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LIVRE SIXIÈME.

SERVICES RENDUS A LA SOCIÉTÉ PAR LE CLERGÉ ET LA RELIGION CHRÉTIENNE EN GÉNÉRAL.

CHAPITRE PREMIER.

IMMENSITÉ Des bienfaits DU CHRISTIANISME '.

Ce ne seroit rien connoître que de connoître vaguement les bienfaits du christianisme: c'est le détail de ses bienfaits, c'est l'art avec lequel la religion a varié ses dons, répandu ses secours, distribué ses trésors, ses remèdes, ses lumières, c'est ce détail, c'est cet art qu'il faut pénétrer. Jusqu'aux délicatesses des sentiments, jusqu'aux amours-propres, jusqu'aux foiblesses, la religion a tout ménagé, en soulageant tout. Pour nous, qui depuis quelques années nous occupons de ces recherches, tant de traits de charité, tant de fondations admirables, tant d'inconcevables

1. Voyez, pour toute cette partie, HELYOT, Hist. des Ordres relig. et milit. 8 vol. in-4o; HERMANT, Étab, des Ord. relig.; BONNANI, Catal ̧ omn. Ord, relig.; GIUSTINIANI, MENNHIUS et SHOONBECK, dans leur Hist. des Ord. milit.; SAINT-FOIX, Essais sur Paris; Vie de Saint Vincent de Paul; Vie des Pères du Désert; S. BASILE, Oper.; LOBINRAU, Hist. de Bretagne.

sacrifices sont passés sous nos yeux, que nous croyons qu'il y a dans ce seul mérite du christianisme de quoi expier tous les crimes des hommes: culte céleste, qui nous force d'aimer cette triste humanité qui le calomnie.

Ce que nous allons citer est bien peu de chose, et nous pourrions remplir plusieurs volumes de ce que nous rejetons; nous ne sommes pas même sûr d'avoir choisi ce qu'il y a de plus frappant : mais, dans l'impossibilité de tout décrire, et de juger qui l'emporte en vertu parmi un si grand nombre d'oeuvres charitables, nous recueillons presqu'au hasard ce que nous donnons ici.

Pour se faire d'abord une idée de l'immensité des bienfaits de la religion, il faut se représenter la chrétienté comme une vaste république, où tout ce que nous rapportons d'une partie se passe en même temps dans une autre. Ainsi, quand nous parlerons des hôpitaux, des missions, des colléges de la France, il faut aussi se figurer les hôpitaux, les missions, les colléges de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne, de la Russie, de l'Angleterre, de l'Amérique, de l'Afrique et de l'Asie; il faut voir deux cents millions d'hommes, au moins, chez qui se pratiquent les mêmes vertus et se font les mêmes sacrifices; il faut se ressouvenir qu'il y a dix-huit cents ans que ces vertus existent et que les mêmes actes de charité se répètent: calculez maintenant, si votre esprit ne s'y perd, le nombre d'individus soulagés et éclairés par le christianisme, chez tant de nations, et pendant une aussi longue suite de siècles!

CHAPITRE II.

HÔPITAUX.

La charité, vertu absolument chrétienne, et inconnue des anciens, a pris naissance dans JésusChrist; c'est la vertu qui le distingua principalement du reste des mortels, et qui fut en lui le sceau de la rénovation de la nature humaine. Ce fut par la charité, à l'exemple de leur divin maître, que les Apôtres gagnèrent si rapidement les cœurs, et séduisirent saintement les hommes.

Les premiers fidèles, instruits dans cette grande vertu, mettoient en commun quelques deniers pour secourir les nécessiteux, les malades et les voyageurs: ainsi commencèrent les hôpitaux. Devenue plus opulente, l'Église fonda pour nos maux des établissements dignes d'elle. Dès ce moment les œuvres de miséricorde n'eurent plus de retenue: il y eut comme un débordement de la charité sur les misérables, jusqu'alors abandonnés sans secours par les heureux du monde. On demandera peut-être comment faisoient les anciens, qui n'avoient point d'hôpitaux? Ils avoient, pour se défaire des pauvres et des infortunés, deux moyens que les chrétiens n'ont pas : l'infanticide et l'esclavage.

Les maladreries ou léproseries de Saint-Lazare sem

blent avoir été en Orient les premières maisons de refuge. On y recevoit ces lépreux qui, renoncés de leurs proches, languissoient aux carrefours des cités, en horreur à tous les hommes. Ces hôpitaux étoient desservis par des religieux de l'ordre de Saint-Basile.

Nous avons dit un mot des Trinitaires, ou des pères de la Rédemption des captifs. Saint Pierre de Nolasque en Espagne imita saint Jean de Matha en France. On ne peut lire sans attendrissement les règles austères de ces ordres. Par leur première constitution, les trinitaires ne pouvoient manger que des légumes et du laitage. Et pourquoi cette vie rigoureuse? Parce que plus ces pères se privoient des nécessités de la vie, plus il restoit de trésors à prodiguer aux Barbares; parce que, s'il falloit des victimes à la colère céleste, on espéroit que le Tout-Puissant recevroit les expiations de ces religieux en échange des maux dont ils délivroient les prisonniers.

L'ordre de la Merci donna plusieurs saints au monde. Saint Pierre Pascal, évêque de Jaën, après avoir employé ses revenus au rachat des captifs et au soulagement des pauvres, passa chez les Turcs, où il fut chargé de fers. Le clergé et le peuple de son église lui envoyèrent une somme d'argent pour sa rançon. «Le saint, dit Héliot, la reçut avec beaucoup de reconnoissance; mais, au lieu de l'employer à se procurer la liberté, il en racheta quantité de femmes et d'enfants, dont la foiblesse lui faisoit craindre qu'ils n'abandonnassent la religion chrétienne, et il demeura toujours entre les mains de ces Barbares, qui lui procurèrent la couronne du martyre en 1300. »

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Il se forma aussi dans cet ordre une congrégation de femmes qui se dévouoient au soulagement des pauvres étrangères. Une des fondatrices de ce tiersordre étoit une grande dame de Barcelone, qui distribua son bien aux malheureux : son nom de famille s'est perdu; elle n'est plus connue aujourd'hui que par le nom de Marie DU SECOURS que les pauvres lui avoient donné.

L'ordre des religieuses pénitentes, en Allemagne et en France, retiroit du vice de malheureuses filles exposées à périr dans la misère, après avoir vécu dans le désordre. C'étoit une chose tout-à-fait divine de voir la religion, surmontant ses dégoûts par un excès de charité, exiger jusqu'aux preuves du vice, de peur qu'on ne trompât ses institutions, et que l'innocence, sous la forme du repentir, n'usurpât une retraite qui n'était pas établie pour elle. « Vous savez, dit Jehan Simon, évêque de Paris, dans les constitutions de cet ordre, qu'aucunes sont venues à nous qui étoient vierges..., à la suggestion de leurs mères et parents, qui ne demandoient qu'à s'en défaire; ordonnons que, si aucune vouloit entrer en votre congrégation, elle soit interrogée... etc. »

Les noms les plus doux et les plus miséricordieux servoient à couvrir les erreurs passées de ces pécheresses. On les appeloit les filles du Bon-Pasteur, ou les filles de la Madeleine, pour désigner leur retour au bercail, et le pardon qui les attendoit. Elles ne prononçoient que des voeux simples; on tâchoit même de les marier quand elles le désiroient, et on leur assuroit une petite dot. Afin qu'elles n'eussent que

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