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drie et saint Ignace en portent témoignage'. Poleimon, le juge, ayant demandé à Pionos, martyr, de quelle Église il étoit, le confesseur répondit : De l'Église catholique; car Jésus-Christ n'en connoit point d'autre'.

N'oublions pas dans le développement de cette hiérarchie, que saint Jérôme compare à celle des anges, n'oublions pas les voies par où la chrétienté signaloit sa sagesse et sa force, nous voulons dire les conseils et les persécutions. «< Rappelez en votre mémoire, dit La Bruyère, rappelez ce grand et premier concile, où les Pères qui le composoient étoient remarquables chacun par quelque membre mutilé, ou par les cicatrices qui leur étoient restées des fureurs de la persécution: ils sembloient tenir de leurs plaies le droit de s'asseoir dans cette assemblée générale de toute l'Église. »

Déplorable esprit de parti! Voltaire, qui montre souvent. l'horreur du sang et l'amour de l'humanité, cherche à persuader qu'il y eut peu de martyrs dans l'Église primitive'; et comme s'il n'eût jamais lu les historiens romains, il va presque jusqu'à nier cette première persécution dont Tacite nous a fait une si affreuse peinture. L'auteur de Zaïre, qui connoissoit la puissance du malheur, a craint qu'on ne se

1. Eus. lib. IV, cap. xv; CLEM. ALEX., Strom., lib. vII; IGNAT., cap. ad Smyrn., n. 8.

2. ACT. PION. ap. Bar., an. 254, no 9.

3. Dans son Essai sur les mœurs. Voyez la note G, à la fin du volume.

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laissât toucher par le tableau des souffrances des chrétiens; il a voulu leur arracher une couronne de martyre qui les rendoit intéressants aux coeurs sensibles, et leur ravir jusqu'au charme de leurs pleurs. Ainsi, nous avons tracé le tableau de la hiérarchie apostolique joignez-y le clergé régulier, dont nous allons bientôt nous entretenir, et vous aurez l'Église entière de Jésus-Christ. Nous osons l'avancer : aucune autre religion sur la terre n'a offert un pareil système de bienfaits, de prudence et de prévoyance, de force et de douceur, de lois morales et de lois religieuses. Rien n'est plus sagement ordonné que ces cercles qui, partant du dernier chantre de village, s'élèvent jusqu'au trône pontifical qu'ils supportent et qui les couronne. L'Église ainsi, par ses différents degrés, touchoit à nos divers besoins: arts, lettres, sciences, législation, politique, institutions littéraires, civiles et religieuses, fondations pour l'humanité, tous ces magnifiques bienfaits nous arrivoient par les rangs supérieurs de la hiérarchie, tandis que

les détails de la charité et de la morale étoient répandus par les degrés inférieurs, chez les dernières classes du peuple. Si jadis l'Église fut pauvre, depuis le dernier échelon jusqu'au premier, c'est que la chrétienté étoit indigente comme elle. Mais on ne sauroit exiger que le clergé fût demeuré pauvre, quand l'opulence croissoit autour de lui. Il auroit alors perdu toute considération, et certaines classes de la société avec lesquelles il n'auroit pu vivre se fussent soustraites à son autorité morale. Le chef de l'Église étoit prince, pour pouvoir parler aux princes; les

évêques, marchant de pair avec les grands, osoient les instruire de leurs devoirs; les prêtres séculiers et réguliers, au-dessus des nécessités de la vie, se mêloient aux riches dont ils épuroient les mœurs, et le simple curé se rapprochoit des pauvres, qu'il étoit destiné à soulager par ses bienfaits, et à consoler par son exemple.

Ce n'est pas que le plus indigent des prêtres ne pût aussi instruire les grands du monde, et les rappeler à la vertu; mais il ne pouvoit ni les suivre dans les habitudes de leur vie, comme le haut clergé, ni leur tenir un langage qu'ils eussent parfaitement entendu. La considération même dont ils jouissoient venoit en partie des ordres supérieurs de l'Église. Il convient d'ailleurs à de grands peuples d'avoir un culte honorable, et des autels où l'infortuné puisse trouver des secours.

