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la religion et ceux de la nature. Seulement ces derniers sont abandonnés aux examens, aux disputes de la science, à l'arbitraire des systèmes et des hypothèses, tandis que les premiers, étant matière de révélation (voy.), sont, aux yeux de tous les fidèles, obligatoires et précis. Nous sommes, quant à ces mystères, à peu près comme les aveugles-nés qui ne peuvent comprendre les couleurs, les tableaux, les miroirs. Sur le simple témoignage des autres hommes, ils doivent y croire cependant; car, s'ils en doutaient, ils passeraient pour des insensés. Ce sont des ignorants, relativement à ceux qui voient. Un jour aussi nous verrons, et il n'y aura plus de mystère quand nous serons arrivés aux sources de toute science et de toute vérité. F. D.

le démembrement du Mysore, dont les vainqueurs s'adjugèrent une partie (comprenant une superficie de 800 lieues carrées) avec la capitale, Séringapatnam, en abandonnant une autre portion de même étendue au soubahdar de Dekkan et aux Mahrattes, leurs alliés. Ce qui restait, ainsi réduit à une surface de 1,256 lieues carrées, avec une population de 3 millions d'habitants, forma le nouvel état de Mysore que les Anglais rendirent à un descendant des anciens souverains dépossédés par Hyder-Aly, Krischna-Oudiaver. Ils le soumirent à un tribut, et le placèrent entièrement sous la dependance du gouvernement de Madras, qui tient garnison dans toutes ses places fortes. La capitale actuelle, Mysore, avec une population de 50,000 âmes, la cité populeuse et commerçante de Bangalore, et l'importante forteresse de Djitteldroog, en sont les villes principales. CH. V. MYSTÈRE (de pú, fermer), signifie proprement ce qu'une religion a de plus caché, et plus particulièrement, dans la religion chrétienne, les dogmes dont la raison, abandonnée à elle seule, ne parvient pas à se rendre compte et qui s'adressent spécialement à la foi (voy.), unique moyen pour l'homme de les saisir et de se les approprier. Ainsi la vie de Jésus-Christ offre divers mystères, comme son incarnation, sa nativité, sa passion, sa résurrection. Dans les premiers siècles, on nommait saints mystères, le baptême, l'eucharistie et les autres sacrements, en raison de leur efficacité secrète et par opposition aux mystères des païens (voy. l'art. suiv.). Dans l'acception chrétienne, un mystère est donc une vérité, un acte ou un effet incompréhensible, inexplicable, devant lequel on doit s'humilier, et qu'il faut confesser et croire (voy. MIRACLE). La foi est alors un hommage et un sacrifice: un hommage à Dieu, dont tous les attributs sont des mystères; un sacrifice, en ce que la raison se fait victime et s'immole. Cet acte d'humilité et de foi devrait être d'autant moins pénible que, ici-bas, presque tout est mystère, la plupart des phénomènes du monde physique, la matiere, aussi bien que l'ame. Or, nous ne voyons pas de différence essentielle entre les mystères de

MYSTÈRES (ant.). La chronique de Paros (voy, marbres d'ARUNDEL attri bue l'établissement des mystères d'Eleusis à Eumolpe, fils de Musée, ce qui remonte à près de 1400 ans av. J.-C. Mais comme on ne trouve ni dans l'Iliade ni dans l'O. dyssée d'indice de culte mystique, il est probable, malgré le témoignage de cette chronique, que les mystères ne sont pas antérieurs aux épopées d'Homère. En les instituant, la caste sacerdotale, à l'instar de celle d'Égypte, voulut évidemment retarder de tout son pouvoir la diffusion des idées qu'elle possédait et résister à l'émancipation des masses. Dans ce but, les prêtres n'enseignèrent leurs dogmes qu'après s'être assurés de la discretion de leurs adeptes et sous des formes symboliques, sachant bien aussi que c'est pour les choses difficiles à comprendre que les esprits se passionnent; à cet effet, ils soumirent à leur direction les associations d'artistes qu'ils établirent pour broder des étofies, sculpter la pierre et le bois, dorer les statues, composer des hymnes et des danses. Les statuaires et les peintres étaient par-là contraints de se renfermer dans la reproduction des types consacrés, comme les musiciens et les poètes de respecter les airs anciens ou nomes. Les mystères furent donc le moyen le mieux concerté pour que toute la civilisation, les mœurs, les arts, relevassent directement et exclusivement de la religion. Mais peu à peu les arts s'e

mancipèrent. Cette époque de leur vulgarisation et de leur liberté fut d'autant plus brillante que la compression religieuse avait été plus forte. C'est cette réaction qui a fait le siècle de Périclès; c'est de là aussi que date la décadence des mystères.

