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jusqu'à nous. La galerie de M. Rebière en contient une soixantaine. Mais ce sont plutôt là des figures légendaires qui ne sauraient, faute de temps, retenir notre attention. Arrivons tout de suite aux temps modernes.

Dès le xvIe siècle, le goût des choses de l'esprit s'accuse chez les femmes. C'est le temps où la fille de Louis XII, Renée de France, Duchesse de Ferrare, faisait de l'étude de la philosophie, de la géométrie et de l'astronomie son passe-temps favori, où la soeur de François Ier, Marguerite d'Angoulême, reine de Navarre, possédée par ailleurs de l'amour des belleslettres, suivait les leçons d'un maître de géométrie, où Catherine de Parthenay, Princesse de RohanSoubise, servait, en quelque sorte, de confidente mathématique à Viète, le créateur de l'algèbre

moderne.

Au XVIe siècle, la haute culture se répand assez parmi les femmes pour donner naissance au type classique de la femme savante si impitoyablement ridiculisé par Molière et par Boileau.

Mais nos deux grands satiriques s'attaquent avant tout à la femme qui, ayant plus ou moins mal digéré une foule de connaissances disparates, a la faiblesse d'en faire étalage à tout propos et même hors de propos. C'est, en réalité, moins la science qui se trouve atteinte par leurs sarcasmes que le pédantisme, si peu sympathique déjà chez l'homme, plus déplaisant encore chez la femme. « Une femme savante, a dit Jules Simon, n'est pas une femme qui sait mais une femme qui fait parade de sa science. »

Il convient d'ajouter que plusieurs de celles à qui la malignité publique décochait ce titre de femme savante en y mêlant, injustement peut-être, un grain d'ironie, ont su riposter, et non sans malice, aux railleries dont elles étaient l'objet. Une des plus célèbres, Mme de la

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Sablière, l'amie et la protectrice de la Fontaine, s'est spirituellement vengée de Boileau en le convainquant très congrûment d'ignorance. Notre poète l'ayant, en effet, visée dans ces deux vers:

Que l'astrolabe en main, une autre aille chercher
Si le Soleil est fixe ou tourne sur son axe...

elle lui fit observer que la fixité du Soleil dans l'espace et sa rotation sur lui-même ne font point l'objet de deux opinions contraires, comme il semblait le dire dans ses vers, et qu'au reste un astrolabe n'était d'aucune utilité pour décider de leur vérité; en quoi elle avait parfaitement raison. Et, ce jour-là, une fois par hasard, les rieurs, parmi les gens instruits, ne furent pas du côté de Boileau.

Une autre défense, plus touchante, s'est trouvée sous la plume d'une Hollandaise mariée à un Français, Mme de Charrière, qui, n'ayant pas craint de faire cet aveu: « Une heure ou deux de mathématiques me rendent l'esprit libre et le cœur plus gai; il me semble que j'en dors et mange mieux... », ajoute : « On trouve mauvais que je veuille savoir plus que la plupart des femmes, et on ne sait pas que, très sujette à une noire mélancolie, je n'ai-de santé, ni pour ainsi dire de vie, qu'au moyen d'une occupation d'esprit continuelle. Je suis bien éloignée de croire que beaucoup de science rende une femme plus estimable, mais je ne puis me passer d'apprendre...

Cette passion de savoir continuait d'ailleurs à être partagée par des têtes couronnées. Est-il besoin de rappeler que Descartes et Leibniz purent compter parmi leurs disciples directs de très illustres princesses Christine, reine de Suède, et Élisabeth de Bohême, princesse palatine, pour le premier ; Sophie, électrice de Hanovre, et sa fille Sophie-Charlotte, reine de Prusse et mère du grand Frédéric, pour le

second? Cette reine Sophie-Charlotte était, au reste, la nièce d'Élisabeth de Bohême qui en avait fait son élève.

Une autre princesse allemande, Caroline de Brandebourg-Anspach, fit le voyage de Londres pour porter le tribut de son admiration à Newton dont elle avait été capable de suivre les prestigieuses découvertes, et son enthousiasme pour l'illustre auteur des Principes mathématiques de la philosophie naturelle lui arrachait ce cri: « Je rends grâces au ciel d'être née dans le siècle que votre génie immortalisera... »

Au XVIIIe siècle, l'entraînement des femmes vers les études scientifiques prit les proportions d'une véritable mode. Des gravures de l'époque nous montrent d'élégantes mondaines poudrées à frimas, empressées à suivre les démonstrations que leur fait un savant à l'air grave, tout de noir habillé. C'est la Duchesse d'Aiguillon, c'est la Duchesse de Richelieu, ce sont maintes autres femmes de la Cour et de la Ville à qui Maupertuis enseigne la géométrie et Clairaut les principes de la mécanique newtonienne. C'est pour elles que Fontenelle écrivait ses Entretiens sur la pluralité des mondes et Euler ses Lettres à une princesse d'Allemagne (la Princesse d'Anhalt-Dessau).

