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dent à mortier au parlement de la même ville, et cette charge resta dans sa famille jusqu'à la révolution. Il n'était encore que conseiller, lorsque, le 16 janvier 1589, il se trouva enveloppé dans les malheurs qui accablèrent sa compagnie (voy. HARLAY), et emprisonné à la Bastille. Il revint avec la plupart de ses collègues reprendre ses fonctions, et le 21 du même mois, nommé procureur général, il fut contraint de prêter serment à la Ligue. Néanmoins, au fond du cœur, il resta fidèle au roi, et quoique suspect aux factieux, il réussit à leur échapper. Molé négociait en secret l'abjuration de Henri IV, et il fit rendre sur ses conclusions le célèbre arrêt du 28 juin 1593, qui renfermait la déclaration que la couronne de France ne pouvait passer à des femmes ni à des étrangers. Après le retour de son souverain, Molé reprit modestement ses fonctions de conseiller; mais en 1602, Henri IV lui donna une charge de président à mortier. Édouard Molé mourut en 1614, laissant un fils, qui porta plus haut encore la gloire de sa maison par la noblesse de son caractère. Il ne pouvait être plus dignement apprécié que par l'illustre magistrat à qui nous devons la notice suivante. S.

qu'en 1826 le traité d'Akerman (voy.) | suspendit la guerre rallumée par le mauvais vouloir de la Forte à remplir ses engagements envers les principautés, il fut stipulé que le sulthan maintiendrait scrupuleusement tous les priviléges de celles-ci, qui devaient être réglés en vertu d'un traité spécial, dont la paix d'Andrinople, en 1829, confirma et étendit les dispositions. La même année furent posées, avec la constitution, les bases du gouvernement intérieur. La suprématie de la Russie sur ces pays a été consacrée par les mêmes traités : son contrôle porte sur leurs affaires tant intérieures qu'extérieures, et le général russe Paul Kisselef, aujourd'hui ministre des domaines impériaux, a été le principal instrument de ces réformes. Depuis 1834, époque de la retraite des Russes, un riche boïar de la Moldavie, Michel Stourdza, ci-devant conseiller d'état russe, et gendre du prince de Samos Vogorides, gouverne ce pays en qualité d'hospodar. Il travaille avec sagesse et prudence à relever la prospérité de ses sujets, et l'opinion publique lui est assez favorable, malgré les dissentiments qui, en 1836, troublèrent momentanément la bonne harmonie entre le prince et les boiars. Les tendances que la caste nobiliaire de la Moldavie manifeste dans ses assemblées sont d'ailleurs tout aristocratiques. -Voir Michel Anagnosti, La Valachie et la Moldavie, Paris, 1837, in-8°; Félix Colson, De l'état présent et de l'avenir des principautés de Moldavie et de Valachie, suivi du recueil des traités de la Turquie avec les puissances européennes, Paris, 1839, in-8°; et Paul Kisselef et les principautés de Moldavie et de Valachie, Revue Britannique, février 1841, P. 437-461.

CH. V.

MOLE, vay. PORT et DIGUE. MOLÉ, famille française originaire de Troyes, où GUILLAUME Molé, échevin de la ville, avait, en 1429, fait entrer Charles VII, qui s'avançait vers Reims. NICOLAS Molé obtint une charge de conseiller au parlement de Paris. ÉDOUARD, son fils, né à Paris, vers 1550, se prépara, dès son enfance, à entrer dans la magistrature, et fut successivement conseiller, procureur général, enfin prési- |

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D

MATTHIEU Molé, né à Paris, en 1584, successivement conseiller (1606), président aux enquêtes (1610), procureur général (1614), premier président du parlement de cette capitale (1641), et gardedes-sceaux de France (1651), eut à lutter, au temps de la Fronde (voy.), contre les plus grands périls, et s'offre à nos souvenirs, tel parmi les premiers présidents que L'Hospital (voy.) parmi les chanceliers. Le tableau qui le représente revêtu de sa toge, à la tête du parlement, au milieu des factieux, bravant leurs poignards, et leur imposant par le calme de son maintien et la seule autorité de sa parole, est, à nos yeux, supérieur, comme leçon morale capable d'élever l'âme et de grandir le cœur, à tous les tableaux de batailles et de combats, où chacun, s'il est exposé à recevoir la mort, est aussi en mesure de la donner. Le cardinal de Retz, quoique ennemi du président Molé, n'a fait que lui rendre justice, lorsqu'il a dit : « Si ce n'étoit une espèce

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Il était garde-des-sceaux quand son hôtel fut assailli par une émeute; ses gens effrayés se barricadent. Schomberg lui offre des troupes pour le protéger : Molé refuse, et, à l'exemple du chancelier L'Hospital, il ordonne d'ouvrir les portes. Il se présente seul aux factieux : « Si vous ne vous retirez à l'instant, leur dit-il, je vous fais tous pendre! » Et ces misérables s'enfuient épouvantés, comme si la main de justice eût été ouverte sur chacun d'eux.

