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un certain Plapisson, espèce de philosophe dont les jugements n'étaient pas sans influence, et qui, à tous les éclats de rire, haussait les épaules, et disait tout haut: « Ris donc parterre, ris donc ! » Boileau donna son approbation dans des stances où il dit à Molière, en parlant de ses détracteurs :

Si tu savais un peu moins plaire,

Tu ne leur déplairais pas tant. Mais le plus babile défenseur de Molière, ce fut Molière lui-même, dans la Critique de l'École des femmes, représentée le 1er juin 1663. En vain, Boursault voulut-il y répondre par une contre-critique, le Portrait du peintre ; Molière alla se ranger parmi les spectateurs, comme Socrate avait assisté à la représentation des Nuées. La vengeance était noble, mais imparfaite : Louis XIV la voulut plus sanglante. Il venait de recevoir le Remerciment au roi pour la pension de 1,000 livres accordée à Molière; il commanda à celui-ci une réponse à ses ennemis, et le 14 novembre l'Impromptu de Versailles fut représenté sur le théâtre du Palais-Royal. Les panégyristes de l'auteur lui ont tous reproché, comme l'unique faute de sa vie et de sa mission de réformateur, d'avoir nommé Boursault dans l'Impromptu. Voltaire a dit que « la licence de la comédie grecque n'allait pas plus loin. » Nous pensons que Molière est excusable, puisque Boursault s'était nommé luimême dans le Portrait du peintre. Dorante y demande qui fera la critique de l'École des femmes, et Amarante lui répond :

Un garçon que je sais, qu'on appelle Boursault. Une remarque à la louange de Molière, c'est qu'il n'attaque en rien l'honneur de ceux qu'il critique, et qu'il dédaigne les armes qu'ils avaient employées contre lui. Il ne plaisante plus au souvenir de ces personnalités. « La courtoisie doit avoir des bornes, dit-il d'un ton sérieux dans la 3o scène; il y a des choses qui ne font rire ni les spectateurs ni celui dont on parle. Je leur abandonne de bon cœur mes ouvrages, ma figure, mes gestes, mes paroles, mon ton de voix et ma façon de réciter; mais en leur abandonnant tout cela, ils me doivent faire la grâce de me laisser

le reste, et de ne point toucher à des matières de la nature de celles sur lesquelles on m'a dit qu'ils m'attaquaient dans leurs comédies. C'est de quoi je prierai civilement cet honnête Monsieur qui se mêle d'écrire pour eux, et voilà toute la réponse qu'ils auront de moi. » L'envie redoubla de fureur. Une requête de Montfleuri, comédien de l'hôtel de Bourgogne, adressée à Louis XIV, accusa Molière d'avoir épousé sa propre fille! On croyait qu'Armande était fille de Madeleine Béjard elle en était la sœur. Ce fait a été établi par des actes authentiques, publiés en 1821, par M. Beffara. A l'atroce calomnie de Montfleuri, le poëte garda le silence; mais ce qui prouve la haute estime qu'avait pour lui le monarque, c'est que deux mois après, le 28 février 1664, le duc de Créquy et Mme de Choiseul tinrent sur les fonts de baptême, pour Louis XIV et la duchesse d'Orléans, le premier enfant de Molière. Cette déférence, longtemps ignorée, n'est qu'un des mille témoignages de l'affection que le roi lui portait. Ayant appris que, par préjugé, des officiers de sa maison ne voulaient pas manger avec un homme qui montait sur le théâtre, Louis l'appela à son petit lever, le fit mettre à table devant lui, et reçut la cour en servant le comédien. De tels actes lièrent le génie par la reconnaissance. Tout désir du roi fut un ordre, et l'on dut à cette soumission le Mariage forcé, suivi d'un ballet, où le roi dansa le 29 janvier 1664; la Princesse d'Élide, comédie-ballet, jouée à Versailles, le 8 mai suivant, le second jour des fêtes données à la reinemère et à Marie-Thérèse, sous le titre des Plaisirs de l'île enchantée. Le poëte fut tellement pressé, qu'il ne mit en vers que le commencement de cette dernière pièce.

