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d'inimitiés personnelles, d'ambitions hy- | proclamé empereur par les légions d'Es

pocrites, et non un concours de dévouements généreux, de haines patriotiques, trouvant dans une sérieuse et profonde emotion du peuple leur foyer et leur soutien. Le peuple, cette populace romaine, aimait Néron; elle aimait en lui ce qui déshonorait la souveraineté, ses fêtes scanlaleuses, ses prodigalités désordonnées, es caprices de débauche, de prostitution cénique. La conspiration n'eut d'autre resultat que la perte de Sénèque, de Luain, de Calpurnius Pison, chef titulaire, lont les conjurés méditaient d'avance la uine aussitôt après le succès, et d'une oule de sénateurs et de chevaliers; enfin les supplices sans nombre, et d'immenses onfiscations, accompagnement ordinaire es supplices.

Un des rêves de gloire qui avait touours le plus flatté la fantaisie de Néron, 'était d'obtenir les suffrages de la nation plus sensible et la plus ingénieuse, de éployer ses talents dans le pays classique es beaux-arts et de la mélodie, devant es juges dignes de lui; il entreprit enfin on voyage en Grèce (819), et parcourut, endant plus d'un an, toutes les villes ameuses, paraissant comme artiste dans yus les spectacles, et traînant à sa suite De élite de jeunes chevaliers et de jeunes lébéiens au nombre de cinq mille, enálés en cohortes d'applaudisseurs, et ivamment disciplinés à varier le bruit es pieds et des mains par des rhythmes ui avaient leurs noms particuliers, selon u'ils devaient imiter le bourdonnement es abeilles ou le cliquet is des tuiles brisées bombos, imbrices, testas). Il remporta ,800 couronnes. En reconnaissance de e témoignage de bon goût, Néron rendit a Grèce à la liberté, et raya son nom de a liste des provinces romaines; il voulut ussi percer l'isthme de Corinthe pour oindre les deux mers. Mais les messages farmants de son affranchi Hélius, auquel I avait confié le gouvernement absolu de 'Italie en son absence, interrompirent es triomphes (820). On se soulevait dans es provinces, les peuples se lassaient des léprédations et des orgies. La révolte de Vindex, quoique étouffée par le trop stoique Virginius Rufus, en avait excité une autre plus redoutable; Galba fut

Encyclop. d. G. d. M. Tome XVIII.

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pagne. Néron se vit subitement abandonné: il s'enfuit de Rome; le sénat le déclara ennemi public. Celui qui avait fait tomber tant d'illustres têtes, n'avait pas le courage de s'affranchir de la main des bourreaux. Toujours histrion jusque dans l'agonie, il se lamentait en pensant qu'un si beau chanteur allait cesser de vivre; et lorsqu'il entendit le bruit des cavaliers qui accouraient pour le saisir, il chanta un vers d'Homère qui exprimait le pas précipité des chevaux. Enfin, pressé par la peur des tortures, il s'aida du bras de son secrétaire Épaphrodite pour s'enfoncer un poignard dans la gorge. Ainsi Rome fut délivrée de Néron, sans devenir ni libre ni heureuse (821, 58); il avait régné 14 ans.

De tous les maux qu'il fit aux Romains, ceux qu'ils eurent à souffrir pendant sa vie ne furent pas les plus funestes: il leur légua l'anarchie en détruisant le principe d'hérédité institué par Auguste, et consacré par le respect pour la famille Julia. « Sous Tibère, sous Caius et sous Claude, disait Tacite par la bouche de Galba, nous avons été l'héritage d'une seule maison. >> En effet, les Romains s'étaient accoutumés à reconnaître comme princes légitimes les successeurs d'Auguste par naissance ou par adoption. Qu'on se figure ce que pouvaient devenir les destinées de Rome, si Britannicus avait régné après Claude, et avait laissé des fils après lui. Mais avec Néron la garantie de la stabilité du gouvernement et de la paix publique périt dans l'horreur qu'il inspirait ; il semblait que le secret de l'empire, ignoré jusqu'alors, se révélât subitement, savoir : qu'un empereur pouvait se faire ailleurs qu'à Rome (evulgato imperii arcano). C'està-dire qu'à l'hérédité monarchique venaient d'être substitués l'empire électif et l'élection militaire. N-T.

NERPRUNS, nom commun à plusieurs arbres et arbrisseaux appartenant au genre rhamnus des botanistes, genre qu'on regarde comme le type de la famille des rhamnées.

