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P. V. AYOTTE, Editeur.

Rédaction et administration: 171-173, rue Notre-Dame,

TROIS-RIVIÈRES, Can.

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Infériorité économique des nations catholiques

Voici la première partie d'un travail publié dans la Revue sociale catholique, de Bruxelles, livraison de mai et juin 1899:

L'issue de la guerre hispano-américaine a remis en vogue l'objection déjà vieille tirée du fait que les nations catholiques semblent déchoir et pencher vers la ruine, tandis que les nations protestantes prospèrent et grandissent, au point de menacer les premières, jusque sur leur propre sol national. Pour beaucoup de personnes, la preuve est donc faite que le catholicisme est un obstacle au progrès et à la civilisation; seul, le protestantisme est la cause de la marche en avant de l'humanité.

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A plusieurs reprises déjà, le "fait "a été paraît-il, établi scientifiquement."

SCHOPENHAUER ́a émis un jour l'avis suivant: "Je ne puis admettre que la différence fondamentale entre toutes les religions se trouve dans le fait de savoir si elles sont monothéistes; pour les classer, je considère uniquement leur tendance optimiste ou leur tendance pessimiste."

JULIUS WOLF, le fondateur de la Zeitschrift für Socialwissenschaft, s'est emparé récemment de cette "découverte" du philosophe allemand pour l'introduire dans le domaine économique. D'après le savant professeur berlinois, les religions à tendances optimistes suscitent l'énergie et l'amour du travail : elles sont le système religieux des nations qui s'élèvent. Les "systèmes religieux pessimistes" paralysent, au contraire, l'activité humaine et favorisent l'arrêt et la décadence économiques. C'est le pessimisme stoïque du catholicisme-la doctrine catholique sur le péché qui a occasionné déjà la disparition de la civilisation romaine. Le sentiment de la réité (1)—the sense of sin-a empêché également un plus grand essor économique pendant la période médiévale. The sense of life, la joie de vivre, l'optimisme de la Réforme a fait sauter les obstacles à l'expansion des énergies et un nouvel élan fut donné au progrès politique et économique (2).

La haine, comme l'amour, rend aveugle. Le reproche fait au

(2) Cfr. Zeitschrift für Socialwissenschaft, année 1898, pp. 7 et 8.
(1) Le terme est employé par Joseph de Maistre.

1. Vol. IV.

catholicisme est contredit par les faits historiques; il ne saurait se justifier non plus sous le rapport doctrinal.

Envisageons d'abord ce dernier côté de la question.

Si, de sa nature, le principe traditionnel de l'Eglise catholique enrayait le progrès, c'est dans nos ordres religieux. où l'on pratique les conseils évangéliques, qu'il faudrait prendre sur le vif l'immobilisme, et voir la force d'inertie, la plus puissante de toutes, s'opposer au mouvement économique, aux aspirations légitimes de la nature humaine, à la felicité terrestre du chrétien.

Or, l'histoire des sociétés modernes nous apprend que les monastères précisément ont été. dès leur origine, non seulement des centres de culture intellectuelle, mais aussi d'excellentes écoles de progrès technique. Les moines, les premiers, out défriché les forêts, desséché les marais, enseigné l'agriculture. Dans leurs monastères, ils formaient des architectes, des peintres, des sculpteurs, des orfèvres, des relieurs, etc. A partir du XIe siècle, les règles monastiques contiennent des statuts relatifs à la formation technique des conversi fratres barbati. Iby est fait mention, entre autres, des officinæ diversarum artium, par exemple du molendinum et du pistrinum. Souvent, elles renferment des' chapitres entiers sur les diverses industries, comme par exemple celui De fratribus textoribus et celui De fullonibus.

On voit que l'amour des biens éternels et le renoncement aux jouissances sensuelles n'excluent nullement le progrès technique et matériel. L'Eglise catholique ne poursuit pas le développement économique avant tout, mais elle contient les désirs de l'homme dans les limites du devoir, et le devoir commande de rechercher également, comme moyen et condition du perfectionnement moral, le bien-être, les richesses, le bonheur familial, toutes choses voulues du Créateur.

Le renoncement chrétien et catholique, l'empire sur soi-même, la répression de l'égoïsme, loin de préjudicier à la cause du progrès, sont au contraire un véritable facteur économique indispensable, surtout à une époque comme la nôtre où le sensualisme le plus éhonté célèbre ses orgies et ne pense qu'à transformer aussitôt en jouissances les penibles conquêtes de l'activité humaine. C'est le souci exclusif de la vie présente, la fascination des richesses et du plaisir, l'épicureisme moderne, qui, en énervant les énergies naturelles, entravent infiniment plus la marche de la civilisation que ne le fait la résignation catholique. Cette résignation n'est donc pas seulement la base d'une vie vertueuse, elle est en même temps aussi une condition de stabilité et de continuité pour la production des richesses et le bien être. C'est aussi de cette considération que s'inspire l'économiste quand il s'élève contre les dépenses improductives, le luxe et les débordements. du vice.

Le penchant immodéré au plaisir est, l'on en conviendra sans peine, l'un des plus grands obstacles aux occupations sérieuses et suivies. En revanche, la modération en toutes choses est un des facteurs essentiels du développement normal des facultés physiques et intellectuelles; elles les maintient en équilibre. De là résulte, pour les nations comme pour les individus, un ensemble de qualités qui constituent, dans la bienfaisante lutte pour l'exis

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