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l'un et l'autre, avaient pour mission principale le rachat des chrétiens tombés au pouvoir des infidèles. Nous ne parlons point des ordres militaires ni des frères hospitaliers, à qui sont consacrés des articles spéciaux. Nous ne dirons rien non plus de quelques ordres peu importants qui s'établirent vers la même époque, et qui paraissent s'être multipliés tellement qu'en 1274, Grégoire X fut obligé de renouveler la défense du concile de Latran. Cette fois, elle fut assez bien observée; car jusqu'à la réformation, nous ne trouvons l'établissement d'aucun ordre considérable, à l'exception de celui des minimes (voy.), qui fut fondé, en 1435, par le franciscain François (voy.) de Paule, et à qui le pape Alexandre VI accorda les priviléges qu'avaient les quatre grands ordres mendiants (voy.).

La réformation exerça sur le monachisme une double influence. Elle fut d'abord la cause de la suppression des couvents dans les pays qui embrassèrent ses doctrines; elle força ensuite les moines à mettre plus de circonspection dans leur conduite et à se livrer davantage à l'étude. Il est vrai que cette influence salutaire ne se fit sentir qu'imparfaitement dans les anciens monastères; mais elle fut évidente sur tous les ordres fondés depuis le xvi° siècle, qui tous eurent pour but avoué soit le rétablissement de la pureté des mœurs monacales, comme ceux des théatins, des barnabites, des trappistes, soit l'enseignement populaire de la religion ou l'étude approfondie de la théologie, comme ceux des piaristes, des pères de la doctrine chrétienne, des pères de l'Oratoire, la congrégation des missionnaires, la congrégation de Saint-Maur et surtout l'ordre célèbre des jésuites. Voy. tous ces mots.

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Italie, la Bavière, l'Espagne, la Prusse et la Russie, marchèrent successivement sur les traces de la France. Si, depuis quelques années, la Bavière a relevé une centaine de monastères, d'un autre côté, on en a supprimé 4 à 5,000, depuis 1830, en Espagne, en Portugal, dans le grandduché de Posen (Poznân), en Pologne,

en Russie et en Suisse.

Pour compléter cette notice, il nous reste à parler de l'organisation intérieure des couvents.

Chaque couvent était administré par un abbé, qui, par humilité, prenait quelquefois un nom moins vénérable, et s'appelait major chez les camaldules; prieur chez les chartreux, les dominicains, les carmes, les servites, les augustins, et dans quelques congrégations de chanoines réguliers; ministre ou gardien (voy.) che les franciscains; recteur chez les jésuites. Mais quelque nom qu'il portât, il n'en exerçait pas moins une autorité presque despotique. Il était ordinairement élu par les moines et consacré par l'évêque diocésain. Tous les dignitaires et les fonctionnaires du couvent étaient à sa nomination: c'était lui qui choisissait le prieur (là où il avait un second portant ce titre) et les doyens chargés de surveiller les moines dans leurs travaux et leurs exercices; le cellerier, qui avait soin des provisions; le pitancier, ou pourvoyeur; le chambrier, qui surveillait les dortoirs; le trésorier, l'infirmier, le sacristain et le chantre, dont les noms indiquent assez les emplois. Les couvents de femmes, placés sous l'autorité de l'abbesse ou de la supérieure, avaient, outre ces mêmes officiers, un intendant (præpositus) specialement chargé des affaires dont des femmes ne pouvaient s'occuper. L'abbe avait le droit de forcer les moines à l'opro-béissance par les censures ecclésiastiques, la privation de la sainte Cène, l'excommunication, la flagellation et l'expulsion du couvent. On devrait croire que, tenant leur autorité de l'élection, les supérieurs des monastères en usaient toujours avec modération, et cependant l'histoire nous offre de nombreux exemples de cruautes atroces exercées par eux sur les moines. Il suffira de rappeler ici l'affreux châtiment du vade-in-pace, espèce de basse

L'exemple donné par les princes testants fut suivi par l'empereur Joseph II, qui supprima plusieurs ordres et sécularisa des centaines de couvents: le temps n'était plus où ce droit n'appartenait qu'au pape. La révolution française procéda plus hardiment encore. Un décret de l'Assemblée constituante, rendu le 13 février 1790, abolit les vœux monastiques, et déclara les biens des couvents propriétés nationales. La Haute

fosse où l'on renfermait le délinquant, en lui laissant un morceau de pain pour sa nourriture.

Les dignitaires du couvent formaient un chapitre (voy.) que l'abbé aurait dû consulter dans toutes les affaires importantes; mais leurs droits réciproques étaient si mal définis qu'il lui était facile d'éluder cette prescription de la règle.