Le nerprun alaterne (rhamnus alaternus, L.), qu'on désigne vulgairement par le seul nom d'alaterne, est très recherché pour l'ornement des jardins

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paysagers, où il produit un effet fort pittoresque, surtout en hiver, par son feuillage persistant et d'un vert gai. Cette espèce, qui forme un buisson atteignant jusqu'à 20 pieds de haut, croit spontanément dans toute la région méditerranéenne. On en cultive plusieurs variétés, dont les plus notables sont : l'alaterne à feuilles rondes, l'alaterne à feuilles cordiformes et l'alaterne à feuilles panachées.

Le nerprun hybride (rhamnus hybridus, L'hérit.) ne se cultive pas moins fréquemment que l'alaterne, auquel il ne le cède guère quant à l'élégance du feuillage.

Le nerprun purgatif (rhamnus catharticus, L.), qu'on connait aussi sous les noms de bourguépine et noirprun, est commun dans presque toute l'Europe. C'est un buisson de 10 à 15 pieds de haut, à rameaux étalés, épineux; à feuilles ovales, ou ovales-orbiculaires, ou oblongues, acuminées, longuement pétiolées, glabres en dessus, pubescentes en dessous aux nervures, finement dentelées; à fleurs petites, jaunàtres, polygames, agrégées aux aisselles des feuilles. Les fruits, noirâtres et de la grosseur d'un pois, sont un violent purgatif : les campagnards en font parfois usage à la dose de 20 à 30; mais ce remède ne saurait convenir qu'à des constitutions robustes. On prépare avec ces fruits et de l'alun la couleur appelée vert de vessie; cueillis avant la maturité, on en extrait une teinture jaune peu estimée, parce qu'elle ne tient pas. L'écorce fraîche de ce nerprun n'est pas moins drastique que les fruits. Le bois des racines, d'un jaune tirant sur le brun et d'un aspect satiné, est très compacte: on peut l'employer à des ouvrages de tour et de marqueterie.

Les fruits de plusieurs nerpruns indigènes de l'Europe méridionale (notamment le rhamnus infectorius, L.; le rhamnus saxatilis, L.; et le rhamnus tinctorius, Waldst.) sout connus, dans le commerce des matières tinctoriales, sous le nom de graine d'Avignon ; ils servent à teindre en jaune; mais ces teintures ont peu de fixité. Leur décoction avec du blanc de céruse donne la couleur dite stil de grain (voy. Laque).

La graine jaune du commerce est le fruit du nerprun à feuilles d'amandier |(rhamnus amygdalinus, Desf.), espèce indigène dans l'Archipel et dans l'Atlas,

Le nerprun bourgène (rhamnus frangula, L.), appelé vulgairement bourge ne, bourdaine et aune noir, est commun dans toute l'Europe, au bord des eaux et dans les bois humides. C'est un buisson de 10 à 15 pieds, ou un petit arbre atteignant quelquefois le double de cette hauteur; ses rameaux sont grisâtres ou violets, ponctués, dépourvus d'épines. L'écorce du tronc et des grosses branches est d'un brun noirâtre. Les feuilles sont elliptiques, ou oblongues, ou obovales, acuminées, légèrement sinvolées, d'un vert gai, longues de 2 à 3 pouces, pubescentes étant jeunes. Les fleurs aux aisselles des feuilles, en faisceaux peu garnis; elles sont petites, blanchâtres, courte ment pédonculées. Les fruits, du volume d'un pois, sont obcordiformes ou obovės, noirâtres. De tous les arbres indigènes, le bourgène est celui qui fournit le charbon le plus estimé pour la fabrication de la poudre à canon. L'écorce sert à teindre les laines en vert, en rouge, en jaune et en brun; la même proprieté se retrouve dans les fruits, dont on prepare aussi du vert de vessie; ils participent encore aux propriétés drastiques de ceus du nerprun purgatif; mais on n'en fait guère usage en médecine. ÉD. SP.

NERVA, voy. ROMAINS. NERVEUSES (MALADIES), NERFS, NEVROSE, NEVRALGIE, Hyste RIE, HYPOCOndrie, Épilepsie, etc.

NERVURES, vOY. FEUILLES, T. X, p. 743.-Les relieurs appellent nervures les parties saillantes formees sur le dos des livres par les cordes ou nerfs qui ser vent à relier les feuillets. On donne aussi ce nom, en architecture, aux moulures saillantes et rondes placées sur les arètes d'une voûte, sur les côtés des cannelures, sur les arêtes des volutes, sur les angles des pierres, etc.

Z.

NERWINDE, voy. NEFRWINDEN NESKI (ÉCRITURE, VOY. KOCFAB et ARABES (T. II, p. 126).