Le culte extérieur, tel que les processions, les théories (voy.), tout ce qui se passait hors des temples et de leur enceinte, réuevos, constituaient les fêtes (voy.); les mystères étaient proprement le culte en lui-même, la théologie ésotérique, le dogme et la pensée intime de l'hellénisme. Tout le monde, jusqu'aux esclaves, assistait aux fêtes les initiés seuls étaient admis aux mystères. Or, le silence que, sous peine de mort, les mystes ou initiés juraient d'observer sur tout ce qu'on leur révélait a été si bien gardé que la question des mystères est une des plus obscures de l'antiquité.

Les plus anciens mystères grecs semblent se rapporter aux mythes relatifs à Osiris et à Isis (voy. ces noms), et, comme eux, ont trois péripéties; on peut le dire en particulier des mystères de Bacchus (VOY. DIONYSIAQUES). C'est d'abord la conquète de l'Orient, époque de gloire; puis Junon poursuit Bacchus, qui est attaqué par un serpent; dans la guerre des Titans, qui sont de la même race que Typhon, il est coupé en morceaux comme Osiris; enfin Minerve, l'Isis des Grecs, porte ses membres à Jupiter qui les réunit et les ressuscite. Les Éleusinies, dont il a été traité au mot ÉLEUSIS, et qu'on appelait les mystères par excellence, avaient pour argument l'histoire de Cérès et de Proserpine, qui se composait de ces trois parties: les joies de la jeune fille dans la vallée d'Enna; son enlèvement par Pluton, et les douleurs de sa mère qui parcourt le monde, comme Isis, en cherchant l'objet de sa tendresse; enfin, bonheur de Proserpine retrouvée et rendue à la lumière des vivants. Les mystères des Cabires (voy.), en Samothrace, ne différaient presque des mystères éleusiniens que par les noms, de même que les mystères phéniciens d'Adonai ou Adonis, et les mystères phrygiens d'Atys et de Cybele (voy. ces noms). Le culte d'Atys et celui d'Adonis étaient si bien

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un même culte au fond que, du temps de Tertullien, ils avaient fini par se confondre, de même que, depuis bien des siècles, le sacerdoce d'Éleusis, qui tendait à se constituer le centre de toute la mysticité hellénique, avait attiré à lui les mystères dionysiaques et les avaient joints à ceux de Proserpine et de Cérès. Tous les mythes héroïques venus plus tard, ceux de Prométhée, d'Io, de Danaé, d'Andromède, d'Hippolyte, d'Iphigénie, paraissent de même calqués sur la légende égyptienne. C'est toujours un bonheur qui se perd par curiosité, faiblesse ou orgueil, une souffrance avec caractère de châtiment; en troisième lieu, une rédemption, une réhabilitation glorieuse. Or, tout cela n'était autre chose que la signification et le drame de la vie, la représentation et l'histoire de l'humanité, le symbole des fins et des destinées de l'homme; et tout cela se jouait dans les sanctuaires et dans l'enceinte des temples avec un appareil religieux et scénique, pour l'instruction, le divertissement et l'édification des initiés. C'est même de cette triple idée, base morale des mystères, qu'est sortie l'idée génératrice de la tragédie grecque et de ses trilogies (voy.). Ces représentations hiératiques, ces tragédies sacrées, toujours accompagnées de chœurs et de danses, car, nous apprend Lucien (de Saltat., 15), on n'y pouvait expliquer les choses saintes sans la danse et le rhythme,étaient variées par d'autres cérémonies dans lesquelles la vanité des prêtres se complaisait à exposer la naissance des arts et les bienfaits de la civilisation. Cette démonstration de l'état sauvage d'où ils avaient retiré les Pélasges et les Hellènes faisait partie du drame sacerdotal. Le dogme des récompenses et des peines dans une autre vie, ainsi que l'immortalité de l'àme, ainsi que l'unité de Dieu, principal enseignement des mystères éleusiniens, surtout des grands mystères, était réservé peut-être à ceux qui étaient parvenus au dernier degré de l'initiation, aux époptes, et symboliquement dramatisé avec tout l'appareil des joies de l'Élysée et des châtiments du Tartare. Pour que ce spectacle ne fût pas stérile, il fallait enseigner aussi l'efficacité de l'expiation (voy. ce mot).