Les couvents d'une même province étaient gouvernés par un provincial choisi, soit par les abbés, soit par le général (voy.) de l'ordre auquel ils appartenaient. Les généraux mêmes devaient être élus par les députés de l'ordre entier, et leur élection était ensuite confirmée par le pape. La plupart résidaient à Rome. A l'exception des carmes et des augustins, dont la constitution était aristocratique, tous les ordres religieux étaient ainsi soumis à une sorte de gouvernement monarchique.

On sait que les règles monastiques ne déterminaient pas seulement les rapports de subordination, mais qu'elles réglaient jusqu'à la nourriture et au vêtement des moines. Quant à ces deux objets, la règle de saint Benoît se distinguait avantageusement par une sagesse et une douceur fort éloignées de l'éxagération du monachisme oriental. Nous ajouterons que l'habillement des moines, qui rappelait sans doute le sac des pénitents de la primitive Église, était à peu de chose près partout le même, et que la couleur seule variait selon les différents ordres (voy. FROC, CAPUCHON, SCAPULAIRE, etc.)*.—On peut consulter les ouvrages suivants : Hospinien, De monachis, h. e. de origine et progressu monachatús et ordin. monastic. equitumque militarium (1588; Opp., t. VI, Genève, 1669, in-fol.); Hélyot, Histoire des ordres monastiques religieux et militaires (Paris, 1714-19, 8 vol. in-4o); et les deux ouvrages allemands: Crome, Histoire pragmatique des principaux ordres monastiques, d'après Musson (Leipz., 1774-84, 10 vol. in-8°); Dœ

(*) Nous avons déjà parlé de la discipline (voy.) dont certains moines se flagellaient; mais nous rappellerons aussi les minutions ou saignées par lesquelles ils cherchaient à amortir les instincts naturels. On sait que le silence était de règle chez quelques-uns. Voy. en outre CILICE, CELI

BAT, JEUNE, ABSTINENCE, etc.

S.

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ring, Histoire des ordres religieux (Dresde, 1828, 2 vol.). E. H-G.

MONCEY (BON-ADRIEN-JEANNOT), duc DE CONEGLIANO, pair et maréchal de France, naquit à Besançon, le 31 juillet 1754. Son père, avocat au parlement de Franche-Comté, le destinait à l'étude du droit; mais une vocation irrésistible l'entraînait vers la carrière des armes, et à peine âgé de 15 ans, il s'engagea dans le régiment de Conti-infanterie. Au bout de six mois, sa famille acheta son congé, mais presque aussitôt il s'engagea de nouveau dans le régiment de Champagne, où il resta jusqu'au 17 juin 1773.Revenu pour la seconde fois à Besançon, il étudia le droit, sans plus de suite que la première, et le 22 avril 1774, il reprit encore du service dans les gendarmes de la garde, jusqu'au 20 août 1778, où il passa en qualité de sous-lieutenant de dragons dans la légion des volontaires de Nassau-Siegen. Promu successivement aux grades de lieutenant en second, lieutenant en premier et capitaine (12 avril 1791), il fut fait chef de bataillon en 1793, et commanda le 5o bataillon d'infanterie légère, désigné sous le nom de chasseurs cantabres. Sa conduite à l'armée des Pyrénées lui valut, en avril 1794, le grade de général de brigade, et deux mols après, celui de général de division; il se distingua encore à la prise de la vallée de Bastan, du fort de Fontarabie, du port du Passage et de Saint-Sébastien; et, sur la proposition des représentants du peuple, il reçut de la Convention nationale le commandement en chef de cette armée, le 17 août 1795. Les avantages qu'il remporta sur les Espagnols, dans la vallée de Roncevaux, à Lecumbery et Villanova, où il mit hors de combat 2,000 hommes, puis à Villaréal et à Bilbao, qui lui assurèrent la conquête de toute la Biscaye, amenèrent la trève de Saint-Sébastien, bientôt suivie de la paix de Bâle. De retour en France, il reçut, le 1er septembre 1796, le commandement de la 1 le division militaire dont le chef-lieu était à Bayonne. S'étant montré favorable à la révolution du 18 brumaire, le consul Bonaparte lui confia la 15 division militaire dont le siége était à Lyon.