NESSELRODE CHARLES-ROBERT, comte DE), vice-chancelier de l'empire de Russie, ministre des affaires étrange

res et conseiller privé actuel, un des plus célèbres diplomates de notre temps, est né, non pas en Livonie, comme le disent la plupart des biographes, mais à Lisbonne, où son père était alors ministre plénipotentiaire; non pas en 1755, comme on l'a aussi souvent répété, mais vers 1780: l'époque précise est, jusqu'à ce jour, un secret bien gardé.

La famille Nesselrode, d'origine saxonne, est très ancienne : on peut en poursuivre la généalogie jusqu'en 1318. Elle forme deux branches, celle de Reichenstein et Landskron, et celle d'Ehreshofen, toutes deux professant la religion catholique, et en possession du titre de comte, qui leur fut conféré, en 1710, par l'empereur Léopold Ir. Depuis le commencement de ce siècle, elle est alliée à la famille de Droste-Vischering, nom de laquelle un archevêque de Cologne a donné tant de retentissement de nos jours, et dont un membre porte le titre de comte de Droste-Vischering de Nesselrode-Reichenstein.

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En Russie, les Nesselrode sont à la seconde génération. Le père du comte actuel (MAXIMILIEN-JULES-GUILLAUMEFRANÇOIS, mort en 1810) entra au service de Catherine II, et fut chargé de la représenter d'abord à Lisbonne et ensuite à Berlin, où il demeura jusqu'en 1794. Le comte Charles-Robert débuta, suivant l'usage, dans la carrière militaire; mais content de ses premières épaulettes, il entra fort jeune encore dans celle où son père avait figuré avec distinction. En 1802, il fut attaché à l'ambassade russe à Berlin; puis il passa dans celle de Stuttgart. Il avait rempli, en 1806, les fonctions de chargé d'aftaires à La Haye, lorsqu'il fut nommé, l'année suivante, après la paix de Tilsitt, conseiller d'ambassade à Paris. Déjà son extrême aptitude aux affaires, unie à un vaste fond de connaissances et à un esprit d'une perspicacité et d'une souplesse peu communes, avaient fixé sur lui l'attention de l'empereur Alexandre, qui, après la guerre d'invasion de Napoléon, lui donna toute sa confiance. Le comte prit la part la plus active aux négociations qui armèrent contre la France la plus formidable de toutes les coalitions. Après avoir coo

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péré au traité de Breslau, complément de celui de Kalisch, qui consomma l'alliance de la Prusse avec la Russie, conclut, le 15 juin 1813, avec lord Cathcart, un traité de subsides à Reichenbach, en Silésie. Au congrès de Prague, où le baron d'Anstett (voy.) figurait ostensiblement comine plénipotentiaire de la Russie, ce fut principalement le comte de Nesselrode qui, par des négociations directes avec le prince de Metternich (voy.), détermina l'Autriche à se décla– rer contre la France, et régla tous les points importants de la nouvelle alliance, que, le 9 septembre, le traité de Toeplitz rendit définitive. Pendant la campagne de 1814, il suivit son maître à Paris, et attacha sa signature à toutes les notes et déclarations des souverains alliés, à la rédaction desquelles on lui attribue généralement la plus grande part. Il marqua parmi les signataires de la quadruple alliance à Chaumont (voy.), et parmi ceux de la paix de Paris (30 mai), après avoir, conjointement avec les comtes Orlof et Paar, conclu, dans la nuit du 30 au 31 mars, avec le maréchal Marmont, le traité concernant la reddition de cette capitale. Sans partager d'abord contre la personne de Napoléon l'animosité d'un de ses confrères en diplomatie, Pozzo di Borgo (voy.), la grandeur inespérée du triomphe obtenu le rendit néanmoins favorable aux sollicitations du parti qui, sous l'habile direction du prince de Talleyrand (voy.), poursuivait le rétablissement des Bourbons. Aussi rédigea-t-il la fameuse déclaration de l'empereur Alexandre, qui réintégra l'ancienne dynastie sur le trône de France; et la modération pleine d'égards avec laquelle le diplomate russe exprima les intentions de son maitre contribua surtout à assurer à ce dernier l'influence prépondérante qu'il exerça.

