Sayfadaki görseller
PDF
ePub

E

III. SERMON

POUR LE JOUR

DE LA PURIFICATION DE LA S.TE VIERGE.

Explication des trois cérémonies de la Purification. Modestie incomparable de Marie. Sentimens de Jésus dans son oblation. Dispositions pour une sainte communion, ses fruits et ses effets désirables.

Postquam impleti sunt dies purgationis ejus secundùm legem Moysi, tulerunt illum in Jerusalem, ut sisterent eum Domino, sicut scriptum est in lege Domini ;.... et ut darent hostiam secundùm quod dictum est in lege Domini, par turturum aut duos pullos columbarum.

Le temps de sa purification étant accompli selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la loi du Seigneur.... Et pour donner ce qui devoit étre offert en sacrifice selon la loi du Seigneur, deux tourterelles ou deux petits de colombes. Luc. 11. 22, 24.

CE

que nous appelons la purification de la sainte Vierge enferme sous un nom commun trois cérémonies différentes de la loi ancienne, que le Fils de Dieu a voulu subir aujourd'hui, ou en sa personne, ou en celle de sa sainte Mère, non sans quelque profond conseil de la Providence divine. Elles sont toutes trois très-manifestement distinguées dans

notre Evangile, comme vous l'aurez pu observer dans le texte que j'ai rapporté exprès tout entier. Or afin de vous dire en quoi consistoient ces cérémonies, il faut remarquer que selon la foi toutes les femmes accouchées étoient réputées immondes: d'où vient que Dieu leur ordonnoit deux choses. Premièrement il les obligeoit de se tenir quelque temps retirées et du sanctuaire et même de la conversation des hommes: puis, ce temps étant expiré, elles se venoient présenter à la porte du tabernacle, afin d'être purgées par un certain genre de sacrifice ordonné spécialement pour cela. Cette retraite et ce sacrifice sont les deux premières cérémonies, ou plutôt ce sont deux parties de la même cérémonie, lesquelles l'une et l'autre ne regardoient principalement que la mère, et se faisoient pour tous les enfans nouvellement nés, de quelque sexe et condition qu'ils pussent être, ainsi qu'il est écrit dans le douzième chapitre du Lévitique. Quant à la troisième cérémonie, elle ne s'observoit que pour les mâles, et parmi les mâles n'étoit que pour les aînés, que les parens étoient obligés de venir présenter à Dieu devant ses autels, et ensuite les rachetoient par quelque somme d'argent, témoignant par-là que tous leurs aînés étoient singulièrement du domaine de Dieu, et qu'ils ne les retenoient que par une espèce d'engagement: c'est ce que Dieu commande à son peuple en l'Exode, chapitre douzième. Dans ces trois cérémonies consiste à mon avis tout le mystère de cette fête; ce qui m'a fait résoudre de vous les expliquer familièrement dans le même ordre que je les ai rapportées. J'espère que

le récit d'une histoire si mémorable, telle qu'est celle qui nous est aujourd'hui représentée dans notre Evangile, jointe à quelques brièves réflexions que je tâcherai d'y ajouter avec l'assistance divine, fournira un pieux entretien à vos dévotions: et je pense en vérité, mes très-chères Sœurs, qu'il seroit difficile de proposer à votre foi un plus beau spectacle.

Et pour commencer, j'avance deux choses très-assurées: la première que la loi de la purification présupposoit que la femme eût conçu à la façon ordinaire, parce qu'elle est couchée en ces termes : Mulier si suscepto semine pepererit masculum (1): où il est [clair] que le législateur a voulu toucher la source de la corruption qui se trouve dans les enfantemens ordinaires; autrement ce mot, suscepto domine, seroit inutile et ne rendroit aucun sens. La loi donc de la purification parloit de celles qui enfantent selon les ordres communs de la nature. Je dis en second lieu que la raison de la loi étant telle que nous la venons de dire, après les saints Pères, elle ne regardoit en aucune façon la très-heureuse Marie, ne s'étant rien passé en elle dont son intégrité pût rougir. Vous le savez, mes très-chères Sœurs, que son Fils bien-aimé étant descendu dans ses entrailles très-chastes tout ainsi qu'une douce rosée, il en étoit sorti comme une fleur de sa tige, sans laisser de façon ni d'autre aucun vestige de son passage. D'où je conclus que si elle étoit obligée à la loi de la purification, c'étoit seulement à cause de la coutume, et de l'ordre qui ne doit point être changé pour une rencontre particulière. Et en