Tant qu'il a fallu lutter alternativement contre l'arbitraire de Mazarin, contre l'ambition des princes et l'anarchie des rues, le crédit de Molé se soutint. Les uns se rangeaient derrière lui, d'autres l'admiraient, ou du moins se taisaient... Le parlement était fier de le posséder à sa tête! Il sentait que nul autre à sa place n'eût montré plus de grandeur d'âme, ni mieux soutenu sa dignité. | Mais à peine les temps furent devenus meilleurs, on le trouva moins nécessaire, et l'on ne craignit point d'être ingrat envers lui. Cependant, le cardinal de Retz avoue que Matthieu Molé voulait le bien de l'état préférablement à toutes choses. Quel plus bel éloge, surtout de la part d'un adversaire politique! Mais ceux qui n'avaient en vue que leur avantage particulier, tous ceux qui se taisaient en présence des périls que Molé n'avait pas craint d'affronter, se liguèrent contre lui et cherchèrent à lui susciter des ennemis. Il devait à son tour éprou- | ver l'ingratitude et l'injustice des partis!

« C'est ainsi, a dit M. Hello, que se passa la vie d'un des grands magistrats dont la France s'honore : à résister aux uns, à contenir les autres, à courir de l'in cendie qu'il venait d'éteindre à l'incendie qui éclatait quelques pas plus loin. En dehors de tous les partis, chacun d'eux tentait de se l'attirer; mais il était dans sa nature de ne céder à aucun entraînement. L'immobilité de cet homme, au sein de tant de mouvements contraires, ne pouvait manquer d'être impor

tune à ceux qui venaient s'y heurter. Son indépendance leur déplut à tous; en refusant également leur joug, il mérita également leur admiration et leur haine, et vit tomber son crédit politique en même temps que croitre son autorité morale. Auquel, en effet, des trois partis qui se disputaient sa conquête, sa loyauté eûtelle pu s'allier sans réserve? »

Molé mourut garde-des-sceaux, le 3 janvier 1656, au terme d'une heureuse vieillesse, et lorsque le grand règne de Louis XIV venait de commencer *. D.

MATTHIEU-FRANÇOIS Molé, petit-fils du précédent, né le 30 mars 1705, fut premier président du parlement de Paris après la retraite de R.-C. de Maupeou (voy.), en 1757; fonctions dont il se démit ensuite (1763) en faveur du fils de ce dernier. Il mourut à Paris, en 1793, laissant pour fils ÉDOUARD-FRANÇOIS-MATTHIEU Molé de Champlatreux, né le 5 mars 1760, qui devint président à mortier en 1788. Après avoir émigré en 1789, il rentra en France au temps prescrit par les décrets de l'Assemblée nationale, et périt sur l'échafaud révolutionnaire, le 20 avril 1794. Il avait épousé une des filles de Malesherbes (voy. LAMOIGNON), dont il eut un fils, auquel nous consacrerons une notice plus étendue.

S. MATTHIEU-LOUIS, comte Molé, naquit à Paris, le 24 janvier 1781. Son enfance et sa première jeunesse s'écoulèrent au milieu des temps les plus durs de notre première révolution. Dépouillé par la confiscation de la fortune de ses pères, manquant même du strict nécessaire, il perdit, accablé par les malheurs qui pesaient sur sa famille deux fois condamnée à l'exil, et que la violence avait privée de son chef (voy. plus haut), des années qui auraient pu être consacrées à développer par l'éducation et le travail les facultés qu'il avait reçues de la nature. Cependant son esprit et ses goûts se tournaient naturellement vers la réflexion et l'étude. A 16 ans, de retour

(*) On peut consulter sur le président Molé les ruémoires du temps et tous les historiens de la Fronde. Henrion de Pansey a publié l'Éloge de Matthieu Molė (Paris, 1775), dont un arrièrepetit-fils a retracé la vie en tête de ses Essais de morale et de politique (2o éd., Paris, 1809).

