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ces actes de dévouement, la sueur tomber à grosses gouttes du front de ces compatissants religieux, et' mouiller ce froc qu'elle a pour toujours rendu sacré, en dépit des sarcasmes de la philosophie. Et pourtant quel honneur, quel profit revenoit-il à ces moines de tant de sacrifices, sinon la dérision du monde, et les injures même des prisonniers qu'ils consoloient! Mais du moins les hommes, tout ingrats qu'ils sont, avoient confessé leur nullité dans ces grandes rencontres de la vie, puisqu'ils les avoient abandonnées à la religion, seul véritable secours au dernier degré du malheur. O apôtre de Jésus-Christ, de quelles catastrophes n'étiez-vous point témoin, vous qui, près du bourreau, ne craigniez point de vous couvrir du sang des misérables, et qui étiez leur dernier-ami! Voici un des plus hauts spectacles de la terre: aux deux coins de cet échafaud, les deux justices sont en présence, la justice humaine et la justice divine; l'une, implacable et appuyée sur un glaive, est accompagnée du désespoir; l'autre, tenant un, voile trempé de pleurs, se montre entre la pitié et l'espérance: l'une a pour ministre un homme de sang, l'autre un homme de paix : l'une condamne, l'autre absout: innocente ou coupable, la première dit à la victime: «< Meurs!» La seconde lui crie: « Fils de l'innocence ou du repentir, montez au ciel!»>

LIVRE QUATRIÈME.

MISSIONS.

CHAPITRE PREMIER.

IDÉE GÉNÉRALE DES MISSIONS.

Voici encore une de ces grandes et nouvelles idées qui n'appartiennent qu'à la religion chrétienne. Les cultes idolâtres ont ignoré l'enthousiasme divin qui anime l'apôtre de l'Évangile. Les anciens philosophes eux-mêmes n'ont jamais quitté les avenues d'Académus et les délices d'Athènes, pour aller, au gré d'une impulsion sublime, humaniser le Sauvage, instruire l'ignorant, guérir le malade, vêtir le pauvre, et semer la concorde et la paix parmi des nations ennemies : c'est ce que les Religieux chrétiens ont fait et font encore tous les jours. Les mers, les orages, les glaces du pôle, les feux du tropique, rien ne les arrête : ils vivent avec l'Esquimau dans son outre de peau de vache marine; ils se nourrissent d'huile de baleine avec le Groenlandois; avec le Tartare ou l'Iroquois, ils par

courent la solitude; ils montent sur le dromadaire de l'Arabe, ou suivent le Caffre errant dans ses déserts embrasés; le Chinois, le Japonois', l'Indien, sont devenus leurs néophytes; il n'est point d'île ou d'écueil dans l'Océan qui ait pu échapper à leur zèle; et, comme autrefois les royaumes manquoient à l'ambition d'Alexandre, la terre manque à leur charité.

Lorsque l'Europe régénérée n'offrit plus aux prédicateurs de la foi qu'une famille de frères, ils tournèrent les yeux vers les régions où des ames languissoient encore dans les ténèbres de l'idolâtrie. Ils furent touchés de compassion en voyant cette dégradation de l'homme; ils se sentirent pressés du désir de verser leur sang pour le salut de ces étrangers. Il falloit percer des forêts profondes, franchir des marais impraticables, traverser des fleuves dangereux, gravir des rochers inaccessibles; il falloit affronter des nations cruelles, superstitieuses et jalouses, il falloit surmonter dans les unes l'ignorance de la barbarie, dans les autres les préjugés de la civilisation; tant d'obstacles ne purent les arrêter. Ceux qui ne croient plus à la religion de leurs pères conviendront du moins que si le missionnaire est fermement persuadé qu'il n'y a de salut que dans la religion chrétienne, l'acte par lequel il se condamne à des maux inouïs pour sauver un idolâtre est au-dessus des plus grands dévouements.

Qu'un homme, à la vue de tout un peuple, sous les yeux de ses parents et de ses amis, s'expose à la mort pour sa patrie, il échange quelques jours de vie pour des siècles de gloire; il illustre sa famille et

l'élève aux richesses et aux honneurs. Mais le missionnaire dont la vie se consume au fond des bois, qui meurt d'une mort affreuse, sans spectateurs, sans applaudissements, sans avantage pour les siens, obscur, méprisé, traité de fou, d'absurde, de fanatique, et tout cela pour donner un bonheur éternel à un Sauvage inconnu... De quel nom faut-il appeler cette mort, ce sacrifice?

Diverses congrégations religieuses se consacroient aux missions : les Dominicains, l'ordre de saint François, les Jésuites et les prêtres des Missions Etrangères.

II y avoit quatre sortes de missions:

Les missions du Levant, qui comprenoient l'Archipel, Constantinople, la Syrie, l'Arménie, la Crimée, l'Éthiopie, la Perse et l'Égypte;

Les missions de l'Amérique, commençant à la baie d'Hudson, et remontant par le Canada, la Louisiane, la Californie, les Antilles et la Guiane, jusqu'aux fameuses Réductions ou peuplades du Paraguay;

Les missions de l'Inde, qui renfermoient l'Indostan, la presqu'île en deçà et au-delà du Gange, et qui s'étendoient jusqu'à Manille et aux NouvellesPhilippines;

Enfin, les missions de la Chine, auxquelles se joignoient celles de Tong-King, de la Cochinchine et du Japon.

On comptoit de plus quelques églises en Islande et chez les Nègres de l'Afrique, mais elles n'étoient

pas régulièrement suivies. Des ministres presbytériens ont tenté dernièrement de prêcher l'Evangile à

Otaïti.

:

Lorsque les Jésuites firent paroître la correspondance connue sous le nom de Lettres édifiantes, elle fut citée et recherchée par tous les auteurs. On s'appuyoit de son autorité, et les faits qu'elle contenoit passoient pour indubitables. Mais bientôt la mode vint de décrier ce qu'on avoit admiré. Ces lettres étoient écrites par des prêtres chrétiens pouvoientelles valoir quelque chose? On ne rougit pas de préférer, ou plutôt de feindre de préférer aux Voyages des Du Tertre et des Charlevoix ceux d'un baron de la Hontan, ignorant et menteur. Des savants qui avoient été à la tête des premiers tribunaux de la Chine, qui avoient passé trente et quarante années à la cour même des empereurs, qui parloient et écrivoient la langue du pays, qui fréquentoient les petits, qui vivoient familièrement avec les grands, qui avoient parcouru, vu et étudié en détail les provinces, les mœurs, la religion et les lois de ce vaste empire; ces savants, dont les travaux nombreux ont enrichi les mémoires de l'Académie des sciences, se virent traités d'imposteurs par un homme qui n'étoit pas sorti du quartier des Européens à Canton, qui ne savoit pas un mot de chinois, et dont tout le mérite consistoit à contredire grossièrement les récits des missionnaires. On le sait aujourd'hui, et l'on rend une tardive justice aux Jésuites. Des ambassades faites à grands frais par des nations puissantes nous ont-elles appris quelque chose que les Duhalde et les Le Comte nous

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