Le Festin de Pierre, sujet espagnol, venait d'avoir un grand succès aux Italiens; les camarades de Molière le sollicitèrent d'en faire un pour eux : il écrivit sa pièce en prose, et elle fut jouée le 15 février 1665. Malgré la force avec laquelle est tracé le caractère de Don Juan, elle eut peu de succès, et l'excellent morceau sur l'hypocrisie souleva contre l'auteur tous les hypocrites. L'Amour méde–

cin, joué à Versailles le 15 septembre, souleva les médecins. Ce fut la première attaque sérieuse à la Faculté, dont les membres avaient été définis ainsi par Molière : « Un médecin est un homme que l'on paie pour conter des fariboles dans la chambre d'un malade jusqu'à ce que la mature l'ait guéri, ou que les remèdes l'aient tué. » La pièce, composée et apprise en cinq jours, était un divertissement commandé par le roi, qui venait d'accorder à la troupe de Molière le titre de Troupe du roi, avec une pension de 7,000 livres. Quelque peu d'importance que l'auteur attachât à L'Amour médecin, cette comédie eut un succès de vogue, qu'elle dut à la hardiesse de l'attaque et à la profondeur de l'esprit qu'elle renferme. Dès la première scène se trouve ce mot si vrai : « Vous êtes or

fèvre, M. Josse ! >>

Pendant que Molière faisait rire la cour et la ville, il cherchait souvent à Auteuil l'oubli de ses soucis domestiques. Sa santé était affaiblie par les veilles, par la difficulté de conduire sa troupe, et surtout par les orages de son ménage. Plein de ses passions, las des hommes, qu'il chérissait encore, prêt à tracer le tableau de leurs vices et à les envelopper tous dans le ridicule encouru par un certain nombre, amoureux d'une coquette dont il ne pouvait se détacher, et qui faisait son désespoir, il écrivit le Misanthrope, que l'Europe regarde comme le chefd'œuvre du haut comique : c'est en effet la peinture la plus parfaite du grand monde, de ses vices et de ses travers. L'étude approfondie de ce chef-d'œuvre est un cours de philosophie morale. On y fait bientôt justice des objections de JeanJacques. On reconnaît que l'Alceste et le Philinte, qu'il attaque, ne sont ni l'Alceste ni le Philinte de la pièce. On voit Molière dans le premier, Chapelle dans le second. On devine l'entourage du poëte Célimène, c'est sa femme; Arsinoé, la Du Parc; Éliante, la De Brie; Acaste, le comte de Guiche; Clitandre, le comte de Lauzun; Oronte, le duc de Saint-Aignan. La première scène du deuxième acte est un débat conjugal où sont exprimés dans toute leur force l'amour et la jalousie de l'auteur, tels à peu

près qu'ils sont peints dans une longue conversation entre lui et Chapelle, rapportée par Grimarest. Toute la pièce est animée de ce fatal amour de Molière et de sa misanthropie vertueuse, qu'ont mal analysée la plupart des commentateurs. Le public se méprit aussi sur la valeur de la pièce, jouée le 4 juin 1666. Elle eut, il est vrai, 21 représentations; mais toutes ne furent pas fructueuses : il est certain que l'auteur était en avant de son siècle.

Il s'en rapprocha bientôt, en donnant, le 9 août, la plus gaie de ses farces, le Médecin malgré lui. Le 2 décembre, il fallut jouer, au château de Saint-Germain-en-Laye, les deux premiers actes de Mélicerte, pastorale héroïque faite pour le Ballet des Muses, et destinée à peindre, sous le voile de l'allégorie, les premières amours de Louis XIV. Molière voulut encore, dans le rôle de Myrtil, faire valoir Baron (voy.), qui n'avait que 13 ans, et à l'éducation duquel il s'était livré avec un entier dévouement. Une Pastorale comique fut également jouée dans la même fête : il n'en reste que quelques couplets sans liaison. L'auteur apprit qu'on danserait une seconde fois le ballet des Muses: mécontent de ses deux pastorales, il voulut y substituer le Sicilien, ou l'Amour peintre; mais sa mauvaise santé ne lui permit pas de l'achever à temps. Cette comédie-ballet, espèce d'opéra-comique, modèle de grâce et de galanterie, fut jouée le 10 juin 1667.

Le 5 août suivant, Molière livra en entier les 5 actes du Tartufe, dont les trois premiers avaient été représentés le 12 mai 1664, à la sixième journée des fètes de Versailles. C'est toute une histoire que le récit des obstacles que rencontra le poëte. Depuis le Festin de Pierre, les libellistes l'avaient traité d'athée, de démon vêtu de chair et habilie en homme, etc. Une ligue puissante se forma contre la comédie de l'Imposteur. Ce mot tant répété : « Monseigneur ne veut pas qu'on le joue, » ne fut point dit; mais ce qui est vrai, c'est que les tartufes ne voulaient point qu'on les jouât, et qu'après la représentation du 5 août, la pièce fut suspendue par ordre, et ne put être reprise qu'en 1669. Louis XIV se

rangea du côté de l'agresseur : quel triomphe pour Molière! On se battait pour entrer au théâtre; chacun voulait voir le portrait admirable de ces hypocrites qui réduisaient la religion aux apparences, et aspiraient, au nom du ciel, à gouverner les choses de la terre. Le Tartufe ne fut pas seulement un acte de courage, mais un service rendu à l'humanité. C'est une protestation permanente, c'est un signalement immortel: désormais, les Orgons sont avertis, et sans doute ils préviendront le dénouement sans attendre la justice douteuse d'une intervention royale.

