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de confiscation. Thomas More, sommé de le prêter, consentit à jurer obeissance à l'acte de succession, mais se refusa formellement aux déclarations qui l'accompagnaient, disant que c'était là une alfaire d'opinion où l'autorité publique n'avait rien à voir. Enfermé à la Tour avec l'évêque Fisher, qui avait imite ses refus, il y resta 13 mois sans sacrifier un seul de ses scrupules aux obsessions de sa famille et du pouvoir. Henri VIII se lassa enfin d'une résistance à laquelle il n'était pas accoutumé. La mort de son ancien serviteur et favori fut résolue; mais pour le condamner au dernier supplice, il fallut créer un nouveau grief, en le forçant de s'expliquer sur le statut qui faisait le roi chef de l'Eglise, et pour lequel ses répugnances étaient bien connues. Comme on s'y attendait, il ne les renia pas en présence de la mort. En conséquence, il fut condamné, le 6 mai 1535, pour refus du serment de supre matie, et, le 6 juillet suivant, il subit le dernier supplice avec la sérénité du juste.

Thomas More occupait le premier rang | au barreau, et remplissait l'emploi de sous-sheriff de Londres. Vers la fin du précédent règne, il avait siégé au parlement, et avait débuté par faire rejeter un subside que voulait imposer Henri VII. Introduit auprès du nouveau monarque par le cardinal Wolsey, il plut à ce maitre capricieux, qui le nomma membre du conseil privé, et le chargea de diverses missions en France et aux Pays-Bas. More ne se livrait qu'avec réserve à cette royale faveur, dont il ne se dissimulait pas le peu de solidité. Bientôt, cependant, il dut en accepter une marque plus éclatante encore. Elevé, en 1529, à la dignité de chancelier, il offrit, par son savoir, son activité, son désintéressement, le plus parfait modèle de cette haute magistrature, dont le souvenir restera à jamais attaché à son nom. On l'a accusé de s'être associé aux persécutions religieuses dirigées d'abord par l'autorité publique, en Angleterre, contre les réformateurs. Mais s'il détestait leurs excès, s'il prit part à la vive polémique suscitée par leurs doctrines, il ne poursuivit jamais en eux que les ennemis de l'état, et tant qu'il fut au pouvoir, il n'y eut pas, Érasme nous l'atteste, une seule condamnation à mort pour cause de dogme. Toute la vie de Morus protestait contre l'imputation de persécution religieuse; sa mort l'en justifia bien mieux encore.

Henri VIII (voy.), en lui donnant les sceaux, avait espéré trouver en lui un approbateur complaisant de son divorce et du nouveau mariage qu'il projetait. Il sentait tout le prix de cette voix respectée, et se flattait de la gagner à ses projets. Alors commença une lutte mortelle entre la tyrannie du monarque absolu et la conscience du sujet. Prières, arguties, ordres, menaces, tout vint échouer devant l'inébranlable fermeté de Morus. En 1532, il avait fait agréer sa démission des fonctions de chancelier, et croyait trouver un refuge dans le silence et l'obscurité. Mais un statut de 1534, assurant le trône aux enfants issus d'Anne de Boolen vor.), et impliquant la nullite du premier mariage, vint enjoindre à tous le serment d'adhésion à ces articles, sous peine d'emprisonnement et

Thomas More ne fut pas seulement un martyr politique, un grand magistrat, ce fut encore un des esprits éminents de la Renaissance, bon helléniste, latiniste profond, l'un des premiers écrivains qui aient contribué à former la langue anglaise dans la poésie et dans la prose, et enfin le premier modèle de l'eloquence politique dans ce pays qu'elle devait illustrer un jour. Le plus connu de ses ouvrages, l'Utopie, imprime pour la première fois à Paris, en 1516, et traduit dans toutes les langues, a prête sa forme et jusqu'à son nom à cette classe nombreuse de fictions, où la hardiesse des idées réformatrices se cache sous l'ideal et l'extravagance même du cadre. L rêve de sa jeunesse, la republique, n'a pas tenu contre les événements, et Morus lui-même ne fut pas le dernier à deserter ces idées et à se ranger parmi leurs adversaires. Morus a aussi laisse des Poestes, une Apologie, une Vie de Richard III et de nombreux écrits de controverse On a des collections de ses œuvres lati es et de ses œuvres en langue nationale. Sa vie a été écrite par son arrière-petit-tils, Thomas More; et de nos jours, par

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Mme la princesse de Craon (Paris, 1833,
2 vol. in-8°); par J. Mackintosh, pour
l'Encyclopédie de Lardner (1830). Cet
excellent morceau de biographie nous a
surtout servi dans la composition de cette
notice. Il faut relire en outre les lettres
à Hutten, dans lesquelles Érasme a re-
tracé le portrait du célèbre chancelier,
portrait que le pinceau de J. Holbein le
jeune a aussi reproduit plusieurs fois et
en quelque sorte popularisé.
R-Y.

