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cantara et de Saint-Jacques-de-l'Épée) au midi de l'Europe.

Si les historiens sont exacts, on peut compter encore plus de vingt-huit autres ordres militaires, qui, n'étant point soumis à des règles particulières, ne sont considérés que comme d'illustres confréries religieuses: tels sont ces chevaliers du Lion, du Croissant, du Dragon, de l'Aigle-Blanche, du Lys, du Ferd'Or, et ces chevalières de la Hache, dont les noms rappellent les Roland, les Roger, les Renaud, les Clorinde, les Bradamante, et les prodiges de la Table ronde.

Quelques marchands d'Amalfi, dans le royaume de Naples, obtiennent de Romensor, calife d'Égypte, la permission de bâtir une église latine à Jérusalem; ils y ajoutent un hôpital pour y recevoir les étrangers et les pélerins: Gérard de Provence les gouverne. Les croisades commencent. Godefroy de Bouillon arrive, il donne quelques terres aux nouveaux hospitaliers. Boyant-Roger succède à Gérard, RaymondDupuy à Roger. Dupuy prend le titre de grandmaître, divise les hospitaliers en chevaliers, pour assurer les chemins aux pélerins et pour combattre les Infidèles; en chapelains, consacrés au service des autels, et en frères servants, qui devoient aussi prendre les armes.

L'Italie, l'Espagne, la France, l'Angleterre, l'Allemagne et la Grèce, qui, tour à tour ou toutes ensemble, viennent aborder aux rivages de la Syrie, sont soutenues par les braves hospitaliers. Mais la fortune change sans changer la valeur : Saladin reprend Jé

rusalem. Acre ou Ptolémaïde est bientôt le seul port qui reste aux croisés en Palestine. On y voit réunis le roi de Jérusalem et de Chypre, le roi de Naples et de Sicile, le roi d'Arménie, le prince d'Antioche, le comte de Jaffa, le patriarche de Jérusalem, les chevaliers du Saint-Sépulcre, le légat du pape, le comte de Tripoli, le prince de Galilée, les templiers, les hospitaliers, les chevaliers teutoniques, ceux de Saint-Lazare, les Vénitiens, les Génois, les Pisans, les Florentins, le prince de Tarente et le duc d'Athènes. Tous ces princes, tous ces peuples, tous ces ordres ont leur quartier séparé, où ils vivent indépendants les uns des autres: «En sorte, dit l'abbé Fleury, qu'il y avoit cinquante-huit tribunaux qui jugeoient à mort'. »>

Le trouble ne tarda pas à se mettre parmi tant d'hommes de mœurs et d'intérêts divers. On en vient aux mains dans la ville. Charles d'Anjou et Hugues III, roi de Chypre, prétendant tous deux au royaume de Jérusalem, augmentent encore la confusion. Le soudan Mélec-Messor profite de ces querelles intestines, et s'avance avec une puissante armée, dans le dessein d'arracher aux croisés leur dernier refuge. Il est empoisonné par un de ses émirs en sortant d'Égypte; mais avant d'expirer il fait jurer à son fils de ne point donner de sépulture aux cendres paternelles qu'il n'ait fait tomber Ptolémaïde.

Mélec-Séraph exécute la dernière volonté de son père: Acre est assiégée et emportée d'assaut le 18 de

1 Hist. ecclés,

mai

1291. Des religieuses donnèrent alors un exem ple effrayant de la chasteté chrétienne : elles se mutilèrent le visage, et furent trouvées dans cet état par les Infidèles, qui en eurent horreur et les massa

crèrent.

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Après la réduction de Ptolémaïde les hospitaliers se retirèrent dans l'île de Chypre, où ils demeurèrent dix-huit ans. Rhodes, révoltée contre Andronic empereur d'Orient, appelle les Sarrasins dans ses murs. Villaret, grand-maître des hospitaliers, obtient d'Andronic l'investiture de l'île, en cas qu'il puisse la soustraire au joug des Mahométans. Ses chevaliers se couvrent de peaux de brebis, et, se traînant sur les mains au milieu d'un troupeau, ils se glissent dans la ville pendant un épais brouillard, se saisissent d'une des portes, égorgent la garde, et introduisent dans les murs le reste de l'armée chrétienne.