Il ne semble pas, au surplus, que cet attrait des femmes vers la science ait suivi la même progression que le développement de la science elle-même. Peutêtre se sont-elles lassées à la suivre? Toujours est-il qu'au XIXe siècle la curiosité intellectuelle du beau sexe a semblé se porter plus volontiers sur d'autres objets. Mais le xx siècle va peut-être apporter un renouveau à cet égard.

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Jetons maintenant un regard, si vous le voulez bien, du côté des femmes dont l'effort personnel a marqué dans l'histoire de la science.

Et tout d'abord, observons que, sans cesser pour cela d'être personnel, cet effort a pu s'associer à ceux d'autres travailleurs en vue d'une fin commune. Pour élever le magnifique édifice, gloire de l'esprit humain, dont les grands savants sont les architectes, il faut avant tout en accumuler les matériaux. Cette besogne, pour être longue, patiente et souvent obscure, n'en a pas moins droit à toute notre estime. Sans les longues années de monotones observations de Tycho Brahé, Képler n'aurait pas pu formuler les trois admirables lois d'où Newton, par un éclair de génie, a su faire jaillir le principe unique de la gravitation universelle.

Ces besognes préparatoires, qui consistent dans des observations, des mesures ou des calculs, il n'est pas rare de voir des femmes en assumer la charge avec un zèle et une abnégation qui méritent toute notre reconnaissance. Il est à noter, d'ailleurs, que c'est dans le domaine de l'astronomie qu'on en trouve les exemples les plus frappants.

Le type de ces excellentes auxiliaires de la science nous est fourni par Caroline Herschel, la soeur du grand astronome.

William Herschel et sa sœur Caroline, nés tous deux à Hanovre, l'un en 1738, l'autre en 1750, vinrent en Angleterre en 1772 pour s'y engager comme musiciens. Je n'ai malheureusement pas le temps de vous narrer les circonstances qui, d'organiste qu'il était d'abord, transformèrent Herschel en astronome. Toujours est-il que sa soeur, toute pénétrée d'admiration pour cet aîné dont elle pressentait le génie, s'associa sans réserve à son évolution et devint son aide inlassable dans les gigantesques travaux qui devaient fonder sa renommée. Elle-même, au reste, quoique s'appliquant à laisser absorber son propre mérite dans la gloire de son frère, se distingua par d'importantes contributions personnelles à sa science de prédilection.

Elle a notamment découvert sept comètes. Titulaire de la médaille d'or de la Société astronomique de Londres, pensionnée par le roi Georges III, Caroline Herschel, après la mort de son frère survenue en 1822, revint dans son pays natal où elle vécut encore plus d'un quart de siècle, car elle ne mourut, quasi centenaire, qu'en 1848, donnant par anticipation, du côté des femmes de science, une sorte de pendant à notre Chevreul.

D'autres femmes se sont également distinguées dans les observations astronomiques. Pour m'en tenir toujours à celles qui ne sont plus, je vous citerai: Sophie Brahé, la sœur et la collaboratrice de Tycho; Mme Lind qui, elle aussi, servit d'aide à William Herschel, et dont le nom reste attaché à la découverte des volcans de la lune; Catherine Scarpellini et Mme Rümker, assistantes l'une de son oncle, l'autre de son mari, et qui découvrirent chacune une comète; Miss Maria Mitchell, une quakeress de l'île de Nantucket, morte en 1889, à qui ses travaux hautement estimés avaient valu l'insigne honneur d'être appelée à diriger un observatoire, celui de Lynn, dans le Massachussets.

Les bonnes traditions ne se perdent pas. Nombre d'observatoires comptent encore aujourd'hui des aides féminins. Si vous aviez quelque jour la curiosité de visiter notre observatoire de Paris, faites-vous conduire au bureau de la carte photographique du ciel. Vous verrez que la délicate mission qui consiste à relever sur les clichés les mesures micrométriques y est confiée à une équipe féminine.

Une autre besogne accessoire, indispensable et souvent fort pénible, de l'astronomie est celle des calculs. Là encore, des femmes ont apporté à la science le concours le plus désintéressé et le plus précieux. Nulle ne l'a fait de façon plus méritoire que Mme Lepaute, mariée au célèbre horloger de Louis XV,

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