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gloire, que vous ne devez avoir de cœur que pour aimer et faire aimer Dieu, de vie que pour faire vivre Dieu, de puissance que pour faire régner Dieu; et enfin que toutes les choses humaines ne vous ont été confiées que pour les rendre, les conserver, et pour les donner saintement à Dieu.

Mais si ce Dieu nous délaisse, mais si ce Dieu nous persécute, mais si ce Dieu nous accable, fautil encore lui rendre cette complaisance? Oui, toujours, sans fin, sans relâche. Il est vrai, ô homme de bien, je te vois souvent délaissé; tes affaires vont en décadence; ta pauvre famille éplorée semble n'avoir plus de secours; Dieu même te livre à tes ennemis, et paroît te regarder d'un œil irrité. Ton cœur est prêt de lui dire avec David: « O Dieu, pourquoi » vous êtes-vous retiré si loin? Vous me dédaignez » dans l'occasion, lorsque j'ai le plus besoin de votre » secours, dans l'affliction, dans l'angoisse » : Ut quid, Domine, recessisti longè, despicis in opportunitatibus, in tribulatione (1)?

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Est-il possible, ô Dieu vivant? Etes-vous de ces amis infidèles, qui abandonnent dans les disgrâces, qui tournent le dos dans l'affliction? Ne le crois pas, homme juste: cette persécution, c'est une épreuve; cet abandon, c'est un attrait; ce délaissement, c'est ne grâce. Imite cet homme-Dieu, notre original t notre exemplaire, qui tout délaissé, tout abanonné; après avoir dit ces mots pour s'en plaindre vec amertume : « Pourquoi me délaissez-vous (2) » ? › rejette lui-même d'un dernier effort, entre ces ains qui le repoussent. « O Père! je remets, dit-il,

(1) Ps. IX. 22. • (2) Matth. xxvII. 46. Ps. xxI. 2,

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etc.

» mon esprit entre vos mains (1) ». Ainsi obstinetoi, chrétien, obstine-toi saintement, quoique délaissé, quoique abandonné, à te rejeter avec confiance entre les mains de ton Dieu : oui même entre ces mains qui te frappent: oui même entre ces mains qui te foudroient : oui même entre ces mains qui te repoussent pour t'attirer davantage. Si ton cœur ne te suffit pas pour faire un tel sacrifice, prends le cœur d'un Dieu incarné, d'un Dieu accablé, d'un Dieu délaissé; et de toute la force de ce cœur divin, perds-toi dans l'abîme du saint amour. Ah! cette perte, c'est ton salut, et cette mort, c'est

ta vie.

TROISIÈME POINT.

Ce seroit ici, chrétiens, qu'après vous avoir fait voir que l'attrait du divin amour, c'est d'aimer pour Jésus-Christ; que le modèle du divin amour, c'est d'aimer comme Jésus-Christ; il faudroit encore vous expliquer que la consommation du divin amour, c'est d'aimer en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Mais les deux premières parties m'ayant insensiblement emporté le temps, je n'ai que ce mot à dire.

Je voulois donc, Messieurs, vous représenter que Dieu pour rappeler toutes choses au mystère de son unité, a établi l'homme le médiateur de toute l nature visible: et Jésus-Christ Dieu-homme seul m diateur de toute la nature humaine. Ce mystère & grand, je l'avoue, chrétiens, et mériteroit un pus long discours. Mais, quoique je ne puisse en donner une idée bien nette, j'en dirai assez, si je puis, po faire admirer le conseil de Dieu.

(1) Luc. XXIII. 46. Ps. xxx. 6.

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L'homme donc est établi le médiateur de la nature visible. Toute la nature veut honorer Dieu et adorer son principe, autant qu'elle en est capable : la créature insensible, la créature privée de raison, n'a point de cœur pour l'aimer, ni d'intelligence pour le connoître : « ainsi, ne pouvant connoître, » tout ce qu'elle peut, dit saint Augustin, c'est de » se présenter elle-même à nous, pour être du moins >> connue, et nous faire connoître son divin Auteur »>: Quæ cùm cognoscere non possit, quasi innotescere velle videtur (1). Elle ne peut voir, elle se montre; elle ne peut aimer, elle nous y presse et ce Dieu qu'elle n'entend pas, elle ne nous permet pas de l'ignorer. C'est ainsi qu'imparfaitement et à sa manière, elle glorifie le Père céleste. Mais afin qu'elle consomme son adoration, l'homme doit être son médiateur: c'est à lui à prêter une voix, une intelligence, un cœur tout brûlant d'amour à toute la nature visible, afin qu'elle aime en lui et par lui la beauté invisible de son Créateur. C'est pourquoi il est mis au milieu du monde, industrieux abrégé du monde, petit monde dans le grand monde; ou pluôt, dit saint Grégoire de Nazianze (2), grand • monde dans le petit monde »; parce qu'encore que elon le corps il soit renfermé dans le monde, il a un sprit et un cœur qui est plus grand que le monde; fin que contemplant l'univers entier, et le ramasint en lui-même, il l'offre, il le sanctifie, il le concre au Dieu vivant : si bien qu'il n'est le contem