Dans la seconde campagne d'Italie, le

général Moncey commanda un corps de 20,000 hommes et contribua à tous les succès de cette mémorable guerre. Après avoir franchi le Saint-Gothard, il s'empara de Bellinzona et de Plaisance, et pendant l'armistice qui suivit la victoire de Marengo, il occupa la Valteline. Plus tard, il se distingua à Mozambano, où il eut un cheval tué sous lui, et à Roveredo, où il fit un grand nombre de prisonniers, et se mit en communication avec l'armée des Grisons. A la paix de Lunéville, il reçut le commandement des départements de l'Oglio et de l'Adda, et il fut nommé inspecteur de la gendarmerie nationale, le 4 décembre 1801. Dévoué au premier consul, il lui rendit d'éminents services dans ce poste qui avait tant de rapports avec le ministère de la police. Aussi fut-il compris, le 19 mai 1804, dans la première promotion des maréchaux de l'empire; le 1er février suivant, il obtint le grand cordon de la Légion d'Honneur, fut placé à la tête de la 11e cohorte, et reçut ensuite le titre de duc de Conegliano. Chargé, en 1808, du commandement du corps d'observation des côtes de l'Océan, Moncey le conduisit en Espagne, où il défit les insurgés du royaume de Valence au défilé d'Almanza. Le 31 juillet, Murat lui confia la direction de l'aile gauche, et l'employa sur les bords de l'Ebre et sous les murs de Saragosse, qu'il quitta pour repasser en France, en 1810. Investi du commandement de l'arinée de réserve du Nord, il le conserva pendant les campagnes de 1812 et 1813; car il ne fut pas appelé à prendre une part active à des guerres qu'il avait désapprouvées; mais le 8 janvier 1814, il fut nommé major général commandant en second la garde nationale parisienne, et tout le monde connait sa belle conduite (31 mars) pendant la bataille de Paris, où il fut chargé de la défense d'une des principales barrières.

Après l'entrée des alliés dans la capitale, Moncey adhéra complétement aux principes du nouveau gouvernement, et fut nommé, le 13 mai, membre du conscil d'état provisoire, le 2 juin, chevalier de Saint-Louis, et le 4, pair de France. Il conserva en outre son titre de pre

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mier inspecteur général de la gendarmerie. Compris dans la liste des pairs créés par l'empereur dans les Cent - Jours, il fut, par cette raison, rayé de celle de la seconde Restauration. Appelé, comme le plus ancien des maréchaux de France, à présider le conseil de guerre qui devait juger le maréchal Ney, il écrivit au roi une lettre dans laquelle il lui disait avec une noble franchise : « Ah! sire, si ceux qui dirigent vos conseils ne voulaient que le bien de V. M., ils lui diraient que jamais l'échafaud ne fit des amis... S'il ne m'est pas permis de sauver mon pays ni ma propre existence, je sauverai du moins l'honneur, et s'il me reste un regret, c'est d'avoir trop vécu, puisque je survis à la gloire de ma patrie... » Ce courageux langage valut au maréchal Moncey la perte de son emploi et un emprisonnement de trois mois au château de Ham (ordone. roy. du 29 août 1815). Mais Louis XVIII ne lui garda pas rancune, et le 14 juillet 1816, il reçut son serment. Le 5 mars 1819, Moncey fut réintégré dans sa dignité de pair, et le 5 avril 1820, il fut nommé gouverneur de la 9e division militaire, après avoir été décoré de l'ordre du Saint-Esprit. A l'époque de la guerre d'Espagne de 1823, qu'on espérait de populariser en y mêlant les noms des vétérans de l'empire, Moncey fut chargé du commandement du 4o corps, qui opéra par le col de Perthus, et s'empara de Puycerda, de Rosas et de Figuières. Le 9 juillet, il vint mettre le siége devant Barcelone, établit son quartier-général à Sarria, au mois de septembre, et signa, le 2 novembre, avec Mina (voy.), une convention à la suite de laquelle on lui remit les places de Barcelone, de Tarragone et d'Hostalric.

Depuis son retour d'Espagne jusqu'en 1830, Moncey continua de siéger à la Chambre des pairs dans les rangs de l'opposition modérée. En sa qualité de doyen des maréchaux, il tint, au sacre de Charles X, l'épée de connétable. Après la révolution de juillet, il fut appelé (1833) à succéder au maréchal Jourdan dans le commandement de l'hôtel des Invalides; il réunit ses efforts à ceux de la Chambre des députés pour faire cesser les dilapidations dont les vieux braves placés sous ses

ment au milieu d'eux sa longue et honorable carrière, le 20 avril 1842, et repose aujourd'hui à côté de Napoléon. Le maréchal Moncey a offert l'exemple d'un des plus nobles caractères des temps modernes, et ses dernières paroles attestent la pureté de sa conscience : « Je désire, disait-il à son lit de mort, que chacun remplisse et finisse sa carrière comme moi. » Le maréchal Soult, son ancien compagnon d'armes, lui a payé un juste tribut d'éloges sur sa tombe. Moncey avait un fils, colonel de dragons, qui périt malheureusement, en 1817, victime d'un accident à la chasse.