MORUS (SAMUEL-FRÉDÉRIC-NATHANIEL), humaniste et théologien saxon, né, le 30 novembre 1736, à Lauban, dans la Lusace supérieure; depuis 1768, professeur à l'université de Leipzig; mort le 11 novembre 1792. Il a laissé, sur la philologie, l'exégèse et l'herméneutique sacrée, un grand nombre d'ouvrages. X. MORVAN (LE), Morvinus pagus, ancienne dénomination d'un petit pays, en France, contigu au Nivernais, et sur les confins du duché de Bourgogne; il est actuellement compris dans les dép. de la Nièvre, de l'Yonne et de la Côte-d'Or (voy. ces mots). Sa principale ville était Château-Chinon. X.

ser, ou une génération spontanée, chez quelques individus, ou la préexistence d'effluves contagieux qui n'agissent qu'à de longs intervalles. On pense qu'elle peut se développer spontanément sous l'influence du froid, de l'humidité, de la mauvaise nourriture et de l'encombrement des animaux dans des écuries mal tenues; mais cela n'est pas suffisamment prouvé. Quoi qu'il en soit, on voit la morve se manifester subitement et avec violence dans des localités où elle n'avait pas paru depuis plusieurs années; et, une fois qu'elle a frappé une victime, s'étendre de proche en proche aux animaux de la même espèce, et aux hommes, dans quelques circonstances. Lorsque, dans une petite écurie, un cheval a succombé à la morve, tous ceux qui lui succèdent en sont inévitablement atteints, tant que l'on n'a pas enlevé tous les objets auxquels ont pu adhérer les matières contagieuses, qu'on n'a pas rebattu le sol, blanchi les murs à la chaux, et en un mot, pris toutes les mesures nécessaires à la désinfection (voy.).

L'animal qui commence à être atteint MORVE. C'est, chez les chevaux, une de la maladie présente d'abord les caracaffection aiguë, fébrile et contagieuse, tères généraux d'une affection inflammadont le siége principal est dans le nez et toire aigue; mais bientôt les symptômes spédans les fosses nasales, et dont le symp-cifiques se dessinent, savoir: l'écoulement tôme le plus apparent, auquel est due la dénomination vulgaire de morve, est un écoulement muqueux abondant qui a lieu par les parties affectées. Les vétérinaires désignent ce flux sous le nom de jettage.

à

mucoso-purulent des narines, l'éruption pustuleuse qui se voit à la membrane pituitaire, et l'engorgement des ganglions lymphatiques, maxillaires et cervicaux. La marche de la maladie est presque toujours rapide : les pustules s'ulcèrent, les ganglions engorgés suppurent, bientôt les poumons, le système digestif et le cerveau lui-même participent à l'état inflammatoire général qui ne tarde pas devenir funeste. Quelques jours sont la durée ordinaire de la morve, à laquelle d'ailleurs on laisse rarement parcourir toutes ses périodes. Cependant on l'a vue passer à l'état chronique, et même présenter cette forme dès le début. Malgré son extrême gravité, il y a des cas de guérison, mais ils sont extrêmement rares, parce que, dans la pratique vétérinaire,

La cause de cette affection paraît être une matière contagieuse, susceptible d'agir lorsqu'elle est inoculée sous la peau, et même simplement par l'inspiration des effluves contagieux fournis par les animaux malades. Elle se montre le plus ordinairement sous la forme sporadique; mais on l'a observée aussi comme épizootie. En général, elle se manifeste dans les grands rassemblements de chevaux qu'elle décime avec une fatale rapidité, laissant de plus, dans les localités qu'ils ont habitées, des germes qui doivent être fubestes à ceux qui s'y trouveront ultérieu-les animaux sont abattus dès que la narement placés.

Pour cette maladie, comme pour toutes celles du même genre, il faut suppo

ture du mal est suffisamment reconnue. Tout ce que nous avons dit de la morve chez les chevaux, s'applique à cette mala

die lorsqu'elle vient à se manifester chez | l'homme même mode de transmission, mêmes symptômes, même terminaison funeste, mêmes lésions organiques. Des observations récentes ont levé tous les doutes à cet égard.

