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les grands capitaines et la tactique, de mouvoir avec aisance sur le champ de bataille les masses énormes des combattants pour renverser l'ennemi d'un élan impétueux. On a méconnu que le nombre ne compte qu'à condition d'être complètement utilisable dans le temps et dans l'espace; il faudra bien que l'on revienne à une plus saine conception des principes de l'art militaire. Au point de vue du nombre, l'organisation des armées sera modifiée en ce qu'elle a de trop absolu : j'imagine que, sans diminuer la quantité de ceux qui seront appelés à porter les armes pour la défense de la Patrie, on augmentera de plus en plus la proportion des troupes territoriales et qu'on diminuera celle des troupes d'opération composées des hommes les plus jeunes et les plus vigoureux. Ainsi, d'ailleurs, l'on se conformera au principe même qui, au sens politique, doit régir les institutions militaires. De nos jours, l'armée vit de la paix et pour la paix. Au fur et à mesure du développement du commerce et de l'industrie et de l'accroissement de la fortune publique, a grandi l'inquiétude de ne pas être assez fort contre les dangers extérieurs et c'est la crainte de la guerre qui a conduit les pays d'Europe à accumuler, pour leur défense, soldats, canons et forteresses. L'armée est,. avant tout, un instrument de protection et non un instrument d'attaque.

Mais, à supposer que les conditions actuelles de la technique et du recrutement impliquent une certaine décadence de l'art de la guerre, il conviendrait de ne pas généraliser, et il y a une différence à faire entre la guerre continentale et la guerre maritime.

Dans les temps modernes, presque jusqu'à la fin du XIXe siècle, ce n'est pas sur mer que le sort des nations se décida. A partir de la guerre du Japon contre la Chine, en 1895, les opérations navales acquièrent tout à coup une importance prépondérante. En 1899,

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c'est sur mer que l'Espagne reçoit le coup mortel des États-Unis d'Amérique ; sur mer aussi le Japon frappe deux fois la Russie, au commencement et à la fin de la grande guerre qui les mit aux prises en ExtrêmeOrient.

Des raisons économiques, politiques et scientifiques s'accordent pour expliquer la renaissance de la guerre

maritime.

La mer porte la fortune du monde. Les trois quarts du commerce extérieur lui sont confiés tous les ans : la valeur en est énorme, au moins 70 milliards de francs, peut-être 90 milliards. Les flots de l'Océan qui ont fécondé toutes les grandes civilisations, appellent nos volontés et nos énergies. Les peuples ne peuvent s'enfermer dans leurs frontières naturelles, il faut qu'ils essaiment dans des contrées lointaines et que la mer leur serve de moyen d'expansion et de prospérité.

La poursuite de la richesse engendre des rivalités économiques qui se doublent bientôt des rivalités politiques. Sur la grande route de l'Océan chacun cherche à se garder contre les coups de force qui mettraient entrave à son commerce, ruineraient ses ports, affameraient sa population. On ne souffre plus qu'une puis.sance seule soit la dominatrice de la mer et l'on s'arme pour se défendre sur les flots. L'Angleterre est obligée de renoncer à son absolutisme maritime; loin de la métropole, elle diminue la densité de ses escadres, l'augmente dans les eaux européennes et, dans ces eaux, déplace la masse principale de la Méditerranée dans la Manche et dans la mer du Nord. Ainsi, prête à l'attaque comme à la défense, elle concentre sa puissance navale.

Depuis Santiago, les États-Unis d'Amérique ne réservent plus uniquement leur flotte au rôle de forteresse mobile; l'Armada américaine a accompli récemment.

une course extraordinaire qui montre bien qu'on entend

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éventuellement, s'en servir comme d'une arme offen

sive.

L'Allemagne avec une ténacité qui a provoqué l'étonnement universel, s'est construit une marine de guerre qui sera demain formidable.

Le Japon entend ne pas perdre la supériorité maritime que lui a donnée la bataille de Tsoushima.

La France, la Russie, l'Italie ont consacré et consacrent encore à l'amélioration, à la réfection, à l'augmentation de leurs flottes des sommes considéra

bles.

