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ques alloient se dresser dans leurs sépulcres, et fixer sur nous leurs regards, à la lueur de cette lampe!... Oui, nous les voyons tous se lever à demi, ces spectres des rois; nous les reconnoissons, nous osons interroger ces majestés du tombeau. Hé bien, peuple royal de fantômes, dites-le-nous : voudriez-vous revivre maintenant au prix d'une couronne? le trône vous tente-t-il encore?... Mais d'où vient ce profond silence? d'où vient que vous êtes tous muets sous ces voûtes? Vous secouez vos têtes royales, d'où tombe un nuage de poussière; vos yeux se referment, et vous vous recouchez lentement dans vos cercueils!

Ah! si nous avions interrogé ces morts champêtres, dont naguère nous visitions les cendres, ils auroient percé le gazon de leurs tombeaux; et, sortant du sein de la terre comme des vapeurs brillantes, ils nous auroient répondu : « Si Dieu l'ordonne ainsi, pourquoi refuserions-nous de revivre? Pourquoi ne passerions-nous pas encore des jours résignés dans nos chaumières? Notre hoyau n'étoit pas si pesant que vous le pensez; nos sueurs mêmes avoient leurs charmes, lorsqu'elles étoient essuyées par une tendre épouse, ou bénies par la religion. »

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Mais où nous entraîne la description de ces tombeaux déjà effacés de la terre? Elles ne sont plus. ces sépultures! Les petits enfants se sont joués avec les os des puissants monarques : Saint-Denis est désert; l'oiseau l'a pris pour passage, l'herbe croît sur ses autels brisés; et au lieu du cantique de la mort, qui retentissoit sous ses dômes, on n'entend plus

que les gouttes de pluie qui tombent par son toit découvert, la chute de quelque pierre qui se détache de ses murs en ruine, ou le son de son horloge, qui va roulant dans les tombeaux vides et les souterrains dévastés '.

1. Voyez la note B, à la fin du volume.

LIVRE TROISIÈME.

VUE GÉNÉRALE DU CLERGÉ.

CHAPITRE PREMIER.

DE JÉSUS-CHRIST ET DE SA VIE.

Vers le temps de l'apparition du Rédempteur sur la terre, les nations étoient dans l'attente de quelque personnage fameux. «Une ancienne et constante opinion, dit Suétone, étoit répandue dans l'Orient, qu'un homme s'élèveroit de la Judée, et obtiendroit l'empire universel'. » Tacite raconte le même fait presque dans les mêmes mots. Selon cet historien, << la plupart des Juifs étoient convaincus, d'après un oracle conservé dans les anciens livres de leurs prêtres, que dans ce temps-là (le temps de Vespasien) l'Orient prévaudroit, et que quelqu'un sorti de Judée règneroit sur le monde. »

1. Percrebuerat Oriente toto vetus et constans opinio, esse in fatis, ut eo tempore Judea profecti rerum potirentur. (SUET., in Vespas., c. Iv.) 2, Pluribus persuasio inerat, antiquis sacerdotum litteris contineri, eo ipso,

Josèphe, parlant de la ruine de Jérusalem, rapporte que les Juifs furent principalement poussés à la révolte contre les Romains par une obscure' prophétie qui leur annonçoit que, vers cette époque, un homme s'élèveroit parmi eux, et soumettroit l'uni

vers 2.

Le Nouveau-Testament offre aussi des traces de cette espérance répandue dans Israël: la foule qui court au désert demande à saint Jean-Baptiste s'il est le grand Messie, le Christ de Dieu, depuis long-temps attendu ; les disciples d'Emmaüs sont saisis de tristesse lorsqu'ils reconnoissent que Jean n'est pas l'homme qui doit racheter Israël. Les soixante-dix semaines de Daniel, ou les quatre cent quatre-vingtdix ans, depuis la reconstruction du Temple, étoient accomplis. Enfin Origène, après avoir rapporté ces traditions des Juifs, ajoute « qu'un grand nombre d'entre eux avouèrent Jésus-Christ pour le libérateur promis par les prophètes 3. »

Cependant le ciel prépare les voies du Fils de l'homme. Les nations long-temps désunies de mœurs, de gouvernement, de langage, entretenoient des inimitiés héréditaires; tout-à-coup le bruit des armes

tempore fore, ut valesceret Oriens, profectique Judea rerum potirentur. (TACIT., Hist., lib. v, c. x111.)

1. Aμqibolos, applicable à plusieurs personnes; et voilà pourquoi les historiens latins l'attribuèrent à Vespasien.

2. JOSEнH,, de Bell, Judaic., pag. 1283,

3. Καὶ πεποιθέναι αὐτὸν εἶναι τὸν προψητευόμενομ.

(ORIG. Cont. Cels., p. 127.)

cesse, et les peuples, réconciliés ou vaincus, viennent se perdre dans le peuple romain.

D'un côté, la religion et les mœurs sont parvenues à ce degré de corruption qui produit de force un changement dans les affaires humaines; de l'autre, les dogmes de l'unité d'un Dieu et de l'immortalité de l'ame commencent à se répandre : ainsi les chemins s'ouvrent à la doctrine évangélique, qu'une langue universelle va servir à propager.

Cet empire romain se compose de nations, les unes sauvages, les autres policées, la plupart infiniment malheureuses: la simplicité du Christ pour les premières, ses vertus morales pour les secondes; pour toutes, sa miséricorde et sa charité sont des moyens de salut que le ciel ménage. Et ces moyens sont si efficaces, que, deux siècles après le Messie, Tertullien disoit aux juges de Rome : « Nous ne sommes que d'hier, et nous remplissons tout, vos cités, vos îles, vos forteresses, vos colonies, vos tribus, vos décuries, vos conseils, le palais, le șénat, le forum; nous ne vous laissons que vos temples. » Sola relinquimus templa'.

A la grandeur des préparations naturelles s'unit l'éclat des prodiges : les vrais oracles, depuis longtemps muets dans Jérusalem, recouvrent la voix, et les fausses sibylles se taisent. Une nouvelle étoile se montre dans l'Orient, Gabriel descend vers Marie, et un choeur d'esprits bienheureux chante au haut

1. Voyez la note C, à la fin du volume. 2. TERTULL., Apologet., cap. xxXVII,

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