Quant au traitement, l'expérience faite chez l'homme en a jusqu'à présent démontré l'impuissance. Toutes les méthodes ont été expérimentées sans succès, et l'on en est réduit à une médecine purement symptomatique, ou à des tentatives dont la multitude atteste l'inutilité.

On ne peut pas plus prévenir la morve que la guérir. Tous les soins doivent donc avoir pour objet de préserver les hommes et les animaux sains du contact des malades, hommes ou chevaux, comme aussi du contact des matières de l'écoulement nasal, des fumiers et même des dépouilles, de même que de l'habitation des lieux qu'ils ont occupés.

La morve est une maladie très anciennement connue et décrite avec exactitude. On avait même remarqué sa transmission à l'espèce humaine; mais on ne l'avait pas constaté d'une manière précise, et l'on avait coutume d'attribuer au charbon et à la pustule maligne les accidents qu'on voyait survenir chez les palefreniers, les équarisseurs et autres personnes qui se trouvaient en contact avec les animaux malades ou avec leurs restes. F. R. MORVEAU, voy. GUYTON - MOR

VEAU.

MOSAIQUE. Dans l'acception la plus générale, on appelle ainsi un ouvrage d'art en pierre, en bois ou en tout autre matière, qui est composé de pièces de rapport, lesquelles, rapprochées entre elles et réunies, forment un tout susceptible de présenter un aspect régulier. L'exemple le plus vulgaire de ce genre de travail, c'est un pavage fait avec plusieurs qualités de pierres ou de marbres disposés sur un dessin donné; c'est aussi un parquet composé de plusieurs espèces de bois de tons différents, assemblées de manière à présenter certaines combinaisons déterminées. Mais on donne plus spécialement le nom de mosaïque aux ouvrages de cette sorte qui ont directement pour but d'opérer la représentation de

quelque dessin d'ornements ou de figures pour servir à la décoration d'un édifice. Ce mot vient du grec povrsiov, en latin museum, musium, lieu consacré aux Muses, c'est-à-dire aux lettres. Les parois et plafonds des bibliothèques et des cabinets d'études ayant quelquefois reçu cet ornement, on a dérivé de là le terme d'opus museum, musium, ou musivum, en italien musaico et en français mosaique.

Cet art est fort ancien; l'antiquité en a fait un grand usage, parce qu'il réunit l'éclat à la solidité. Quoique généralement ces parties d'un monument soient les premières enlevées par le temps, les fouilles des anciens édifices en ont fait retrouver un grand nombre bien conservées, et qui ont servi de modèles aux artistes modernes. Chez les anciens, l'emploi en était général, depuis les plus grands monuments jusqu'aux bâtiments de la moindre importance; on les appliquait horizontalement, en pavés, et verticalement, en revêtement sur les murs. Les fouilles de Pompei et d'Herculanum ont donné des exemples des deux espèces.

Ce fut de tous temps que l'art de la mosaïque a été le mieux pratiqué en Italie, à raison de la qualité supérieure que la pouzzolane (voy.) apporte dans les ciments et dans les enduits. Le travail d'une mosaïque est une œuvre de patience qui s'exécute à peu près comme il suit, sauf les variantes qu'admet le procédé, selon que la mosaïque est exécutée sur place ou dans l'atelier.

l'on

On dresse d'abord une forme ou surface plane très unie qui sera celle qui doit lui servir de soutien, et sur laquelle on trace ou l'on calque l'objet que l'on veut représenter. D'autre part, on a rassemblé une multitude de petits debris de pierres, de marbres et d'émaux que a classés par couleurs et par tons différents; cette partie du travail peut être faite par des femmes et des enfants; puis, c'est en rapprochant ces divers fragments, selon les nuances que le dessin comporte, et en les unissant à l'aide d'un mastic, que l'on arrive à recouvrir entièrement la forme et à reproduire ainsi le sujet qu'il faut imiter. Un poli général que l'on donne à la surface confectionne l'œuvie,

MOSAISME. En tirant son peuple

Il est aisé de concevoir que le succès de cette opération dépend de l'inaltérabi-d'Égypte pour l'établir dans le pays de

lité des matières employées; de la ténuité des fragments réunis, d'où résulte le plus ou moins de facilité d'obtenir les variétés de tons sans transitions trop brusques; de la régularité des facettes des particules par où s'opère leur jonction : les formes cubiques sont les plus favorables; enfin de la fluidité et cependant de l'adhérence du mastic qui les lient.