Coincidence remarquable! la technique, la stratégie et la tactique navales ont pu progresser en même temps que grandissait le rôle de la guerre maritime. L'industrialisation a donné à la marine plus de puissance et plus d'aptitude à remplir sa mission. La vapeur, victorieuse de la distance et des intempéries, a permis. l'accroissement des flottes, l'augmentation des équipages, en favorisant la rapidité et la précision des opérations. Les cuirassements, les bouches à feu de gros calibre, les canons à tir rapide, les torpilles ont fait des flottes de guerre de terribles instruments de destruction. La télégraphie sans fil met en relations instantanées tous les éléments des forces navales et facilite les combinaisons stratégiques. Cuirassés, croiseurs, torpilleurs de haute mer, destroyers, forment un tout harmonique qui permet à la guerre maritime de se développer au large des Océans, tandis que près des côtes, pour la protection des ports et des rades, la science lui fournit tous les éléments matériels, actifs et passifs, d'une vigoureuse résistance.

Que les moyens mis à la disposition de l'art militaire se multiplient et se perfectionnent encore, que des flottes aériennes sillonnent les nues et en fassent tomber la dévastation et la mort, je ne pense pas que guerre finira par suite de la puissance, du nombre et

la

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de la complexité des armes et des engins. La science ne sera pas en cela la grande régénératrice; elle ne réussira pas à vaincre la guerre, pas plus qu'elle ne réussira à vaincre complètement la nature.

Au fond, il s'agit d'une question morale. L'humanité ne cessera pas de vivre sous l'empire de quelques idées générales, d'être soumise à quelques nécessités essentielles, idées et nécessités toujours les mêmes et qui ne semblent se modifier, s'abolir, renaître à travers les àges, qu'en raison du cadre changeant que leur font les différentes civilisations. Dernière les mots et les formules, l'on trouve toujours l'homme s'acharnant ici bas après le mirage du bonheur et se heurtant constamment au dur horizon de la réalité. Il faut gagner son pain à la sueur de son front, il faut souffrir, il faut lutter. La lutte est en nous, elle est en dehors de nous, elle est dans tout l'Univers, et qui donc a dit que les astres dans les cieux se livraient un incessant combat? Il n'y a point de luttes pacifiques quelle singulière antithèse! Ne plus lutter c'est l'immobilité, la corruption ou la mort.

Ayons horreur de la guerre; humanisons-la, cherchons à l'éviter, mais ne l'avilissons pas trop ! Qu'elle ne nous surprenne pas dans une quiétude amollissante! Sachons envisager les épreuves qu'elle comporte, les sacrifices que son éventualité nous impose comme une part de nos inévitables misères, comme la rançon de nos jours de prospérité, comme une dette et un devoir. envers la Patrie.

VARIÉTÉS

I

A PROPOS

D'UNE

HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES (1)

(Suite)

Lorsque Charlemagne, en la fête de Noël de l'an 800, échangea la couronne royale contre le diadème impérial, il avait, depuis un quart de siècle, donné l'impulsion à ce relèvement intellectuel des nations franques que l'Ilistoire a appelé la Renaissance carolingienne. Cet heureux mouvement avait été préparé, du reste, par les sages efforts de Pepin le Bref (741-768): il ne serait pas juste que l'éclat du règne de Pepin, le premier roi des Francs, s'effaçât devant la splendeur du règne de son fils.

Les Mathématiques obtinrent leur part dans les faveurs de ces deux princes. Complètement inconnues en nos pays sous les Mérovingiens, nous les verrons y faire leur apparition sous le fils et le petit-fils de Charles Martel, et désormais, sur le sol belge du moins, elles ne cesseront d'être cultivées, à travers la période qui sépare l'ère de Charlemagne de l'ère des Croisades.

Préoccupé de l'ordre et du progrès, Pepin aimait à prendre

(1) Histoire des Mathématiques, par W.-W. Rouse Ball. Édition française, par L. Freund. — Tome I, Paris, A. Hermann, 1906. — Tome II, avec des Additions de R. de Montessus. Paris, A. Hermann, 1907.

Voir REVUE DES QUEST. SCIENT., 3a série, t. XII, oct. 1907, pp. 594-607; t. XIII, janv. 1908, pp. 252-267, et avril, pp. 558-578; t. XIII, juillet 1908, pp. 228-235, et oct., pp. 564-580.

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