Quatre fois les Turcs essaient de reprendre l'île de Rhodes sur les chevaliers, et quatre fois ils sont repoussés. Au troisième effort, le siége de la ville dura cinq ans, et au quatrième, Mahomet battit les murs avec seize canons d'un calibre tel qu'on n'en avoit point encore vu en Europe.

Ces mêmes chevaliers, à peine échappés à la puissance ottomane, en devinrent les protecteurs. Un prince Zizime, fils de ce Mahomet II qui naguère foudroyoit les remparts de Rhodes, implore le secours des chevaliers contre Bajazet son frère, qui l'avoit dépouillé de son héritage. Bajazet, qui craignoit une guerre civile, se hâte de faire la paix avec

l'Ordre, et consent à lui payer une certaine somme tous les ans, pour la pension de Zizime. On vit alors, par un de ces jeux si communs de la fortune, un puissant empereur des Turcs tributaire de quelques hospitaliers chrétiens.

Enfin, sous le grand-maître Villiers-de-l'Ile-Adam, Soliman s'empare de Rhodes après avoir perdu cent mille hommes devant ses murs. Les chevaliers se retirent à Malte, que leur abandonne Charles-Quint. Ils y sont attaqués de nouveau par les Turcs; mais leur courage les délivre, et ils restent paisibles possesseurs de l'île, sous le nom de laquelle ils sont encore connus aujourd'hui '.

CHAPITRE II.

ORDRE TEUTONIQUE.

A l'autre extrémité de l'Europe la chevalerie religieuse jetoit les fondements de ces états qui sont devenus de puissants royaumes.

L'ordre teutonique avoit pris naissance pendant le premier siége d'Acre par les chrétiens, vers l'an 1190. Dans la suite le duc de Massovie et de Pologne l'appela à la défense de ses états contre les incur

1. VERT. Hist. des chev. de Malte; FLEURY, Hist, ecclés.; GIUSTINIANI, Ist, cron, dell' or. degli Ord. milit.; HÉLYOT, Hist. des Ordres relig., t. 111.

sions des Prussiens. Ceux-ci étoient des peuples barhares qui sortoient de temps en temps de leurs forêts pour ravager les contrées voisines. Ils avoient réduit la province de Culm en une affreuse solitude, et n'avoient laissé debout sur la Vistule que le seul château de Plotzko. Les chevaliers teutoniques, pénétrant peu à peu dans les bois de la Prusse, y bâtirent des forteresses. Les Warmiens, les Barthes, les Natangues, subirent tour à tour le joug, et la navigation des mers du Nord fut assurée.

Les chevaliers de Porte-glaive, qui de leur côté avoient travaillé à la conquête des pays septentrionaux, en se réunissant aux chevaliers teutoniques, leur donnèrent une puissance vraiment royale. Les progrès de l'Ordre furent cependant retardés par la division qui régna long-temps entre les chevaliers et les évêques de Livonie; mais enfin, tout le nord de l'Europe s'étant soumis, Albert, marquis de Brandebourg, embrassa la doctrine de Luther, chassa les chevaliers de leurs gouvernements, et se rendit seul maître de la Prusse, qui prit alors le nom de Prusse ducale. Ce nouveau duché fut érigé en royaume en 1701, sous l'aïeul du grand Frédéric.

Les restes de l'ordre teutonique subsistent encore en Allemagne, et c'est le prince Charles qui en est grand-maître aujourd'hui '.

1. SHOONBECK, Ord. milit.; GIUSTINIAN., Ist. dell' or. cronol. degli Ord. milit.; HELYOT, Hist. des Ord. relig., t. III; FLEURY, Hist, ecclés.

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