C'est par l'usage de ces procédés que les artistes italiens sont parvenus à exécuter des mosaïques surprenantes par l'éclat des tons et la fidélité du dessin, et dans lesquelles ils ont employé, pour plus de perfection, jusqu'à des fragments de pierres précieuses. On voit à Rome, dans la basilique de Saint-Pierre, des reproductions de tableaux de grands maîtres, entre autres la Transfiguration de Raphael, à l'échelle d'exécution, qui rappelleront encore les originaux longtemps après que la destruction aura passé sur leurs toiles. On voit aussi au Musée du Louvre, et dans plusieurs des grands palais de France, de belles mosaïques, qui ont été habilement exécutées par M. Belloni, artiste résidant en France.

Dans la pratique ordinaire de l'architecture, on a tenté d'exécuter des mosaïques à de moindres frais que les ouvrages précieux dont nous venons de parler, en cherchant à profiter de plusieurs compositions nouvelles d'enduits, de ciments et même de bitume, qui se sont succédé rapidement dans ces derniers temps. Ces procédés reviennent généralement à y employer les ciments et bitumes presque purs, à y introduire des matières colorantes et à leur appliquer la façon du moulage. Quelques essais n'ont pas été sans mérite; toutefois, les résultats ont prouvé que la véritable mosaïque ne peut appartenir qu'à l'art monumental.

Considérés comme ouvrages faits avec des morceaux de rapport, les vitraux peints ont une certaine analogie avec la mosaïque; il pourrait y avoir aussi rapprochement à raison de la composition des dessins; mais la peinture sur verre voy. ce mot et VITRAUX) fait une branche de l'art trop importante pour qu'elle ne soit pas traitée à part. J. B-T.

Canaan, Moïse (voy.) s'était imposé une tâche d'autant plus grande que chez les Hébreux (voy.) tout était à créer ou au moins à modifier profondément, religion, culte, gouvernement, rapports sociaux, mœurs mêmes: aussi sa législation comprend-elle depuis les plus hautes combinaisons de l'ordre social jusqu'aux plus minutieux détails de la vie domestique. Cependant il est facile de ramener toutes ses institutions à un principe unique, celui de l'adoration d'un seul Dieu.

son

En vertu d'une alliance librement consentie (Exod., XIX, 5-6), les Israélites s'engagèrent à n'adorer que Jéhovah (voy.), le dieu des dieux, le seigneur des seigneurs, le grand, le terrible (Deut., X, 17); à le reconnaître pour roi, à se soumettre à ses commandements; et Jéhovah, de son côté, jura de leur donner la terre promise à leurs ancêtres, de les protéger et de les défendre contre leurs ennemis, de leur accorder une vie douce et heureuse sur la terre, s'ils restaient fidèles à son alliance et s'ils n'abandonnaient pas culte pour celui des dieux étrangers. Les Israélites étaient donc sujets de Jéhovah comme les Égyptiens l'étaient de leur roi, ou, selon l'expression biblique, ils n'étaient que des étrangers chez lui (Lév., XXV, 23). Ils devaient lui payer des impôts, consistant en une double dime levée en nature sur les récoltes, et en doubles prémices prises sur les troupeaux (Exod., XXIII, 19; Deut., XXVI) ; ils devaient lui consacrer leurs premiers-nés en la personne des lévites (Nomb., III, 12.13); une cérémonie imposée à chaque chef de famille était destinée à rappeler les droits de Jéhovah sur le pays (Deut., XXVI, 1-15); chaque semaine, le sabbat, chaque mois, la fête de la néoménie, ainsi que la fête des trompettes et d'autres encore devaient leur remettre en

mémoire l'alliance contractée avec lui (Exod., XXXI, 13; Lév., XXIII, 24. 25; Nomb., X, 10); la circoncision (voy.) leur imprimait sur le corps une marque indélébile de leur soumission (Lév., XII, 3); enfin, l'institution du sacrifice perpétuel (Exod., XXIX, 36-46) et une foule de petits préceptes (Nomb.,

XV, 38-40), n'avaient évidemment d'autre but que de leur rappeler la présence, non pas morale et métaphysique, mais sensible et locale de Dieu, au milieu du peuple qu'il s'était choisi.