d'Eleusis. Entre autres motifs de cette infériorité religieuse, nous rappellerons que le sacerdoce y était complétement subordonné au pouvoir civil, et que les associations clandestines qui auraient pu créer entre les citoyens des rapports nou prévus par le législateur, étaient incompatibles avec la forte police de Rome. Les femmes seules y furent donc autorisées à se réunir pour pratiquer certains rites nocturnes et secrets (voy. BONNY DÉESSE). Les mystères tolérés y dispa

« Par elle, dit Ovide (Fastes, II, 36), tout crime, toute trace du mal sont effacés. Cette opinion vient de la Grèce où le criminel, après les cérémonies lustrales, semble dépouiller son forfait. » C'était à régénérer les hommes par le jeûne, par la continence, par l'aveu des fautes, que l'initiation en effet était destinée. Telle était la signification philosophique de ces cérémonies. Nous renvoyons à l'article ÉLEUSIS pour les autres détails de l'initiation et pour la hiérarchie sacerdotale des mystères. Les rapports qu'ils établis-rurent même pour la plupart avec la saient entre l'homme et Dieu étaient d'un ordre si élevé, d'un effet si consolant que, suivant le scoliaste d'Aristophane (Pax, v. 375), tout habitant d'Athènes aurait regardé comme un malheur de mourir sans s'être fait initier. « Heureux, dit Pindare (Fragm., 9), celui qui descend sous la terre ainsi initié; car il connaît la fin de la vie, il connaît le royaume donné par Jupiter!»>«< Les initiations, dit Cicé ron (de Leg., II, 4), n'apprennent pas seulement à être heureux dans cette vie, mais encore à mourir avec une meilleure espérance.» Glorieux témoignage; et pourtant, depuis plus de quatre siècles, le sacerdoce grec, dépassé par la science, par la philosophie et par les arts, avait été réduit à descendre à l'imitation des artistes et au plagiat des philosophes. Les rites avaient perdu de leur simplicité auguste, de leur primitive immutabilité. Le temple d'Eleusis s'était ouvert à des représentations de plus en plus théâtrales. Déjà, du temps de Démosthènes (in Neær, p. 862), des courtisanes avaient été admises parmi les mystes, et, par suite, des désordres s'introduisirent dans le sanctuaire. Alors, Agésilas, Socrate, Epaminondas, dédaignerent le titre d'initiés; alors Aristophane et Diogène purent se moquer de la mystagogie. L'institution des mystères enfin était tombée au point de n'être plus qu'une école de philosophie, qui ne valait pas celle de Platon et d'Aristote, et qu'un spectacle bien inférieur à ceux de Sophocle et d'Euripide.

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république, tandis que la vitalité com muniquée aux mystères grecs par leurs fondateurs fut si puissante, qu'ils ont eu une durée de près de 17 siècles; que les attaques incessantes des Tertullien, des Clément d'Alexandrie, des Chrysostôme, purent à peine ébranler leur autorité; que les lois mêmes de Theodose furent impuissantes pour les abolir, et qu'il fallut Alaric et ses Goths, su commencement du ve siècle, pour renverser enfin cette dernière et formidable citadelle du paganisme. — Les deux ou vrages fondamentaux sur les mystères des anciens, mais composés d'après des opi nions divergentes, sont : baron de SainteCroix, Recherches historiques et criti ques sur les mystères du paganisme, 2o éd., Paris, 1817, 2 vol. in-8°; et Lobeck, Aglaophamus sive de theologiæ mysticæ Græcorum causis, Konigsb., 1829, 2 vol. F.D. MYSTÈRES, MIRACLES, MORALITÉS (art dram.). La juste séverite du christianisme contre la licence du theitre, aux premiers siècles de notre ère, ne put étouffer l'impérieux besoin d'emotions qu'a l'homme de tous les temps et que satisfont si bien les œuvres dramati ques. Tandis qu'une même censure enveloppait spectateurs, acteurs et poëtes, l'art proscrit épiait le moment de reparaitre. Il ordonnait la pompe des proces sions; il introduisait dans les offices religieux des chants alternatifs du cierge et du peuple, qui faisaient, comme le chorur antique, chacun son personnage; il parvenait enfin à substituer à 1s celebration des fêtes leur représentation. Bien plus: dès le commencement du x° siècle, il bt admettre l'élément comique dans la li