Une imitation de l'Amphitryon de Plaute, en vers libres, fut jouée le 13 janvier 1668. Molière laissa loin derrière lui le poëte latin: il fut moins indécent et plus varié; il emporta tous les suffrages. L'Avare, joué le 9 septembre, fut froidement accueilli, malgré son grand mérite. Il y avait un préjugé contre les pièces en 5 actes, écrites en prose, et ce préjugé retarda le succès, qui, pour avoir été tardif, n'en fut que plus solide. Georges Dandin, farce composée pour une fête de la cour, y réussit le 18 juillet, et la ville confirma son suffrage le 9 novembre. Rien de plus naturel et de plus plaisant que cette pièce dont la moralité seule a été justement attaquée. Pourceaugnac, autre farce jouée devant le roi, à Chambord, en 1669, eut le plus grand succès; mais aussi quelle farce! Diderot a pu dire « Si l'on croit qu'il y ait beaucoup plus d'hommes capables de faire Pourceaugnac que le Misanthrope, on se trompe. » Louis XIV donna le sujet des Amants magnifiques: Molière obéit avec précipitation, et sa pièce fut jouée à Saint-Germain, en 1670. Il en connaissait si bien la faiblesse, qu'il ne la fit point représenter sur son théâtre: Le Bourgeois gentilhomme, joué à Chambord, le 14 octobre 1670, fut, pendant cinq jours, l'objet des sarcasmes : le silence du roi avait été pris pour une improbation. En vérité, Molière, lui dit Louis XIV après la deuxième représentation, vous n'avez rien fait qui m'ait tant diverti, et votre pièce est excellente. » Ce fut alors un concert de louanges que confirmèrent les Parisiens : tous connaissaient des M. Jourdain dans leur voi

sinage; et quelle race impérissable que celle de ce parvenu vaniteux! Elle pullule encore, elle est plus nombreuse que jamais. Psyché, tragédie-ballet, n'appartient pas toute à Molière. Il en proposa le sujet pour les divertissements du carnaval de 1671, en fit le premier acte, la première scène du deuxième et la première du troisième. P. Corneille voulut bien se charger du reste, à l'exception des paroles pour le chant, qui sont de Quinault : les airs étaient de Lully. La beauté du sujet fit passer sur les défauts de la pièce. Les Fourberies de Scapin furent jouées le 24 mai 1671. C'est encore une de ces farces que Molière faisait pour sa troupe. Avant tout, d'abondantes recettes. Boileau s'est montré bien sévère à l'égard de son ami, quand il lui a reproché ces farces-modèles; il se montre injuste quand il l'accuse d'avoir à Térence allié Tabarin. Non, cet alliage n'a point eu lieu. Le Misanthrope, le Tartufe, les Femmes savantes, sont du comique noble, au-dessus de celui de Térence, sans mélange qui les dépare, et les pièces bouffonnes, composées par leur auteur, sont des faces opposées et louables de son prodigieux génie. Quand le critique a dit que, sans ces peintures faites pour le peuple, Molière eût peut-être remporté le prix de son art, on demande avec Voltaire : « Qui donc aura ce prix, si Molière ne l'a pas? » Ce peut-être doit avoir la première place parmi les erreurs de Boileau. La Comtesse d'Escarbagnas fut composée par ordre du roi. Il y fallait enchainer divers ballets pour une fête donnée à Madame, en décembre 1671. Dans cette farce de caractère, l'auteur esquisse un tableau des mœurs de la province, et Turcaret (voy. LE SAGE) est tout entier en germe dans M. Harpin. Il est fâcheux que Molière ne l'ait pas développé lui-même; mais il était en proie à des douleurs physiques et morales des amis l'avaient réconcilié avec sa femme, et c'était tous les jours de nouvelles scènes. Il avait quitté son régime de laitage, et sa poitrine s'en ressentait. Le travail, d'ailleurs, lui devenait pénible: il mit plusieurs années à composer les Femmes savantes, qu'il fit représenter enfin le 11 mars 1672. Cette ex

cellente comédie, fruit de tant de veilles, où l'on admire toutes les qualités qui firent appeler Molière le Contemplateur, attaque le travers du pédantisme, substitué au langage précieux, et non moins fatal aux grâces et même aux vertus des femmes. Ménage et Cotin (voy.) y furent joués sous les noms de Vadius et de Trissotin: ce n'étaient que des représailles. Malgré la perfection de ce chef-d'œuvre, peu s'en fallut qu'il ne tombât : la sécheresse du sujet ne semblait pas comporter 5 actes, et la prévention ne céda qu'à la lutte obstinée des connaisseurs.