Confident et organe habituel d'Alexandre, le comte de Nesselrode prit nécessairement rang, au congrès de Vienne, parmi les principaux plénipotentiaires. Il y appuya avec force la formation de la Confédération germanique, fut un des membres les plus actifs du comité pour l'abolition de la traite des noirs, et s'appliqua surtout à faire triompher l'inté¬

rêt de la Russie dans ses prétentions sur la Pologne, qu'elle espérait absorber à elle seule. Au retour de Napoléon, il donna sa signature, le 13 mars 1815, à l'interdiction lancée par les alliés contre leur incorrigible adversaire; puis, le 25 du même mois, au renouvellement du traité de Chaumont entre les puissances. Conseiller privé et secrétaire d'état depuis 1813, il fut nommé, en 1816, en récompense de ses éminents services, à la direction du département des affaires étrangères, fonctions qu'il partagea d'abord avec le comte Kapodistrias (voy.), mais qu'il exerça seul à partir de 1821. Dans cet intervalle, au milieu de la fermentation générale des esprits en Europe, le ministre russe embrassa vivement le système de répression dont il avait puisé les principes dans une étroite union avec le prince de Metternich, et sut aussi le faire prévaloir dans l'esprit timoré d'Alexandre, dont Kapodistrias s'était vainement flatté d'obtenir l'appui en faveur de la cause des Hellènes. Au congrès d'Aix-la-Chapelle, comme à ceux de Troppau, de Laibach et de Vérone, le comte de Nesselrode se montra un des diplomates les plus zélés de la SainteAlliance. Il entretint une grande intimité avec la France, et la poussa, en 1823, à entreprendre la campagne d'Espagne, au sujet de laquelle M. de Villèle ne partageait pas les idées de M. de Chateaubriand, son collègue.

En 1821, M. de Nesselrode avait été nommé membre du conseil de l'empire. Après la mort de l'empereur Alexandre, son successeur (voy. NICOLAS) lui continua la même faveur : à l'occasion de son couronnement (1826*), il lui conféra une riche dotation, et en 1828, il le revêtit de la haute dignité de vice-chancelier de l'empire. Sous ce règne, néanmoins, le comte de Nesselrode dut se relâcher un peu de la rigueur des principes qu'il avait toujours maintenus jusque-là. S'identifiant avec une rare pénétration et une merveilleuse souplesse aux tendances de la nouvelle politique du souverain, il obtint un succès complet dans ses importantes négociations avec

(*) Voir le rescrit tout plein d'éloges pompeux qu'il lui adressa, en date du 22 août (v. st.),

l'Angleterre et la France, relativement à la délivrance des Grecs (traité du 6 juillet 1827); se rapprocha de plus en plus de la seconde des deux puissances, et en viut presque à une rupture avec le cabinet autrichien, qui était opposé à la guerre de Turquie, et travaillait, a dit le comte Pozzo di Borgo, dans une dépêche à son ministre, à former contre la Russie une ligue générale*.

Mais la révolution de juillet modifa profondément le système d'alliances du gouvernement russe. Il devint d'autant moins favorable depuis lors à la France qu'elle ne dissimula pas sa sympathie pour les Polonais, enhardis par les événements de Paris à secouer le joug moscovite. M. de Nesselrode rechercha donc de nouveau l'amitié de l'Autriche, à laquelle jusque-là il avait donné tant de sujets d'ombrage; et l'extrême froider de ses relations avec le cabinet du P lais-Royal sembla même s'étendre a gouvernement britannique qui, sous l'irfluence du parti wigh, avait ouvertement accepté l'alliance de la France, et lui farsait l'importante concession d'une sépare tion entre la Hollande et la Belgique. Ber servie par ses agents, la diplomatie habe et un peu tortueuse de M. de Nesselrode contraria l'Angleterre surtout en Orient par le traité d'Unkiar Iskélessi (8 jule 1833), elle réussit à enchainer compl tement la Porte à l'intérêt russe, et se émissaires, actifs surtout auprès du chaa de Perse, suscitèrent aux Anglais des en barras et des dangers jusque dans le ce tre de l'Asie.

L'alliance entre la France et la Grande Bretagne subsistait toujours et avait pre duit des effets inattendus non-seulemes en Belgique, en Suisse et en Italie, mais surtout dans la péninsule ibérique. La question d'Orient (voy. MAHMOUD II « MOHAMMED - ALI) devait être l'écues

(*) Cette conduite inconcevable du prince t Metternich, comme s'exprime cet ambassadr toujours en écrivant à M. de Nesselrode, for ces diplomates a songer à de nouvelles combus sons, très clairement expliquées dans ces termes de la même dépêche : « Il serait peut-être g et utile de familiariser aussi la politique pras sienne avec l'idée que si les événements lui fa nissent l'occasion de s'agrandir, la France, de son côté, ne peut se compromettre et se batht en pure perte. »,

contre lequel elle se brisa: ce fut le chefd'œuvre de la diplomatie russe que la dissolution de cette alliance, dont à ce moment, il est vrai, la France pouvait déjà | se passer. M. de Nesselrode avait fait diverses tentatives avant d'arriver à ce but : un premier voyage du baron de Brunnow à Londres était resté sans résultat; mais on finit cependant par y atteindre à force de soins et de persévérance.