à Paris, après un long séjour en Suisse et en Angleterre, il consacrait ses journées et une partie de ses nuits à s'instruire, et il parvint à réparer, seul, pour ainsi dire, et par sa propre énergie, le tort que lui avaient fait les circonstances.

Il se maria fort jeune, et à 25 ans, il publia des Essais de morale et de politique (1re éd., anonyme, Paris, 1806; 2o éd., avec l'éloge de Matth. Molé, 1809, in-8°); l'ouvrage est celui d'un jeune solitaire, hardi, indépendant et dont l'accent, dogmatique mais sincère, accuse bien plus de conviction que d'orgueil. Napoléon fut frappé de ce livre, où l'auteur, après avoir examiné la nature de l'homme, recherche le gouvernement qui lui convient et se prononce pour la forme que la France venait d'accepter.

L'empereur vit le jeune homme que l'illustre nom qu'il portait et la protection de Fontanes recommandaient d'ailleurs à son attention, et depuis ce moment il ne cessa de lui prodiguer tous les signes d'une faveur non équivoque. Il lui confia des missions et le chargea de travaux qui semblaient fort au-dessus de sa position. C'est ainsi qu'il lui fit présider le grand | sanhedrin et le rendit confident de sa pensée à l'égard des Juifs. A la création des places de maîtres des requêtes, au mois de juin 1806, M. Molé en reçut une, et l'année suivante, il fut nommé préfet de la Côte-d'Or. C'est là qu'il composa et publia la vie de son aïeul, Matthieu Molé. Au commencement de 1809, il devint conseiller d'état en service ordinaire, à la section de l'intérieur, et quelques mois plus tard, un décret daté de Schonbrunn le porta à la direction générale des ponts et chaussées, à la place du comte de Montalivet (voy.) qui venait d'être chargé du portefeuille de l'intérieur. Pendant plus de quatre ans, il montra dans cette place, alors très importante et qui lui permettait des rapports fréquents avec l'empereur, une activité, un discernement, un esprit de justice et de fermeté, qui ont laissé dans le corps et l'administration qu'il dirigeait d'ineffaçables souvenirs.

Au mois de juin 1813, le duc de Massa (voy. REGNIER), alors grand-juge, ministre de la justice, ayant demandé

un congé pour aller aux eaux rétablir sa santé, Napoléon, du fond de l'Allemagne, où il dirigeait son armée, confia par intérim le portefeuille de la justice à M. Molé, et, revenu à Saint-Cloud, après la bataille de Leipzig, il le nomma définitivement grand-juge (20 nov.). Il suivit à Blois l'impératrice Marie-Louise, avec le conseil de régence et les hauts dignitaires de l'empire. Revenu à Paris, après que l'empereur l'eut relevé de son serment, pour qu'il pút, disait la lettre de Napoléon, rendre de nouveaux services à sa patrie, il se vit frappé de l'espèce de réprobation qui pesa, en 1814, sur tous ceux qui, depuis l'expulsion des Bourbons, avaient rempli de hautes fonctions.

Lorsque Napoléon revint de l'ile d'Elbe, M. Molé vivait à Paris dans la retraite. A peine l'empereur avait-il touché le seuil des Tuileries, qu'il envoya chercher son ancien grand-juge. Il lui proposa de se charger du portefeuille des relations extérieures que celui-ci n'accepta point. M. Molé ayant également refusé celui de l'intérieur ou de reprendre celui de la justice, Napoléon lui demanda de consentir du moins à remplir provisoirement les fonctions de directeur général des ponts et chaussées qu'il avait exercées si longtemps. Appelé ainsi à siéger de nouveau au conseil d'état, le comte Molé refusa en pleine assemblée de signer la fameuse déclaration de ce corps contre les Bourbons, Dénoncé à Napoléon, ainsi que les trois conseillers d'état qui suivirent son exemple, il eut avec l'empereur une explication qui lui attira, de la part de ce dernier, de nouveaux témoignages d'estime et de confiance; jusqu'à son départ pour l'armée, Napoléon le fit souvent appeler pour s'entretenir avec lui.

