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cipaux arguments. A ce propos, qu'il nous soit permis de signaler les intéressantes découvertes de M. Hugo Winckler (1). Une des objections fondamentales des tenants de la théorie européenne des Aryas était que l'on ne pouvait signaler aucun contact entre eux et les Sémites, contact qui eût pourtant dû être constaté si les Aryas étaient venus d'Asie. Or sur une inscription hittite du xv° siècle avant notre ère, on a lu les noms des divinités persanes et hindoues, Mithra, Varuna, Indra et Nasatya. Incidemment l'auteur s'occupe de la question de l'unité du langage. Il est polygéniste, comme il le déclare lui-même et par conséquent, tout en admirant beaucoup la science du professeur Trombetti de Bologne, il fait certaines objections à sa thèse. Toutefois les deux premières ne nous paraissent pas fort péremptoires. Le point de savoir si affinité, parenté, généalogie désignent en linguistique un seul phénomène n'est pas si important que le pense M. Sergi, et la comparaison qu'il fait avec le règne animal cloche un peu. D'autre part encore, si M. Trombetti croit avoir besoin de 30 à 50 mille ans pour calculer les déterminations linguistiques, il ne semble pas que la date de 100 mille ans que M. Sergi réclame pour l'apparition de l'homme soit de nature à gêner beaucoup la théorie de M. Trombetti.

Les autres observations de détail portent sur des points secondaires et des explications particulières, qui ne battent pas en brèche le système du savant professeur de l'Université de Bologne. M. Sergi est, au contraire, convaincu qu'ayant montré la distribution géographique et la filiation des races comme un tout continu et non interrompu, il a frayé les voies à l'opinion de l'unité du langage, qui serait bien plus malaisée à démontrer au cas de races désagrégées et sans lien entre elles. Les rapports anthropologiques sont certes de nature à mieux expliquer les affinités linguistiques.

Quoi qu'on puisse penser des résultats des travaux de M. Trombetti (2), il était curieux de noter ce qu'en pense M. Sergi. Il est

(1) MITTHEILUNGEN DER DEUTSCHEN ORIENTGESELLSCHAFT, n" 15, Vorläufigen Nachrichten über die Ausgrabungen in Boghazkioi in Sommer 1907. Cf. les observations sur cette découverte par M. Édouard Meyer, Das erste Auftreten der Arier in der Geschichte, dans SITZUNGSBERICHTE DER KÖNIGLICH PREUSSISCHEN AKADEMIE DER WISSENSCHAFTEN, Berlin, 1908, fasc. I, pp. 14-19.

(2) A ceux que la question intéresse plus spécialement, nous renvoyons au savant travail du R. P. Paul Peeters, bollandiste, dans la REVUE APOLOGÉTIQUE, Bruxelles, 1906, t. VIII, pp. 441-19. Citons la conclusion de cette remarquable étude, qui n'est peut-être pas assez connue. « Si l'unité première

bien près d'accorder créance à son collègue de l'Université de Bologne, tout en cherchant à sauver sa foi de polygéniste.

Si la population européenne à l'époque néolithique vint d'Asie, il faut pourtant distinguer dans l'apport des progrès qui, à cette période, se manifestent dans la civilisation, des facteurs divers. L'avant-dernier chapitre du livre de M. Sergi s'occupe de cet objet. Dans son exposé, il attache, avec raison, grande importance au rôle joué par l'île de Crète et demeure convaincu que le principal foyer de la civilisation nouvelle importée en Europe fut le bassin de la Méditerranée.

Comme on le voit, par l'analyse que nous avons faite de l'ouvrage de M. Sergi, c'est avant tout l'anthropologie de l'Europe préhistorique qu'il cherche à débrouiller. Dans un dernier chapitre, il essaie pourtant de raccorder les populations actuelles avec les races anciennes. Il reconnaît deux variétés de l'homme eurafricain, le type nordique et le méditerranéen, des descendants de l'homme eurasique et des métis de ces deux races. Toutes les autres différenciations, celles qui pourront faire des nations diverses, ne sont point du domaine de l'anthropologie. Deux bonnes tables terminent l'ouvrage table alphabétique des matières et table des noms d'auteurs. Elles permettent de s'orienter aisément dans les recherches parfois un peu touffues de l'auteur. De nombreuses figures dans le texte et des planches séparées donnent tous les documents iconographiques qui sont de nature à mieux faire saisir la pensée de l'auteur.