Toutes ces négociations, admirées des experts, ne furent point sans fatigue pour le vice-chancelier, dont la santé, dans ces derniers temps, lui commanda le repos; mais l'entière confiance de l'empereur Nicolas ne lui permit pas de se soustraire au poids des affaires, et la diplomatie russe, l'une des plus capables de l'Europe, continue de recevoir de lui, ou par son organe, toutes ses inspirations. J. H. S. NESTOR, l'un des héros d'Homère, était le dernier des 12 fils de Nélée, roi de Pylos, et seul échappa aux massacres des Néléides par Hercule; trop jeune pour prendre part à la guerre, il avait été envoyé à Gérinia (Strabon, p. 353). Après la mort de son père, il lui succéda dans le royaume de Pylos, qu'il accrut par ses armes. Se trouvant en Thessalie, il secourut les Lapithes attaqués par les Centaures, devint l'hôte et l'ami de Pélée, et ne s'illustra pas moins par sa sagesse que par son courage. On dit même que, dans son adolescence, i! fit, avec Jason, l'expédition de la Colchide. Lorsque la grande querelle éclata entre la Grèce et l'Asie, il était vieux, il avait vécu près de trois âges d'homme, comme dit Homère; mais il n'en fut pas moins choisi avec Ulysse pour exciter à cette guerre lointaine les chefs de la Grèce. C'est que son éloquence était irrésistible et que le miel de la persuasion coulait de ses lèvres (11., I, 249). Lui-même donna l'exemple du départ à la tête des Pyliens et des Messéniens, et, dans les fatigues et les périls du siege de Troie, il se distingua entre les plus jeunes et les plus vaillants héros. C'est là qu'il eut le malheur de perdre son fils Antiloque (Od., IV, 183). Après la prise de Troie il revint heureusement dans ses états, où, dix ans plus tard, il régnait encore, puisque par l'Odyssée III, 68) nous apprenons qu'il reçut Té

lémaque et lui donna des conseils sur les moyens de retrouver son père. Nestor offre l'idéal de la vieillesse dont la considération est la couronne et qui règne par les respects qu'elle inspire. F. D.

NESTOR, le plus ancien annaliste russe, et, de tous les chroniqueurs, un des plus remarquables; digne surtout du plus grand intérêt en ce qu'il est, parmi les peuples modernes, le premier dont l'ouvrage, écrit dans sa langue nationale, nous ait été conservé. Depuis Herbinius (Religiosa Kijovienses cryptæ, Iéna, 1675, in-12), qui l'a d'abord fait connaitre, jusqu'à nos jours, il a toujours régné sur son compte une grande incertitude: aussi la polémique engagée, depuis 1835, entre MM. Stromnenko, Pérévochtchikof, Boutkof, Pogodine et autres, dure-t-elle encore sans avoir levé tous les doutes. D'après l'opinion commune, Nestor, né en 1056, on ne sait où, serait entré, à 17 ans, au monastère des Souterrains (Petcherskii) de Kief (voy.), et y serait mort, peu après 1116, après avoir composé sa Chronique slavonne, ouvrage de patience et de piété, qu'il aurait continuée suivant les uns jusqu'à sa mort, et suivant d'autres seulement jusqu'en 1110 ou 1113. En effet, on ignore où commence au juste l'œuvre de ses continuateurs, notamment de Sylvestre, prieur du couvent de SaintMichel, à Kief, puis évêque de Péréïaslavl; et plusieurs passages qui pourraient nous éclairer sur la personne du moine Nestor paraissent corrompus, car le manuscrit original n'est pas arrivé jusqu'à nous, et les copies offrent un grand nombre de variantes. C'est d'après un manuscrit trouvé à Konigsberg, en 1716, par Pierre-le-Grand, qu'a été publiée la première édition de la Chronique de Nestor, Saint-Pétersb., 1767, in-4°, et qu'ont été faites les traductions qui existent dans quelques langues de l'Occident, celle de B. Scherer, en allemand (Leipz., 1774, in-4o), celle de M. Louis Pâris, en français (Paris, 1834, 2 vol. in-8°), et surtout celle, aussi en allemand, de l'immortel Schlozer, qui a plus fait pour le vénérable annaliste russe qu'aucun des érudits de sa nation. On sait que, dans ce livre, le texte original est placé en regard de la

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