Au second retour des Bourbons, l'esprit de réaction de 1814 n'osa se reproduire. M. Molé conserva les ponts et chaussées et fut nommé membre de la Chambre des pairs (17 août 1815), au moment où le département de Seine-etOise allait le porter à la députation. Le duc de Richelieu (voy.), chef du nouveau ministère, sut bientôt l'apprécier et prit en lui une confiance qui donna à M. Molé

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une certaine influence pendant les pre- | dans le premier cabinet qui fut alors mières années de la Restauration. Il contribua ainsi beaucoup à la fameuse ordonnance du 5 septembre, qui mit fin à la chambre introuvable (voy.), et plus qu'aucun autre peut-être, à la loi électorale de 1817, où il fit introduire le principe de l'élection directe. C'est de cette époque que datent ses liaisons politiques avec les doctrinaires (voy.) qui essayaient déjà de dominer le ministère, en attendant qu'ils pussent arriver eux-mêmes au gouvernement. Ils favorisèrent l'entrée de M. Molé dans les conseils du roi (12 septembre 1817), qui lui confia le portefeuille de la marine.

Cependant les idées libérales, sous la double influence de la presse et de la tribune, prenaient tous les jours plus de force. Les doctrinaires, se plaçant entre la gauche et le centre droit de la Chambre élective, voulaient qu'on fit aux opinions progressives de larges concessions, telles que le jugement des délits de la presse par le jury. Le cabinet se divisa, et M. Molé, fidèle à son amitié pour le duc de Richelieu, en sortit avec lui le 28 déc. 1818. Depuis ce moment, on ne le voit plus figurer qu'à la Chambre des pairs, où il combattit avec toutes les forces de sa parole des lois telles que celles du droit d'aînesse, du sacrilége, et cette fameuse loi contre la presse, surnommée loi de justice et d'amour, et se montra l'adversaire décidé d'une intervention armée en Espagne (voy. VILLÈLE). Le ministère Martignac avait eu le désir et même le projet de se rapprocher de lui: il fut appelé au conseil de cabinet tenu par Charles X, et où se préparèrent ces lois municipales et départementales qui avancèrent la chute du ninistère Martignac et la formation du ministère Polignac. Voy. ces noms.

Le canon de juillet (voy.) avait à peine cessé de tonner, quand le comte Molé fut appelé au Palais-Royal avec MM. de Broglie, Guizot, Casimir Périer, Laffitte, Dupin aîné, Dupont de l'Eure (voy. tous ces noms), etc., par le duc d'Orléans, qui demandait à ces hommes d'état, d'origine si différente, le secours de leur expérience et de leurs conseils. M. Molé sut le portefeuille des affaires étrangères

formé. Ce fut un grand bonheur pour la France que d'avoir à ce moment si difficile, pour la représenter auprès de l'Europe, un homme si généralement estimé et dont la probité, les principes inspiraient tant de confiance. Au bout de trois mois, il se retira avec Casimir Périer. Mais ce temps lui avait suffi pour faire accepter et reconnaître notre révolution par tous les cabinets, et pour sauver l'Europe d'une guerre générale, en déclarant que si la Prusse intervenait à main armée contre la révolution belge, la France et son armée tout entière se précipiteraient sur la Belgique.

Les doctrinaires qui reconnaissaient pour chef politique M. de Broglie demandaient pour lui les affaires étrangères et la présidence du conseil. M. Molé fut écarté du ministère du 11 octobre 1832. Dans deux crises ministérielles successives, il ne put parvenir à s'entendre avec M. Thiers, et il demeura ainsi éloigné du maniement des affaires jusqu'à la chute du 22 février (1836). M. Thiers se retirait alors sur la question d'intervention en Espagne, question dans laquelle M. Molé avait constamment professé l'opinion la plus absolue et la plus opposée à la sienne: il était donc le successeur le plus naturellement appelé à le remplacer et a former le nouveau cabinet. Aussi la couronne n'hésita-t-elle pas à lui en donner la mission. Depuis la dissolution du ministère du 11 octobre et la séparation de M. Thiers d'avec les doctrinaires, M. Guizot avait cherché à renouer des relations avec M. Molé et à préparer sa rentrée aux affaires avec cet homme d'état. Ses amis, et particulièrement M. Ch. de Rémusat, se montraient favorables à ce projet, tout en regrettant de laisser M. le duc de Broglie en dehors de la future combinaison. M. Molé se voyant chargé par le roi de composer le nouveau cabinet, se hâta d'appeler M. Guizot et de s'entendre avec lui; mais M. de Montalivet (voy.) ayant amené la chute da cabinet qui se retirait, en se rangeant énergiquement du côté de la couronne et pour la non-intervention, il était aussi logique que parlementaire, que le chef du nouveau cabi