Avant de terminer ce compte rendu déjà trop long, il nous faut porter un jugement d'ensemble sur l'œuvre de M. Sergi. Le voici. On ne saurait dénier à l'auteur une grande profondeur d'érudition et une connaissance étendue de tous les faits de nature à éclairer l'objet de ses recherches. Mais, à notre humble avis, l'interprétation de plusieurs de ces faits ne s'impose pas encore avec une entière certitude. En particulier, sa thèse de l'occupation de l'Europe par les peuplades dites aryennes, sans qu'elles aient beaucoup contribué à la civilisation de ce continent, civilisation qui serait due plutôt à des émigrés d'origine africaine, cette thèse assez inattendue repose sur plusieurs pos

du langage n'est pas encore démontrable scientifiquement, elle n'est pas non plus sur le point d'être démentie scientifiquement par des preuves certaines. La question qui n'est pas mûre pour une solution affirmative, ne l'est pas davantage pour une solution négative. Ceux qui escomptent le témoignage de la linguistique en faveur de la polygenésie des races humaines, se livrent donc à de vaines rodomontades. >>

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tulats dont le moindre est celui de l'indigénéité du peuple égyptien.

Quoi qu'il en soit de certaines réserves à faire, l'œuvre de M. Sergi est indubitablement une contribution des plus importantes à l'anthropologie et à l'ethnogénie primitives de l'Europe. J. VAN DEN GHEYN, S. J.

XIII

P. W. SCHMIDT. PANBABYLONISMUS UND ETHNOLOGISCHER ELEMENTARGEDANKE. Sonderabdruck aus Band XXXVIII (der dritten Folge Band VIII) der MITTEILUNGEN DER ANTHROPOLOGISCHEN GESELLSCHAFT in Wien. 1908, pp. 73-88.

Ce que le savant directeur d'ANTHROPOS combat dans cette brochure, ce n'est pas le système de Fr. Delitzsch qui fait dériver de Babylone tout l'Ancien Testament, une bonne partie du Nouveau et un grand nombre d'éléments de notre civilisation chrétienne. Le P. Schmidt s'en prend à un autre système dont la portée n'est pas moins grande au point de vue de l'histoire des civilisations.

Cette doctrine procède du Professeur Dr II. Winckler, l'assyriologue bien connu de Berlin, et du Professeur Dr A. Jeremias, ancien pasteur à Leipzig. Le rôle de E. Stucken a consisté surtout à étendre aux civilisations non asiatiques les conclusions des études sur l'ancienne Babylone. Ce serait de Babylone qu'il faudrait partir pour comprendre et expliquer la vie intellectuelle et religieuse des peuples non civilisés.

Dans une étude très importante, sur laquelle nous espérons pouvoir bientôt revenir en détail (1), le P. Schmidt expose comme suit les propositions fondamentales du Panbabylonisme :

« Toute mythologie s'occupe pour ainsi dire exclusivement des événements du ciel, en particulier du cours du Soleil, de la Lune, parfois aussi de l'étoile du matin (Vénus) et de leurs relations avec les douze signes du zodiaque et les constellations qui en font partic. Les événements et les relations du firmament sont la mesure et la règle pour les événements et les conditions de la

(1) L'origine de l'idée de Dieu, dans ANTHROPOs, III (1908), nos 1 à 6 (à suivre). Voir p. 156.

Terre; l'astrologie et l'astronomie font tout un. Le tout forme un système de philosophie qui est à la fois la religion, parce que les astres et leurs mouvements sont en même temps les principales manifestations de la puissance de la divinité. Que celle-ci fut quelque chose de distinct des astres, les initiés, les prêtres le savaient; au peuple on présentait la doctrine astrale sous la forme d'un mythe, et les événements qui dans cette croyance prêtaient à la célébration de fêtes furent représentés dans des jeux dramatiques. Dans cette doctrine et ces mythes, les durées de révolution de ces astres et leurs rapports jouèrent un grand rôle; ce furent des « nombres sacrés ». Comme ils déterminaient au Ciel les révolutions des astres, ils fixaient sur la terre l'époque des fêtes et servaient de base à toute la chronologie. La patrie de tout ce système est Babylone où nous le trouverions pleinement développé déjà 3000 ans avant J.-Ch. De là il se serait d'abord répandu dans l'Orient ancien tout entier; l'Égypte et Israël en particulier et plus tard la Grèce et Rome et, par elles, le moyen âge chrétien se trouvèrent sous son influence. Mais, en général, les mythologies de tous les peuples de la terre, même des peuples incultes les plus éloignés, subirent cette influence. »