ordres étaient victimes. Il acheva paisible- | du monde; et l'expression de bout du monde, pour désigner le plus loin qu'on puisse aller, expression qu'on retrouve dans quelques phrases métaphoriques, parce qu'on regardait autrefois comme l'extrémité de la terre le lieu le plus éloigné qu'eussent découvert les voyageurs, ne pourrait avoir le même sens aujourd'hui qu'en s'appliquant aux régions inaccessibles à l'homme. On appelle monde primitif le premier état de la terre, soit immédiatement après la création, soit au moins avant la grande révolution dont, sous le nom de déluge (voy. ce mot et aussi CATACLYSME), l'histoire de la plupart des peuples anciens fait mention (voy. ANTÉDILUVIEN, FOSSILES, ÉDEN, INNOCENCE, etc.).

D. A. D.

MONCRIF (FRANÇOIS-AUGUSTINPARADIS DE), romancier, chansonnier et poëte dramatique, lecteur de la reine Marie Leczinska, reçu à l'Académie-Française en 1733, était né à Paris, en 1687, et mourut, le 13 novembre 1770, au palais des Tuileries, où il avait un logement. Ses écrits, qui ont eu quelque succès de son temps, sont entièrement oubliés aujourd'hui. Nous ne citerons que ses Chansons dont on vante l'esprit et la gràce. X.

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Monde signifie encore la totalité des hommes, le genre humain : c'est ainsi que Jésus-Christ est dit le Sauveur du monde. D'autres fois, sous ce mot, on désigne seu MONDE, du latin mundus, qui, lement la plupart des hommes, ou bien une de même que le grec xócuos, rappelle certaine quantité de personnes, et même la netteté, l'ordre, l'harmonie, se dit en un petit nombre. Il signifie en outre la général de l'univers, du ciel et de la terre société des hommes ou une partie de cette (voy. ces mots), et de tout ce qui y est société. Alors il se compose de gens discompris, c'est-à-dire de l'ensemble des tingués par la naissance, le rang, l'esprit, choses créées. On a établi bien des systè- la science, par un talent quelconque, des mes sur le commencement du monde agréments personnels ou une fortune con(voy. CRÉATION, COSMOGONIE, etc.), et sidérable. On va souvent dans le monde la nécessité d'un commencement du mon- sans posséder aucun de ces avantages; mais de une fois admise, on a dû en inférer dans ce cas il n'est guère possible de se qu'il finirait un jour (voy. ÉTERNITÉ, vanter d'en faire partie. Depuis cinquante JUGEMENT DERNIER, etc.). En astrono- ans, le cercle qui contenait le monde s'est mie, on nomme système du monde l'or- agrandi, et sa puissance a diminué en s'édre suivant lequel les globes célestes tendant; ce cercle même, au dire de beauexécutent leurs mouvements les uns par coup de gens, s'est multiplié, et il n'y a rapport aux autres (voy. UNIVERS, ASTRO- plus de classe d'hommes qui n'ait son NOMIE, PLANÈTES, PTOLÉMÉE, TYCHO-monde, c'est-à-dire un lieu où l'on soit BRAHÉ, COPERNIC, etc.). Dans un sens regardé, écouté, jugé, accueilli ou rebuté, plus restreint, on donne le nom de monde non-seulement par des pairs, mais encore à la terre, que la géographie divise en plu- par des supérieurs et des inférieurs en sieurs parties (voy. l'art. suiv.). L'ancien mérite vrai ou factice. Cependant on enmonde comprend celles qui sont connues tend toujours par le mot monde un nomdepuis une haute antiquité; l'Amérique bre de personnes choisies, livrées à des et les îles de la mer Australe forment le occupations frivoles, avides des jouissannouveau monde. La terre étant une ces que procure le luxe, et recherchant sphère, on peut faire des voyages autour les plaisirs du théâtre, du jeu, de la danse,