D'après les idées de l'Orient, la royauté doit s'entourer de pompe et de magnificence. Jéhovah eut donc son palais et ses gardes. Son palais fut le tabernacle (voy.), dont Moïse traça le plan sur le modèle des sanctuaires de l'Égypte (Exod., XXV. XXVI). C'était là qu'il était censé résider, et que se conservaient les symboles redoutés de sa présence : l'arche d'alliance (voy.), la table des pains de proposition, le chandelier, l'autel des holocaustes et celui des parfums, l'huile sainte, tous les ustensiles du culte (Exod., XXVII. XXX. XXXVII); c'était là, et là seulement (Lév., XVII, 1-9; Deut., XII, 6), que devaient être offerts, d'après des rites invariables (Exod., XXIX; Lév., I. III. IV. VI. VII. XIX, 5-8; Nomb., XV. XXVIII. XXIX), les holocaustes, les sacrifices, les oblations, et que pouvait se préparer l'eau d'aspersion destinée à purifier les personnes et les objets souillés (Nomb., XIX); c'était là que tous les Hébreux devaient se rendre trois fois par an (Exod., XXXIV, 23), aux fêtes solennelles de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles (Exod., XXIII, 14; Lév., XXIII, 5-8; Deut., XVI, 1-16), pour célébrer en commun les bienfaits de leur Dieu et prendre part à des festins religieux auxquels était consacrée l'une des dimes (Deut., XII, 515; XIV, 22-29). Toutes ces institutions avaient pour but, comme on le voit, de fonder l'unité nationale sur l'unité du culte. Les gardes de Jéhovah et de son sanctuaire furent les lévites (voy.), chargés de conserver dans son intégrité le texte de la loi, de l'enseigner au peuple et de remplir toutes les cérémonies du culte.

En donnant la Terre promise aux Hébreux, Jéhovah ne leur en avait point cédé la propriété absolue; il s'était réservé le droit d'en régler l'exploitation. Il ordonna donc qu'elle serait partagée par portions égales et distribuée à tous les Hébreux sans distinction ( Nomb., XXXHI, 54). Les lévites seuls furent

exclus du partage. Il y eut donc d'abord une égalité parfaite de fortune; mais cette égalité ne pouvait subsister toujours, le législateur prescrivit la loi du jubile (voy.), en conséquence de laquelle les biens fonciers revenaient tous les 50 ans à leur premier possesseur ou à ses héritiers (Lév., XXV, 10. 16). Les achats de terres qui avaient lieu dans l'intervalle, et qui exigeaient toujours l'intervention d'un magistrat, n'étaient done que des baux à terme. L'acquéreur n'etait qu'usufruitier, comme l'avait été le propriétaire : c'était Jéhovah qui possedait le sol (Lév., XXV, 23). Le vendeur d'ailleurs avait, en tout temps, la faculte de racheter son domaine, et à son défaut, son plus proche parent, à qui il était obligé de donner la préférence pour l'achat, jouissait de ce droit (Lev., XXV, 25-27). Il n'y avait d'exception que pour les maisons sises dans les villes fermées; pour elles, la faculté de rachat ne durait qu'un an, et si le vendeur n'en profitait pas, il perdait ses droits, à moins qu'il ne fût un lévite (Lév., XXV, 29-33).On conçoit que, si cette loi avait été strictement exécutée, l'équilibre n'aurait jamais été rompu pour longtemps. Mais on doit reconnaître, d'un autre côté, qu'elle n'était guère favorable, non plus que celle de l'année sabbatique (Exod., XXIII, 10. 11; Lév., XXV, 2-7), au perfectionnement de l'agriculture.

On sait qu'avant leur sortie d'Égypte,

les Israélites menaient une vie nomade: Moïse voulut les rendre agriculteurs. La nécessité qu'il leur imposa de faire une consommation abondante de farine, de miel, de vin et d'huile pour leurs oblations et leurs sacrifices, les força à cultiver le froment, la vigne, l'olivier, et à élever des abeilles. En leur interdisant l'usage de la graisse, il les obligea également à se servir d'huile dans la préparation de leurs aliments. En même temps, pour les retenir dans leur patrie, pour les détourner de faire des conquêtes, il leur recommanda de ne point avoir trop de chevaux, animaux qui ne pouvaient rendre de grands services à l'agriculture dans un pays montagneux comme la Palestine, et qui, à cette époque, n'étaient guère employes qu'à la guerre (Deut., XVII, 16). On

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