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autres. L'alliance particulière avec Jésus-Christ comme fils, fait qu'elle en doit être séparée d'une façon extraordinaire. Sagesse divine, je vous appelle vous avez autrefois démêlé la confusion des élémens, il y a encore ici de la confusion à démêler. Voilà une masse toute criminelle, de laquelle il faut séparer une créature pour la rendre mère de son Créateur. Jésus est son Sauveur; elle doit être séparée comme les autres: mais Jésus est son fils; il y a une alliance particulière, elle doit être même séparée des autres. Si les autres sont délivrés du mal, il faut qu'elle en soit préservée, que l'on en empêche le cours. Et comment? Par une plus particulière communication des priviléges de son Fils. Il est exempt du péché, et Marie aussi en doit être exempte. O Sagesse, vous l'avez séparée des autres; mais ne la confondez pas avec son Fils, puisqu'elle doit être infiniment au-dessous. Comment la distingueronsnous d'avec lui, s'ils sont tous deux exempts du péché? Jésus-Christ l'est par nature, et Marie par grâce; Jésus-Christ de droit, et Marie par privilégé et par indulgence. La voilà séparée. Fecit mihi magna qui potens est : « Le Tout - puissant a fait en » moi de grandes choses ». C'en est assez : voyons maintenant comment nous sommes aussi séparés. C'est ma troisième partie, à laquelle je passerai, chrétiens, après vous avoir fait remarquer qu'encore que nous ne soyons pas séparés aussi excellemment que la sainte Vierge, nous ne laissons pas que de

l'être.

Car qu'est-ce que le peuple fidèle? C'est un peuple séparé des autres, tiré de la masse de perdition et

de la contagion générale. C'est un peuple qui habite au monde, mais néanmoins qui n'est pas du monde. Il a sa possession dans le ciel, il y a sa maison et son héritage. Dieu lui a imprimé sur le front le caractère sacré du baptême, afin de le séparer pour lui seul. Oui, chrétien, si tu t'engages dans l'amour du monde, si tu ne vis comme séparé, tu perds la grâce du christianisme. Mais comment se séparer, direz-vous? Nous sommes au milieu du monde, dans les divertissemens, dans les compagnies. Faut-il se bannir des sociétés? Faut-il s'exclure de tout commerce? Que te dirai-je ici, chrétien, sinon que tu sépares du moins le cœur? C'est par le cœur que nous sommes chrétiens: Corde creditur (1); c'est le cœur qu'il faut séparer. Mais c'est là, direz-vous, la difficulté. Ce cœur est attiré de tant de côtés, c'est à lui qu'on en veut. Le monde le flatte, le monde lui rit. Là il voit des honneurs, là des plaisirs. L'un lui présente de l'amour, l'autre en veut recevoir de lui. Comment pourra-t-il se défendre? Et comment nous dites-vous donc qu'il faut du moins séparer le cœur? Je le savois bien, chrétiens, que cette entreprise est bien difficile, d'être toujours au milieu du monde, et de tenir son cœur séparé des plaisirs qui nous environnent. Et je ne vois ici qu'un conseil. Mais que voulez-vous que je dise? puis-je vous prêcher un autre évangile à suivre? De tant d'heures que vous donnez inutilement aux occupations de la terre, séparez-en du moins quelquesunes pour vous retirer en vous-mêmes. Faites-vous quelquefois une solitude, où vous méditiez en secret

(1) Rom. x. 10.

les

les douceurs des biens éternels et la vanité des choses mortelles. Séparez-vous avec Jésus-Christ; répandez votre ame devant sa face; pressez-le de vous donner cette grâce, dont les attraits divins puissent vous enlever aux plaisirs du monde, cette grâce qui a séparé la très-sainte Vierge, et qui l'a tellement remplie, que la colère qui menace les enfans d'Adam n'a pu trouver place en sa conception, parce qu'elle a été prévenue par un amour miséricordieux.

TROISIÈME POINT.

