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bronze tout entier à la période de luttes entre Ibères et Celtes, et admettre que leur alliance correspond à l'âge du fer? Cela est possible, mais avec la seconde civilisation apparaît l'incinération, inconnue au bronze, et dans toutes les branches d'art et d'industrie il y a de grandes différences; cela prouve tout au moins l'existence d'un courant continu dont le point de départ était le centre de l'Europe: là aussi la civilisation progressait dans le

même sens.

On trouve dans les sépultures de l'âge du fer les objets suivants :

Des urnes cinéraires avec leurs couvercles, en terre grise ou noire, lissées, et parfois décorées de dessins incisés ornements et profils sont semblables à ceux des urnes du centre de l'Europe.

Des torques en bronze, simples anneaux lisses à bouts recourbés en crochet.

Des fibules serpentiniformes en bronze.

Des bracelets en bronze, ovales et à bouts ornés de lignes, ou ronds, à bouts terminés par des boutons.

Des boucles d'oreille et des bagues en bronze, parfois en argent. Des grains de collier en calcaire, cornaline, bronze, argent, or et verre bleu.

Quelques autres objets et des plaques minces en bronze avec rivets en fer.

Tous ces ornements, comme les urnes, appartiennent à la civilisation européenne du fer, surtout à celle de Hallstatt.

Quelquefois, dans ces mobiliers, on rencontre des poteries d'une forme différente, de couleur claire, plus fines et mieux cuites; ou bien, des perles en forme de petites rondelles, faites de quartz pilé et aggloméré, recouvert d'émail. Poteries et perles sont identiques à celles des nécropoles phéniciennes, tant en Espagne qu'à Carthage. D'une façon certaine, elles annoncent la proximité des Phéniciens. Malgré leur petit nombre,

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elles sont d'autant plus décisives que les découvertes relatives au premier âge du fer sont elles-mêmes peu nombreuses tandis que celles du bronze, si abondantes et si riches, n'ont rien montré de semblable.

Nous constatons donc un commencement d'infiltration phénicienne, à l'époque de Tyr; mais l'élément indigène, celtibère, forme encore le fond principal de ces mobiliers.

Voici maintenant un groupe de sépultures, de véritables nécropoles, où nous retrouvons la même association, mais avec prédominance de l'élément tyrien.

Une première nécropole se trouve à Herrerias, à l'endroit des mines d'argent et à 3 kilomètres de la mer. Les tombes sont des fosses à incinération, contenant souvent des urnes; parmi celles-ci on trouve le type indigène, décrit plus haut, et d'autres de forme et de facture semblables à celles des Carthaginois, avec des bandes horizontales peintes, rouges et noires; la céramique phénicienne est encore représentée par les lampes ouvertes, à deux becs. Les bijoux aussi se séparent en deux groupes: bracelets et ornements de collier indigènes à côté d'oeufs d'autruche peints, de perles en or phéniciennes et d'un bijou d'argent, représentant le croissant de la lune avec le disque, symbole essentiellement phénicien.

Des nécropoles semblables ont été découvertes à l'autre extrémité de l'Espagne méridionale, à Carmona, près de Gadir; M. G. Bonsor en a fouillé une partie et nous en a donné une bonne description: comme à Herrerias, on y voit les urnes de facture indigène et phénicienne les unes à côté des autres, et les bijoux des deux industries également mêlés.

Pour fixer approximativement la date de ces nécropoles mixtes, nous disposons des données suivantes : Les lampes sont du type le plus ancien trouvé à Carthage, dans la nécropole de Douïmès, qui appartient au

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vir et au vr° siècle. La forme ainsi que le travail d'orfèvrerie spécial du croissant en argent avec disque sont également caractéristiques de cette nécropole. Comme à Carthage on ne connaît presque rien qui soit antérieur au vir° siècle, ces comparaisons fournissent la date la plus basse; les objets de ce genre pourraient être un peu plus anciens. M. Bonsor a trouvé des ivoires gravés dont il compare le style à ceux de Nimroud attribués

aux Phéniciens de 850 à 700.

:

Les objets indigènes appartiennent, d'une façon générale, à la civilisation hallstattienne. D'après les classifications de Montelius, les fibules sont d'un type très ancien elles sont presqu'identiques à d'autres du XI ou xe siècle; mais des formes qui s'en rapprochent descendent jusqu'au vre. Les dessins des urnes sont du même art que ceux des nécropoles du Nord de l'Italie, pré- ou protoétrusques; quelques-uns cependant ressemblent à d'autres attribués à l'âge de la Tène.

