., hom. 1, n. 6.

5 De civitate Dei, 1. xi, c. v1.

6 De genesi ad litteram, 1. iv, n. 44.

7 De Catechiz. rudibus, c. xvII.

8 L. XI, C. Vil.

9 Défense du Christianisme, t. II, p. 204. 10 Antiq. judaic., l. 1. c. 1.

« ÖncekiDevam »