Si nous voyons dans les Ecritures sacrées que le Fils de Dieu prenant notre chair a pris aussi toutes nos foiblesses, à l'exception du péché; si le dessein qu'il avoit conçu de se rendre semblable à nous, a fait qu'il n'a pas dédaigné la faim ni la soif, ni la crainte, ni la tristesse, ni tant d'autres infirmités qui sembloient indignes de sa grandeur; à plus forte raison doit-on croire qu'il a été vivement touché de cet amour si juste et si saint, que la nature imprime en nos cœurs pour ceux qui nous donnent la vie. Cette vérité est très-claire; mais je prétends vous faire voir aujourd'hui que c'est cet amour qui a prévenu la très-sainte Vierge dans sa conception bienheureuse; et c'est ce qui mérite plus d'explication.

Je considère en deux états cet amour de fils que le Sauveur a eu pour Marie; je le regarde dans l'incarnation et devant l'incarnation du Verbe divin. Qu'il ait été dans l'incarnation, chrétiens, il est aisé de le croire. Car comme c'est par l'incarnation Marie est devenue la Mère de Dieu, c'est aussi BOSSUET. xv.

que

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dans cet auguste mystère que Dieu prend des sentimens de fils pour Marie. Mais que cet amour de fils se rencontre en Dieu pour sa sainte Mère devant qu'il soit incarné, c'est ce qui paroît assez difficile, puisque le Fils de Dieu n'est son fils qu'à cause de l'humanité qu'il a prise. Toutefois remontons plus haut, et nous trouverons cet amour qui a prévenu la trèssainte Vierge par la profusion de ses dons. Comprenez cette vérité, et vous verrez l'amour de Dieu pour notre nature.

Pour entendre cette doctrine, remarquons que la sainte Vierge a cela de propre qui la distingue de toutes les mères, qu'elle engendre le dispensateur de la grâce; que son Fils, en cela différent des autres, est capable d'agir avec force dès le premier moment de sa vie ; et ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'est qu'elle est mère d'un Fils qui est devant elle. De là suivent trois beaux effets en faveur de la très-heureuse Marie. Comme son Fils est le dispensateur de la grâce, il lui en fait part avec abondance; comme il est capable d'agir dès le premier instant de sa vie, il n'attend pas le progrès de l'âge pour être libéral envers elle, et le même instant où il est conçu voit commencer ses profusions. Enfin comme elle a un Fils qui est devant elle, elle a ceci de miraculeux, que l'amour de ce Fils peut la prévenir jusque dans sa conception. C'est ce qui la rend innocente: car il lui doit servir d'avoir un Fils qui soit devant elle. Mais éclaircissons cette vérité par une excellente doctrine des Pères, et voyons quel a été dès l'éternité, l'amour du Fils de Dieu pour la sainte Vierge.

N'avez-vous jamais admiré, Messieurs, comme Dieu parle dans les saintes Lettres, comme il affecte, pour ainsi dire, d'agir en homme, comme il imite nos actions, nos mœurs, nos coutumes, nos mouvemens et nos passions? Tantôt il dit, par la bouche de ses prophètes, qu'il a le cœur saisi par la compassion, tantôt qu'il l'a enflammé par la colère, qu'il s'appaise, qu'il se repent, qu'il a de la joie ou de la tristesse. Chrétiens, quel est ce mystère? Un Dieu doit-il donc agir de la sorte? Si le Verbe incarné nous parloit ainsi, je ne m'en étonnerois pas, car il étoit homme. Mais que Dieu avant que d'être homme, parle et agisse comme font les hommes, il y a sujet de le trouver étrange. Je sais que vous me direz que cette majesté souveraine veut s'accommoder à notre portée. Je le veux bien : mais j'apprends des Pères qu'il y a une raison plus mystérieuse. C'est que Dieu ayant résolu de s'unir à notre nature, il n'a pas jugé indigne de lui d'en prendre de bonne heure tous les sentimens. Au contraire il se les rend propres, et vous diriez qu'il s'étudie à s'y conformer.

Pourrions-nous bien expliquer un si grand mystère par quelque exemple familier? Un homme veut avoir une charge de robe ou d'épée; il ne l'a pas encore, mais il s'y prépare, il en prend par avance tous les sentimens, et il commence à s'accoutumer, ou à la gravité d'un magistrat, ou à la brave générosité d'un homme de guerre. Dieu a résolu de se faire homme; il ne l'est pas encore du temps des prophètes, mais il le sera, c'est une chose déterminée. Tellement qu'il ne faut pas s'étonner s'il parle,

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