«

turgie de l'Orient. Théophylacte, pa- | fut 16 abbé de Saint-Alban, en 1119, triarche de Constantinople, mort en 944, y fit représenter, avant cette dernière << rassembla des hommes de la lie du peu- date, un Miracle de sainte Catherine ple, et les instruisit à mêler à l'office di- Quemdam ludum de sanctá Kateriná vin des danses diaboliques, des acclama- (quem miracula vulgariter appellamus) tions de débauche et des chansons or- fecit. » Matthieu Paris ajoute que Geffroy durières» (Cédrène). Deux siècles après, emprunta du sacristain de Saint-Alban, un autre patriarche se plaignait des pour la représentation, des chapes du abominations commises par le clergé de chœur. « Ad quæ decoranda petiit a Constantinople aux principales fêtes de sacrista Sancti-Albani ut sibi capa l'année. L'Europe occidentale, plus sage chorales accommodarentur, et obtid'abord que l'Europe orientale, fut aussi nuit» (Vitæ 23, S. Alb. abb., p. 35, entraînée dans d'incroyables désordres; édit. de 1640, in-fol.). Rien de plus fréelle eut la fête des fous (voy.) ou des quent que de tels emprunts, et rien d'ailsous-diacres, des ánes, etc. La comédie leurs de plus naturel. La représentation et la tragédie étaient en germe dans l'é- de la pièce était en quelque sorte une glise. continuation de l'office. C'en était du moins une autre partie, où le peuple, sans lettres, sans livres, s'instruisait par les yeux plus sûrement que par des récits faits au prône.

Mais, pour frayer la route aux Molière et aux Corneille, il fallait des siècles de tentatives; il fallait la naissance, et, si 'on peut parler ainsi, la longue éducation et le perfectionnement d'un idiome national. A l'époque où pour la première ois on entendit balbutier le nôtre dans quelques chants informes de trouvères | Dormands, on représentait des jeux ou miracles écrits en langue latine. Les plus anciennes de ces pièces ont péri, et nous sommes réduits aux conjectures sur la forme réelle de ces premiers essais. « Sur ces dénominations de jeux ou de miracles, dit Legrand d'Aussy, voici ce que je pense. L'esprit du temps avait fait imaginer et écrire beaucoup de vies de saints en vers. Ces ouvrages étaient faits pour être déclamés, et on leur avait donné le beau nom de tragédies. Peu à peu l'art se perfectionnant par l'instinct, on resserra ce cadre trop vaste. On s'astreignit à un fait particulier (ordinairement c'était un miracle); on le mit en action; et, comme ces nouvelles pièces furent jouées et qu'elles étaient faites pour l'être, on les nomma jeux, afin de les distinguer des tragédies qui n'étaient que décla→ mées. » Le nom de miracle donné à des pièces entières était donc pris des faits capitaux qui servaient le plus souvent de dénouement à ces pièces, le sujet étant quelque vie et surtout quelque martyre de saint. Ces drames religieux étaient connus en Normandie dès les premières années du x11° siècle. Geffroy, parti de cette province pour l'Angleterre, où il Encyclop. d. G. d. M. Tome XVIII.

Le succès des miracles puisés dans la légende donna naissance aux mystères puisés dans la Bible, et aux moralités, fruit d'une imagination didactique qui instruisait sous le voile de l'allégorie, en donnant souvent des rôles, avec une grande hardiesse, aux êtres les plus rebelles à la personnification. Nous devons dire cependant que cette distinction généralement admise entre les mystères, représentation de faits historiques pris dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, et les miracles, réprésentation des actes vrais ou supposés des saints et des martyrs, n'a pas existé pour les anciens copistes et pour les premiers imprimeurs de ces pièces. Ils ont écrit mystère de S. Martin, de S. Fiacre, etc., et miracle de Notre-Dame, etc. On trouve même le titre de moralité donné aux mystères de la Vendition de Joseph, de l'Assomption de Notre-Dame, etc.

Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître avec M. Magnin que si, du vi® au XII® siècle, époque du plus complet développement du génie sacerdotal, le drame hiératique naquit et grandit dans l'église, il passa bientôt dans les mains des communautés laïques, parla la langue vulgaire et prit des dimensions gigantesques. Au lieu d'être un accessoire du sermon, il eut le sermon pour entr'acte. Sa représentation devint une affaire des plus

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graves; elle occupa les populations et leurs chefs. Tantôt il eut pour lieu de la scène des cathédrales, tantôt des cimetières, tantôt des places publiques, tantôt des collines qu'il reconnut propres à ses échafauds; et sa durée n'était pas de quelques heures, mais souvent de plusieurs jours; on assure que l'un d'eux en a duré 40. Quant au nombre des acteurs, il était parfois si considérable, qu'on ne s'est pas trompé en disant que la moitié d'une ville était chargée d'amuser l'autre. Il est un de ces acteurs que nous devons faire remarquer le meneur du jeu. Ce personnage, semblable au chœur grec, remplissait, dans les pièces où il était introduit, le rôle de l'homme de bien, officium virile; il faisait ressortir par ses commentaires les prescriptions de l'Ecriture sainte, ce qui prouve que le but moral de l'art était entrevu. Telle était l'importance attachée à ce que rien ne fit manquer les représentations annoncées par le cry (ou annonce publique), que tous ceux qui prenaient des rôles, prêtres, nobles, roturiers, s'engageaient par corps et sur leurs biens à parfaire l'emprise, c'est-à-dire à jouer jusqu'à la fin de la pièce.

quelques pensées louables; mais la langue était si informe et l'auditoire crédule si facile à satisfaire, que si l'on rencontre au milieu de ces drames immenses, coupés en longues journées, quelques parcelles d'or véritable, il est fort difficile de les distinguer dans leur gangue. Ce sont des espèces de poemes cycliques, où les faits se suivent historiquement, sans unité d'action, où le lieu de la scene change à toute heure, où quelques minutes suffisent pour supposer le laps d'un siècle.

Cependant une condition de progres s'accomplit, on eut une troupe d'acteurs permanente. Cette troupe, formée en confrérie dite Confrérie de la Passion, et composée de bourgeois de Paris et de maîtres des principaux corps de métiers, se réunit, en 1398, pour jouer des mystères à Saint-Maur-des-Fossés, alors but de promenade des Parisiens. Les socié taires se proposaient de donner en spectacle des miracles et martyres de saints, la Conception et la Resurrection de JesusChrist, surtout sa Passion, matière admirable pour un théâtre supplement d'une liturgie. On tenta de s'opposer a leur projet; mais Charles VI, ayant voulu juger par lui-même de leurs représenta

En quelque lieu que l'on montât la représentation d'un mystère, la dispositions, en fut si content qu'il leur accorda,

tion du théâtre était à peu près la même. Il avait plusieurs étages figurant les lieux divers où les scènes devaient se passer. L'ensemble se nommait l'eschafault, le jeu ou le parloir. Au haut était le paradis, au milieu le purgatoire, au bas l'enfer, en manière de chartre, où l'on trouvait l'artillerie moderne pour faire | notse el tempeste. « Notez, lit-on dans un mystère, que le limbe doit estre... en la fasson d'une grosse tour quarrée, environnée de retz et de filetz ou d'autre chose clere, afin que, parmi les assistants, on puisse voir les ames qui y seront; et derrière ladicte tour, en ung entretien, doit avoir plusieurs gens crians et gulians horriblement tous à une voix ensemble, et l'ung d'eulx, qui aura bonne voix et grosse, parlera pour lui et les austres ames dampnées de sa compaignie. »

Les poèmes, il en faut convenir, répondaient à la grossièreté des machines. Il s'y trouvait quelques traits de naïveté,

le 4 décembre 1402, des lettres - patentes qui leur permettaient de transférer leur théâtre à Paris, d'y jouer des moralités et des mystères, et d'aller en tous lieux, vêtus de leur costume thestral. Fiers de cette autorisation, les Confrères s'établirent dans l'hôpital de la Trinité, et tout le xve siècle fut témoin de leurs succès. Mais ces succès furent partagés par d'autres confréries rivales. Dès 1442, les clercs de la Bazoche (roy, jouent avec permission, trois fois par an, des moralités, des farces et des sotties │(voy.). Les Enfants-sans-Souci sont egalement goûtés d'un public aussi railleur que dévot. D'autres confréries égaient les provinces.

Le xvi® siècle suscite des tracasseries aux acteurs du théâtre de la Trinité. I's passent, vers 1539, à l'hôtel de Flandre; ils y jouissent de leurs derniers triomphes. On tonnait contre eux dans les chaires, et le parlement rendit un arrêt

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