de la table, des assemblées nombreuses, | du monde sont bonnes à suivre, et la quelquefois de la conversation (voy. ces sotte vanité d'occuper de soi peut seule mots). Les philosophes ont toujours re- décider à les braver; ce travers appartient connu que c'était à la paresse, à la sen- à la jeunesse, tandis que les gens d'un âge sualité et surtout à la vanité que sacri- mûr, par un travers contraire, mais pour fiaient ceux qui s'isolaient ainsi des mas- atteindre un but semblable, se dévouent ses. Les maximes de ce monde, flattant jusqu'à l'abnégation aux pratiques d'un les passions et justifiant l'égoïsme, sont en culte dont le temps les dispense. La opposition avec la sagesse, telle que l'ont Bruyère a aussi bien observé que peint comprise les plus beaux esprits de tous le monde: ses Caractères, lus et médités, les temps. Aussi a-t-on été forcé de dire: remplaceront l'expérience du monde, beau monde, grand monde, monde qui ne s'acquiert souvent qu'avec de lonchoisi particulièrement. Si ce dernier gues années, et se paie quelquefois plus concilie les principes de la morale et les que le monde ne vaut. L. C. B. agréments de la civilisation, en ce cas, être appelé un homme du monde* c'est recevoir un éloge; alors avoir l'usage du monde, c'est connaître la manière d'être et s'approprier la conduite qui excite la bienveillance de ceux avec lesquels on entretient des relations; c'est savoir plaire par toutes les apparences de la vertu, son indulgence, sa sérénité, sa délicatesse, son amour de l'ordre et de la paix; nous disons par l'apparence, car à Dieu seul appartient de juger si cette vertu est réelle; mais agir comme si on la possédait est déjà un mérite. La connaissance du monde et de ses exigences fait partie d'une bonne éducation. Or. n'est point un sage quand par ennui, par avarice, par suite de déception, on fuit le monde et on se venge à en médire. En matières frivoles, telles que usages, modes (voy.), et autres choses de nature variable, les maximes

(*) Nous avons expliqué, à l'art. ENCYCLOPEDIE (T. IX, p. 492), dans quel sens est prise cette qualification de gens du monde qui figure sur le titre de notre ouvrage. On a vu que nous entendons par-la, non pas seulement les personnes vivant dans ce cercle élevé qu'on appelle le monde et que connaît si bien l'auteur de cet article, bien digne d'en être longtemps encore

un des ornements, et moins encore celles qui se contentent d'une légère teinture de la science telle que les rapports sociaux l'exigent impérieusement; mais toutes les personnes qui veu. lent égaler par l'instruction, par l'étendue et l'élévation des idées, celles qui composent le monde ou qui savent s'en faire ouvrir l'accès. Si nous opposons l'homme du monde au savant, ce n'est pas d'une manière absolue (car ce livre a la prétention de beaucoup apprendre au savant lui-même), mais uniquement pour indiquer qu'on ne suivra pas ce dernier dans tous les embarras du terrain spécial où il se place, et que les connaissances qu'on veut répandre sont de

celles que nul ne doit regarder comme un fardeau trop lourd à porter.

J. H.S.

L'esprit religieux fait autrement envisager le monde, qui est alors l'ensemble des opinions, des maximes, des usages de la société et des occupations ordinaires de la vie. Vivre selon le monde, c'est, à ses yeux, perdre de vue un intérêt plus haut, et se renfermer dans un ordre d'idées qui ne se rapporte pas à notre destination céleste et éternelle. Le Christ avait dit que son empire n'était pas de ce monde, et il avait recommandé à ses auditeurs de s'attacher de préférence au monde futur, spirituel, parfait, et que n'atteignent pas les infirmités de notre condition terrestre. Alors des âmes pieuses ont voulu s'oc cuper exclusivement de ce monde à venir, fuir les séductions et les misères du monde actuel, renoncer à ses vaines pompes et à ses plaisirs mensongers, et se retirer dans la solitude pour rentrer en eux-mèmes et rechercher Dieu. Telle est l'origine de la vie ascétique et monastique (voy. ces mots). A cet égard, chacun doit être juge lui-même de ses devoirs et de ses besoins; il est permis de se livrer à la contemplation (voy.) et de renoncer au monde quand aucun lien sacré ne nous y attache, pourvu qu'on ne s'en fasse pas un titre de gloire, et qu'on ne se croie pas pour cela meilleur que ceux qui, retenus dans le monde par d'autres devoirs et par un esprit de sociabilité qui est loin d'être blamable, cherchent à y pratiquer simplement et sans bruit les vertus que leur divin maitre leur a enseignées. J. H. S.

MONDE (PARTIES DU). On n'en admettait anciennement que trois, savoir: l'Europe, l'Asie et l'Afrique; c'est ce qu'on appelle le monde ancien. Depuis la découverte de l'Amérique (voy.), il a bien

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