Nous n'arrivons pas à fixer une date précise, parce qu'il y a problablement des sépultures d'époques différentes; mais le groupe des nécropoles à influence phénicienne dominante doit être compris entre le 1xo et le vre siècle.

Il me reste à parler d'une nécropole exclusivement tyrienne, sans aucun mélange d'éléments indigènes. Elle se trouve à Villaricos, près de la mer, à côté de l'ancienne Baria, colonie établie pour l'exploitation et l'exportation des richesses minières d'Herrerias.

J'y ai fouillé plus de 400 sépultures tyriennes, carthaginoises, romaines, visigothiques, byzantines et arabes.

Dans le groupe tyrien il y en a de deux sortes. Les plus pauvres sont des fosses à incinération avec lampes et oeufs d'autruche peints, semblables à celles d'Herrerias et de Carmona. Les plus riches sont de grandes chambres taillées à ciel ouvert dans le flanc de la col

line; elles étaient revêtues de maçonnerie faite de pierres cimentées par de la terre, et recouvertes de voûtes encorbellées : l'extérieur de la voûte devait former un monument dépassant le sol environnant ; du côté de la pente, une porte donnait sur une rampe d'accès. Tandis que les sépultures d'époque plus récente sont relativement bien conservées, celles du groupe riche qui nous occupe sont presque toutes démolies de fond en comble: il y en a dont pas une pierre n'est restée debout. Dans ces ruines on trouve des enterrements secondaires, de l'époque carthaginoise, pour lesquels on a utilisé des pierres provenant de la sépulture primitive.

Un de ces monuments anciens a souffert moins que les autres de cette dévastation barbare; il mérite de nous arrêter un instant.

Reprenons les choses au moment où les Carthaginois arrivant dans le pays retrouvèrent le terrain bouleversé et l'emplacement des sépultures devenu méconnaissable. Un peu en contre-bas de celle qui nous occupe, ils ouvrirent une tranchée dans le but de construire une crypte souterraine comme il y en a plusieurs dans le voisinage; au moment où ils arrivèrent sous la porte d'entrée du caveau tyrien, ils se rendirent compte de son existence et suspendirent aussitôt le travail de la tranchée, qui est restée interrompue; ensuite ils déblayèrent respectueusement tout le monument, laissant les ruines des murs telles qu'elles étaient. Ils creusèrent alors plusieurs tombes nouvelles dans le sol de la chambre : une de ces fosses est au centre; d'autres se trouvent exactement sur l'emplacement d'un mur détruit; d'autres encore furent ouvertes latéralement dans les parois; ces sépultures furent couvertes de terre, dans laquelle on continua à enterrer; plusieurs squelettes étaient déposés sur les tronçons du mur primitif, à 1 mètre environ de hauteur. Tous ces détails

prouvent à l'évidence qu'il y eut deux phases d'utilisation du local, séparées par la démolition partielle de la sépulture et une période d'abandon. Dans une des parois s'ouvrait une porte conduisant à un petit appartement secondaire la porte était soigneusement murée, et cette chambre avait échappé à la destruction. J'y ai retrouvé les cercueils en bois de cèdre dans lesquels les Tyriens avaient déposé leurs morts avec les débris des squelettes se trouvèrent plusieurs boucles d'oreille en or, des perles de verre, argent, or, ambre, et corail, des amulettes égyptisantes en pâte, oudjas et Bès, des restes de coffrets en bois avec anses de bronze, des ceufs d'autruche peints et quelques vases. Devant la porte, dans le sol de la grande chambre, une petite fosse contenait, avec les os incinérés d'un enfant, des perles et des amulettes comme les précédentes je n'hésite pas à attribuer cette petite tombe aux Tyriens; dans des cas du même genre, le P. Delattre croit que ce sont les restes d'enfants sacrifiés à Moloch.

Entre les tombeaux tyriens et carthaginois il y a naturellement de grandes analogies, mais on constate aussi des différences. Les premiers ont dû être de vrais monuments avec des détails architecturaux soignés, ce que je n'ai pas constaté à l'époque suivante; chez les Tyriens il y a de l'ambre et du corail, qui manquent également chez les Carthaginois; il y a aussi des différences dans le style des amulettes.

Le principal intérêt de ces trouvailles réside, quelque paradoxal que cela paraisse, dans le pillage et la destruction systématique de la nécropole primitive. Cet événement, en effet, revêt des proportions et une importance telles, qu'on ne peut pas admettre qu'il ait eu lieu en présence des Phéniciens qui habitaient la ville et l'acropole voisines; il implique nécessairement un soulèvement des indigènes çontre les colons, et l'expulsion de ceux-ci, c'est-à-dire que la dévasta

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