Le Malade imaginaire (10 février 1673) fut le chant du cygne. Ce n'est pas une farce où se trouvent des scènes dignes de la haute comédie, comme l'a dit Voltaire, c'est une comédie de caractère, où se trouvent des scènes qui se rapprochent de la farce. On y voit combien l'amour désordonné de la vie est destructeur de toute vertu morale, et l'on y rencontre des tableaux vrais de l'intérieur des familles. Les médecins, que l'auteur y couvre de tant de ridicule, furent cruellement vengés. Le jour de la quatrième représentation, le 17 février, Molière se sentit plus malade que de coutume. « Qu'un homme souffre avant de mourir!»> dit-il en présence de sa femme et de Baron. L'alarme se répandit; on le pressa de ne pas jouer. « Comment voulezvous que je fasse? s'écria-t-il; il y a 50 pauvres ouvriers qui n'ont que leur journée pour vivre : que feront-ils si l'on ne joue pas? Je me reprocherais d'avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument. » Il remplit son rôle avec difficulté, et fut pris d'une convulsion en prononçant juro. Un ris forcé ne put dérober sa souffrance à tous les spectateurs, et, quand la pièce fut finie, on le reporta chez lui, où, sur sa demande, sa vieille servante Laforest, la même sur l'esprit de laquelle il essaya souvent l'effet de ses comédies, lui donna un morceau de parmesan; après quoi il se mit au lit, fut pris d'une toux violente, vomit du sang, demanda vainement un prêtre, et mourut à 51 ans, entre les bras de deux religieuses auxquelles il donnait l'hospitalité.

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Sa mort ne désarma point ses ennemis. Pendant que sa femme s'écriait que la Grèce lui eût élevé des autels, un archevêque débauché, Harlay de Champvalon, lui refusait la sépulture. Louis XIV intervint, et l'on obtint à grand'peine deux prêtres qui accompagnèrent le corps sans pompe, sans chants funèbres. Cependant celui qui venait de s'éteindre était le plus | grand génie du siècle, et de plus un honnête homme. Toute sa vie est une vie de sacrifices pour sa troupe, souvent ingrate, et qui lui arracha cette exclamation dans l'Impromptu de Versaillles : « Ah! les étranges animaux à conduire que des comédiens! » L'espace nous manque pour rapporter les mille traits de sa bienfaisance, reproduits par les Ana.

Encyclop. d. G. d. M. Tome XVIII,

Parmi ses amis illustres, on compte le grand Condé, qui, craignant de le déranger dans ses travaux, le priait de le venir voir toutes les fois qu'il pourrait disposer de quelques moments, et qui disait, après avoir passé avec lui de longues heures : << Je ne m'ennuie jamais avec Molière; son érudition et son jugement ne s'épuisent jamais. » Un abbé lui apporta une épitaphe du poëte : « Ah! s'écria Condé, que n'est-il en état de faire la tienne! >> Nous mettrions encore au rang des amis de notre auteur le roi lui-même, si le roi avait pu, dans l'isolement de sa grandeur, être l'ami de quelqu'un. Molière fut du moins son poëte favori, et peutêtre en avons-nous trouvé la raison. Au milieu de sa cour, dans cette atmosphère de cérémonial et d'étiquette, où il vivait plus encore par système que par inclination, Louis XIV éprouvait le poids de l'ennui : tout était près de lui si conventionnel, si factice! il vivait si loin de la nature! Molière l'y rappelait. A la naïveté des tableaux comiques, le monarque oubliait ses préoccupations: ce n'était plus le sérieux des sermonnaires, des poëtes tragiques, des flatteurs en prose et en vers; il riait, et le rire est si bon ! Molière était son homme, et il lui sut tellement gré de la gaité de sa philosophie, qu'il foula aux pieds tous les préjugés, pour soutenir et faire reconnaître, dans l'acteur et le chef de troupe, l'homme de génie, qui, par la plus glorieuse exception, est aussi supérieur aux anciens et aux modernes