Au reste, il n'y a rien d'aussi beau dans l'histoire des institutions civiles et religieuses que ce qui concerne l'autorité, les devoirs et l'investiture du prélat, parmi les chrétiens. On y voit la parfaite image du pasteur des peuples et du ministre des autels. Aucune classe d'hommes n'a plus honoré l'humanité que celle des évêques, et l'on ne pourroit trouver ailleurs plus de vertus, de grandeur et de génie.

Le chef apostolique devoit être sans défaut de corps, et pareil au prêtre sans tache que Platon dépeint dans ses Lois. Choisi dans l'assemblée du peuple, il était peut-être le seul magistrat légal qui existât dans les temps barbares. Comme cette place entraînoit une responsabilité immense, tant dans cette vie

que dans l'autre, elle étoit loin d'être briguée. Les Basile et les Ambroise fuyoient au désert, dans la crainte d'être élevés à une dignité dont les devoirs effrayoient même leurs vertus.

Non seulement l'évêque étoit obligé de remplir ses fonctions religieuses, comme d'enseigner la morale, d'administrer les sacrements, d'ordonner les prêtres, mais encore le poids des lois civiles et des débats politiques retomboit sur lui.C'étoit un prince à apaiser, une guerre à détourner, une ville à défendre. L'évêque de Paris, au neuvième siècle, en sauvant par son courage la capitale de la France, enpêcha peut-être la France entière de passer sous le joug des Normands.

« On étoit si convaincu, dit d'Héricourt, que l'obligation de recevoir les étrangers étoit un devoir dans l'épiscopat, que saint Grégoire voulut, avant de consacrer Florentinus, évêque d'Ancône, qu'on exprimât si c'étoit par impuissance ou par avarice qu'il n'avoit point exercé jusqu'alors l'hospitalité envers les étrangers'. >>

On vouloit que l'évêque haït le péché, et non le pécheur; qu'il supportât le foible; qu'il eût un coeur de père pour les pauvres. Il devoit néanmoins garder quelque mesure dans ses dons, et ne point entretenir de profession dangereuse ou inutile, comme les baladins et les chasseurs: véritable loi politique, qui frappoit d'un côté le vice dominant des Romains, et de l'autre la passion des Barbares.

1. Lois eccl. de France, pag. 751. 2. Id. ib., can. Odio. 3. Id., loc. cit. 4. Id, ib., can. Don, qui venatoribųs.

Si l'évêque avoit des parents dans le besoin, il lui étoit permis de les préférer à des étrangers, mais non pas de les enrichir : « Car, dit le canon, c'est leur état d'indigence, et non les liens du sang qu'il doit regarder en pareil cas'. >>

Faut-il s'étonner qu'avec tant de vertus les évêques obtinssent la vénération des peuples? On courboit la tète sous leur bénédiction; on chantoit Hozannah devant eux; on les appeloit très saints, très chers à Dieu, et ces titres étoient d'autant plus magnifiques, qu'ils étoient justement acquis.

Quand les nations se civilisèrent, les évêques, plus circonscrits dans leurs devoirs religieux, jouirent du bien qu'ils avoient fait aux hommes, et cherchèrent à leur en faire encore, en s'appliquant plus particulièrement au maintien de la morale, aux œuvres de charité et aux progrès des lettres. Leurs palais devinrent le centre de la politesse et des arts. Appelés par leurs souverains au ministère public, et revêtus des premières dignités de l'Église, ils y déployèrent des talents qui firent l'admiration de l'Europe. Jusque dans ces derniers temps, les évêques de France ont été des exemples de modération et de lumière. On pourrait sans doute citer quelques exceptions : mais, tant que les hommes seront sensibles à la vertu, on se souviendra que plus de soixante évêques catholiques ont erré fugitifs chez des peuples protestants, et qu'en dépit des préjugés religieux et des préventions qui s'attachent à l'infortune, ils se sont

1. Lois eccl., pag. 742, can. Est probanda.

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