net lui offrit de rester au ministère de même de M. de Broglie, le trouvèrent l'intérieur. En outre, M. de Montalivet inébranlable, lorsque M. Guizot, pressé avait de nombreux amis dans la Chambre de plus en plus par la couronne, lui prodes députés et était resté assez populaire, posa un cabinet formé de ses amis seulenonobstant ses relations intimes avec la ment, c'est-à-dire tout doctrinaire. Dans famille royale. M. Molé ne put obtenir la situation des esprits, une telle admide M. Guizot qu'il entrât dans ses vues nistration semblait dépourvue de toute sur ce point. Celui-ci déclara qu'il voulait chance de succès et de durée après partager l'influence et le pouvoir avec le bien des hésitations, le roi la refusa, et fit chef du cabinet, et, pour cela, remettre appeler M. Molé, qui réussit enfin à reaux mains de ses amis les plus dévoués le constituer une administration. ministère de l'intérieur, pendant que lui dirigerait de nouveau celui de l'instruction publique. Il désignait M. de Gasparin (voy.) qui, sous M. de Montalivet, avait rempli les fonctions de sous-secrétaire d'état, et demandait qu'il fût remplacé dans ce poste par M. de Rémusat. Après une lutte prolongée pendant quinze jours, M. Molé céda, et le ministère du 6 septembre (1836) parut dans le Moniteur. Aucune division ne se manifesta d'abord entre M. Molé et M. Guizot. Le premier avait apporté avec lui la résolution de proposer au roi l'amnistie, dès qu'il serait possible de le faire sans que ce grand acte pût se présenter aux esprits comme le désaveu du passé, comme une concession, une faiblesse envers aucun parti. La tentative faite à Strasbourg par le prince Louis-Napoléon, l'attentat de Meunier, l'avaient forcé d'ajourner son projet; il avait, au contraire, proposé aux Chambres de nouvelles lois répressives, qui avaient eu l'assentiment du cabinet entier. Toutefois l'opinion de M. Guizot, celle de M. Persil, paraissaient dans tous les cas contraires à l'amnistie, que ces deux ministres auraient voulu remplacer par des grâces plus ou moins nombreuses. Quoi qu'il en soit, le rejet de la loi de disjonction compromit sans retour l'existence du cabinet déjà ébranlé (voy. T. XIII, p. 316). Le ministère entier remit sa démission au roi, et alors commença la crise d'où sortit celui du 15 avril 1837.

M. Molé avait lui-même conseillé au roi d'appeler M. Guizot : celui-ci, après s'être concerté avec M. le duc de Broglie, tenta de reconstruire le ministère du 11 octobre, et se rendit chez M. Thiers pour lui demander son concours; mais les vives instances de M. Guizot, celles

Le cabinet du 15 avril, obligé de frapper les esprits par quelques grandes mesures, ouvrit pour ainsi dire une nouvelle ère en proclamant, au retour d'une revue de la garde nationale, une amnistie générale. Un court préambule précisait le sens qu'on devait attacher à ce grand acte. Quelques mesures, telles que la réouverture de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, qui étaient regardées comme des conséquences de l'amnistie, furent accueillies par une approbation universelle. Le mariage du prince royal, négocié par M. Molé, vint ajouter à la faveur dont ce ministre jouissait. Enfin, la prise de Constantine contribua aussi à jeter un vif éclat sur son cabinet. Comme néanmoins celui-ci n'avait pas pour appui une majorité franche et non douteuse dans la Chambre des députés, M. Molé, croyant le moment opportun, en demanda la dissolution et provoqua une élection générale. Les électeurs renvoyèrent à peu près les mêmes hommes, mais libres d'engagements. Quelques députés de la gauche avaient même été écartés et remplacés par des conservateurs. La session s'ouvrit sous d'heureux auspices. Dans la discussion de l'adresse, la lutte s'établit encore sur la question d'intervention en Espagne. Le paragraphe du projet d'adresse relatif à l'Espagne ne donnait pas assez clairement gain de cause au cabinet : un député doctrinaire, M. Hébert, proposa de l'amender, et M. Molé le soutint avec autant de vigueur que de talent dans une lutte opiniâtre contre MM. Thiers, Passy et Barrot. L'amendement Hébert fut adopté à une grande majorité, et M. Guizot, dans quelques paroles prononcées de sa place, déclara qu'il adhérait à la politique du cabinet. Mais le 15 avril ne pouvait se concilier les doctrinaires sans éveiller

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