L'importance de ce système au point de vue de l'ethnographie n'échappera à personne. Il constitue la négation formelle du principe le plus fécond et le plus incontesté de l'ethnographie, du principe que Bastian dans son langage un peu nébuleux a appelé « Elementargedanke ». La plupart des manifestations de la vie intellectuelle des hommes procèdent de la nature humaine et des conditions extérieures qui ne sont pas très différentes sur les points les plus éloignés du globe, de sorte que nécessairement elles se ressemblent dans leurs traits fondamentaux. L'existence de coutumes et de croyances universellement répandues trouve dans ce principe une explication simple et satisfaisante.

Faudra-t-il dorénavant renoncer à ce principe et recourir comme anciennement aux hypothèses souvent arbitraires et invraisemblables, aux influences extérieures, aux emprunts, à la communauté d'origine, pour expliquer sur des points différents de la terre l'existence de croyances et de pratiques semblables? Le P. Schmidt défend victorieusement le principe des «pensées élémentaires » contre les prétentions des Panbabylonistes. Voici l'argumentation de ceux-ci : 3000 ans avant Jésus-Christ le système des connaissances astronomiques était établi dans ses moindres détails à Babylone; on connaissait parfaitement la

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loi de la précession en vertu de laquelle le zodiaque recule d'un signe tous les 2200 ans. Des connaissances astronomiques aussi développées présupposent une civilisation supérieure. Si donc nous rencontrons chez les sauvages, chez les non-civilisés, des débris de ce magnifique système, nous serons autorisés à dire que ces connaissances ne cadrent pas avec leur civilisation inférieure, qu'elles n'en sont pas le produit spontané, que ce sont des survivances d'une civilisation plus élevée dont le point de départ se trouve à Babylone.

Cette argumentation suppose établis deux faits: 1. l'existence, 2000 ans avant Jésus-Christ, à Babylone d'un système très développé de connaissances astronomiques; 2. l'existence chez les sauvages de connaissances astronomiques qui ne cadreraient pas avec le caractère rudimentaire de leur civilisation.

Or, le P. Schmidt démontre précisément, en se basant sur l'autorité du P. Kugler, S. J., qu'on a exagéré l'antiquité du système astronomique perfectionné des Babyloniens. En ce qui concerne les sauvages, on ne trouve point chez eux des connaissances astronomiques abstraites et très perfectionnées; mais bien plutôt des connaissances concrètes et superficielles qui sont le fruit d'observations séculaires. Les sauvages s'intéressent tout naturellement aux astres; ils ont des noms spéciaux pour certaines étoiles, auxquelles ils attribuent une influence particulière. C'est un fait que les progrès de l'ethnographie descriptive mettent chaque jour plus en relief. Pour l'expliquer, point n'est besoin de recourir aux antiquités babyloniennes.

Stucken s'est attaché principalement à l'argument tiré du culte des pléiades chez les non-civilisés. Les pléiades président un peu partout au commencement de l'année. Or les pléiades appartenant au signe du taureau ne coïncidaient avec l'équinoxe du printemps que vers 3000 ans avant Jésus-Christ.

Le P. Schmidt fait observer qu'à Babylone les pléiades ne sont pas mises directement en rapport avec le commencement de l'année, comme en Chine et dans l'Inde. Elles ne sont en rapport avec le commencement de l'année que parce qu'elles appartiennent au signe du taureau. Aucun document babylonien n'indique formellement le rapport des pléiades avec le commencement de l'année; quand il est question d'un rapport semblable, il est indiqué non pas pour le commencement mais pour la fin de l'année.

Quant au rôle des pléiades dans la chronologie des non-civilisés, on ne saurait trop insister sur ce point qu'il ne s'agit

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