(1) Levit. XII. 2.

effet le cas étoit si fort extraordinaire, qu'il sembloit n'être pas suffisant pour apporter une exception à une loi générale.

Or ce n'est pas mon dessein d'examiner ici cette question, mais seulement de vous faire admirer la vertu de la sainte Vierge, en ce que sachant trèsbien l'opinion que l'on auroit d'elle, et qu'il n'y auroit personne qui s'imaginât qu'elle eût ni conçu ni enfanté autrement que les autres mères, elle ne s'est point avisée de découvrir à personne le secret mystère de sa grossesse. Au contraire elle a bien le courage de confirmer un sentiment si préjudiciable à sa virginité, subissant sans se déclarer une loi, qui, comme nous l'avons dit, en présupposoit la perte. Et je prétends que ce silence est une marque certaine d'une retenue extraordinaire et d'une modestie incomparable. Qu'ainsi ne soit, vous savez que celles de son sexe qui sont soigneuses de garder leur virginité, mettent leur point d'honneur à faire connoître qu'elle est entière et sans tache; et quelquefois c'est la seule chose en laquelle elles avoueront franchement qu'elles recherchent la réputation. Cela étant ainsi, je vous prie de considérer que vous ne persuaderez jamais à un gentilhomme, qui se pique d'honneur, de faire quelque action dont on puisse soupçonner en lui de la lâcheté. Or il est certain qu'une vierge est touchée beaucoup plus au vif, lorsque quelque rencontre l'oblige à donner sujet de croire qu'elle ait perdu sa virginité, pour laquelle elle a un sentiment délicat au dernier point. Ce qui me fait admirer la vertu de la sainte Vierge, qui ne craint pas d'observer une cérémonie qui sem

bloit si injurieuse à sa très-pure virginité; qui ayant moins besoin d'être purifiée que les rayons du soleil, obéit comme les autres à la loi de la purification, et offre avec tant de simplicité le sacrifice pour le péché, c'est-à-dire pour les immondices légales qu'elle n'avoit nullement contractées; et qui par cette obéissance confirme la créance commune qu'elle avoit conçu comme les autres femmes, bien loin de désabuser le monde dans une rencontre qui sembloit si pressante, et de faire connoître aux hommes ce qui s'étoit accompli en elle par l'opération de l'Esprit de Dieu.

Certes il faut l'avouer, mes très-chères Sœurs, cela est du tout admirable; surtout la très-heureuse Vierge ayant de son côté, si elle eût voulu se découvrir, premièrement la vérité qui est si forte, et après, l'innocence de ses mœurs qui n'appréhendoit aucune recherche; puis sa grande sincérité à laquelle les gens de bien eussent eu peine de refuser leur créance, et enfin un témoignage irréprochable en la personne de son mari, qui avec sa bonté et naïveté ordinaire eût dit qu'il étoit vrai que sa femme étoit très-chaste, et qu'il en avoit été averti de la part de Dieu. Et cependant nous ne lisons pas qu'elle en ait jamais parlé : au contraire nous voyons son grand silence expressément remarqué dans les saintes Lettres. Une seule fois seulement sa joie éclata, lorsque sollicitée par la prophétie de la bonne Elisabeth sa cousine, qui la proclamoit bienheureuse, elle lui déchargea son cœur, et se sentant obligée de rendre hautement ses actions de grâces à la divine bonté, elle chante dans l'épanchement de

« ÖncekiDevam »