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mandons pas les grandeurs humaines impétreznous seulement cette humilité, par laquelle vous avez été couronnée; impétrez-la à ces saintes filles, et à toute cette audience; et faites, ô Vierge sacrée, que tous ceux qui ont célébré votre Assomption glorieuse, entrent profondément dans cette pensée, qu'il n'y a aucune grandeur qui ne soit appuyée sur l'humilité; que c'est elle seule qui fait les triomphes et qui distribue les couronnes; et qu'enfin il n'est rien de plus véritable que cette parole de l'Evangile, que «< celui qui s'abaisse durant sa vie, sera exalté » à jamais dans la félicité éternelle », où nous conduise le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen,

II.E SERMON

POUR LA FÊTE

DE L'ASSOMPTION DE LA S.TE VIERGE,

PRÊCHÉ DEVANT LA REINE.

Effets de l'amour divin en Marie. Pourquoi l'amour n'est-il dú qu'à Dieu seul. D'où est né l'amour de la sainte Vierge : cet amour capable de lui donner la mort à chaque instant. Quel soutien cherchoit son amour languissant. Marie laissée au monde, pour consoler l'Eglise. Point d'autre cause de la mort de Marie, que son amour. Quel est le principe de son triomphe, et quels en sont les

caractères.

Dilectus meus mihi, et ego illi.

Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui. Cant. 11. 16.

EN cette sainte journée et durant toute cette octave, on n'entendra résonner dans toute l'Eglise, que les paroles du sacré Cantique. Tout retentira des douceurs et des caresses réciproques de l'Epoux et de l'Epouse: on verra celle-ci parcourir tous les jardins et tous les parterres, et ramasser toutes les fleurs et tous les fruits pour faire des bouquets et des présens à son bien-aimé, et le bien-aimé, réciproquement, chercher tout ce qu'il y a de plus riche et de plus agréable dans la nature, pour représen

ter les beautés et les charmes de sa bien-aimée. En un mot, on n'entendra pendant ces jours que la céleste mélodie du Cantique des cantiques; et par-là l'Eglise veut que nous concevions que le mystère de cette journée est le mystère du saint amour. Suivons ses intentions; parlons aujourd'hui, mes Frères, des délices, des chastes impatiences, et des douceurs ravissantes de l'amour divin, et contemplons-en les effets en la divine Marie.

Trois choses considérables me paroissent principalement devoir nous occuper dans ce discours; la vie de la sainte Vierge; la mort de la sainte Vierge; le triomphe de la sainte Vierge : et j'ai dessein de vous faire voir, et que c'est l'amour qui la faisoit vivre, et que c'est l'amour qui l'a fait mourir, et que c'est aussi l'amour qui a fait la gloire de son triomphe. Comment peut-on comprendre que l'amour seul opère de si grands effets, et des effets si contraires? Si c'est l'amour qui donne la vie, peut-il après cela donner la mort? L'amour a une force qui fait vivre; l'amour a des langueurs qui font défaillir. Regardez cette force que l'amour inspire, qui excite, qui anime, qui soutient le cœur; vous verrez facilement que l'amour fait vivre. Regardez les foiblesses, les défaillances, et les langueurs de l'amour; et vous n'aurez pas de peine à comprendre, que l'amour peut faire mourir. Mais comment peut-il ensuite faire triompher? C'est qu'outre sa force qui anime, et sa foiblesse qui tue, il a ses grandeurs, ses sublimités, ses élévations, ses magnificences: et tout cela ne suffit-il pas pour la pompe d'un triomphe? Entrons donc maintenant en notre sujet; et

faisons voir, par ordre, la force du saint amour, qui a donné la vie à la sainte Vierge; les impatiences défaillantes du saint amour, qui lui ont donné la mort; les sublimités du saint amour, qui ont fait la majesté de son triomphe. C'est le sujet de ce dis

cours.

PREMIER POINT.

COMME je ne ferai autre chose dans cet entretien que de vous parler des mystères de l'amour, je me sens obligé d'abord de vous avertir, que vous devez soigneusement éloigner de vos esprits toutes les idées de l'amour profane. Et pour contribuer, ce que je puis, à les bannir de mon auditoire, je vous prie, au nom de celle qui n'eût pas voulu être mère, si elle n'eût pu en même temps être vierge, de ne penser qu'à l'amour chaste, par lequel l'ame s'efforce de se réunir à son Auteur. Pour cela, imprimez dans vos cœurs cette vérité fondamentale, que l'amour, dans son origine, n'est dû qu'à Dieu seul, et que c'est un vol sacrilége de le consacrer à un autre qu'à lui.

Et nous en serons convaincus, si peù que nous voulions considérer ce que nous entendons par le nom d'amour. Car qu'est-ce que nous entendons par le nom d'amour, sinon une puissance souveraine, une force impérieuse qui est en nous, pour nous tirer hors de nous, un je ne sais quoi, qui dompte et captive nos cœurs sous la puissance d'un autre, qui nous fait dépendre d'autrui, et nous fait aimer notre dépendance? Et n'est-ce pas par une telle inclination, que nous devons honorer celui à qui appar

tient naturellement tout empire, et tout droit de souveraineté sur les cœurs? C'est pourquoi lui-même voulant nous prescrire le culte que nous lui devons, il ne nous demande qu'un amour sans bornes : « Tu » aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de toute ta » force (1) »; afin que nous entendions que l'amour seul est la source de l'adoration légitime que doit la créature à son Créateur, et le véritable tribut par lequel elle le doit reconnoître.

En effet, il est très-certain que tout amour véritable tend à adorer. S'il est quelquefois impérieux, c'est pour se rejeter plus avant dans la sujétion : il ne se satisfait pas lui-même, s'il ne vit dans une dépendance absolue. C'est la nature de l'amour; et le profane même ne parle que d'adoration, que d'hommages, que de dépendance: par où nous devrions entendre, si nous étions encore capables de nous entendre nous-mêmes, que pour mériter d'être aimé parfaitement, il faut être quelque chose de plus qu'une créature. Cette sainte doctrine, si nécessaire, étant supposée, pour servir et de fondement et d'éclaircissement à tout ce discours, parlons maintenant, sans crainte et à bouche ouverte, de la force et des effets de l'amour; et voyons, avant toutes choses, quel étoit celui de la sainte Vierge.

Il est né de l'admirable concours de la grâce et de la nature, et il a emprunté de l'une et de l'autre, ce que l'une et l'autre ont de plus pressant. Ainsi il y avoit une liaison tout-à-fait singulière entre Jésus et Marie: Dilectus meus mihi, et ego illi: « Mon » bien-aimé est à moi, et je suis à lui ». Ils sont (1) Deut. vi. 5.

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