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On sait que des ossements, regardés probablement à tort comme les restes de ces deux amis, furent exhumés, le 6 juillet 1792, par les administrateurs de la section armée de Molière et de La Fontaine, et que, le 6 mars 1817, ils furent transportes au cimetière du Père La chaise, où l'on voit leurs modestes tombeaux. Un monument plus digne de notre grand comique s'élève dans Paris, rue Richelieu, non loin du théâtre de ses succès. La ville de Paris et le gouvernement se sont associés à la souscription ouverte par des admirateurs reconnaissants de ce beau génie.

dans la comédie, que La Fontaine l'est humaine, il a répandu une doctrine qui, dans la fable. de son nom,a été appelée molinisme. C'est en travaillant à un commentaire sur la Somme de S. Thomas, publié en 1593, 2 vol. in-fol., qu'il fut conduit à chercher les moyens de concilier le libre arbitre de l'homme avec la prescience divine et la prédestination. Il fit paraître séparément à Lisbonne son traité De liberi arbitrii cum gratiæ donis concor dia, 1588, in-4°. C'est dans ce livre, dédié à l'archiduc d'Autriche, inquisiteur général du royaume, qu'il expose le système qui donna lieu à une controverse si animée. Molina n'admet pas de grâce efficace par elle-même; il prétend que la même grâce est tantôt efficace, tantòt inefficace, selon que la volonté y coopère ou y résiste. Selon lui, l'efficacité de la grâce (voy.) vient du consentement de la volonté de l'homme, non que ce consentement lui donne quelque force, mais parce que ce consentement est la condition né– cessaire pour que la grâce soit efficace.

Molière ne fut point de l'Académie; mais, en 1778, elle plaça son buste parmi ceux de ses grands hommes, avec cette inscription due à Saurin :

Rien ne manque à sa gloire: il manquait à la

nôtre.

L'Académie fit plus : elle mit son éloge au concours, et le prix fut remporté par Chamfort (voy.).

Les principales éditions des œuvres de Molière sont celles de La Grange et Vinot (1682, 8 vol. in-12); de Jolly (1734, 6 vol. in-4o); de Brest, avec des remarques (1773, 6 vol. in-8°); de Didot (1792, 6 vol. in-4°); d'Auger, 1819-25 (9 vol. in-8°; de M. Aimé - Martin, avec les notes de tous les commentateurs (1823-26, 8 vol. in-8°). Nous citerons aussi celle qui fait partie de la Nouvelle Bibliotheque classique de MM. Treuttel et Würtz, 7 vol. in-8°. On doit à Voltaire une Vie de Molière. Cailhava (voy.) donna, en 1802, des Études sur Molière, in-8°. La dissertation publiée par M. Beffara, en 1821, a rectifié plusieurs erreurs qui se perpétuaient sur Molière, dont la biographie la plus étendue est celle de M. Taschereau, Histoire de la | vie et des ouvrages de Molière, 1825, in-8°, réimpr. en 1828. J. T-v-s.

Le système de Molina fut vivement attaqué, d'abord par les dominicains espaguols, fidèles à la doctrine de S. Thomas, puis par les calvinistes, et enfin par les jansénistes. La cause fut déférée, en 1597, au pape Clément VIII, qui institua pour la juger la congrégation appelée de auxiliis, parce qu'il s'agissait d'y examiner la nature des secours de la grâce et la manière dont elle opere. Après 200 conférences, dont 85 se tiurent en présence des papes Clément VIII et Paul V, la question parut plus embrouillée que jamais. Paul V ne voulut rien décider Di condamner; il se réserva de prononcer un jugement quand il le trouverait con — venable. Seulement, lorsqu'il congédia les parties contendantes, en 1607, il leur défendit de plus rien publier sur cett«> matière obscure; mais la défense fut très mal observée.

Tous les adversaires de Molina, partisans déclarés de la grâce efficace par elleMOLINA (LOUIS), jésuite espagnol, même, ont soutenu que son système re né à Cuença, dans la Nouvelle-Castille, nouvelait le semi-pélagianisme. Jans←→ en 1535, enseigna la théologie, pendant nius (voy.), entre autres, emploie une 20 ans, a l'université d'Évora, en Por- partie de son livre à réfuter ce qu'il azə tugal, et mourut à Madrid, le 12 octobre pelle ses opinions exorbitantes; il Fa 1601. Dans ses ouvrages, qui traitent cuse d'outrager S. Augustin, de dénz spécialement de la grâce et de la liberté | turer ses opinions, etc.

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