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(1) De Civ. Dei, lib. x1, cap. xxv11, n. 2, tom. V11, col. 293. Li Qrat. xui, n. 15, tom. 1, pag. 680.

1

218

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toi, ch

laissé.

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plateur qu'ahin

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abrégé de la nature visible,

elle, par un saint amour,..

le

Prêtre et docteur de la nature invisible et intelMais perdons pas, chrétiens, dans ces ; et disons que l'homme, ce médinner in nature visible, avoit lui-même besoin retourner à son Dieu. La nature humaine peut bien pour cela elle avoit besoin d'un médiateur pour

done

teur. La nature visible ne pouvoit aimer,

mais elle ne peut aimer dignement. Il falloit

ui donner un médiateur aimant Dieu comme

Dieu autant qu'il est adora

est aimable," ble; afin qu'en lui et par lui nous pussions rendre

Dieu notre Père un hommage, un culte, une adoration, un amour digne de sa majesté. C'est, Messieurs, ce médiateur qui nous est formé aujourd'hui par le Saint-Esprit dans les entrailles de Marie. Réjouis-toi, ô nature humaine : tu prêtes ton cœur au monde visible pour aimer son Créateur tout-puissant; et Jésus-Christ te prête le sien, pour aimer dignement celui qui ne peut être dignement aimé que par un autre lui-même. Laissons-nous donc gagner par ce Dieu aimant : aimons comme ce Dieu aimant: aimons par ce Dieu aimant.

Que croyez-vous, chrétiens, que fait aujourd'hui la divine Vierge toute pleine de Jésus-Christ? Elle l'offre sans cesse au Père céleste, et après avoir épuisé son cœur, rougissant de la pauvreté de l'amour de la créature pour l'immense bonté de son Dieu; pour suppléer à ce défaut, pour compenser

ce qui manque, elle offre au Père céleste toute l'immensité de l'amour et toute l'étendue du cœur d'un Dieu-homme. Faisons ainsi, chrétiens; unissons-nous à Jésus; aimons en Jésus; aimons par Jésus. Mais, ô Dieu, quelle pureté! O Dieu, quel dégagement pour nous unir au cœur de Jésus! O créatures, idoles honteuses, retirez-vous de ce cœur qui veut aimer Dieu par Jésus-Christ: ombres, fantômes, dissipezvous en présence de la vérité. Voici l'amour véritable qui veut entrer dans ce cœur: amour faux, amour trompeur, veux-tu tenir devant lui?

Chrétiens, rejetterez-vous l'amour d'un Dieuhomme, qui vous presse, qui veut remplir votre cœur, pour unir votre cœur au sien, et faire de tous les cœurs une même victime du saint amour? Vive l'Eternel, mes Frères : je ne puis souffrir cette indignité : je veux arracher ce cœur de tous les plaisirs qui l'enchantent, de toutes les créatures qui le captivent. O Dieu, quelle violence d'arracher un cœur de ce qu'il aime! Il en gémit amèrement; mais quoique la victime se plaigne et se débatte devant les autels, il n'en faut pas moins achever le sacrifice du Dieu vivant. Que je t'égorge devant Dieu, ô cœur profane, pour mettre en ta place un cœur chrétien. Et quoi, ne me permettrez-vous pas encore un soupir, encore une complaisance? Nul soupir, nulle complaisance que pour Jésus-Christ et par JésusChrist. Et donc faudra-t-il éteindre jusqu'à cette légère étincelle? Sans doute, puisque la flamme toute entière m'y paroît encore vivante. O dénuement d'un cœur chrétien! pourrons-nous bien nous

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